DIGITALE ATTITUDE : Aux Etats-Unis, les tests de dépistage génétiques se démocratisent et commencent à figurer parmi les avantages sociaux proposés au sein des entreprises.
Parmi les prestations sociales les plus extravagantes des sociétés américaines pour attirer les talents — comme le remboursement de prêts universitaires, le congé parental illimité, l’expédition du lait maternel au domicile des mamans en voyage d’affaires —, voici que se rajoute à la liste, le dépistage génétique.
De nombreuses compagnies, surtout sur la côte Ouest, proposent aux employés de séquencer leur génome. Elles collaborent toutes avec la start-up Color Genomics, qui offre un test capable de détecter les 30 mutations de gènes héréditaires associées aux cancers les plus communs. Deux autres tests décèlent une prédisposition à contracter une maladie cardiovasculaire ou l’hypercholestérolémie.
La procédure à suivre est très simple.
Il suffit d’envoyer un échantillon de salive dans une éprouvette par courrier postal. Une fois analysé par Color Genomics, le résultat est contrôlé par un spécialiste avant d’être communiqué au patient. Puis, pour faciliter l’interprétation du bilan, une équipe de conseillers en génétique offre un accompagnement par téléphone.
Un kit de dépistage coûte entre 249 et 349 dollars, alors que les laboratoires médicaux en facturent 4000 pour des examens équivalents. Si l’entreprise a réussi à réduire ainsi les coûts, c’est grâce au machine learning, autrement dit à l’apprentissage automatique, le champ d’étude de l’intelligence artificielle qui permet d’extraire des statistiques d’un vaste volume de données.
Le taux de participation a surpris le PDG de Levi Strauss, Chip Bergh, qui propose les kits de dépistage depuis l’automne dernier. «Plus de la moitié des 1100 salariés y ont eu recours», a-t-il dit au New York Times.
Mais les entreprises ne jouent-elles pas avec le feu?
Proposer aux salariés de lire l’avenir dans leurs gènes – afin qu’ils prennent des mesures préventives en matière de santé pour être plus productifs – pourrait produire l’effet inverse: les démotiver au travail et augmenter le taux d’absentéisme. «Révéler le risque, ou la probabilité de développer certaines pathologies avant même qu’elles ne se déclarent, fera-t-il de nous des «malades en puissance»?» Ou «des malades imaginaires» je me permets de rajouter. Une bonne question posée par le journaliste Olivier Dessibourg sur le site Santeperso.ch
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