UnREAL : dans les coulisses de la télé poubelle

La saison 2 d’UnREAL débute lundi 6 juin sur Lifetime. Trois raisons de ne pas passer à côté de cette série qui dévoile les dessous sales de la téléréalité.

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L’histoire : dans un manoir de Los Angeles débute de tournage de l’émission de téléréalité “Everlasting”, qui suivra durant plusieurs semaines un gentleman célibataire à la recherche du grand amour parmi vingt-six jeunes femmes. En coulisse, la productrice Rachel Goldberg a pour mission de manipuler les candidats, afin de provoquer les rebondissements qui maximiseront l’audience.

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« You get cash bonuses for nudity, 911 calls, catfights, all right? Have a good show everybody. »

1. La première saison est une réussite
Diffusée en juin 2015 sur la chaîne américaine Lifetime et depuis le 24 mai en français sur NRJ 12, la première saison d’“UnREAL” a conquis le public et la critique. Ouvertement trash, franchement captivante, la série révélait de façon implacable tout ce qui se joue hors champ en téléréalité. Un portrait effrayant des coulisses de ces émissions que l’on adore détester.

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Version fictive de l’émission “The Bachelor”, diffusée depuis vingt saisons aux Etats-Unis et six en France, “Everlasting” met en scène les candidats que l’on s’attend à retrouver dans ce type de programme : un célibataire peu farouche issu d’une bonne famille et des candidates sélectionnées pour leurs névroses autant que pour leur physique avantageux. Autour de cette nuée de jeunes gens, on retrouve sans surprise des producteurs cyniques et arrogants, le nez plongé dans la poudre, de jeunes assistantes prêtent à tout pour réussir, et l’audience pour seule religion.

Outrageusement caricatural, ce tableau d’épouvante qui fait tout d’abord craindre une série au rabais est pourtant une retranscription fidèle de la réalité, d’après sa créatrice. Et c’est ce qui le rend fascinant.

2. La créatrice de la série sait de quoi elle parle

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La créatrice de la série, dont s’inspire le personnage principal, a produit “The Bachelor” pendant neuf saisons. © Lifetime

La créatrice d’“UnREAL”, Sarah Shapiro, n’a pas eu à enquêter dans le milieu de la téléréalité pour nourrir le scénario : elle a elle-même été productrice de l’émission “The Bachelor” pendant neuf saisons. Une expérience traumatisante, dont elle n’a réussi à s’extirper qu’en déménageant dans un autre Etat afin de se libérer du contrat qui la liait « à perpétuité », après avoir menacé de se suicider. Le personnage de Rachel Goldberg (Shiri Appleby) est largement inspiré de sa vie.

3. La téléréalité a changé
Quinze ans après le début de la prolifération des émissions de téléréalité, les participants ont bien changé. Si leur érudition et leur quotient intellectuel restent généralement proches du néant, les candidats de ces programmes ne sont plus dupes du système qui les emploie. Ils savent donner à la caméra ce que l’on attend d’eux et négocient âprement le scénario de leur quart d’heure de gloire. L’essentiel étant de laisser une trace.

Unreal © Lifetime 4De leur côté, les producteurs poussent toujours plus loin le curseur dans le même objectif : retenir l’attention hautement volatile du spectateur en marquant les esprits. Et pour faire ce que la productrice exécutive d’“UnREAL” appelle « de la bonne télévision » (excellente Constance Zimmer, récompensée par un Critics’ Choice Television Award pour ce rôle), il faut savoir doser scènes romanesques en carton pâte et clashs mémorables.

« Let’s give ’em something that they want. Ponies, princesses, romance, love. I don’t know, it’s all a bunch of crap, anyway. »

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Entre deux balades romantiques à cheval (mécanique), une candidate sera ainsi confrontée à son ex-mari violent, une autre perdra sa virginité, certaines en viendront aux mains. “The crazier, the better.” Devant et derrière la caméra, personne n’est crédule. Dans ces usines à mensonge, on fabrique de l’illusion. Mais qui en sort réellement gagnant ?

La téléréalité, Bête mortifère
La série aurait pu se contenter d’effectuer une critique moralisatrice de la télévision, polarisant les responsabilités et distribuant les bons et les mauvais points. Mais il n’en est rien. Si les personnages d’“UnREAL” sont caricaturaux et la réalisation de Roger Kumble pas spécialement raffinée, le propos est nuancé.

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« La téléréalité est un jeu d’échec auquel vous ne pouvez pas gagner. » (Sarah Shapiro)

Des candidats qui tentent avec plus ou moins de succès de retourner le système à leur avantage aux producteurs rattrapés – ou non – par leurs états d’âmes, “UnREAL” dresse le portrait d’un système sur lequel plus personne n’a d’emprise. Sorte de monstre de Frankenstein qui se retourne contre son créateur, la téléréalité broie ceux qui la fabriquent et provoque une détresse bien réelle chez ceux qui y participent.

 

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Puisque vous êtes là
Avant même sa diffusion, la deuxième saison d’“UnREAL” crée déjà des remous. Elle met en effet en scène un bachelor afro-américain. Rien de plus normal, sauf que cela n’est jamais arrivé en quatorze ans du vrai “The Bachelor”. Oups ! À découvrir dès lundi 6 juin aux Etats-Unis sur la chaîne Lifetime.

Emilie Jendly

Emilie Jendly est spécialiste en communication et journaliste RP, de nationalité suisse et française. Passionnée de séries télévisées, elle présente ici les nouveautés à ne pas manquer. Spoil prohibé.