Urgence climatique : le 10 avril, votez pour être du bon côté de l’histoire

Cette carte n’est pas de la science-fiction: elle montre en temps réel les niveaux de températures records atteints le 18 mars dernier aux pôles Nord et Sud. Un record de chaleur a été enregistré en Antarctique, +30°C au-dessus des températures moyennes saisonnières. Conséquence directe de cette chaleur, le plus gros iceberg de la planète, un iceberg géant de 4,320 km2 (soit la moitié de la taille de l’Île de Beauté), s’est détaché du continent.

Avec la fonte des glaces et des glaciers sur tous les continents, ce n’est pas seulement l’augmentation du niveau de la mer qui est en marche, mais aussi la déstabilisation de nos climats tels que nous les connaissons actuellement. Imaginez que la Terre est un oeuf fragile. Si vous commencez à casser la coquille en haut et en bas de l’oeuf, c’est tout le système climatique terrestre qui se craquèle. 

En effet les pôles jouent un rôle déterminant, pas juste pour la survie des écosystèmes critiques – dont font partie les fameux ours polaires, ainsi que les multiples mini-organismes vivants de la cryosphère, qui sont à la base même de toute la chaîne alimentaire du monde marin-, mais aussi pour la bonne circulation des courants océaniques, comme le fameux Gulf Stream. Les courants marins sont les grands régulateurs du climat. Sans eux, nous pourrions avoir des changements de températures et de précipitations extrêmes et imprévisibles, à l’image de ce qui se passe lors des phénomènes El Nino ou la Nina. Des sécheresses à répétition en Espagne ou encore des hivers glaciaux en Ukraine et en Europe de l’Est alors que nous voulons mettre fin aux importations de gaz naturel russe pour le chauffage de nos maisons ?

Comme le montre le 2nd volet du dernier rapport du GIEC, rédigé par 270 scientifiques de 67 pays, et approuvé par 195 pays le 28 février dernier, tous les signaux sont au rouge, et cette fois au rouge foncé. Les changements s’accélèrent à un rythme exponentiel.

Les effets actuels du réchauffement climatique (+1.09 °C en 2021) sont immédiats:

  • réduction de la disponibilité des ressources en eau et en nourriture (en Afrique, en Asie et dans les petites îles notamment) ;
  • impact sur la santé dans toutes les régions du monde (plus grande mortalité, émergence de nouvelles maladies, développement du choléra), augmentation du stress thermique, dégradation de la qualité de l’air;
  • baisse de moitié des aires de répartition des espèces animales et végétales.

Ces effets sont irrémédiables, même dans l’hypothèse d’une limitation de la hausse des température à 1,5°C comme fixé dans l’accord de Paris. Ils sont par ailleurs aggravés par la pauvreté ou l’accès limité à des services. D’ores et déjà, entre 3,3 et 3,6 milliards d’habitants vivent dans des situations très vulnérables au changement climatique.

Si des efforts ont été réalisés pour réduire les émissions de CO2, les auteurs du rapport dénoncent une inadéquation des moyens mis en œuvre face à la rapidité des changements, signe d’un “manque de volonté politique” avec, pour exemple, le non-respect des engagements de Glasgow 2021 lors de la COP 26 en matière de doublement des budgets pour lutter contre le réchauffement. Un développement résilient au changement climatique est cependant encore possible en consacrant des efforts financiers plus importants dans certains secteurs clés :

  • la transition énergétique pour réduire les émissions de CO2 ;
  • une meilleure gestion de l’eau et de l’irrigation mais aussi une meilleure adaptation des cultures aux conditions climatiques via l’agroécologie ;
  • la préservation du milieu naturel (restauration des forêts et des écosystèmes naturels, arrêt de l’urbanisation dans les zones côtières, végétalisation des villes).

Au rythme de développement actuel, le réchauffement climatique pourrait atteindre 2,7 à 3°C à la fin du siècle.

Face à ce constat, nous n’avons pas une minute à perdre. Et nous n’avons certainement pas 5 ans à perdre.

Et c’est pour cette raison que l’échéance des prochaines élections cantonales est primordiale.  Si nous n’agissons pas ici, dans un des pays les plus riches du monde, et dans un des cantons les plus riches de la Suisse, alors où peut-on agir ?

Le choix qui se présente à nous est très clair. D’un côté, un candidat UDC, Michaël Buffat, qui a voté à Bern contre l’Accord de Paris pour le climat, mais aussi des candidats qui se sont opposés au plan climat Vaudois finalement sauvé par le Grand Conseil.

De l’autre, une alliance rose-verte qui s’est engagée résolument pour la transition énergétique, le développement des infrastructures publiques et des transports en commun pour toutes et tous (à prix abordables voir gratuits pour les jeunes et les personnes âgées), ainsi que l’accès à une formation et une éducation de qualité, la condition sine qua non de la réussite des générations futures qui devront faire face à des enjeux considérables.

Mon choix a été fait depuis longtemps. Mais si vous n’avez pas encore fait votre choix, il est temps de voter.

Votez pour être du bon côté de l’histoire, pour un avenir désirable, durable et réalisable. Car le climat, lui, n’attend pas.

Cinq ans avec un climato-sceptique au pouvoir, et sans représentant du mouvement écologiste à la tête du gouvernement Vaudois, ce n’est simplement pas imaginable, ni pour nous, ni pour les générations futures.

Le 10 avril prochain, faites le bon choix.

Voir aussi la dernière interview de Vassilis Venizelos: “l’expertise climatique est de notre côté“.

Elise Buckle

Elise Buckle travaille dans le domaine du climat et de la durabilité depuis 20 ans. Conseillère stratégique auprès des Nations Unies, titulaire des Masters LSE et Sciences Po, elle est Présidente de Climate & Sustainability, une plateforme de partenariat pour l’action climatique et a co-fondatrice SHE Changes Climate. Elle enseigne au Graduate Institute à Genève et au Glion Institute for Entrepreneurship and Sustainability.

9 réponses à “Urgence climatique : le 10 avril, votez pour être du bon côté de l’histoire

  1. Je suis Vert’libéral (exécutif des Futurepreneurs) et je vais voter pour les Verts et les Socialistes au 2ème tour avec une Centre et un PLR pro-lutte contre les changements climatiques, contre mon parti qui ne donne aucunes consignes de votes !

    1. Bravo pour votre courage et merci pour votre soutien pour cette cause qui dépasse largement les clivages politiques habituels !

      1. Je pense qu’on ne vote pas pour être du bon côté, ni de l’histoire ni de la géopolitique, mais parce qu’on analyse, cherche à comprendre puis remplit un bulletin – si possible pour le bien commun. La démocratie n’est pas un acquis, mais un exercice. Qui n’a rien à voir avec la moralisation et l’écologiquement correct. Bonne votation !

  2. Il faudrait peut être cesser la désinformation permanente et donner de vrais chiffres:
    La Suisse c’est 0,1% du CO2 mondial, la France 1%, l’Allemagne 6% (avec ses centrales à charbon et gaz), Chine+USA+Inde c’est 80%.
    Vous espérez quoi avec votre politique et proposition de restrictions, interdictions, décroissance et de taxations en Suisse ? Sauvez le monde ? Réfléchissez, même si la Suisse passe à 0 CO2, cela changera quoi ? Rien, même pas 0,0001°. Eh oui rien de rien, sauf à tuer l’économie et restreindre les habitants dans leur libertés.
    Pourquoi ne militez-vous pas en Chine, USA, Inde qui à eux trois représentent 80% des émissions de CO2 ? Pourquoi vouloir restreindre la vie et libertés de populations qui n’ont AUCUN impact sur le climat ? Au pire, allez à Berlin demander la fermeture des centrales à charbon allemandes et la remise en service de leurs réacteur nucléaires zéro CO2 !
    Vous vous trompez de cible….
    PS: La température moyenne sur une journée sur une partie du pôle sud a été 30° au dessus de la moyenne habituelle, elle était de -25 au lieu de -55… Faut aussi donner les référence pour ne pas leurrer le lecteur et lui faire croire que l’antarctique est devenu les Bahamas,

    1. Je vous rejoins, penser CO2 uniquement est inutile. Mais la protection du vivant n’est pas que globale, elle doit également (et surtout à mes yeux) être locale, précisemment pour les raisons que vous citez.
      Par exemple, les insectes s’adaptent très bien à quelques degrés de plus ou de moins. En revanche ils s’adaptent beaucoup moins bien à la luminosité constante des lampadaires, aux destructions de nos forêts, aux épandages de pesticides… De ces insectes dépend une grande partie de nos écosystèmes et avoir une conscience écologique ne signifie pas que nous devons sauver la terre, commençons par sauver notre petit bout de pays, nos villages, nos forêts et nos campagnes.
      Idem pour la pollution sonore qui cause des maux par centaines, limiter la cilindrée (par exemple) des voiture n’est pas qu’une affaire de climat, c’est une affaire du confort local du plus grand nombre!
      Les réserves d’hydrocarbure s’épuisent (par définition), devons nous vraiment empêhcer toute anticipation des pénuries à venir pour améliorer notre PIB de ces quelques prochaines années comme vous le préconisez ? Est-il vraiment si attroce de construire le monde de demain en facilitant, par exemple, les déplacement à vélo ? Même si nous acceptons que la liberté individuelle ne sera jamais entravée, l’explosion des prix de l’énergie poussera de plus en plus de gens vers ces solutions de manière contrainte. Ce n’est pas en période de crise que nous pourrons adapter nos modes de vies et de déplacement, il sera trop tard.
      Baisser les bras aujourd’hui comme vous le faites signifie ne pas durcir les mesures anti-pollution, ne pas souhaiter une limitation des pesticides, ne pas augmenter la production alimentaire locale, ne pas permettre aux gens d’avoir accès à une vie plus sereine et, économiquement, d’affaiblir encore la balance commerciale du pays.
      Soyez égoiste, votez pour protéger la Suisse ! Le reste du monde court à sa perte, ne le suivons pas bêtement !! L’importance géopolitique de l’approvisionnement calorifique (nourriture et énergie) dépassera largement vos préoccupation de croissance de PIB dans quelques années.
      Ne pas faire ces choix aujourd’hui c’est n’avoir aucune résilience face aux changements qui arrivent et je pense que nous pouvons tous tomber d’accord pour dire que ces changements sont désormais inévitables.

    2. @ Little
      Si je comprends bien votre raisonnement, nous pourrions même, sans autre, doubler nos émissions de CO2, car étant un si petit pays cela n’aura aucun impact au niveau mondial. Quel égoïsme !

    3. Le pompier, doté de moyens trop petits pour éteindre l’incendie seul, laisse tomber.
      Tout ses collègues, également individuellement débordés, font de même.
      La caserne finit en cendres.

      HeFei c’est 0,1% du CO2 mondial… on peut itérer par régions et cités et avoir des chiffres individuellement insignifiants. Avec cet optique, personne ne peut rien faire et on choisi de maintenir la trajectoire vers la catastrophe. Parce que +3 ou +4°C c’est une catastrophe… pour nous.

      Pour continuer et remettre une couche, parce que ça me fait plaisir : on se tape sur le dos en se félicitant de nos 5.5T/hab par an, mais on ne compte pas dedans les émissions de nos objets importés des états dont vous décriez les émissions. Quand cela est comptabilisé, nos émissions sont dans les 11T/hab par an, ce qui est nettement moins reluisant. Il y a plus facile et efficace que “militer en chine”, ça s’appelle la sobriété dans la consommation et en particulier pour les choses ayant un bilan carbone élevé et une durée de vie faible.

      Je déteste l’expression “Sauver la planète”. Elle se sauvera toute seule, même si ça prend des millions d’années. Nous et notre civilisation occidentale si confortable ? Pas sûr…

      Pour terminer avec vos inepties, une anomalie de +30° dans l’antarctique c’est grave. Cela signifie que les courants polaires de haute altitude qui ont jusque là mitigé la hausse de température aux pôles sont en train de faiblir.

    4. Ehh oui, la Suisse représente en gros 0,1% des habitants de la planète, mais vu son niveau de vie, elle participe probablement plutôt à 0,3-0,4 % des émissions globales. Si chacun attends que l’autre trouve des solutions et montre le chemin, on est pas rendu!!! Donc oui, la Suisse, comme tout pays, doit faire sa part, ce qui est très loin d’être le cas pour le moment!

  3. Félicitations ! Persévérez, même s’il se trouve des détracteurs qui, chiffres à l’appui pensent démolir vos propos ! c’est le propre des boomers, ils sont de leur temps, révolu, et ne réalisent pas les changements qui ont eu lieu Reste que ça laisse rêveur de constater que des gens soient encore dans des convictions sur ces sujets gravissimes . Rappelons nous Galilée devant ses inquisiteurs, disant: ” et pourtant elle tourne…”

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