Shooter : le plaisir (si peu) coupable de l’été

La série virile produite par Mark Wahlberg revient sur USA Network. Trois raisons de se laisser happer par ce thriller conspirationniste délicieusement réac.

Si vous avez aimé : 24 heures chrono

Shooter : bande-annonce S01, bande-annonce S02

Diffusion : Netflix (à venir), USA Network

L’histoire : ancien tireur d’élite des Marines, Bob Lee Swagger coule des jours heureux avec sa femme et sa fille, dans une propriété retirée de l’État de Washington. Il accepte de reprendre du service pour déjouer un projet d’attentat contre le président. L’homme à abattre n’est autre que le sniper tchétchène qui a tué son frère d’armes en Afghanistan.

© USA Network

« Second Amendment calls for an armed militia and that’s us. »

1. Ryan Phillipe est le nouveau Jack Bauer

Depuis la diffusion de l’ultime épisode de 24 heures chrono, il y a trois ans, le paysage sériel manquait cruellement de figure héroïque susceptible de redonner aux Etats-Unis le lustre patriotique des années Bush.

C’était sans compter sur Bob Lee Swagger, héros des romans de Stephen Hunter, incarné au cinéma par Mark Wahlberg et propulsé bienfaiteur d’une Amérique en quête d’honneur perdu.

Le vétéran d’Afghanistan, nouveau héros de l’Amérique. © USA Network

Vétéran des guerres d’Irak et Afghanistan, père de famille exemplaire, Républicain pur jus, Bob Lee – alias Bob the Nailer – est un roi de la gâchette, spécialiste de la chasse à l’homme en milieu hostile. Ses faits d’armes : avoir exterminé un à un 200 Talibans qui menaçaient une école. Un héros, en somme.

« Your country needs you, Bob Lee. »

Même démobilisé, Bob Lee reste un soldat dévoué, toujours sur le qui-vive. Car aux Etats-Unis comme en Afghanistan, la menace – forcément invisible – est permanente et le Mal peut surgir de partout. Une raison suffisante de posséder un véritable arsenal et d’enseigner à sa fille la culture de guerre, entre la prière et le dessert.

Vétéran patriote et père exemplaire. © USA Network

Cette carte postale idyllique de la NRA perdrait tout son sel si la paranoïa de notre héros ne se matérialisait dès le premier épisode sous la forme d’un complot ourdi par des politiciens corrompus appartenant à une société secrète.

Victime directe de cette conspiration, notre sniper n’a pas le choix : il doit faire justice seul. Heureusement, Bob Lee peut compter sur la fidélité de sa famille, de ses frères d’armes et sur le deuxième amendement.

« I’m gonna do what I do best: I’m gonna hunt. » © USA Network

2. L’action est palpitante

Appliquant à l’envi la recette qui fit le succès de 24 heures chrono, Shooter se révèle tout aussi efficace que la série star de la Fox. Les scènes d’action et les rebondissements spectaculaires s’enchaînent à un rythme effréné sur fond de rock viril, ne laissant aucun répit au spectateur.

Traqué par une horde de mercenaires, Bob Lee va devoir appliquer les leçons apprises au combat pour déjouer le complot qui le menace, lui et sa famille. Son objectif : arrêter les meurtriers avant qu’ils ne l’interceptent.

Un jeu du chat et de la souris qui tient en haleine jusqu’au dénouement. Si le récit ne brille pas par son originalité, il n’en reste pas moins solidement ficelé.

Un ennemi invisible menace Bob Lee et sa famille. © USA Network

3. C’est un nanar

Amateurs de nanars, cette série est pour vous. Personnages caricaturaux, valeurs d’un autre âge, répliques ramboesques (“I don’t talk about killing. I just do it.”), Shooter se savoure à une vaste palette de degrés. La palme revenant au personnage du méchant incarné par Josh Stewart.

Il fallait une bonne dose d’imagination pour confier le rôle d’un Tchétchène à l’acteur américain, qu’on avait adoré dans Dirt. Son élocution improbable – qui cède la place à l’accent texan en une scène – est la cerise sur le gâteau de la deuxième saison.

Reste à déterminer si l’humour de Shooter est volontaire, les séries dopées aux hormones patriotiques possédant par définition la finesse d’un char d’assaut. Le strabisme de Ryan Phillippe laisse cela dit peu de place au doute. Et le pilote est un tel concentré de second degré qu’il semble avoir été conçu pour rendre hommage à Clint Eastwood, Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger réunis.

Sous la couche de second degré, l’honneur est sauf. © USA Network

Mais l’action reste suffisamment spectaculaire et le drapeau confédéré omniprésent pour faire passer ces perles à l’arrière-plan et ne risquer de froisser aucune âme patriote. Ce qui est de nos jours le gage d’une solide tranquillité.

 

Emilie Jendly

Emilie Jendly est spécialiste en communication et journaliste RP, de nationalité suisse et française. Passionnée de séries télévisées, elle présente ici les nouveautés à ne pas manquer. Spoil prohibé.