David Diop: poète et militant
Le 29 août 1960, le vol 343 Air France, pris dans une tempête, sombre en face des Almadies au large de Dakar, avec 55 passagers à bord et 8 membres d’équipage. Parmi eux se trouvent David Diop, un poète sénégalais de 33 ans, et ses manuscrits. Aucun passager ni membre de l’équipage ne survit et la commission d’enquête ne parvient pas à déterminer les causes du drame. Les écrits engagés de David Diop, militant des Indépendances Africaines et dénonciateur de la colonisation, qui ont secoué le monde politique et littéraire, alimentent l’idée que l’avion a été abattu afin de se débarrasser du poète. Rien n’a jamais pu être prouvé même s’il est certain qu’il dérangeait beaucoup de monde.
David Diop: neveu de Léopold Sédar Senghor
David Mandessi Léon Diop, naît à Bordeaux le 9 juillet 1927 d’une mère camerounaise et d’un père sénégalais qui décède quand il a huit ans. Sa mère reste seule avec six enfants dont le jeune David qui a la santé fragile. De longs séjours à l’hôpital lui permettent de découvrir la littérature, en particulier la poésie. Il connaît la guerre puis l’occupation allemande. Il commence des études de médecine puis se réoriente vers les lettres modernes. Élève de son oncle Léopold Sédar Senghor, son ainé non seulement l’inspire mais le rend également fier de ses origines africaines. Licence en poche, il décide d’enseigner au Sénégal, le pays de ce père qu’il a peu connu. Il se marie à une Sénégalaise et observe les déplorables conditions de vie des Africains.
Il se détache alors de l’influence de son oncle et se lance, au travers de ses écrits, dans la lutte anticoloniale. En effet, Léopold Sédar Senghor vénère la langue française, au point de la considérer comme la langue des dieux, or David Diop estime que cette langue n’est qu’un moyen d’expression provisoire, imposé provisoirement par la colonisation. Il existe une différence fondamentale entre la poésie de David Diop et celle de Senghor. David Diop est le poète de la radicalité qui a opté pour une démarche contestataire que certains qualifient de «révolutionnaire». Ses premiers poèmes sont publiés aux éditions Présence Africaine en 1956, dans un recueil intitulé Les coups de pilon.
En 1958, David Diop répond à l’appel lancé par Sékou Touré aux intellectuels et part enseigner en Guinée. Le poète se radicalise en intégrant le Parti Africain de l’Indépendance. Il croit en son combat et voit peu à peu la naissance des États africains. En 1960, les Africains sont sur la voie de la décolonisation. Il accompagne leurs efforts en préparant de nouvelles œuvres. Le 29 août 1960, l’avion de David Diop, pris dans une tornade, tombe en mer le long des côtes du Sénégal. Le corps du poète est repêché et inhumé au cimetière catholique de Bel-Air à Dakar. Ses manuscrits n’ont jamais été retrouvés.
Autre poème de David Diop : AFRIQUE MON AFRIQUE récité par Chantal Epée.
Sources :
– Le nouvel Afrik.com
– Médiapart
– France Bleu
– Poètes d’Afrique et des Antilles, de Hamidou Dia, Editions de la Table Ronde