Tanzanecdote “keymaker”

trafic
Dar es Salaam

Mambo !

Bonjour de ce pays où le trafic routier est en soi un film passionnant.

 

Alors, ces expériences?

Nous en sommes actuellement au stade de la préparation. Steeve, notre doctorant est un scientifique aguerri en matière d’expériences. Cependant nous prévoyons d’en réaliser trois et certaines impliquent des dizaines de milliers de moustiques à élever. Nous sommes aussi tenus par le temps, car les infections de ces derniers doivent se faire à 3-5 jours de vie adulte. Or, pour trouver des parasites il nous faut prélever du sang de personnes parasitées (que nous soignerons bien sûr au passage). Nous devons donc bien planifier chaque expérience de manière à ce qu’elles se chevauchent convenablement. Et puis nous sommes évidemment limités en terme de place et de matériel. Il faut entreposer 36 bacs remplis chacun de 300 larves à nourrir tous les jours, tandis que d’autres moustiques seront élevés dans une cinquantaine de cages ; sans compter que les locaux sont également utilisés pour d’autres expériences. Enfin, il nous faut prendre en compte nos limites humaines et réduire le risque d’erreur si nous jonglons avec plusieurs expériences en même temps. Bref, c’est une sacrée gymnastique intellectuelle et organisationnelle. Croyez- moi, nous passons des heures à revoir nos calculs, sachant qu’ils seront bouleversés par bien des inconnues…

 

2016-05-01 11.07.36

 

La mission de la journée

Notre logement ne possède qu’une clé. Nous avons donc décidé d’en faire des doubles pour obtenir chacun notre sésame, ce qui, évidemment, sur trois mois de cohabitation n’est pas un luxe.

Nous vivons dans une ville de 35’000 habitants, mais ici, impossible de trouver un « key-maker ». On nous conseille donc de nous rendre à la capitale.

Laissez-moi vous raconter cette aventure…

Nous avons rendez-vous à 10h avec du personnel du centre de recherche qui, justement, se rend en voiture à la capitale et avec générosité se propose de nous aider dans ce périple. Avec un peu de retard, arrive notre carrosse. Parmi notre équipage se trouve Rita, une véritable « miss sunshine », administratrice du centre, le chauffeur, Ali, un homme taquin d’un âge indéfinissable qui lorsqu’il nous esquisse quelques pas de danse se révèle un véritable maître en la matière et enfin Pita, sobre à première vue mais parfaitement malicieux technicien de laboratoire.

La distance qui sépare Bagamoyo de Dar es Salaam est de quelques 70 kilomètres. Il nous faudra 2 heures pour arriver au centre, d’autant que la saison des pluies est propice aux trous et que la capitale est pratiquement tout le temps en proie aux bouchons.

Nous accompagnons d’abord Rita qui doit déposer des dossiers. Pendant qu’elle règle ses affaires, nous nous retrouvons assis dans un bureau à parler Suisse et Tanzanie avec Pamela, élégante administratrice. Puis, nous repartons.

Ça y est, quelqu’un a su renseigner Rita concernant le lieu, elle nous mène donc au magasin de clé.

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Keymaker

Il est déjà 13h30. Pendant la confection de nos clés, affamés nous partageons un repas avec nos compères.

C’est l’occasion de peaufiner notre savoir-être… Non, ici on ne mange pas avec la main gauche, non, on n’est pas obligés de finir nos assiettes (bonne nouvelle, car les quantités servies sont impressionnantes)…

Je ne sais pas vous expliquer où est passé le temps ensuite… quelques courses à Dar es Salaam pour acheter des yoghourts, car nous ne sommes pas sûrs d’en retrouver à Bagamoyo, une longue traversée de la ville sous la chaleur étouffante, d’incroyables visions de trafic chaotique… Bref, nous arrivons à 17h30 à la maison, éreintés, emplis d’une Afrique bouillonnante et victorieux possesseurs de nos passes individuels.

Voilà, nous prenons doucement la mesure de ce que nous imaginions déjà. Ici le temps n’est pas le même. Nous avons planifié l’expérience et commandé du matériel à l’avance (une cinquantaine de cages, des dizaines de bacs pour l’élevage des larves, du matériel d’analyses…) et le centre de recherche qui nous accueille est très bien organisé. Mais une expérience réserve toujours des imprévus. Et si faire un double de clés prend une journée, alors souhaitons ne pas rencontrer d’urgences de matériels…

 

Bien à vous, vos parasitaires au taquet.

 

 

Elise Rapp

Elise Rapp est infirmière spécialisée en médecine Tropicale (IMT Anvers). Elle a repris le chemin des études pour faire de la recherche sur les maladies tropicales. Elle est actuellement basée en Tanzanie où, dans le cadre d’un master de biologie elle mène un projet de terrain sur la malaria.