Faire de la diversité une force pour l’avenir

1 an déjà: cela fait exactement 1 an que nous étions élu.e.s au 1er tour des élections communales, dans notre Ville, à Nyon, avec plus de 55% des votes, sur une plateforme soudée et unie autour des valeurs de l’écologie et de l’humanisme.

Comment a-t-on pu en arriver là ?  Alors qu’une partie du continent se déchire sur fond de guerre et de tragédies humaines, ne pourrait-on pas rétablir la paix politique, au moins ici, dans notre petite Ville de 22,000 habitant.e.s ? Ce qui est certain, c’est que notre société n’a pas besoin de plus de conflits. Comment remettre le respect humain et la bienveillance au coeur de la politique nyonnaise, et au coeur de l’Administration ? Autant de questions qui me traversent l’esprit, pendant cette pause forcée qui invite à la réflexion. Depuis ma prise de fonction, j’ai fait au mieux pour veiller au respect du droit du travail pour favoriser le bien-être et la santé des employé.e.s. J’ai été très étonnée de l’attaque du 17 décembre, je pensais alors que nous allions vers la paix et la reconstruction du climat social. Quoiqu’il arrive, je reste optimiste pour l’avenir, ouverte et prête à travailler avec tout le monde.

Malgré l’adversité, j’ai décidé de continuer sur ce chemin pas facile, de mener mon combat politique  pour la planète et le bien-être humain, et de garder le cap qui avait été choisi par les électeurs le 7 mars 2021. Je prépare mon retour aux fonctions en me ressourçant, en réfléchissant et en me nourrissant des idées et propositions qui émergent des citoyen.n.e.s nyonnais.e.s.

C’est dans cet esprit que je participerai au lancement du Collectif Citoyen Nyonnais qui s’est organisé durant ces dernières semaines. Ce collectif émane d’élu.e.s et d’habitant.e.s de Nyon qui ne s’accommodent pas de la situation politique actuelle et qui souhaite un meilleur avenir pour leur Ville, pour que Nyon devienne une Ville d’avenir, ouverte sur le monde, inclusive, tolérante et fière de sa diversité. Son objectif n’est pas de refaire le passé mais plutôt de proposer des pistes d’action et des solutions pour s’engager dans le 21ème siècle avec plus de détermination pour la transition écologique, le bien-être humain et les respect des femmes que ce soit sur leur lieu de travail ou en politique. Dans une vraie démocratie, il est possible d’exprimer ses opinions sans risquer le dénigrement, les représailles, la mise à l’écart ou l’exclusion.

De nombreuses études économiques montrent que les organisations, entités ou entreprises qui valorisent la diversité réalisent de bien meilleures performances. C’est le cas pour les employeurs qui ont su intégrer des profils de tous horizons dans leurs effectifs salariés, mais aussi au sein de leur instances de direction et des Comités d’Administration, avec des membres venant d’horizons différents, et avec une meilleure représentation des femmes et des jeunes.

C’est en faisant preuve d’empathie et d’écoute envers les autres, que nous pouvons enrichir nos points de vue et améliorer nos systèmes organisationnels. Alors que nous faisons face à des crises systémiques de plus en plus complexes, nous avons encore plus besoin de repenser nos sociétés et d’imaginer les solutions de sortie de crise à plusieurs. Dr David Nabarro, diplomate de haut niveau avec qui j’ai eu la chance de travailler lors du Sommet pour le climat du Secrétaire Général des Nations Unies de 2019, a mis en place une plateforme d’échange et de formations pour les leaders intéressés par la transformation systémique de nos sociétés vers un modèle plus durable (https://4sd.info/). Les dialogues inclusifs, qui permettent de donner la parole à tout type d’acteurs de différentes régions géographiques et à différents niveaux, permettent de faire émerger des solutions plus efficaces en cas de crise.

Quelque soit notre origine socio-culturelle, notre couleur de peau, notre genre et notre orientation sexuelle (femmes, hommes, LGBTQ+), notre âge, notre langue ou notre situation professionnelle, nous sommes tous concerné.e.s par les crises du monde contemporain. Nous faisons tous partie de cette même grande famille de l’humanité et partageons la même planète. Jamais auparavant nos communautés de vie ont été autant interconnectées par les réseaux et systèmes interdépendants du 21ème, que ce soit en terme d’informations et de communication, d’économie ou encore de liens entre les organismes vivants qui voyagent plus vite que jamais.

La crise sanitaire a touché presque tous les êtres humains. Certes les différences de porte-monnaies, d’accès aux vaccins et d’accès aux soins ont entraîné des inégalités d’exposition et de traitement. Mais au fond, personne n’était vraiment immunisé.

Quant au changement climatique, il n’épargne personne, mais il touche de plein fouet les personnes les plus vulnérables. D’après le dernier rapport du GIEC, 3.3 à 3.6 milliards de personnes vivent dans un contexte de grande vulnérabilité aux impacts du changement climatique. Mais à long terme, même les plus riches ne pourront pas se racheter une planète et un climat équilibré à coups de pétrodollars. Une fois les glaces des pôles fondues et des millions d’espèces vivantes disparues, on ne pourra pas les faire revenir.

Enfin, la guerre frappe à notre porte. Personne ne peut être immunisé face à une telle barbarie humaine, face à ces images de souffrances humaines qui circulent en boucle dans les réseaux sociaux. Soudain, on s’identifie à ces familles, une valise à la main et des enfants dans les bras, avec l’espoir de trouver un lieu d’accueil dans un pays en paix. Nos enfants vont grandir dans cette nouvelle ère, une ère dans laquelle la guerre ne fait plus partie de l’imaginaire et des livres d’histoire, une ère durant laquelle une nouvelle guerre mondiale est possible. La bombe nucléaire pourrait à nouveau anéantir des villes entières. Comment est-ce possible ? La guerre et l’arme nucléaire font partie de ces folles inventions humaines qui se retrouvent dans les mains d’un tyran assoiffé de pouvoir, prêt à anéantir des millions de vie pour asseoir sa suprématie territoriale. Le japonais Tsutomu Yamaguchi, rescapé du bombardement d’Hiroshima, qui avait commis l’erreur de se réfugier à Nagasaki, avait fait part de ce voeu: “Les seules personnes qui devraient avoir le droit de gouverner des pays dotés de l’arme nucléaire sont les mères qui donnent encore le sein à leur enfant.”

Le 8 mars, c’est aussi la journée internationale des femmes. Sur 21 Cheffes d’Etat et de gouvernement, aucune femme n’a déclaré la guerre. Katherine W. Philipps, professeure d’éthique à la Columbia Business School,  s’est penchée sur les statistiques de la période historique de 1950 à 2004 et dans 188 pays: elle estime à 4% le pourcentage de jours durant lesquels une femme a exercé les responsabilités suprêmes comme cheffes de gouvernement ou de l’Etat.Presqu’aucune n’a initié de conflit armé, à l’exception notable de Margaret Thatcher durant la guerre des Malouines. On en peut pas forcément tirer de conclusions hâtives. Quand il le faut, les femmes sont prêtes à se battre et aller au front, pour un avenir meilleur: on pense à la Commune, la Révolution française, la lutte pour le droit de vote ici en terre helvétique, ou encore la lutte contre le changement climatique. La plateforme SHEchangesClimate soutient les femmes leaders engagées pour le climat et demande une représentation féminine à hauteur de 50% dans les effectifs des équipes des Présidences des COP.  Le monde est bien fait, avec légèrement plus de 50% de femmes dans la population mondiale. Pourquoi n’y a-t-il pas aussi 50% de femmes représentées dans les instances de pouvoir, pour prendre les décisions importantes qui engagent l’avenir de l’humanité ? S’il y avait plus de femmes au pouvoir, on pourrait s’attendre à moins de décisions destructrices, moins d’exploitations des ressources naturelles pour assouvir une soif de pouvoir à court terme, plus de partage, de bienveillance et d’empathie envers les autres. Ce n’est pas une garantie mais certainement une tendance. Car au moment même où nous donnons naissance, l’avenir de nos enfants devient la priorité numéro 1: pourront-ils se nourrir, se loger, se vêtir, fonder un foyer à l’abri des bombes et des aléas climatiques ?

Encore une fois, il ne s’agit pas non plus d’exclure les hommes, mais de travailler ensemble en bonne intelligence. C’est en conciliant nos énergies féminines et masculines que nous pourrons faire des miracles pour la collectivité. Ensemble, nous pouvons cultiver les solutions d’avenir, pour la paix, le climat et le bien-être humain, à condition que la terre soit fertile, ouverte au dialogue et à la diversité.  Notre planète et notre Ville en ont bien besoin.

 

 

Elise Buckle

Elise Buckle travaille dans le domaine du climat et de la durabilité depuis 20 ans. Conseillère stratégique auprès des Nations Unies, titulaire des Masters LSE et Sciences Po, elle est Présidente de Climate & Sustainability, une plateforme de partenariat pour l’action climatique et a co-fondatrice SHE Changes Climate. Elle enseigne au Graduate Institute à Genève et au Glion Institute for Entrepreneurship and Sustainability.

Une réponse à “Faire de la diversité une force pour l’avenir

  1. Bonjour,
    Deux commentaires:
    1) Dans la langue française, le masculin fait également office de neutre, donc pas besoin d’utiliser une écriture dite “inclusive” qui n’est qu’une invention écologique et qui est interdite d’utilisation dans l’enseignement et pour cause, elle n’a pas de base étymologique et sème la confusion chez les plus jeunes qui apprennent les bases de l’orthographe et de la grammaire. De plus c’est extrêmement pénible de lire ce genre d’écriture.

    2) Vous réécrivez l’histoire quand vous écrivez : ” Presqu’aucune n’a initié de conflit armé, à l’exception notable de Margaret Thatcher durant la guerre des Malouines. “. Vous êtes peut-être trop jeune pour avoir vécu cet épisode, mais l’armée de l’Argentine avait envahi militairement les Falkland, îles habités par des citoyens Britanniques. Le Royaume-Uni n’a fait que défendre un territoire qui lui appartenait et où vivaient ses ressortissants. Vous n’appréciez peut-être pas M.Thatcher, mais elle a remis le Royaume-Uni sur les rail à une époque où le pays coulait littéralement. Personne ne peut contester que la prospérité du Royaume-Uni s’est faite grâce à M.Thatcher.

    Cordialement

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