Luís de Camões : poète lyrique, belliqueux, séducteur et brillant

Luís de Camões : le Shakespeare portugais

Considéré comme le poète national du Portugal, Luís de Camões, en français Camoëns, fait l’objet d’un culte de la part du peuple lusitanien en général, et des gens de lettres en particulier. L’on compare son œuvre à celle de Virgile, de Shakespeare ou de Dante. Peu apprécié de son vivant, il gagne en reconnaissance avec le temps. Le Jour de la Langue Portugaise est, au pays de l’embouchure du Tage, fêté le 10 juin, date de sa mort. Brillant versificateur du classicisme portugais, en plus d’être considéré comme un savant poète de la Renaissance, il est surtout connu pour son poème épique, Os Lusíadas, divisé en dix chansons divisées en octaves. Cette épopée a pour thème les conquêtes des Portugais: leurs guerres et leurs navigations.

Sa vie reste un peu floue, mais l’on sait qu’il a parcouru l’empire portugais, alors à son apogée. Dans l’ouvrage Poètes de Lisbonne – Ed. lisbon poets & co – j’ai choisi le sonnet Changent les temps, changent les volontés parce que, bien qu’écrit au 16e siècle, il entre parfaitement en résonance avec ce que nous vivons actuellement.

 

Luís de Camões : guerrier, séducteur et poète

On ignore le lieu et l’année de sa naissance, mais il est stipulé que c’était plus ou moins en 1525, près de Lisbonne ou de Coimbra. Ses parents étaient originaires de Galice. De par son père, il serait le descendant d’un célèbre troubadour, de par sa mère du navigateur Vasco de Gama. On sait peu de choses sur son enfance, mais en 1547, âgé probablement de 22 ans, Camões rejoint l’armée de la Couronne portugaise et débarque en Afrique en tant que soldat. Au cours d’un combat au Maroc, il perd son œil droit. En 1552, il revient au Portugal où il mène une vie de bohème et de séducteur. Aussi assidu des fêtes populaires que des fêtes organisées par la noblesse, on lui prête de nombreuses amours et conquêtes, non seulement avec les dames de la cour mais aussi avec l’Infante elle-même, la soeur du roi. On lui accorde également une histoire passionnelle avec une comtesse. Selon la légende, il serait tombé en disgrâce à cause de son Don Juanisme, au point d’être exilé à Constância ou Santarém mais aucun document ne le confirme. Ce que l’on sait avec certitude, c’est qu’en 1552, il est blessé lors d’une rixe avec un gentilhomme de la maison du roi, un certain Gonçalo Borges, ce qui le conduit en prison. L’année suivante, libéré par une lettre royale de rémission, il est envoyé aux Indes où il participe à plusieurs expéditions militaires.

La rixe qui envoya Camões en prison.

Luís de Camões : une muse, un naufrage, une œuvre

En 1556, ces expéditions arrivent en Chine où il rencontre Dinamène – en réalité Tin Nam Men – une chinoise qui devient sa maîtresse. Ils vivent une folle passion amoureuse jusqu’à ce qu’une tragédie les sépare. Dans un naufrage, Dinamène se noie et une fois de plus, la légende s’en mêle. Une première version dit que n’ayant pas pu sauver sa bien-aimée, le poète sauve la seule chose qui lui reste : le manuscrit d’Os Lusíadas, le tenant d’une main hors de l’eau au-dessus de sa tête tandis, que de l’autre bras, il nage. Une version moins romantique, prétend que Camões aurait préféré sauver son manuscrit plutôt que la jeune femme.

Arrivé à Goa en 1561, il y est emprisonné pour des raisons restées obscures, et libéré deux ou trois ans plus tard.

En 1570, il revient à Lisbonne sans un sou. Son monument littéraire Os Lusíadas est publié en 1572.

Camões publiera d’autres poèmes après Os Lusíadas. Plusieurs d’entre eux déplorent la mort de Dinamène, dont le célèbre A Saudade de Ser Amado. D’innombrables sonnets, comptines et rondes, verront encore le jour, en plus d’autres grandes œuvres, devenues mondialement connues, parmi lesquelles El-rei Seleuco. Mais le poète ne sait pas gérer les bénéfices que lui rapportent ses publications. Il décède à Lisbonne le 10 juin 1580 dans un état de pauvreté absolue.

Sources:

  • Treze
  • Poètes de Lisbonne, Ed. lisbon poets & co
  • Elaine Barbosa de Souza
  • Babelio
  • Anna de Cassia
  • Wikipédia