Le numérique au service de la société

«Blue City Project»: le projet qui veut inventer la ville de demain

La Suisse se prépare à un hiver de pénurie d’énergie, auquel elle ne s’attendait pas. La digitalisation pourrait-elle aider les pouvoirs publics, à l’avenir, à anticiper ce type de crises? Un projet va être lancé, courant septembre, par la ville de Lausanne, en consortium avec des acteurs académiques, comme l’EPFL, des acteurs publics, semi-publics, privés comme ELCA et des start-ups, qui devrait répondre à ces défis. Son nom: «Blue City Project», financé par Inno Suisse, l’agence fédérale qui promeut l’innovation en Suisse. D’ici 4 ans, c’est un tout nouveau modèle de gestion des villes qui devrait voir le jour.

 

Comment économiser le chauffage et favoriser un environnement durable? Comment mieux gérer les déchets, les espaces verts, les bâtiments publics? Comment faire la chasse au gaspi? Comment éviter les bouchons à la sortie du bureau, qui provoquent des pics de pollution? Comment rendre les villes plus fonctionnelles, plus économes et plus agréables pour ses habitants? «Blue City Project» va s’attaquer à toutes ces questions. Avec cette initiative, la Suisse se place parmi les leaders mondiaux dans le modèle de gestion des villes de demain.

 

Le jumeau numérique

«Blue City Project» se base sur la technologie fascinante du jumeau numérique, à savoir ce double de l’objet physique, qui vit dans un ordinateur. Le jumeau numérique n’est que données, algorithmes, et IA, mais cet avatar virtuel va permettre de simuler de nouveaux modèles de gestion. Pour beaucoup, il s’agit encore de science-fiction, mais, de fait, la technologie ne cesse d’évoluer et de se perfectionner et aujourd’hui, les jumeaux numériques sont partout, industrie, santé, architecture, transports, communication. À l’EPFL, plusieurs laboratoires, rassemblés dans le Centre pour les systèmes intelligents, travaillent sur cette technologie et ses différentes applications. On nage dans le futur avec pourtant des applications qui pourront avoir des effets tout à fait concrets, dans le quotidien, pour la population.

 

Un exemple: «Blue City Project» va travailler sur les économies d’énergie et sera en mesure de modéliser les réseaux énergétiques, puis de les montrer sur une enveloppe virtuelle pour effectuer différentes simulations et apporter les optimisations possibles. On aura ainsi une vue précise sur la consommation d’une ville, quartier par quartier et pourra identifier ainsi les possibilités d’améliorer son bilan carbone. Le consortium va travailler également sur une application pour régler le pilotage des feux de circulation, pour fluidifier le trafic et réduire ainsi la pollution. L’idée est que tous ces secteurs, publics et privés, travaillent ensemble pour créer une ville virtuelle à travers les jumeaux numériques. La crise Covid a démontré que les collectivités devaient élaborer des modèles de gestion plus efficaces des données publiques. «Blue Sky Project» s’y attelle.

 

L’enjeu de cybersécurité

Dans tout ce projet aux implications gigantesques, l’enjeu de la sécurité des données est évidemment majeur. Dans son rapport de 2020 sur la sécurité des appareils connectés, le Conseil fédéral pointe à quel point il est facile pour des cyberpirates de prendre le contrôle de milliers, voire de millions d’appareils connectés. Ces attaques sont motivées par l’appât du gain, la volonté de sabotage ou l’espionnage. Les impacts vont de l’indisponibilité momentanée de l’infrastructure informatique à la mise hors service d’infrastructures critiques par du sabotage. Ces attaques peuvent avoir de très lourdes conséquences financières voir humaines. En effet, lors de l’attaque Triton en 2017, la prise de control des systèmes de sécurité d’une industrie pétrochimique, aurait pu occasionner des accidents mortels. Dans notre contexte de smart city, on peut s’imaginer ce que donnerait une cyberattaque contre des centrales électriques ou le jumeau numérique d’un patient.

 

ELCA va apporter au projet son expertise en cybersécurité. Concrètement, ses équipes vont définir un concept de sécurité pour le jumeau numérique. Après études des besoins des différents acteurs de la smart city, les équipes ELCA vont développer un cadre pour contrôler l’accès aux jumeaux numériques, assurer l’intégrité et la confidentialité des données exposées. Enfin une attention particulière sera portée à la communication entre jumeaux numériques et physiques. L’approche envisagée est une approche de sécurité dès la conception. Cette approche donne lieu à un système plus résilient où la sécurité est intégrée plutôt que d’être ajoutée a posteriori comme un correctif.

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