Un livre, une vidéo et 2 questions : « Le baiser d’Anubia » le dernier livre de Dunia Miralles

Trouble de la personnalité borderline : témoignage

Une fois n’est pas coutume, c’est dans mon univers que j’emmène aujourd’hui les lecteurs de cet espace. Mon dernier livre, des fragments autobiographiques sur le trouble de la personnalité limite (borderline) vient de paraître. Comme il est difficile, pour un-e auteur-e de parler de soi et de son propre ouvrage, j’ai choisi de publier l’article de l’écrivaine et critique littéraire Bernadette Richard, paru le 28 janvier 2023 dans l’hebdomadaire Le Ô.

Dunia Miralles : une œuvre bousculante

Le dessous des cartes, les arrière-cours de notre société malade, la dope, les petits secrets inavouables, la transidentité, les paumés en tout genre – selon le regard moraliste des citoyens dits raisonnables –, autant de sujets que Dunia Miralles traite dans ses romans.

Au début du millénaire, il avait fallu une *Espagnole pour dénuder dans « Swiss trash », son premier livre, une certaine face cachée de la Suisse, celle de la drogue. Entre les lecteurs qui avaient adoré, ceux qui s’étaient enfin reconnus et les heureux normés qui peinaient à croire que notre patrie propre en ordre abritait de tels cas sociaux, l’ouvrage est devenu culte.

Vaille que vaille, Miralles a poursuivi sa route dans le labyrinthe des mots – souvent des maux pour elle. S’ensuivirent « Fille facile », « Inertie », autres explorations d’univers peu conventionnels, puis le très décalé « Alicante », bilingue français-espagnol, une suite de pensées, de regards, agrémentée d’un CD.

Arrivèrent ensuite « Mich-el-le, une femme d’un autre genre », qui donna lieu à un spectacle émouvant, et « Folmagories », des nouvelles qui sont comme des hommages à Edgar Poe, Oscar Wilde ou encore Stephen King, inscrites (sauf deux) dans le décor des Montagnes neuchâteloises.

Le Baiser d’Anubia : une entrée pour les montagnes russes du TPL

Et voici « Le Baiser d’Anubia », un livre qui pourrait déranger, des pages qui ne laisseront aucun lecteur indifférent : une plongée dans la tête de l’auteure. Audace ? Exhibitionnisme ? Règlement de compte avec cette salope de vie qui ne ménage pas les borderline(s) ? Un peu de tout, principalement sous forme de phrases courtes, entre des perceptions, des souvenirs jetés dans l’urgence sur le papier, et des illuminations esthétiques, historiques, journalistiques, échappées d’une angoisse sous-jacente, celle qui ne permet pas à l’écrivaine de vivre selon les codes sociaux en vigueur.

Une deuxième partie fait office de reportage concernant ce fameux trouble de la personnalité limite, décortiqué avec précision. Miralles évoque également ses rapports difficiles avec les psys. Et, comme un phare bienveillant dans la nuit noire d’une existence difficile, l’amour de son compagnon.

L’auteure s’est longtemps interrogée sur le fonctionnement de son psychisme. Qui suis-je, en fait ? Pourquoi son mental est-il si fluctuant, la privant d’un bonheur facile et accessible à tous ?

Elle y répond – du moins pour le lecteur – à travers cette confession qui bouscule les codes littéraires. Qui sait ? Son témoignage permettra peut-être aux esprits étroits et emplis de préjugés de revoir leurs certitudes. 

 

 Dunia Miralles : l’interview

 Avec cette confession, vous ne craignez pas les commentaires désobligeants ?

Dans tous mes livres, excepté peut-être « Folmagories », je me suis mise en danger. Mais au final, je suis récompensée par la réaction de mes lectrices et lecteurs, concernés par les problématiques que j’aborde. Pour une fois, ils se sentent compris, écoutés et moins seuls. Je sais que j’écris des choses qui peuvent me valoir un retour de boomerang désagréable.

Ça ne vous gêne pas de vous mettre ainsi à nu ?

Ça fait partie de ma démarche littéraire de faire du funambulisme sur le fil d’une épée, en risquant de nuire à mon cheminement d’écrivaine, de nuire à ma réputation de femme, mais je m’en moque. Il est important pour moi de mettre au jour des choses que l’on tient généralement bien cachées.

Célébrités psychoatypiques

Dans  « Le baiser d’Anubia » le lecteur peut aussi rencontrer des célébrités psychoatypiques et neuroatypiques : Jean Cocteau, Billie Eilish, Kurt Cobain, Virginia Woolf, Elon Musk, Gérard de Nerval…

Ci-dessous, une lecture du « Baiser d’Anubia » mise en images par Chingón.

 

Site Dunia Miralles – Ecrivaine : ici

*A noter : je suis née en Suisse et naturalisée depuis 1987.

Source :

– « Le Baiser d’Anubia », de Dunia Miralles, éditions Torticolis et Frères, 2023

– Hebdomadaire Le Ô

Jürg Schubiger : la philosophie et la psychologie au service de la littérature jeunesse

Des poèmes doux pour tous les âges

Psychologue, Jürg Schubiger, fils d’un éditeur suisse alémanique, a toujours vécu dans le monde du livre. Bien qu’il soit l’auteur d’une thèse sur Franz Kafka et d’œuvres s’adressant aux adultes, on le connaît principalement pour ses livres pour enfants, des livres si charmants qu’ils séduisent aussi les grands.

Le poème ci-dessous est extrait de « Deux qui s’aiment ». Conseillé dès 6 ans, ce recueil comprend une vingtaine de poèmes sur le thème de l’amour. Wolf Erlbruch, qui l’a illustré, a choisi de coupler des animaux amoureux avec qui faire la paire semble improbable : oie et chat, lièvre et sauterelle, chien et poisson rouge ! Seuls lapins, canards et ours restent entre eux. Une manière tendre, pleine de tact, d’apprendre à s’ouvrir à l’autre quelle que soit son allure, sa provenance ou son genre. Par ailleurs, si vous avez gardé une âme douce, vous pouvez lire ces poèmes à l’élu-e de votre cœur, quel que soit votre âge.

 

 

Jürg Schubiger est né en 1936 à Zurich et a grandi à Winterthur. Après une adolescence et une entrée dans l’âge adulte riches de diverses expériences et de séjours dans le sud de l’Europe, il étudie la littérature allemande, la psychologie et la philosophie. Après ses études, il a travaillé dans une maison d’édition spécialisée dans les manuels scolaires, jusqu’à ce qu’il ouvre, en 1979, son propre cabinet de psychologie auquel il consacre la majeure partie de son temps. A sa retraite, il reprendra l’écriture de manière intensive.

Jürg Schubiger a surtout écrit de la littérature jeunesse, mais également de nombreux contes et romans pour adultes. Son œuvre poétique et philosophique s’adresse également à un public moins jeune sans doute parce que l’auteur, comme il le disait lui-même, écrit ses histoires sur deux niveaux : « Les enfants doivent trouver leurs propres points de contact et les adultes ne doivent pas perdre la joie du texte. Par conséquent, écrire pour les enfants signifie toujours “aussi pour les enfants” ».

Son œuvre littéraire pour la jeunesse est complète: de 1978 à 2013,  19 livres sont publiés indépendamment de nombreux articles dans des journaux, des magazines et des anthologies. Traduite dans de nombreuses langues, elle a été couronnée par le prix “Hans Christian Andersen“ en 2008.

Jürg Schubiger est décédé le 15 septembre 2014 .

Sources :

Éditions La joie de lire

– Wikipédia