Expérience sur les insecticides

mer.59 - copie 2

Mambo !

Bonjour de ce pays où les Masaï se battent pour rester sur leurs terres sacrées.

https://avaaz.org/fr/maasai_lands_loc/

Le temps est un animal sauvage que l’on croit domestiqué. Ici il file à vive allure et vos parasitaires débordés ne trouvent pas le temps de tremper leurs orteils dans l’océan. Je ne vous le cache pas, nos journées sont pleines de rebondissements. Nous oscillons entre heureuses nouvelles et déboires, de la confiance la plus absolue en la réalisation de ces projets de recherche à la certitude qu’ils ne pourront se faire. La vague passe et nous y croyons à nouveau. Bref, nous nageons au cœur d’une réalité palpitante, pas toujours saisissable, parfois éreintante.

De quoi s’agit-il?

Nous commençons à récolter nos premières larves de moustiques demain et il est plus que temps de vous expliquer nos expériences.

Comme cela représente beaucoup d’informations, je vous en présente une seule aujourd’hui. Je vais vous demander un peu de concentration et vos méninges ne seront pas épargnées, mais vous le verrez, le sujet est passionnant.

Plaît-il?

L’étrange question de notre recherche est:

Toi, le moustique infecté ! T’es moins repoussé par les insecticides ?

repulsion4

Les insecticides

Pour introduire le sujet, voici quelques mots sur les insecticides.

Une des méthodes les plus efficace de lutte contre la malaria est l’emploi d’insecticides dans les maisons et sur les moustiquaires.

Les insecticides ont plusieurs effets. Ils tuent les moustiques ou les repoussent. Les moustiques, découragés, entrent moins facilement dans les maisons et ceux qui poussent la bravoure jusqu’à piquer malgré les insecticides s’exposent au risque de mourir.

L’emploi d’insecticides a drastiquement diminué le contact entre les humains et les moustiques. Selon certaines études, l’utilisation de ces produits réduit les cas de malaria de plus de 50%. Pour mille enfants qui dorment sous une moustiquaire imprégnée d’insecticides, cinq auront la vie sauve grâce à cette méthode. On entend par là que ces cinq enfants mourraient de la malaria sans cette protection.

Je précise qu’il s’agit d’insecticides utilisés pour le controle des vecteurs (les moustiques) et non employés à visée agricole. Ce sont les mêmes produits, mais utilisés à un dessein différent, à des doses différentes et surtout, sur des surfaces plus réduites. Dans un cas, on met des insecticides dans des maisons; des îlots humains dans lesquels on décide que les moustiques n’ont pas leur place. Dans l’autre, on inonde des champs et cela contamine le sol, l’eau, le ciel…

Enfin sachez que 99,75% des insecticides sont utilisés pour l’agriculture et que cette utilisation massive pose un gros problème dans la lutte contre la malaria, parce que les moustiques deviennent résistants… mais il s’agit là d’un vaste sujet et nous y reviendrons plus tard.

repuslion2

les stades de développement influencent la manipulation

Vous le savez maintenant (sinon je vous renvoie au post du 28 avril), les moustiques infectés sont « manipulés » par la malaria. Autre fait stupéfiant, suivant son âge l’indésirable hôte induit différentes “manipulations”:

Le parasite a besoin de se développer dans le moustique durant 20 jours avant d’être transmissible à l’humain.

Au stade infectieux (lorsque la malaria est transmissible) les moustiques deviennent plus motivés à piquer.

Avant, en plein développement, la malaria a besoin que le moustique survive le temps d’être contagieuse. Elle aurait tendance à réduire l’agressivité du moustique pour qu’il soit moins exposé au risque de mourir écrasé de nos petites mains.

dessinstade1.3

Alors, c’est quoi cette expérience sur les insecticides ?

Nous sommes ici pour vérifier l’hypothèse que:

  • les moustiques infectés sont moins repoussés par les insecticides lorsqu’ils sont prêts à transmettre la malaria. Une partie d’entre eux prendraient le risque d’entrer dans les maisons et de piquer malgré la menace, transmettant ainsi la maladie.
  • Les moustiques infectés au stade précoce, au contraire, préservent le développement du parasite en réduisant leur tendance à piquer, fuyant le danger des insecticides.

Ce n’est pas un peu fou d’imaginer un stratagème pareil ? Certes, mais on vous l’annonce formellement, cela a été démontré à Neuchâtel avec la malaria du rongeur, par notre doctorant Kevin (alias Steeve sur les dessins).

Sur le terrain nous allons vérifier cette hypothèse avec la malaria de l’humain (plasmodium falciparum).

Comment ?

Nous allons élever nos moustiques puis nous allons en infecter la moitié avec la malaria. L’autre moitié servira de référence pour comparer les comportements. Tous les moustiques (infectés et sains) vont être mis dans une boîte à l’extrémité de laquelle se trouvera notre doctorant.

Comme nous voulons vérifier si les moustiques infectés sont moins repoussés par les insecticides, nous allons comparer le nombre de moustiques qui tentent de piquer Kevin malgré la présence de ce produit répulsif. Je vous rassure, une moustiquaire protégera notre brave doctorant des piqûres de ces dames moustiques parasitées.

kevinsect

Pourquoi c’est important ?

Si le moustique infecté est moins repoussé, la protection individuelle est réduite puisqu’il risque tout de même d’entrer et de piquer. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la personne qui se trouve dans la maison. Par contre, puisqu’il va s’exposer à un produit mortel, il a plus de chances de mourir, donc par la suite il ne transmettra plus la malaria.

Evidemment, on souhaite que le moustique ne transmette rien à personne. Comprendre le comportement du moustique infecté permet de réfléchir à des méthodes de luttes qui les ciblent particulièrement. Comme par exemple déposer des pièges à moustiques à proximité des moustiquaires. Tiens, c’est justement une expérience que j’ai faite à Neuchâtel (les analyses sont encore en cours).

Une affaire à suivre, n’est-ce pas ?

Pour ma part, j’espère vous transmettre le virus de la passion pour ces questions et je vous remercie de votre attention. Le prochain post sera plus court et plus… piquant…

 

Bien à vous, l’équipe de parasitaires qui découvrent l’art de conduire à moto dans les rues de Bagamoyo et pour qui les pannes n’ont bientôt plus de secret.

 

 

Une bonne étoile dans le ciel tanzanien

2016-05-04 07.09.13

Mambo!

Bonjour de ce pays où la Grande Ours se présente à l’envers…

Trinquons!

Vos passionnés parasitaires sont à la fête ce soir. Sobre fête, puisque le travail nous attend et qu’il n’est pas des moindre. Une simple bière en terrasse avec laquelle nous trinquons à notre bonne étoile.

Un voyage qui se fait désirer

Je m’explique. Ce voyage était prévu pour septembre 2015. Or, pour effectuer une recherche de terrain, il nous fallait l’accord du comité éthique suisse et celui du comité tanzanien. Une procédure normale pour vérifier si nos démarches sont respectueuses des droits humains. N’ayant pas obtenu le premier, il eût été vain de partir en cette fin d’année. Nous avons donc repoussé notre voyage pour novembre… puis mars. Cela impliquait à chaque fois se réorganiser, avertir nos employeurs respectifs, se préparer à un grand départ, faire nos adieux et rebelote voir notre voyage annulé. Puis mars ne s’annonça toujours pas prometteur. Nous avions obtenu le permis suisse, mais il nous manquait celui de Tanzanie… Nous n’y croyions presque plus et à vrai dire nous étions un brin découragé, mais nous décidâmes de partir fin avril avec l’espoir d’obtenir le droit de pratiquer en mai… Il faut dire aussi que nos études doivent se terminer un jour.

Voici donc vos parasitaires en Tanzanie, fébrils, motivés comme jamais et plongés dans le doute le plus complet… Allons-nous pouvoir démarrer nos expériences ?

La délivrance

Vous devinez donc à quoi nous trinquons ce soir… Notre permis nous a été délivré grâce aux fabuleux efforts de Mgeni, acharné doctorant tanzanien, Sarah Moore qui mène ce centre avec un professionnalisme qui inspire le plus grand respect, ainsi que toute l’équipe qui nous accueille ici, au Ifakara Health Institute.

La palabre

Aujourd’hui s’enchaînent alors les heures de palabres. Nous sommes ici pour partager, échanger, se nourrir chacun du savoir de l’autre et tous grandir ensemble dans cet élan de lutte contre la malaria. Notre projet qui s’est construit en de nombreux mois doit être expliqué point par point et nous le réajustons à mesure en fonction de la réalité de terrain. Ha, votre balance est cassée… Nous devons pourtant nourrir nos larves avec une quantité de nourriture mesurée au décigramme près (0,6g). Je m’en réfère à mon article précédent; ceux qui nous suivent connaissent dorénavant ce que cela signifie.

La mesure

Certes, je ne doute pas que nous aurons encore bien des anecdotes à vous raconter et bien des difficultés à dépasser. Mais ce soir place aux étoiles dans les yeux et à l’immense gratitude que nous portons à cette équipe de chercheurs tanzaniens.

Sans tomber dans l’angélisme, je crois pouvoir vous raconter que les personnes rencontrées ici réalisent un travail formidable, engagé et humaniste.

Nous sommes bel et bien en Tanzanie et notre projet va pouvoir se réaliser.

Asante nyota yetu !

Bien à vous, vos parasitaires bahati* !

 

*bahati: bonne étoile/chanceux en swahili

 

Tanzanecdote “keymaker”

trafic
Dar es Salaam

Mambo !

Bonjour de ce pays où le trafic routier est en soi un film passionnant.

 

Alors, ces expériences?

Nous en sommes actuellement au stade de la préparation. Steeve, notre doctorant est un scientifique aguerri en matière d’expériences. Cependant nous prévoyons d’en réaliser trois et certaines impliquent des dizaines de milliers de moustiques à élever. Nous sommes aussi tenus par le temps, car les infections de ces derniers doivent se faire à 3-5 jours de vie adulte. Or, pour trouver des parasites il nous faut prélever du sang de personnes parasitées (que nous soignerons bien sûr au passage). Nous devons donc bien planifier chaque expérience de manière à ce qu’elles se chevauchent convenablement. Et puis nous sommes évidemment limités en terme de place et de matériel. Il faut entreposer 36 bacs remplis chacun de 300 larves à nourrir tous les jours, tandis que d’autres moustiques seront élevés dans une cinquantaine de cages ; sans compter que les locaux sont également utilisés pour d’autres expériences. Enfin, il nous faut prendre en compte nos limites humaines et réduire le risque d’erreur si nous jonglons avec plusieurs expériences en même temps. Bref, c’est une sacrée gymnastique intellectuelle et organisationnelle. Croyez- moi, nous passons des heures à revoir nos calculs, sachant qu’ils seront bouleversés par bien des inconnues…

 

2016-05-01 11.07.36

 

La mission de la journée

Notre logement ne possède qu’une clé. Nous avons donc décidé d’en faire des doubles pour obtenir chacun notre sésame, ce qui, évidemment, sur trois mois de cohabitation n’est pas un luxe.

Nous vivons dans une ville de 35’000 habitants, mais ici, impossible de trouver un « key-maker ». On nous conseille donc de nous rendre à la capitale.

Laissez-moi vous raconter cette aventure…

Nous avons rendez-vous à 10h avec du personnel du centre de recherche qui, justement, se rend en voiture à la capitale et avec générosité se propose de nous aider dans ce périple. Avec un peu de retard, arrive notre carrosse. Parmi notre équipage se trouve Rita, une véritable « miss sunshine », administratrice du centre, le chauffeur, Ali, un homme taquin d’un âge indéfinissable qui lorsqu’il nous esquisse quelques pas de danse se révèle un véritable maître en la matière et enfin Pita, sobre à première vue mais parfaitement malicieux technicien de laboratoire.

La distance qui sépare Bagamoyo de Dar es Salaam est de quelques 70 kilomètres. Il nous faudra 2 heures pour arriver au centre, d’autant que la saison des pluies est propice aux trous et que la capitale est pratiquement tout le temps en proie aux bouchons.

Nous accompagnons d’abord Rita qui doit déposer des dossiers. Pendant qu’elle règle ses affaires, nous nous retrouvons assis dans un bureau à parler Suisse et Tanzanie avec Pamela, élégante administratrice. Puis, nous repartons.

Ça y est, quelqu’un a su renseigner Rita concernant le lieu, elle nous mène donc au magasin de clé.

key2
Keymaker

Il est déjà 13h30. Pendant la confection de nos clés, affamés nous partageons un repas avec nos compères.

C’est l’occasion de peaufiner notre savoir-être… Non, ici on ne mange pas avec la main gauche, non, on n’est pas obligés de finir nos assiettes (bonne nouvelle, car les quantités servies sont impressionnantes)…

Je ne sais pas vous expliquer où est passé le temps ensuite… quelques courses à Dar es Salaam pour acheter des yoghourts, car nous ne sommes pas sûrs d’en retrouver à Bagamoyo, une longue traversée de la ville sous la chaleur étouffante, d’incroyables visions de trafic chaotique… Bref, nous arrivons à 17h30 à la maison, éreintés, emplis d’une Afrique bouillonnante et victorieux possesseurs de nos passes individuels.

Voilà, nous prenons doucement la mesure de ce que nous imaginions déjà. Ici le temps n’est pas le même. Nous avons planifié l’expérience et commandé du matériel à l’avance (une cinquantaine de cages, des dizaines de bacs pour l’élevage des larves, du matériel d’analyses…) et le centre de recherche qui nous accueille est très bien organisé. Mais une expérience réserve toujours des imprévus. Et si faire un double de clés prend une journée, alors souhaitons ne pas rencontrer d’urgences de matériels…

 

Bien à vous, vos parasitaires au taquet.

 

 

La manipulation de l’hôte par les parasites

bain44.33 - copie

Mambo!

Bonjour de ce pays où (en semaine) l’on se couche lorsque le soleil se cache…

Très prochainement, je vous raconterai les expériences que nous allons effectuer ici, en Tanzanie. Je vous parlerai alors de  moustiques manipulés par la malaria.

Je pense que ça mérite quelques éclaircissements…

 

La manipulation de l’hôte par le parasite

Il existe de nombreux exemples de parasites qui influencent le comportement de leur hôte (l’animal ou l’humain qui est infecté). Par exemple, certains grillons se jettent dans l’eau (et se noient) car le ver qui les colonise a besoin de se retrouver dans l’eau. Autre exemple connu, la toxoplasmose se fixe dans une zone du cerveau des rats, ce qui les rend bien moins craintifs envers les chats. Or, la toxoplasmose a besoin de passer dans les intestins de félins pour se reproduire.

Les « manipulations » des parasites ont (en général) pour effet d’augmenter la transmission du parasite et donc de la maladie.

Mais en fait c’est quoi la manipulation ?

Les scientifiques se posent encore cette troublante question : est-ce le parasite lui-même qui « manipule », ou est-ce simplement la maladie qui induit un comportement modifié ?

On ne peut pas dire que le parasite décide volontairement quelque chose. Par contre, sa présence induit un comportement modifié chez son hôte et en général, c’est à l’avantage du parasite. En gros, il est plus juste de dire qu’ « il se passe quelque chose de différent, lorsqu’il y a un parasite ».

Rien ne naît par nécessité, les choses arrivent par hasard

 Si on parle en terme d’évolution, rien de nouveau ne nait par nécessité, les choses arrivent par hasard. Une mutation génétique par exemple est un accident. Cet accident donne parfois des choses intéressantes (tiens, un bec ! que vais-je bien pouvoir en faire ?). Et si c’est vraiment un avantage, alors l’animal a plus de chance de survivre et peut-être de se reproduire…

Donc, si un parasite fait quelque chose d’étrange mais plutôt à son avantage, il a des chances de mieux se répandre.

Je vous donne un exemple:

Lorsqu’il pique, le moustique injecte dans l’Homme un produit (apyrase) qui fluidifie le sang. Ca permet de mieux « pomper » le sang.

La malaria (au stade transmissible) se trouve dans les glandes salivaires du moustique.

Ainsi, lorsque le moustique infecté pique, il injecte la malaria dans le corps de Roger qui va tomber malade.

Mais en plus, la malaria diminue la quantité d’apyrase dans la salive du moustique.

Donc non seulement le moustique infecte Roger, mais comme il a de la peine à pomper du sang, il n’est pas rassasié. Il va alors aussi piquer Tom, Joseph et Simona, ce qui, vous l’aurez compris, augmente la transmission de la maladie.

 

Capture d’écran 2016-04-29 à 09.23.14
Le moustique infecté pique plus d’individus

Le moustique prend un risque lorsqu’il pique : celui de se faire écraser. C’est donc un désavantage pour lui d’augmenter le nombre de personnes qu’il va sauvagement agresser. Par contre le parasite a plus de chances que sa descendance, c’est à dire ses « œufs », soient transmis. Cette « manipulation » est donc clairement à l’avantage du parasite.

Capture d’écran 2016-04-26 à 19.24.37
La manipulation est à l’avantage du parasite

Un accident sélectionné au cours de l’évolution ?

On ne peut pas dire qu’un jour un parasite s’est imaginé que ce serait malin de faire ça. Ce système là est probablement arrivé par hasard (par exemple une mutation génétique chez un parasite qui l’a rendu un peu différent). Comme il devient plus performant que les autres pour transmettre sa descendance, ce parasite est avantagé. Il parviendra plus facilement à se répandre. Ce nouvel individu est donc sélectionné au cours de l’évolution par sélection naturelle.

C’est évidemment un peu plus complexe que ça. Par exemple, il faut aussi que ce nouveau parasite ne soit pas trop agressif pour le moustique, sinon ce dernier meurt avant d’avoir transmis la malaria.

Le débat n’est pas clos

Lors d’une autre expérience des scientifiques ont infecté un moustique avec une bactérie (à la place de la malaria). Ils ont constaté que l’insecte subit aussi une diminution de l’apyrase. Le comportement du moustique est également modifié et Tom, Joseph et Simona ne sont pas épargnés.

Alors quoi ? Manipulation du parasite ? Effet secondaire de l’infection ? Ou manipulation du parasite en induisant une effet secondaire de l’infection ?

hein2

Bref, maintenant que vous savez que quand je dis « manipulation », je dis plutôt « modification d’un comportement liée à la présence d’un parasite », alors on peut commencer.

 

Pour les plus motivés je mets en lien un article scientifique (en anglais):

http://www.utm.utoronto.ca/~w3gwynne/BIO418/Thomas2005.pdf

Bien à vous, votre parasitaire dévorée par les moustiques

 

 

Mambo!

DSC00075

Mambo!

Bonjour de ce pays où règne l’art de la salutation !

 

Que ce soit dans la rue ou dans n’importe quel autre espace, ici du moment que vous avez une interaction, ne serait-ce qu’un échange de regard, la salutation est joyeusement de rigueur.

Il existe plusieurs manières de se saluer et je suis loin de pouvoir toutes vous les citer…

Hujambo – Sijambo

Shikamoo – Maharaba

Mambo – Poa

Jambo – Poa

Habari – Nzuri

Ukoje – Niko salama

La salutation est un acte traditionnel et on lui confère généralement une connotation sérieuse, ancestrale et sacrée…

Laissez-moi vous raconter l’origine de la salutation la plus couramment employée ici :

Mambo !

Ce à quoi l’on répond :

Poa !

En gros, cela signifie comment ça va ? Ca va très bien…

 

Plus littéralement, le terme mambo vient de la danse (et musique) que vous connaissez tous.

Est-ce que, comme moi, la chanson « hey mambo » vous trotte dans la tête à l’instant?

La réponse Poa, signifie « frais » en swahili… Autrement dit, « cool » en anglais.

Un peu comme dire : ça swingue ? Oui, cool.

 

Alors… mambo ?

 

Et hop, je vous propose un petit tour en Italie des années 50…

Votre parasitaire qui vous salue!

 

La malaria en quelques mots…

DSC00031

Habari!

Bonjour de ce pays où, paraît-il, arriver accompagné de la pluie est un bon présage…

Pour mieux situer le sujet principal de ce blog, j’aimerais commencer par quelques mots sur la malaria…

Qui ?

Malaria et paludisme sont 2 termes qui désignent la même maladie, provoquée par un parasite, le plasmodium et transmise par le moustique anophèle.

Le moustique anophèle

Quoi ?!!

Cette maladie frappe plus de 200 millions de personnes chaque année et cause la mort de 500’000 à 1 million d’entre elles…

C’est énorme.

Les premières victimes sont les femmes enceintes et les enfants, car leur système immunitaire est plus fragile.

Où ?

Le paludisme est une maladie qui concerne principalement l’Afrique subsaharienne, mais également l’Asie, l’Amérique latine et dans une moindre mesure le Moyen-Orient, certaines régions d’Afrique du nord et de l’Europe.

Selon l’OMS, près de la moitié de la population mondiale est exposée au risque d’être infectée.

 

Répartition de la malaria dans le monde

 

Quand ?

La malaria peut se transmettre tout au long de l’année, mais elle est présente un pic épidémique après la saison des pluies.

En effet, les larves de moustiques se développent dans l’eau stagnante. De ce fait, la saison des pluies, qui est propice aux flaques, est particulièrement favorable à la reproduction du vecteur (vecteur = celui qui transporte et transmet la maladie).

Comment ?

Le moustique se contamine en piquant une personne infectée qui contient dans son sang des « œufs » de malaria (des gamétocytes). Le passage par le moustique est un stade obligatoire pour le développement du parasite. Au bout d’une vingtaine de jours la malaria est mature; rebelote, le moustique pique mais cette fois-ci c’est lui qui transmet la maladie.

moustikok

Et après ?

Une fois dans le corps humain, les parasites font un premier séjour dans le foie, puis ils envahissent le réseau sanguin et pénètrent dans les globules rouges afin de s’y multiplier. Trois jours plus tard, ils font éclater ces mêmes cellules pour se retrouver à nouveau dans les vaisseaux sanguins. Le processus se reproduit, chaque parasite libéré entre dans une globule rouge, s’y multiplie, 3 jours plus tard la fait éclater, etc…

Les conséquences d’une telle attaque sont une anémie massive liée à la destruction des globules rouges. De plus, les reins peuvent s’obstruer car ils ont trop de cellules sanguines mortes à évacuer.

Parfois le parasite aime se coller aux parois des vaisseaux sanguins, ce qui endommage les organes irrigués : cerveau, placenta (oui, le placenta est un organe)… Dans ses formes les plus graves, la malaria cause des troubles neurologiques sévères type épilepsie et coma. Ces accès cérébraux ont souvent une issue mortelle.

 

Je mets en lien un court film (en anglais) qui illustre bien le cycle du parasite… Ceci dis, gardez à l’esprit que ce dernier se développe dans le moustique pendant 20 jours avant d’être à nouveau transmissible (ce qu’omet de préciser le film…).

https://www.youtube.com/watch?v=A2-XTlHBf_4

 

Voilà, c’était un aperçu non exhaustif du sujet. Je n’en doute pas, beaucoup de questions brûlent encore vos lèvres (et alors, comment on lutte contre ? certains disent qu’on l’attrape à vie, c’est vrai ? Les animaux ont-ils aussi la malaria ?…). Bref nous allons parler de tout ça et bien plus encore, promis !…

La prochaine fois que je vous parle de science, j’aborderai un thème qui relève pratiquement de la science-fiction : le parasite qui manipule le moustique… J’ai hâte de vous raconter tout ça…

Bien à vous, votre parasitaire détrempée.

Karibu ! Bienvenue !

Salut à toutes et à tous, bienvenue sur ce blog !

Vous allez pouvoir y suivre les anecdotes de Lagonelle (infirmière et) étudiante en biologie qui part en Tanzanie avec 2 camarades, James et Steeve* pour réaliser des projets de recherche sur la malaria**.

 

image1.3
Tanzanie : saison des pluies…

 

Pourquoi ce blog ?

Déjà pour vous donner quelques exemples actuels de recherche contre la malaria. C’est quoi ? ça se passe comment ? Vous verrez qu’on colorie des moustiques en rose fluo, les dissèque pour collecter les ailes, les infecte pour mieux les comprendre et parfois qu’on tend son bras pour se faire piquer…

Coloration des moustiques
Du rose pour ces moustiques…

 

Ce blog a pour ambition de nous faire vivre ensemble les péripéties de Lagonelle, passionnée de parasites, sévèrement contrariée par les disparités de chance face aux maladies dans le monde et friande de découvrir la Tanzanie avec vous.

L’idée est de partager les réussites et les déboires d’un projet théoriquement parfaitement organisé (sur papier) mais qui se révèlera peut-être plus compliqué sur le terrain…

Enfin, j’espère réussir à vous raconter que la science ce n’est pas (seulement) un truc de gens bizarres et inaccessibles…

Vos questions, remarques et commentaires sont bienvenus.

Au plaisir de ce partage, votre blogueuse parasitaire, Elise Rapp.

 

*prénoms d’emprunt pour désigner Kevin Thiévent (doctorant) et Lorenz Hofer (mastorant)

** Actuellement en master de biologie à l’Université de Genève sous la direction du professeur Jean Mariaux, je collabore avec le laboratoire du professeur Jacob Koella à l’Université de Neuchâtel pour ce projet de terrain.