BD : « Irena » l’ange du ghetto de Varsovie

Irena Sendler : une résistante courageuse et modeste

Irena Sendler. 1944.

Entre 1941 et 1943, sans se soucier du danger, Irena Sendler sauve 2500 enfants juifs du ghetto de Varsovie. Pourtant, cette résistante catholique polonaise culpabilisera jusqu’à sa mort de ne pas en avoir sauvé assez. Qu’on l’appelle « héroïne » l’offusquait. « Je ne suis pas une héroïne. J’ai fait ce qu’il y avait à faire. Ce que j’ai fait est normal. Les enfants juifs sont les véritables héros ». Une « normalité » qui, en 1943, lui coûte d’endurer, chaque jour et durant des mois, de longues séances de tortures infligées par la Gestapo, sans que jamais elle ne dénonce aucune des personnes de son réseau. Condamnée à mort, elle s’en sort grâce aux membres de la résistance qui organisent son évasion mais les sévices infligés l’ont rendue définitivement infirme.

 

Irena Sendler : l’effacement

Après la guerre Irena Sendler (Sendlerowa en polonais) demeure fidèle au gouvernement polonais en exil. Cela lui vaut d’être à nouveau emprisonnée de 1948 à 1949, et d’être brutalement interrogée par la police secrète communiste. Elle est finalement libérée. Toutefois, ses liens avec la résistance polonaise proche du gouvernement en exil empêchent que les sauvetages qu’elle a effectués durant la guerre soient reconnus.

 

Irena Sendler : sauvée de l’oubli

Malgré la volonté du régime communiste à l’effacer de l’Histoire de la Pologne, en 1965, elle est déclarée Juste parmi les Nations et, en 1991, Citoyenne d’Honneur de L’État d’Israël. Cependant, son rôle durant la Seconde guerre mondiale reste largement ignoré jusqu’à la chute du régime communiste. En 1999, c’est un travail de fin d’études réalisé sur la Shoah par quatre étudiantes du Kansas, qui permet de mettre au jour ce pan de L’Histoire et de le diffuser mondialement. Depuis, Irena Sendler a reçu de nombreux prix. En 2003, alors qu’elle vivait encore, on lui décerne L’Ordre de l’Aigle Blanc, la plus haute distinction polonaise. En 2007, elle est distinguée de l’Ordre du Sourire, attribué à des personnalités œuvrant pour Le bonheur et le sourire des enfants. En 2009, Irena Sendler reçoit, à titre posthume, le prix humanitaire Audrey Hepburn, nommé ainsi en l’honneur de l’actrice et ambassadrice de l’Unicef. Le Parlement polonais a déclaré l’année 2018 « Année Irena Sendler ».

Irena Sendler. 2007.

 

Irena : la bande dessinée

Des livres et documentaires racontent les actions et la bravoure de cette grande dame, dont une série de bandes dessinées parues chez Glénat. Le scénario a été réalisé par Jean-David Morvan et Séverine Tréfouël d’après le documentaire Les Justes de Marek Halter. Afin que le dessin soit accessible aux plus jeunes, c’est le dessinateur David Evrard que l’on a sollicité, tandis que l’on a demandé au coloriste Walter de garder la couleur des films documentaires tournés durant la Deuxième Guerre Mondiale. Didier Pasamonik, spécialiste en bande dessinée, éditeur, directeur de collection, journaliste et commissaire d’exposition, écrit à propos de leur travail :

« Le regard qu’ils portent sur cette histoire a une qualité essentielle : ils l’abordent du point de vue de l’enfant. Cette tradition du dessin simple, au vibrato sensible doté d’une probité impeccable, nous la connaissons bien : elle est de la lignée, puissante parce que poétique, éternelle parce que authentique et universelle, du Petit Nicolas de Sempé et René Goscinny. Ils ont la même évidence. »

En cinq volumes, cette BD raconte le quotidien du ghetto de Varsovie, les déportations, les moments d’espoir, de désespoir et d’horreur, et comment Irena en est venue à sauver 2500 enfants, en prenant soin de noter et de cacher leur nouvelle identité jointe à l’ancienne, afin qu’après la guerre ils puissent connaître leurs origines et retrouver leurs familles. Les scénaristes se sont également aventurés dans l’après-guerre pour nous raconter les exactions du régime communiste, ainsi que quelques décennies plus tard à la rencontre des enfants, devenus adultes, qu’Irena a sauvés. La trame, souvent entrecoupée de scènes de tortures, est allégée par des moments où Irena imagine son père, un homme bon décédé très jeune, près d’elle et fier de son engagement. Des instants de tendresse tout aussi poignants que les scènes les plus dures.

Des frises historiques permettent de comprendre la chronologie de la montée du nazisme, la guerre et l’après-guerre, ainsi que la vie entière d’Irena Sendler.

Née à Varsovie le 15 février 1910, Irena décède dans la même ville, à l’âge de 98 ans, le 12 mai 2008.

 

Sources :

  • Irena, les 5 volumes parus chez Glénat : Le Ghetto ; Les Justes ; Varso-vie ; Je suis fier de toi ; La vie, après. Scénario : Jean-David Morvan et Séverine Tréfouël. Dessins de David Evrard. Couleurs par Walter.
  • La bibliothèque de la ville de La Chaux-de-Fonds.
  • Wikipedia

 

Fanny Vaucher : la poésie du dessin

De l’histoire vraie au dessin poétique avec Paprika et le clan des Bruxellois

En ce jour de fête pour beaucoup d’enfants, je me suis penchée sur les poétiques dessins de Fanny Vaucher. Cette ancienne élève de l’École des Arts Appliqués de Genève, qui possède un Master en lettres, illustre –entre autres- la série d’albums jeunesse Paprika qui relate l’histoire vraie d’une chatte recueillie par l’écrivaine Bernadette Richard. Quand la lecture n’est pas encore acquise –ou pas tout à fait avec aisance– l’illustration joue le rôle d’une écriture, d’un langage visuel universel ou le texte n’est plus forcément le meilleur vecteur d’information. Par ailleurs, les dessins aident à mémoriser les phrases, le langage, l’histoire, tout en sensibilisant les enfants à l’Art.

 

Paprika en trois albums

Paprika et le clan des Bruxellois vient de paraître aux éditions L’Âge d’Homme. C’est le troisième album de cette série après Paprika sauvée de la rue et Paprika prend l’avion. Imaginé et rédigé par Bernadette Richard, illustré par Fanny Vaucher, dans Paprika sauvée de la rue, le premier album de la série, on découvre la protagoniste, son frère et sa sœur, trois chatons nés sur un parking en Guadeloupe. Leur maman chatte est très maigre. Elle a toujours faim. Un soir, comme d’habitude, elle part chasser après avoir caché ses petits dans des trous. Elle ne revient pas. Alors qu’ils sont presque morts de peur et de faim, une gentille dame vient les sauver. Dans le tome II, on vole au-dessus des océans avec la petite boule de poils quand Paprika prend l’avion. Paprika et le clan des Bruxellois, nous emmène à Bruxelles, où résidait l’écrivaine à l’époque. Les chats qui vivent déjà sous ce toit lui réservent un accueil peu amène mais… comme dans les contes les plus classiques, tout finit bien. Les histoires de cette petite chatte s’adressent à des enfants entre 7 et 8 ans, parfois moins, si elles leurs sont lues par des adultes.

Fanny Vaucher: entre la Suisse et la Pologne

« Après un diplôme en Lettre de l’Université de Lausanne, Fanny Vaucher se lance dans sa passion du dessin et suit une formation d’illustration et bande dessinée de l’école des Arts appliqués de Genève. Depuis, elle travaille comme illustratrice et auteure entre la Suisse et la Pologne. Fruit de ses deux ans de résidence en Pologne, elle publie Pilules polonaises aux Editions Noir sur Blanc en 2013, à partir du blog éponyme qu’elle anime toujours. Elle a participé à des expositions collectives à Varsovie, Budapest, Munich, Genève et Lausanne, et figure au sommaire du numéro de Strapazin sur la bande dessinée en Pologne. Elle participe à BDFIL dans le cadre de l’exposition Waterproof en 2013 et pour le projet Périples masculins en 2014. S’investissant également dans le fanzinat, elle est la cofondatrice du fanzine collectif de BD La bûche, dont le premier numéro paraît à l’occasion de BDFIL 2015 (espace microédition) ». Biographie 2019, extraite du site BDFIL. Sa collaboration avec Bernadette Richard a débuté en 2013.

Bénéfices: pour la protection des animaux

En imaginant cette série de petits livres illustrés, facilement compréhensibles par des enfants d’âges divers, Bernadette Richard – Prix Edouard Rod 2018, pour son ouvrage Heureux qui comme paru aux éditions d’Autre Part – souhaite sensibiliser les plus jeunes, de manière ludique, à la défense des animaux. Les bénéfices de ces livres sont reversés à diverses associations de protection des animaux. Par ailleurs la série continue. D’autres albums sont déjà prévus.

 

Rencontres et dédicaces :

– Ce samedi 8 décembre, à 14h, à la librairie Basta, à Lausanne, Fanny Vaucher dédicacera tous ses livres – y compris ceux qui s’adressent à des lecteurs plus âgés.

– Le jeudi 20 décembre, de 17h à 19h, Fanny Vaucher et Bernadette Richard dédicaceront Paprika et le clan des Bruxellois à la librairie Payot, à la Chaux-de-Fonds.

 

 

A savoir :

Actuellement , Paprika sauvée de la rue, le tome I, est en cours de réimpression. Il est épuisé – y compris chez l’éditeur. La seule librairie ou l’on peut encore l’obtenir avant les fêtes, c’est chez Payot à la Chaux-de-Fonds. Vous pouvez le commander en écrivant à la librairie. Pour ce faire cliquez ici, puis écrivez à la librairie en cliquant sur le lien en rouge qui apparaîtra.

 

 

Sources :

-Dossier documentaire L’illustration dans l’édition jeunesse

-BDFIL

Le blog «Écrire à mille : littérature romande et autres arts»

-Bernadette Richard