La nouvelle série de Netflix révèle les secrets inavouables des couples, à l’ère des réseaux sociaux. Brillant. La surprise piquante de la rentrée.
Si vous avez aimé : Girls, High Maintenance
Easy : bande-annonce
Diffusion : Netflix
L’histoire : la série explore l’intimité de huit couples, à Chicago.
« I wonder why I don’t want to have sex. Is it because I’m seeing him do the dishes or because we’re 15 years in a relationship? »
2016, année de la série “indé”
Combien de temps va-t-on encore pouvoir distinguer cinéma et série “télévisée”, au-delà de leur mode de diffusion ? Alors qu’Amazon vient de dévoiler la minisérie de Woody Allen, et que des séries plus confidentielles comme High Maintenance, Atlanta et Better Things font cette rentrée le bonheur des amateurs de films “indés”, Netflix a tenté le pari de confier les commandes de sa nouvelle production à l’un des chouchous du cinéma indépendant américain, Joe Swanberg (réalisateur de l’excellent Drinking Buddies). Le résultat est brillant.
Série d’anthologie, Easy met en scène huit histoires, dont les récits s’entrecroisent subtilement. Chaque épisode de 30 minutes comporte son propre scénario, à la façon d’une nouvelle. Caractéristique du genre Mumblecore, les dialogues sont improvisés, insufflant au récit un réalisme troublant. Et de l’authenticité, il en fallait pour aborder le sujet ô combien délicat de la vie de couple.
Je t’aime, moi non plus
Couple naissant de jeunes lesbiennes, quadras mariés depuis 15 ans, trentenaires s’apprêtant à accueillir leur premier enfant, quinquas faisant maison à part, les couples que suit Easy ont un point en commun : ils s’aiment. Car, c’est avant tout d’amour qu’il s’agit dans cette série tendre-amère.
Dans les coulisses de la vie à deux
S’infiltrant dans la vie intime de ces couples, Easy dévoile sans fards, mais avec délicatesse, les coulisses de la vie à deux. Rien n’est éludé : l’érosion du désir, les renoncements consentis ou subis pour le bien de la famille, le rôle de l’argent, la peur de vieillir, les sursauts d’indépendance, les petites ou grosses lâchetés, et, en filigrane, l’angoisse de la solitude.
Du non-dit anodin au mensonge irréparable, de la parole cassante à la rancœur larvée, de la frustration à l’infidélité, Easy lève le voile sur les détails qui n’en sont pas, tous les comportements en apparence banals qui, au fil du temps, peuvent gangrener le couple.
Le couple plus vrai que nature
Ce qui fait l’intérêt de cette excellente série, c’est autant son style naturaliste que sa thématique universelle. Grâce au talent de ses acteurs cinq étoiles (Orlando Bloom, Malin Åkerman, Dave Franco), Easy réussit à retranscrire avec un réalisme déconcertant les mots, les gestes, les regards que s’échangent les couples qui s’aiment. Et ceux qui ne s’aiment plus.
La série est d’autant plus réussie qu’elle met habilement chaque personnage face à ses contradictions, sans donner de leçon, et laisse le récit ouvert à toutes les possibilités et interprétations. Troublant. Drôle. Révélateur. Bref, à voir absolument.
