Le Gore des Alpes : 13 romans, 1 BD et 1 recueil collectif
Cette collection est un hommage à la littérature pulp des ’50s. Ce sont des références à la culture populaire, aux monstres du passé et à ceux, plus vicieux encore, d’aujourd’hui. C’est de l’horreur, du macabre, du funeste. Sorcières et animaux anthropophages, mafieux toxicomanes et fascistes cannibales, clergé décadent et cadavres revenus du royaume des morts. C’est un sabbat au milieu d’une clairière, un carnotzet aux parfums de l’enfer, des hurlements lugubres dans les ténèbres.
Ces récits s’adressent à un public averti qui cherche à se divertir tout en apprenant deux ou trois choses sur l’âme humaine, l’Histoire ou les mythes de nos régions. Le Gore des Alpes c’est l’opposé, en très exagéré, de la vision idyllique que les touristes se font de la Suisse et de la montagne. Jusqu’à présent cette collection a publié 15 numéros dont un roman graphique et un collectif.
Les auteurs : CV longs comme des bras (tranchés)
Hier, nous avons rencontré le directeur de collection Philippe Battaglia. La pointe acérée de sa plume a également griffé deux ouvrages du Gore des Alpes : La robe de béton et La fête de la vicieuse. Aujourd’hui, je vous propose de faire la connaissance de quelques auteur-e-s et de leurs livres. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils affichent tous et toutes de sérieux curriculum vitæ. A l’évidence, ce ne sont ni des paumés ni des petits rigolos.
Gabriel Bender : Les folles de Morzine
Le livre : Sociologue et historien Gabriel Bender, l’universitaire qui considère que de nos jours l’humain est un Celte avec un smartphone, s’est penché sur une véritable histoire qui a eu lieu dans un village de Haute-Savoie au 19ème siècle. Pendant environ treize ans, de 1857 à 1870, plusieurs dizaines de femmes de Morzine furent prises de convulsions, d’hallucinations, de crises de somnambulisme. Elles se disaient possédées par des diables. Malice ou maléfice ? Femmes malades ou révolte féministe ? Gabriel Bender résout l’énigme avec la prudence de l’historien des Alpes et la hauteur de vue d’un sociologue alpestre.
Bio : Originaire de Fully, Gabriel Bender est né en 1962. D’abord travailleur social, il obtient en 1993 une licence en sociologie, puis en 1996, un diplôme d’études supérieures en histoire économique et sociale. Aujourd’hui, il est professeur et chargé de recherche à la HETS – Haute École de Travail Social. Après la publications de plusieurs ouvrages consacrés aux sciences sociales, comme Politiques culturelles en Valais ou Fioul Sentimental, Gabriel Bender s’est éclaté à écrire du gore. C’est d’ailleurs lui qui a eu l’honneur d’inaugurer cette collection avec La Chienne du Tzain-Bernard qui rend hommage aux premières œuvres de la littérature gothique trash.
Stéphanie Glassey : L’Éventreuse
Le livre : spécialiste de la littérature du 17ème siècle, Stéphanie Glassey nous emmène dans le vécu le plus sordide des femmes. Le récit s’écrit sous les clochers des villages d’autrefois, bien-pensants et malfaisants, où le sexe prétendu faible était victime de la violence de l’hypocrisie et de la religion.
L’auteure nous ouvre une lucarne sur une faiseuse d’anges que le destin condamne à devenir éventreuse. Impuissant, le lectorat assiste aux horreurs des avortements à la dure, avec aiguilles à tricoter, cuillères et coups de poings, au destin des fœtus, aux abus subis par les enfants placés, et à la culture patriarcale pratiquée dans le secret et l’oppression. Stéphanie Glassey ne nous épargne rien des souffrances du viol, des grossesses à répétitions, de l’accouchement et surtout de celles des fausses couches provoquées ou pas. Un monde où les femmes ne sont que des objets corvéables, des outres à soulager les instincts les immondes de certains mâles – peut-on encore les appeler des hommes ? Une époque pas si lointaine où l’on accuse de sorcellerie celles qui apportent de l’aide à leurs pairs. Dans cet odieux obscurantisme, contre toute attente, c’est par le démon et ses suppôts que le Bien arrive. L’Éventreuse est un roman d’une violence hurlante de vérité. Entre deux saines manifestations démoniaques il nous rappelle pourquoi, nous les femmes, nous sommes battues pour obtenir le droit à la contraception et à l’avortement.
Bio : Née en 1988 et domiciliée à Nendaz, Stéphanie Glassey exerce les métiers de thérapeute et d’enseignante. En 2008, elle entre à l’Université de Fribourg où elle étudie les Lettres et se consacre essentiellement à la littérature du 17ème siècle. En 2013, elle obtient son Master en français. Confidences assassines est son premier roman paru en 2019, L’Éventreuse en 2020 et la La Dernière danse des lucioles en 2021. Son projet actuel, Enfances assassinées, est au bénéfice d’une bourse de la culture de l’État du Valais.
François Maret : VenZeance
Le livre : le dessinateur signe l’unique bande dessinée du Gore des Alpes. Une expérience qu’il faudrait renouveler.
VenZeance est un roman graphique, accouplement farouche et sanglant entre un road movie post-apocalyptique et une errance burlesque pour la survie. Une toxine a transformé les joyeux convives du Gala du FC Sion en zombies décérébrés. La horde sous contrôle va déferler sur le Valais. Heureusement l’armée suisse veille…
Bio : Né en 1961, François Maret est un dessinateur et scénariste de bande dessinée, illustrateur et enseignant. Instituteur, il a travaillé pendant dix ans dans les écoles primaires. Ayant obtenu le diplôme d’enseignement du dessin, il devient professeur des Arts Visuels et de l’Histoire de l’Art au lycée-collège cantonal de la Planta. De 1989 à 1992, il a été responsable des graphismes et des illustrations pour des livres scolaires d’histoire, de géographie et de sciences naturelles. Il a également travaillé comme dessinateur pour la presse suisse : Femina, La Liberté, Le Courrier, Le Quotidien Jurassien. Il a publié Eden, trois tomes de science-fiction humoristique aux Éditions Paquet, en 2008. Il partage son temps entre le dessin de presse, l’enseignement, et la BD.
Louise Anne Bouchard : Delirium
Le livre : L’écrivaine helvético-canadienne signe ici son 18ème ouvrage où l’on découvre les aventures de Jérôme, un homme qui boit trop, baise trop, et s’est fait renvoyer de son travail. Il décide de se refaire une santé en Valais, mais là encore, il baise et boit trop. Pompon : dans ses délires, on l’enlève et on le malmène. Une séquestration ou se multiplient les sévices pour l’empêcher de toucher à la légende du Dolly Pop, la mystérieuse disparition de huit beautés qui gagnaient leur vie en vendant leurs charmes et parfois leurs petites culottes.
Bio : Grâce à ce livre et à ses précédents ouvrages noirs, Louise Anne Bouchard fait partie des 25 autrices du monde entier à être invitée dix jours durant au Festival International du Roman Noir (FIRN). Ce projet est cofinancé par Pro Helvetia.
Louise Anne Bouchard a commencé à écrire à l’âge de douze ans. D’abord photographe de formation (pendant trois ans, elle est photographe de mode free-lance), elle poursuivit des études en Littérature à l’Université du Québec à Montréal. Sa rencontre avec son professeur de Littérature Étrangère, Eva Le Grand, est l’une des plus éblouissantes de ses débuts d’écrivain. Elle a reçu deux prix littéraires dont un canadien.
Jean-François Fournier : Les démons du pierrier
Le livre : Un curé voit, avec rage, la modernité arriver dans son petit village. Pour maintenir les villageois sous le pouvoir de l’église, il n’hésitera pas à pousser au crime les deux hommes les plus riches de la région, dont l’ampleur de la perversité assoit les dégénérés de Délivrance sur le banc des enfants de chœur. La situation va évidemment lui échapper et devenir un véritable enfer. Un hommage émétique à Necrorian, l’auteur culte de la littérature gore, et à son mythique Blood-Sex !
Bio : L’écrivain et critique littéraire Jean-Michel Olivier n’a pas hésité à affirmer, dans sa présentation des Démons du pierrier, que Jean-François Fournier mériterait l’une des premières places parmi les écrivains suisses.
Né le 12 janvier 1966 à Saint-Maurice, Jean-François Fournier est journaliste et écrivain. Il était rédacteur en chef du quotidien Le Nouvelliste, jusqu’en octobre 2013. Il a dirigé ensuite la mythique Revue Automobile, le plus vieux journal européen traitant des quatre roues. Puis il a administré le Théâtre du Baladin et officié comme Délégué culturel de la commune de Savièse. Premier Prix de poésie de l’Association valaisanne des écrivains en 1983, il reçoit en 1988 le Prix de journalisme du Conseil de l’Europe et, en 1998, le canton du Valais lui décerne le Prix d’encouragement pour l’ensemble de sa production littéraire.
Collectif : Ça sent le sapin
Livre : Un ouvrage collectif rassemblant treize aventures macabres. Un Noël pas piqué des vers où l’on cueille, sous le sapin, des champignons parasites, des occultistes nazis, des extraterrestres vicieux, des lutins esclavagistes, des morts-vivants, des cannibales, des sociopathes, des psychopathes, des mille-pattes et du pâté en croûte.
Les auteurs : Philippe Battaglia, Gabriel Bender, Louise Anne Bouchard, Nicolas Feuz, Jean-François Fournier, Jordi Gabioud, Stéphanie Glassey, Joël Jenzer, François Maret, Nicolas Millié, Olive, Dita von Spott & Vincho.
Sources
– Site Le Gore des Alpes
– ViceVersa littérature
– Le village suisse du livre
– Babelio
– Wikipedia