Qu’elles soient passées inaperçues ou aient créé la sensation, quelles sont les nouvelles séries qu’il fallait voir cette année ? Classement (subjectif) des cinq meilleures surprises de 2017.
2017 : la traversée du désert
Après deux années marquées par la sortie de quelques-unes des meilleures séries de la décennie (Westworld, Atlanta, Better Things, Master of None, etc.), 2017 a tout eu d’une longue traversée du désert. À de rares exceptions près, les chaînes ont joué la sécurité, proposant des déclinaisons bas de gamme de leurs têtes de gondoles, jusqu’aux reboots à la nullité embarrassante (Taken, Dynasty).
En avril, Cinemax annonçait même l’arrêt des chefs-d’œuvre The Knick et Quarry. Pour la créativité, merci de repasser. Tout n’est cependant pas à jeter dans la récolte 2017. Quelques séries ont réussi à se démarquer, sans qu’on puisse crier au génie. De la comédie familiale au drame dystopique, classement (subjectif) des meilleures surprises de l’année.
1. THE SINNER
Genre : thriller psychologique
Bande-annonce : anglais, français
Diffusée en août sur USA Network (depuis novembre sur Netflix), cette mini-série au casting prestigieux est passée quasi inaperçue. Il s’agit pourtant du thriller le plus palpitant de l’année.
« You know how the mind plays tricks. »
Jessica Biel y interprète une mère de famille dont la vie bascule, lors d’un après-midi à la plage. Sans raison apparente, la jeune femme commet un acte sauvage qui la précipite derrière les barreaux. Le détective chargé de l’enquête (Bill Pullman) va tenter de déterminer ce qui a pu pousser cette épouse sans histoire à se muer en monstre.
Saisi par le malaise dès la scène d’ouverture, c’est le souffle coupé qu’on suit l’évolution de l’enquête : un contre-la-montre bourré de rebondissements, qui tient en haleine de la première à la dernière minute.
En plongeant dans les méandres de l’inconscient de son héroïne, The Sinner délaisse le « comment » pour s’intéresser au « pourquoi ». On découvre ainsi que la discrète Cora a enfoui un passé cauchemardesque et de profonds traumatismes.
Nébuleux pour autrui comme pour elle-même, son acte prend peu à peu sens, et n’en devient que plus effroyable. Bon à savoir : l’avant-dernier épisode (E07) est particulièrement éprouvant.
2. ATYPICAL
Genre : comédie familiale enchanteresse
Bande-annonce : vostfr
Diffusée en août sur Netflix, Atypical aborde la question délicate de l’autisme avec une tendresse irrésistible. À 18 ans, Sam a soif d’amour et d’indépendance. Le désir d’émancipation de ce jeune homme atteint de trouble du spectre autistique va mettre sa famille et son entourage à l’épreuve.
Tout n’est qu’amour et enchantement dans cette série qui interroge notre rapport la normalité, sans verser dans le pathos. Portée par des répliques savoureuses et une palette de personnages hauts en couleurs, Atypical permet de prendre la mesure du décalage parfois insupportable que vivent au quotidien les personnes atteintes de TSA.
La série lève également le voile sur les difficultés que rencontrent les proches de ces êtres extra-ordinaires. Dans le rôle des parents de Sam, Jennifer Jason Leigh et Michael Rapaport sont bouleversants. Une série légère et providentielle, à voir en famille.
3. MINDHUNTER
Genre : psychologie criminelle
Bande-annonce : vostfr
Diffusée en octobre sur Netflix, la nouvelle série de David Fincher (House of Cards) pénètre dans la tête des tueurs en série. À la fin des années 70, deux agents du FBI vont à la rencontre d’auteurs de crimes pour tenter de dresser leur profil psychologique. Leurs travaux poseront les jalons du profilage moderne.
Tirée d’une histoire vraie, la série brille avant tout par sa mise en scène virtuose. L’intrigue, qui suit en filigrane le parcours initiatique d’un jeune agent atteint de trouble du spectre autistique, est captivante, les comédiens parfaits. Mention spéciale à Cameron Britton, époustouflant dans le rôle du tueur en série Ed Kemper.
En savoir plus : billet de blog complet
4. THE HANDMAID’S TALE
Genre : dystopie glaçante
Bande-annonce : vostfr
Diffusée en avril sur Hulu, cette série adaptée du roman La Servante écarlate a suscité un vif émoi et fait couleur beaucoup d’encre. Il est vrai que son propos résonne de façon glaçante avec l’actualité.
Dans un futur proche, la pollution a entrainé une baisse dramatique de la natalité. Un coup d’État fait tomber les États-Unis aux mains de fondamentalistes chrétiens qui réduisent les femmes fertiles à l’esclavage, dans le but d’assurer la survie du pays.
Suivant le parcours de June, esclave sexuelle interprétée avec maestria par Elisabeth Moss, The Handmaid’s Tale décrypte le processus qui mène une nation démocratique au totalitarisme.
Si la série ne brille pas par la qualité de sa mise en scène et manque parfois de subtilité, elle marque durablement les esprits par son réalisme quasi insoutenable et le miroir perturbant qu’elle renvoie à notre époque.
5. THE DEUCE
Genre : manifeste politique
Bande-annonce : vostfr
Diffusée en septembre sur HBO, la nouvelle série de David Simon (The Wire, Treme), relate la naissance de l’industrie du cinéma porno dans le New York des années 70. À mille lieux de l’univers bling-bling de Vinyl, The Deuce reconstitue à la perfection le grain de l’époque et prend le temps de poser le cadre d’un récit choral foisonnant.
Derrière les dialogues naturalistes, l’auteur dénonce l’exploitation des corps et, plus généralement, la brutalité du capitalisme. Ce nouveau manifeste politique est porté par un casting impeccable (Maggie Gyllenhaal, James Franco). À savourer pianissimo.
Et vous, quelles sont les séries sorties en 2017 que vous avez préférées ?
Tous ceux sur votre liste ainsi que:
Good Girls Revolt
Big Little Lies
The Good Fight
The Crown
Godless
Nous allons justement débattre du western “Godless”, aujourd’hui dans “Culture au point”. En direct à midi sur Espace 2 et à réécouter ici : https://tinyurl.com/yce8wpjp.
En mettant l’œuvre en miroir avec “She’s Gotta Have It” de Spike Lee, nous évoquerons le féminisme dans les séries.