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H24 : dénormaliser les violences faites aux femmes

Diffusée sur Arte, la série de courts métrages « H24, 24 heures dans la vie d’une femme » dénonce à travers 24 récits tirés de faits réels le sexisme et la violence auxquels sont confrontées les femmes au quotidien. Un manifeste nécessaire pour regarder la réalité en face et mettre fin au silence. 

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L’histoire : Marie marche dans la rue. Un homme l’alpague vulgairement. Elle poursuit son chemin, mais il ne la lâche pas. C’en est trop. Elle s’arrête, lui fait face : « Ta gueule ! » Elle sait très bien ce qui va se passer mais peu importe, c’en était trop. En effet, il la frappe au visage. Parce que c’est ce qui se produit invariablement. Marie est seule, personne n’est intervenu. L’agresseur repart tranquillement. C’est alors que le patron du café met sa main sur l’épaule de Marie : « Venez, je vais vous accompagner au commissariat. Je voudrais témoigner. » Témoigner.

Diffusion : Arte et arte.tv

« Personne ne bouge, comme si c’était normal. Mais c’est normal, ça arrive tous les jours, tous les putain de jours. H24. »

24 heures dans la vie de chaque femme
« H24 ». Tout est dit dans le titre. Ce projet ambitieux et nécessaire qui rassemble des artistes de 16 nationalités autour de 24 courts métrages éclaire les diverses formes de sexisme,  d’emprise, d’abus et de violence « ordinaires » auxquels sont confrontées les femmes de tous âges, H24.

24 auteures, 24 actrices pour raconter à la première personne 24 histoires inspirées de faits réels qui disent en filigrane une réalité : « Pas besoin de contact physique pour avoir l’impression qu’on vous touche. »

« Nous débattons. Il attaque. Je contre. Il feinte. Il attaque. Je trouve le contre-pied. Il hésite. J’ai l’avantage. Il le sent. Je le sais. Il se gratte. Quelque chose le démange soudain, en haut du front. Et c’est alors qu’il me lance: « Il vous va bien ce chignon. » Et là, je souris. Parce que je suis polie. Parce qu’il faut bien sourire quand on vous dit qu’on est jolie. »

Un manifeste féministe qui prend aux tripes
Riche de styles cinématographiques multiples, le manifeste féministe collectif prend aux tripes, aussi inégal qu’il soit forcément. Car nous les avons toutes vécus et intégrés, savons que nous les vivrons encore et nos filles après nous qui s’y sont déjà résignées (comment ne pas hurler de devoir accepter cela ?), ces moments de violence quotidienne que les femmes endurent en silence depuis la nuit des temps.

« Rien ne s’est passé et pourtant, j’ai envie de pleurer. Ils disent que ce n’est rien pour me réduire à néant. Mais ce n’est pas rien. »

De ces 24 monologues émergent des récits poignants qui ont en commun le mélange de résignation ancestrale et de rage intérieure qui habite chaque femme. Parce que les cris ne sont jamais entendus. Que, de millénaire en millénaire, le cri s’est transformé en murmure. Et qu’aujourd’hui encore nous sommes seules. Sur qui pouvons-nous compter pour être entendues ? « Le poids de leur silence. Il recommencera. » 

Mêlés à de plus en plus d’autres voix, ces 24 monologues féminins le confirment : peu importe le temps qu’il faudra pour être enfin entendues et écoutées, nous ne nous tairons plus.

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