Michel Houellebecq : un poète d’essence baudelairienne

Michel Houellebecq : le Baudelaire des supermarchés

Quand je lis les poèmes de Houellebecq, j’éprouve la même sensation, la même empathie qu’envers ceux de Baudelaire. En investiguant un peu dans la toile, je me suis aperçue que je ne suis pas la seule à trouver une similitude entre l’auteur des Fleurs du Mal et celui des Particules élémentaires. Dans la poésie du moins. Dominique Noguez a été le premier à le souligner. Dans sa monographie de Michel Houellebecq, il le présente comme “le Baudelaire des supermarchés”. D’ailleurs le poète contemporain n’a jamais caché son admiration pour le dandy du 19ème siècle, comme il le confirme dans un entretien donné à Marc Weitzmann pour Les Inrockuptibles :

“J’ai parfois le sentiment que Baudelaire a été le premier à voir le monde posé devant lui. En tout cas, le premier dans la poésie. En même temps, il a considérablement accru l’étendue du champ poétique. Pour lui, la poésie devait avoir les pieds sur terre, parler des choses quotidiennes, tout en ayant des aspirations illimitées vers l’idéal. Cette tension entre deux extrêmes fait de lui, à mon sens, le poète le plus important. Ça a vraiment apporté de nouvelles exigences, le fait d’être à la fois terrestre et céleste et de ne lâcher sur aucun des deux points.”

Ci-dessous, deux poèmes, extraits du recueil Le sens du combat paru aux éditions Flammarion en 1996. Pourtant, ils s’accordent spleenement bien à cet automne 2020, voire à l’année toute entière.

 

Vous pouvez également lire, en cliquant ici, d’autres vers de ce poète baudelairien, contenus dans un article écrit pour ce blog en septembre 2018. Sa poésie complète est réunie en poche aux éditions J’ai lu. Pour l’instant, je vous invite à écouter Blanche Gardin le réciter, dans une vidéo de la chaîne de télévision Arte.

Sources:

  • Michel Houellebecq, poésies, éditions J’ai lu.
  • La poésie urbaine de Michel Houellebecq : sur les pas de Charles Baudelaire ? de Julia Pröll, Université d’Innsbruck.
  • Wikipédia

 

 

Endre Ady: le poète du symbolisme hongrois

Endre Ady: de ma mélancolie à celle du poète

Souvent mes humeurs me suggèrent les publications et le contenu de ce blog. Ces temps, dire que je me sens saisie par la mélancolie, relève du pléonasme. Sans doute l’effet de l’automne qui sur de nombreuses personnes jette le voile sombre de la neurasthénie. Je me suis donc penchée sur un poème d’Endre Ady, un poète hongrois inspiré par les symbolistes de l’Hexagone, dont je vous ai déjà parlé en ce lieu. Vous trouverez sa biographie et un autre poème, en français, ici.

 

 

Ce n’est pas très primesautier, je vous l’accorde, mais c’est une magnifique déclaration d’amour qui doit donner toute sa puissance récitée dans sa langue d’origine.

Ci-dessous, pour le plaisir de l’ouïe, le poème Őrizem a szemed, qui signifie Je garderai tes yeux, récité en hongrois par Latinovits Zoltán. Ces quelques vers racontent l’histoire d’une personne vieillissante qui, le moment venu, veillera sur une autre également vieillissante. C’est court, intense et beau à écouter, même si l’on ne comprend pas la langue.

 

Sources:

  • Mes poètes Hongrois, de Guillevic, aux Editions Corvina Budapest, 1967.
  • Youtube

 

Endre Ady: l’influence de Baudelaire et Verlaine

Le symbolisme français pour décrire la Hongrie

Issu d’une famille noble désargentée, Endre Ady de Diósad né en 1877 à Érmindszent et décédé à Budapest en 1919, est un poète hongrois également connu sous le nom d’André  Ady, chef de file du renouveau de la poésie et de la pensée sociale progressiste en Hongrie au début du XXe siècle. Le poème suivant se situe à Paris où le poète a découvert le symbolisme français.

Après des études de droit, Endre Ady travaille comme journaliste puis, avec son amante, une femme mariée appelée Léda dans ses poèmes, il se rend à Paris où il reste un an, ce qui lui permet de s’initier aux nouveaux courants de la littérature européenne.

À son retour, Ady recommence à travailler comme journaliste tout en écrivant de nombreux poèmes. Il s’intéresse aussi à la politique. Grâce à ses expériences parisiennes, il élabore un nouveau style, à savoir le patriotisme critique. A travers sa poésie il souhaite révéler les problèmes socio-politiques de la Hongrie et amener une transformation politique.

Cependant Ady est âprement attaqué non seulement pour son attitude politique, considérée comme non patriotique, mais aussi pour ses poésies érotiques. Atteint de syphilis, sa créativité faiblit, ce qui ne l’empêche pas de s’insurger contre le nationalisme hongrois durant la première guerre mondiale.

La poésie d’Endre Ady est fortement influencée par le symbolisme français, en particulier par Baudelaire et Verlaine. Son œuvre reflète la décadence et les injustices sociales de la monarchie hongroise.

Rarement dans l’histoire, un poète aura autant embrasé et embrassé un pays, un peuple, une langue, tout en culminant dans l’universel. Livré à la rage d’aimer et d’être aimé, le poète sera la proie d’une angoisse existentielle, qui ne le quittera jamais : « Celui qui voit avec mes yeux le monde et soi-même dans le monde, accepte par là même la mort, le dépérissement, l’anéantissement ».

Le poème publié est issu du livre Mes poètes Hongrois, de Guillevic, aux Editions Corvina Budapest, 1967.

Sources:

– Christophe DAUPHIN dans la Revue Les Hommes sans Epaules.

– Wikipédia