L'ECAL, l'école décalée

Le design est au marché

En marge de mon travail de designer, j'enseigne le design de produit à l'ECAL depuis 7 ans. Cette expérience est pour moi très enrichissante, particulièrement dans le contexte du Master en Design de Produit car l'enseignement y est principalement axé sur le développement d'une démarche personnelle.

Les étudiants viennent du monde entier: Coréens, Mexicains, Chinois, Finlandais, Japonais, Allemand… en moyenne une vingtaine de nationalités pour trente étudiants, avec comme point commun une passion pour le design.

L'ECAL étant une école exigeante, peu d'étudiants ont le temps d'explorer les terrasses du Lavaux ou les alpages de la Vallée de Joux pendant leur Master. Parfois, à mon grand désespoir, ils repartent même sans avoir rien découvert de la région. A la rentrée de septembre 2012, je décide de prendre le taureau par les cornes: les étudiants de première année reçoivent comme sujet de concevoir un produit avec un artisan local et de réaliser une petite production en vue d'une vente au marché.

Pas facile a priori: une bonne moitié ne parle pas français, ce à quoi s'ajoute la timidité, ainsi que la différence de culture. Sans compter que la plupart des étudiants ont plus l'habitude de travailler derrière un écran que de battre la campagne.

Après une première visite à la bourse aux sonnailles de Romainmôtier en guise d'introduction, les étudiants dépassent leur appréhension initiale et partent à la découverte du terroir vaudois. Au fur et à mesure des rencontres, leurs mines s'éclairent: le chocolatier, le savonnier, le fromager, le meunier, le confiseur, le boulanger, l'herboriste, la forgeronne sont avant tout des passionnés, tout comme eux. Dès lors, j'étais le plus heureux des profs, puisque la séance hebdomadaire avec les étudiants se transformait en grande dégustation !

Le travail se poursuit avec la conception des stands du marché lors d'un workshop dirigé par Adrien Rovero en partenariat avec les étudiants du Master Espaces et Communication de la HEAD à Genève.

Arrive le temps du premier test au marché de Lausanne en décembre. La vente démarre un peu timidement, puis les étudiants qui ont un peu plus la «tchatche» commencent à faire l'article, et très vite ça prend. Chacun fait déguster son produit, le détaille, l'explique. On s'approche, on demande ce que c'est. Et les produits ont du succès, autant auprès des seniors lève-tôt, des familles, que des plus jeunes qui viennent prendre leur petit-déjeuner au café.

Sushis au chocolat, pâtés au chèvre, savons taillés à la main ou meringues aux graines rôties, toutes ces créations uniques sont à (re)découvrir samedi 27 avril pour le lancement de la saison d'été du marché de Renens.

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