Bloodline : aux racines du mal

La deuxième saison du thriller familial de Neflix débute vendredi. Sur l’archipel des Keys, c’est toujours l’enfer au paradis. Piqûre de rappel avant l’embarquement.

© Bloodline : Netflix 11

Si vous avez aimé : Damages, Rectify, The Affair

Bloodline : bande-annonce

L’histoire : famille unie et respectée, les Rayburn ont réuni leurs proches pour célébrer l’inauguration d’un ponton à leur nom, sur la propriété paradisiaque des Keys où il tiennent un hôtel depuis 45 ans. C’est le moment que choisit Danny, le fils aîné, pour refaire surface.

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« Sometimes, you know something’s coming. You feel it in the air, in your gut. You don’t sleep at night. A voice in your head’s telling you something’s gonna go terribly wrong, and there’s nothing you can do to stop it. That’s how I felt when my brother came home. »

Première saisons palpitante
Imaginée et écrite par les créateurs de “Damages” , “Bloodline” a créé la sensation, lors de sa diffusion en mars 2015. Globalement acclamé par la critique, le thriller familial a provoqué quelques solides insomnies chez les abonnés de Netflix et laissé les spectateurs sur leur faim. Comment les scénaristes allaient-ils réussir à prolonger le cauchemar de la famille Rayburn, alors que le pire venait de se produire ? La réponse était à chercher tout au long des 13 premiers épisodes  : comme dans un tsunami, ce n’est pas tant le séisme que le raz-de-marée qu’il déclenche qui est dévastateur.

Dévoilée le 10 avril, la bande-annonce de la saison 2  (à ne regarder sous aucun prétexte si vous n’avez pas vu la première saison) donne le ton : les Rayburn sont maudits, l’enfer ne fait que commencer. En attendant de découvrir la suite dès le 27 mai, piqûre de rappel.

On ne choisit pas sa famille
© Bloodline Netflix

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“Bloodline” (lignée), c’est avant tout une histoire universelle de besoin de reconnaissance, de jalousie sourde, de rancœur aveugle : tous les maux des liens du sang, que l’amour inconditionnel ne parvient pas toujours à contenir. C’est aussi une dissection fascinante de la structure familiale. Chez les Rayburn comme partout, les rôles sont naturellement attribués, chacun occupe une place spécifique et intangible.

Autour de la figure idéale et rassurante du père et de la mère, il y a d’abord le bon fils, John. Policier, John est un homme bien, un père de famille qui prend soin des autres avant de penser à lui-même. Sa sœur Meg a fait ce que l’on attendait d’elle : avocate, la jeune femme a renoncé à toute ambition pour rester proche de ses parents. Et puis y a Kevin, le cadet. Colérique et porté sur la bouteille, Kevin travaille à la marina et se bat pour préserver la nature idyllique de la région. Très unis, les Rayburn sont un symbole de réussite et un exemple pour la communauté.

Le retour du fils prodigue

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Danny, le fils maudit, incarné par l’acteur Ben Mendelsohn. © Netflix

L’arrivée du frère aîné va bouleverser l’équilibre familial. Loser ravagé, Danny ne réapparaît habituellement que pour demander de l’argent à ses proches, avant de disparaître dans la nature. Mais cette fois, Danny l’annonce : il compte rester et se faire une place. Le problème, c’est que le fils aîné porte en lui une ombre qu’il projette sur tous ceux qui l’approchent. Ce spectre, c’est celui du passé. Un passé traumatique que la famille a pris soin d’enfouir et qui va ressurgir inexorablement, recouvrant l’eau turquoise et le sable blanc de ténèbres.

Car le bonheur apparent des Rayburn dissimule une plaie béante qui n’a jamais cicatrisé. Une tragédie qui frappa la famille trente ans plus tôt et dont les victimes ne sont pas forcément celles qu’on imagine. Rejeté par les siens, assoiffé de vengeance (“I want them to feel what I feel. I want them to know what it’s like.”), Danny va devoir faire face à son frère John, déterminé à préserver les siens par tous les moyens.

Le bien et le mal, deux faces d’une même pièce
© Bloodline : Netflix 12

Peut-on faire le mal pour défendre le bien ? Existe-t-il une morale supérieure ? Est-on mauvais parce qu’on a commis un acte mauvais ? Les créateurs de “Bloodline” révèlent s’être inspirés de « Crime et Châtiment »  pour fonder l’intrigue de la série. Comme dans le roman de Dostoïevski, les Rayburn vont se retrouver confrontés à leur conscience morale et devoir porter le fardeau titanesque de leurs actes. Y parviendront-ils ?

« What we did, we had to do. Please don’t judge us. We’re not bad people. But we did a bad thing. »

Effaçant tout repère moral, balayant certitudes et préjugés sur ce qui est bon et ce qui est mauvais, la série laisse le spectateur en proie au doute. Danny est-il responsable de ses actes ? Ses parents, ses frères et sa sœur auraient-ils pu se comporter autrement ? Avaient-ils le choix ? “Ce qui a commencé dans le mal s’affermit par le mal”, soutient Macbeth pour se déresponsabiliser de ses actes dans la tragédie de Shakespeare. S’interrogeant sur la fatalité qui touche cette famille ordinaire, on frémit : pris dans un tel engrenage, aurais-je agi différemment ?

Flashforward, un procédé à manier avec parcimonie
© Bloodline : Netflix 23

Afin de plonger le spectateur dans une atmosphère oppressante, le récit est ponctué dès l’ouverture de flashforwards, brèves incursions dans le futur qui laissent entrevoir le pire. Le problème, c’est que le procédé narratif qui fit le succès de “Damages” est ici usé jusqu’à la corde. Entre les flashbacks qui dévoilent peu à peu la tragédie passée et les flashforwards incessants, la série souffre de quelques longueurs.

Mais la principale faiblesse de la série est peut-être d’avoir, comme dans “The Affair” , mêlé une intrigue policière au récit. Comme si le drame familial seul ne suffisait pas à retenir le spectateur. Un écueil que la fantastique série “Rectify” avait réussi à éviter. Anecdotique, l’affaire de trafic d’êtres humains et de stupéfiants rallonge inutilement le récit.

Malgré quelques longueurs supportables, on se laisse happer par cette tragédie universelle portée par des acteurs éblouissants – Ben Mendelsohn en tête – et qui jette sur la famille une lumière crue, amère, implacable, en somme brillante. La suite très attendue est à découvrir dès vendredi.

Emilie Jendly

Emilie Jendly est spécialiste en communication et journaliste RP, de nationalité suisse et française. Passionnée de séries télévisées, elle présente ici les nouveautés à ne pas manquer. Spoil prohibé.

3 réponses à “Bloodline : aux racines du mal

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