Dessins de presse : quand La Torche enflamme le papier

Fous et bouffons : les médecins de l’esprit

Dans l’Antiquité la moquerie, élevée jusqu’à des sphères divines, figurait à la table des dieux. Par la suite, elle s’est transformée en divertissement royal tout en invitant le peuple à se taper les cuisses.

Dans la mythologie grecque, Momos est le dieu de la raillerie et des taquineries, le représentant de l’ironie et de la moquerie. Il endosse le rôle de bouffon pour les divinités de l’Olympe. Toutefois, après s’être gaussé de toutes les créations des dieux, ces derniers le bannissent. Dionysos, le seul dieu qui le supporte, l’accueille.

Au Moyen Âge et jusqu’à la Renaissance, le bouffon, également nommé fou du roi  – ou la folle, Cathelot, par exemple, amusait Catherine de Médicis – était un divertissement prisé de la bonne société fortunée. On manque d’information à son sujet mais tout laisse supposer que son existence remonte à très loin. Les documents révèlent qu’Attila disposait d’un bouffon pour égayer ses convives. Les fous usaient généralement d’un humour trivial. Souvent très bien payés pour se moquer du souverain, ce travail s’avérerait parfois risqué.

Humoristes : les bouffons contemporains

L’une de leur mission consistait à faire apparaître la dualité de chacun. Dans le tarot, le fou représente la folie et l’errance, mais aussi la liberté et l’insouciance. De nos jours les humoristes, et parmi eux les dessinateurs de presse, font office non seulement de fous du roi – c’est-à-dire des personnes qui détiennent un pouvoir – mais également de bouffons du peuple. Hélas, leur humour est souvent mal perçu, donc décrié. A l’heure où le monde entier s’ingénie à les éliminer du paysage médiatique, certains n’hésitent pas à les soutenir, à l’instar du journaliste Luc Schindelholz et des Éditions du ROC. Sans doute avec raison, puisqu’il est prouvé que se détacher des choses sérieuses et d’en rire, déclenche une augmentation de la sécrétion d’hormones qui régularisent l’humeur, éloignent la dépression, boostent le système immunitaire et augmentent le seuil de tolérance à la douleur. Selon certaines études, dans les années 1930, pendant la Grande Dépression alors que des guerres se profilaient, on riait plus de 15 minutes par jour. Actuellement, notre rire quotidien ne dépasse pas les 5 minutes. Au moment où la sinistrose s’infiltre de partout, il serait peut-être sage d’en revenir à la meilleure thérapie que la nature nous offre.

 

La Torche 2.0 / Deux ans de dessin de presse, éd. du ROC.

La Torche 2.0 : un album pour changer du numérique

Imaginée par Luc Schindelholz La Torche 2.0 est composée de 25 dessinateurs et dessinatrices de presse et de 15 rédactrices et rédacteurs. Ensemble, ils travaillent depuis mai 2018 pour un média satirique et innovant, qui envoie des dessins humoristiques directement sur le Smartphone des abonnés. La formule, exempte des inévitables commentaires que les habitués peuvent faire sur la plupart des supports numériques, permet à chacun de sourire sans être parasité par d’éventuelles désobligeantes remarques envers les créateurs. La Torche 2.0 compte six rédactions virtuelles dans les six cantons romands. Elles ont, à ce jour, produit près de deux mille dessins et autant de textes satiriques de proximité. Chaque canton à ses propres dessinateurs, bien au fait de la politique et des anecdotes locales ainsi que de ses acteurs.

Cent pour cent indépendante, sans publicité ni mécène, la Torche 2.0 se bat pour survivre sans subvention, grâce à ses abonnements et au soutien moral de son parrain, le dessinateur Chappatte. Elle compte environ mille fidèles dans toute la Suisse romande.

Le meilleur de cette brûlante production a été réuni aux éditions du ROC dans un florilège de 112 pages comportant les 100 meilleurs dessins ainsi qu’un texte par rédacteur ou rédactrice. Patrick Chappatte a préfacé l’album :

« La Torche n’est pas seulement un service rendu à la satire, c’est aussi une bonne idée de start-up : le dessin d’actualité, ce déclic de l’esprit, se prête parfaitement au clic de l’écran. Quand il surgit sur votre Smartphone et vous bondit à la figure, l’humour déploie tout son effet. Une preuve que les nouvelles technologies ne sont pas (toujours) les ennemies des médias, mais (parfois) leurs nouvelles chances.

Cette chance il faut continuer à la donner à Luc et aux dessinateurs de talent qui animent La Torche. Ce marché est rude, et le pari est loin d’être gagné. Alors pour chasser la morose noirceur de notre époque, allumez quelques torches autour de vous : abonnez vous et vos amis à La Torche. »

Actuellement, La Torche intéresse les dessinateurs français et tente un financement par la plateforme de Ulule auquel vous pouvez encore y participer d’ici demain.

 

Rétrospective du dessin de presse Suisse 2020

Dans la même veine, les éditions du Roc ont également fait paraître la rétrospective du dessin de presse 2020. Chaque fin d’année, la Maison du Dessin de Presse expose le meilleur de la production annuelle suisse publiée dans les médias, principalement papier. Car il s’agit du travail premier des dessinateurs de presse : commenter l’actualité au jour le jour. Ainsi, le dessin demeure un instantané satirique de l’histoire en cours, un témoin des événements dans le monde.

Sur plus de 1500 dessins réceptionnés, la Maison du Dessin de Presse en sélectionne 250. Une sélection encore réduite de moitié concernant l’ouvrage sur lequel l’on se penche aujourd’hui. Naturellement, le SARS-CoV-2 s’y taille une bonne place tout comme les votations sur l’acquisition des avions de combat.

Souriez ! On vous dessine !

 

Retro du dessin de presse suisse 2020, éd. du ROC

Sources :

  • Editions du ROC
  • La Torche 2.0 / Deux ans de dessin de presse, éd. du ROC
  • Retro du dessin de presse suisse 2020, éd. du ROC
  • Communiqués de presse des éditions du ROC
  • RTS
  • Wikipédia