Philippe Battaglia et Le Gore des Alpes (1) : du sexe, de l’horreur et même de l’Histoire

Le Gore des Alpes : un inconvenant délice

Monstres humains ou fantastiques, démons, adorateurs de Satan, tortures, possessions, sexe, Nazis, médecins sadiques, sorcellerie, zombies, vengeances… – la liste n’est pas exhaustive – la collection de petits livres trash, née en Valais et sobrement intitulée Gore des Alpes, ne nous épargne aucune fantaisie extrême et sanglante. Tout cela sans nous sortir de nos beaux paysages de cartes postales. Sans que les auteur-e-s et les personnalités suisses les plus en vue ne rechignent à se lancer dans le jubilatoire mais périlleux exercice d’une écriture violente et excessive. Imaginez le spectre d’une espèce de Quentin Tarantino déjanté possédant les écrivain-e-s et dessinateurs de notre belle Helvétie, et vous serez encore loin du compte.

Parmi les personnes de plume qui ont succombé au charme de la terreur et de l’hémoglobine, l’on trouve le sociologue et historien Gabriel Bender, les journalistes Joël Jenzer et Jean-François Fournier, l’écrivaine Louise Anne Bouchard ou le talentueux artiste peintre et illustrateur Ludovic Chappex qui signe toutes les couvertures. Olivia Gerig, autrice de L’Ogre du Salève dont tout le monde se souvient et de la trilogie Le Mage Noir, s’est également laissé ensorceler. C’est ce printemps que l’on lira sa prose la plus hard !

Évidemment, cet esprit n’a pu s’empêcher d’envoûter Nicolas Feuz qui, depuis des années déploie l’ombre de ses immenses ailes sur l’ensemble de la littérature romande. Sont-ce celles d’un ange gardien qui protège les lettres et ses humbles serviteurs, ou celles d’un féroce vampire suceur d’encre et de sang ? Toutes les rumeurs circulent. Toutes les hypothèses semblent possibles. Seul Chronos, dieu issu du néant selon certaines traditions, nous révèlera peut-être un jour la véritable substance de ce que sème, entre les lignes, ce procureur devenu un incontournable de tout ce que l’édition locale produit depuis deux lustres. En attendant ce Jugement Dernier, les milliers de lecteurs qu’il délecte se régalent notamment du Verdict de la Truite.

A noter pourtant que cette collection, terriblement sombre, saupoudrée d’une touche de grotesque, se réfère souvent à l’Histoire avec un grand H. Dans ma publication de demain, je présenterai quelques-unes de ces publications ainsi que leurs auteur-e-s.

Philippe Battaglia : l’homme aux multiples casquettes

Philippe Battaglia, c’est le genre d’irrévérencieux monsieur suffisamment hyperactif et bien intégré dans la société pour qu’à l’instar d’un certain procureur, on le trouve partout. Je suis d’ailleurs surprise de ne pas encore l’avoir rencontré dans ma paella entre cinq grains de riz, quatre lamelles de poivron, deux moules, une crevette et une cuisse de poulet. Je vous invite à lire sa biographie au bas de l’article. Elle est aussi divertissante et dense en rebondissements que cette série de livres à laquelle il participe, entre autres, comme directeur de collection.

– Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans cette aventure ?

Avant toute chose, je dois préciser que je suis une pièce rapportée, même si j’ai aujourd’hui plusieurs casquettes au sein du collectif, puisque j’y suis éditeur, directeur de la collection et auteur. Au commencement étaient trois hommes (comme pour la création de la Suisse, mais n’y voyez aucun lien de cause à effet) qui sont ensuite venus en chercher deux autres dont moi. Le Gore des Alpes est donc une maison d’édition et une collection du même nom, le tout géré par cinq individus peu recommandables. L’idée est venue peu après les votations sur les Jeux Olympiques en Valais, une campagne extrêmement clivante durant laquelle le canton a été peint dans tout ce qu’il a de plus merveilleux. Une vraie carte postale. Les trois fondateurs se sont alors dit que non, la Valais, ce n’est pas que ça. Ce sont aussi des drames, des secrets, des catastrophes naturelles, une part d’obscurantisme lié à la tradition religieuse, bref, un terrain fertile pour qui veut s’amuser avec la part d’ombre des choses. Cela étant dit, nous souhaitons aujourd’hui sortir des limites valaisannes, tant avec nos histoires qu’avec nos auteurs et autrices. Après tout, il y a des aussi des Alpes en France et en Italie, par exemple.

Nous choisissons nos textes avec soin. Il y a des plumes que nous allons chercher car nous apprécions leur style ou leur force et d’autres qui viennent à nous. Il nous arrive malheureusement fréquemment de refuser des manuscrits parce qu’ils ne correspondent pas à l’esprit que nous souhaitons donner à la collection.

Il y a, c’est vrai, plus d’hommes que de femmes parmi notre collectif. Je ne saurais donner d’arguments valables à cet état de fait car nous faisons pourtant notre possible pour trouver des autrices. D’après les discussions que j’ai pu avoir avec certaines d’entre elles, il ressort qu’il y a une forme d’illégitimité à écrire du gore ou de l’horreur, comme si elles ne s’y sentaient pas à leur place. Je le déplore.

– Pourquoi vous risquer dans du gore à une époque où tout semble conduire vers l’aseptisé politiquement correct ?

Nous allons justement à contre-courant car il y a chez nous un gros ras le bol du politiquement correct. Beaucoup d’artistes vous le diront, créer aujourd’hui, c’est danser sur une corde très fine. Le gore et le trash ont ceci qu’ils peuvent nous permettre toutes les exubérances, toutes les fantaisies. C’est très jouissif. Pour autant, cela n’est pas totalement gratuit. Dans la grande majorité de nos textes, il y a des thématiques, des sous-textes historiques ou sociaux. Ce que je dis toujours à nos auteurs / trices, c’est que l’histoire doit fonctionner sans le gore. Si l’histoire est bonne ainsi, alors il est possible de rajouter quelques tartines de gore pour que la sauce prenne.

Éveiller des colères, ma foi, c’est toujours le risque quand on s’expose publiquement. Pour ma part, j’y suis habitué. J’écris des livres et des chroniques pour la presse et la radio. Il faut bien être conscient qu’on ne sait jamais par qui on va être lu et donc comment nos mots seront perçus ou interprétés. Pour autant, j’estime n’être responsable que de ce que je dis, pas de la manière dont ce que je dis sera compris.

C’est pourquoi nous ne faisons aucune censure. Ce que nous jugeons, ce sont les intentions de l’auteur, sa sincérité. Il nous est arrivé de demander à des auteurs de supprimer ou de modifier un passage. Pas parce que c’était trop choquant mais parce que c’était gratuit et que ça n’apportait rien au récit. Ce ne sont d’ailleurs pas forcément les scènes les plus trash que nous faisons modifier.

– Le cahier des charges demande aux auteurs d’écrire des histoires gores qui se passent à la montagne. Ne craignez-vous pas de lasser votre lectorat avec toutes ces montagnes qui d’ailleurs sont souvent les Alpes ?

Le gore et la montagne, nous ne pouvons pas y couper, tout est dans le titre de la collection. Mais il y a mille et une manières de raconter et de décrire cet environnement. Certains de nos récits se déroulent au passé, d’autres au présent, d’autres encore dans un décor futuriste. Certains s’ancrent dans le fantastique alors que d’autres sont résolument terre à terre (et donc d’autant plus frontaux). Je pense que nous pourrions sortir trois cents volumes sans en avoir fait le tour.

– L’un de vos ex-lecteurs, un homme d’âge moyen ayant lu vos premières parutions, m’a asséné qu’il n’en lirait pas davantage parce que cette collection est trop sexiste. Qu’avez-vous à répondre à cela ?

Je suis entièrement d’accord avec ce lecteur. Nos textes sont souvent sexistes mais pas seulement. Il est possible d’y voir du racisme, de l’homophobie et tout autre attitude problématique. La raison en est simple, nous parlons de la réalité, surtout de son côté le moins élégant. Il est donc tout à fait normal que ces comportements y aient leur place. Bien entendu nous n’en faisons aucunement l’apologie, au contraire. A travers ces textes, nous pointons du doigt ces dysfonctionnements. Mais quand une histoire se déroule dans le Valais d’il y a deux siècles, comment voulez-vous éviter de montrer le sexisme et les autres oppressions. C’est impossible. Quand on pense que ces problèmes ne sont pas encore résolus aujourd’hui…

Cela étant dit, le Gore des Alpes s’adresse à un public averti. Je comprends tout à fait que cela ne puisse pas plaire à tout le monde. Ce n’est de toute manière pas notre but. J’ai travaillé de nombreuses années comme programmateur pour un festival de cinéma de genre à 2300 Plan 9 : Les Étranges Nuits du Cinéma et devant certains films, il est arrivé que des membres du public nous fassent ce genre de remarques. A un certain point, quand vous allez dans un festival de film d’horreur ou que vous achetez un Gore des Alpes, je pense que vous savez un peu où vous mettez les pieds.

Je ne dis pas que nous sommes sans reproche, je dis : voilà ce que nous faisons. Nous avons le droit de le faire, vous avez le droit de ne pas aimer, nous avons le droit de nous en foutre.

Mais c’est une très vaste question qui soulève énormément de débats en ce moment, que ce soit dans le monde de la littérature, du cinéma ou même de l’humour et je crains que nous ne puissions en faire le tour ici.

– En ce qui concerne le lectorat et le nombre de ventes avez-vous atteint vos objectifs ?

Nous sommes très satisfaits.  Nous croyions un peu, au début, de nous enfermer dans un marché de niche. Mais nous avons vite constaté, à travers nos dédicaces, lectures et rencontres, que notre lectorat est bien plus large que les seuls amateurs d’horreur. Je pense que c’est dû à notre attachement au local, tant par nos histoires que nos auteurs. Pour ne donner qu’un seul chiffre, tous livres confondus, nous arrivons bientôt à 10’000 exemplaires vendus. Ce qui, compte tenu de la situation générale et de ce que nous proposons en particulier, est un chiffre honorable.

Nous publions une moyenne de 6 livres par an, par tranche de 3 par semestre. Nous souhaitons dans la mesure du possible poursuivre cette moyenne mais cela dépendra bien entendu des manuscrits que nous recevrons. Nous privilégierons évidemment la qualité à la quantité. Nos livres sont disponibles en Suisse dans toutes les librairies et il est également possible de les commander par e-mail directement sur notre site : www.goredesalpes.ch. Nous n’avons pas encore de distributeur en France mais nous y travaillons car nous recevons de plus en plus de commandes d’autres pays francophones.

– A quel personnage littéraire vous identifieriez-vous ?

Il m’est absolument impossible de répondre à cette question, ils sont bien trop nombreux /euses.

Philippe Battaglia, directeur de collection du Gore des Alpes.

Philippe Battaglia : la biographie

De manière plus générale, Philippe Battaglia a été (dans le désordre) : enfant turbulent, adolescent bordélique, étudiant peu assidu, punk de salon, cuisinier dans un institut psychiatrique, vide-poubelle dans une banque, archiviste dans une abbaye, directeur d’une collection littéraire, employé de commerce équitable dans un hôpital, vidéaste amateur mais primé, Président du Kremlin, programmateur pour un festival de films d’horreur, donneur de leçons à l’Union Suisse des Professionnels de l’Immobilier, vendeur en multimédia, chroniqueur presse & radio, critique cinéma improvisé, caissier dans un centre commercial, courtier en immeuble, animateur radio, blogueur, écrivain, bédéiste dans un magazine informatique ayant fait faillite juste après sa première publication et essaye encore aujourd’hui avec beaucoup d’application de devenir un être humain à peu près convenable.

Jusqu’à présent Le Gore des Alpes compte ces auteur-e-s :

Philippe Battaglia, Gabriel Bender, Louise Anne Bouchard, Ludovic Chappex, Nicolas Feuz, Jean-François Fournier, Jordi Gabioud, Stéphanie Glassey, Joël Jenzer, François Maret, Nicolas Millé et Olive.

J’attends avec impatience de connaître les plumes qui suivront, surtout si elles sont féminines.

 

Lectures : d’un passé romancé à un futur dystopique avec Henri Gautschi et Sabine Dormond

Mondes en mouvements

Violent et chaotique, le monde actuel paraît brûler puis s’en aller à vau-l’eau. Peut-être. Ou peut-être pas. Peut-être en a-t-il toujours été ainsi. Le bon vieux temps était-il si bon que l’on veut bien le croire ? Certainement pas le 16ème siècle où nous emmène Henri Gautschi. Et cet avenir qui nous terrifie, sera-t-il aussi angoissant et cruel que le 16ème siècle, ou simplement d’une distanciation glaciale comme décrite par Sabine Dormond ? Nous ne pouvons rectifier le passé mais peut-être reste-t-il encore de belles choses à imaginer pour changer l’avenir peu engageant dans lequel on semble se précipiter. Pour qu’il ne devienne ni aussi intolérant et violent que le 16ème siècle, ni aussi insipide que le futur proche pressenti par l’écrivaine montreusienne, faisons connaissance avec les deux cas de figure.

La fuite des protestants de France

Après La nuit la plus longue – Au temps de l’Escalade, Henri Gautschi poursuit son exploration de l’histoire genevoise avec un deuxième roman Clothilde – Au temps de la Saint-Barthélémy, paru aux éditions Encre Fraîche. Un roman illustré par les dessins de l’auteur.

En 1572, suite à l’onde de choc causé par la Saint-Barthélémy en France, Clothilde et sa famille quittent Bourges et les persécutions qui s’abattent sur les protestants. Dix ans plus tard, à Genève, Clothilde est arrêtée, accusée d’avoir tué un homme. Durant son emprisonnement, redoutant le verdict, elle laisse son esprit parcourir la route de son existence mouvementée. Raconté comme un récit d’aventures dans une langue très actuelle, dûment documenté et référencé, mélange de faits réels et de fiction, ce roman nous rappelle que les mœurs de l’époque n’étaient pas douces. La Genève d’alors est encore loin de devenir la ville pacifique ou sera signée, plus tard, la première convention de la Croix-Rouge. En effet, au 16ème siècle, on y noie dans le Rhône les femmes qui « fautent », on exécute les hommes pour des peccadilles, en méchante touriste la peste réapparaît tous les ans au mois d’août, les femmes n’y ont aucune liberté et les Genevois attaquent souvent les Français des campagnes environnantes.

Clothilde – Au temps de la Saint-Barthélémy : extrait

 

Henri Gautshi : biographie

Henri Gautschi est né en 1949, de père suisse allemand et de mère italienne. Pendant plus de trente ans, il a dirigé son entreprise d’installation de chauffage et enseigné à mi-temps le dessin et la théorie de son métier au Centre professionnel de Lancy. Féru d’histoire et en particulier d’histoire genevoise, depuis sa retraite, il écrit régulièrement des articles pour la rubrique historique du ChancyLien. En 2017, Henri Gautschi reçoit le mérite de la commune de Chancy pour ses recherches. Clothilde – Au temps de la Saint-Barthélémy est son deuxième roman.

 

 

Cara : un futur surnumérisé

Avec son roman Cara, paru chez M+ Éditions, Sabine Dormond a imaginé un proche avenir qui semble tristement réaliste et dangereusement près de nous.

Clémence, une ex-soixante-huitarde, vit coupée de sa famille et cloîtrée chez elle, dans un monde où tout est informatisé. La distanciation sociale est devenu une constante.  Tout s’effectue en ligne y compris les soins à domicile. Par exemple, les pilules sortent d’un ordinateur et les appartements sont autonettoyants. Même âgé et malade, on n’a plus besoin d’autres humains pour survivre, mais une telle vie est-ce vraiment vivre ? Le roman Cara dépeint un univers vautré dans le confort mais pas forcément dans le bien-être, à une époque où les contacts humains sont devenus superflus puisque tous les services sont proposés sous une forme numérisée.

A la veille de Noël, Clémence reçoit un appel de son petit-fils, dont elle n’a plus de nouvelles depuis des années, la vieille dame étant tenue pour responsable d’un drame familial qui a eu lieu autrefois, durant la tempête Lothar. Son petit-fils lui annonce qu’il ira passer Noël chez elle afin qu’elle connaisse sa femme et son arrière-petit-fils qu’elle n’a jamais vus. D’une manière assez inattendue dans le roman, mais qui va dans le sens des cycles qui arrivent, s’en vont et reviennent, l’arrière-grand-mère s’entendra très bien avec son arrière-petit-fils puisqu’ils sont très proches au niveau des idées. En revanche son amie Cara, qu’elle trouve trop envahissante et superficielle, l’agace.

Influenceuse, Cara est pourtant la star de toute une génération, dont Chigiru, une adolescente d’une quinzaine d’années surdouée en informatique. Contrairement à Clémence qui vient d’un autre temps, sa jeunesse l’a rend à l’aise avec la surnumérisation. En revanche, elle peine à trouver sa place parmi les humains. Afin d’éradiquer les discriminations dues au genre, les féministes sont parvenues à abolir la mixité en classe au nom du progrès et de l’épanouissement des filles. Malgré cela, tout n’est pas violet pour les jeunes femmes. D’autres discriminations se sont mises en place. Chigiru vient d’un milieu modeste or, pour être acceptée par ses pairs, il faut le prestige des accessoires et des habits qu’on arbore. N’ayant pas les moyens de suivre le rythme dépensier de ses camarades, elle est moquée et mise à ban.

Cara : extrait

Sabine Dormond : biographie

Écrivaine et traductrice, Sabine Dormond a présidé pendant 6 ans l’Association vaudoise des écrivains. En 2007, elle coécrit avec Hélène Küng, pasteure lausannoise, un premier recueil de contes intitulé 36 chandelles. Depuis, elle a publié sept ouvrages et a participé à quatre reprises au Livre sur les quais à Morges. Ses nouvelles ont fait l’objet de plusieurs lectures radiophoniques. Elle anime aussi des ateliers d’écriture et des tables rondes, et rédige des chroniques littéraires pour le journal en ligne Bon pour la tête.

Elle a également siégé au conseil communal de Montreux parmi les socialistes.

 

Sources :

  •  Éditions Encre Fraîche
  • M+ Éditions
  • Wikipédia
  • Radio Chablais
  • Radio Cité

Laurence Malè : un procureur et une médecin urgentiste aux plumes fantaisistes piliers des éditions Okama

Editions Okama : des livres merveilleux pour Noël

Il est procureur. Elle est médecin urgentiste. Tous deux travaillent et ont des ancrages dans le canton de Neuchâtel. Tous deux écrivent tant et si bien qu’ils sont devenus les figures de proue des éditions Okama. Je me réfère à l’incontournable Nicolas Feuz, que l’on rencontre immanquablement sur l’étal de toutes le librairies – et d’autres lieux qui vendent des livres – et à Catherine Rolland qui a publié plusieurs romans ces dernières années dont Le cas singulier de Benjamin T., en 2019, sélectionné pour plusieurs prix littéraires internationaux. Dans cette aventure okamaïenne, ils sont accompagnés d’autres plumes non moins connues, comme celle de la genevoise Olivia Gerig, de la journaliste et auteure Zelda Chauvet ou de la belge Juliette Nothomb. Bientôt, les jeunes de 16-20 ans qui gagneront le concours de littérature que Laurence Malè et les éditions Okama ont mis en place – vous trouvez les informations et conditions ici – les rejoindront.

Mais en cette période de l’Avent, où le jour se couche tôt, l’idéal c’est de se préparer un thé, un chocolat ou un vin bien chauds, d’allumer quelques bougies, d’ouvrir un livre et se laisser glisser dans les mondes insolites que nous proposent les éditions Okama.

L’étrange Nöel de Sir Thomas

Le moins que l’on puisse dire c’est que nous sommes dans la saison idoine pour nous laisser entraîner par un mystérieux monsieur chapeauté. Dans ce premier livre des éditions Okama, six auteurs issus d’univers littéraires différents et réunis par Laurence Malè, donnent vie à Sir Thomas, personnage fictif et fil conducteur d’une demie douzaine de novellas. Est-il croque-mort, exorciste ou esprit incarné ? Découvrez cet homme énigmatique, laissez-vous emporter dans des contrées où le réel flirte avec le fantastique, en Colombie britannique, en Angleterre, en Suisse, aux États-Unis ou encore dans un parc d’attraction. Ces histoires réservent bien des surprises où le mystérieux anglais coiffé d’un chapeau melon se révèle tour à tour drôle, effrayant, sérieux ou attachant. Laissez souffler le vent d’hiver, préparez-vous un bon thé aux épices, vous êtes conviés aux festivités de l’étrange Noël de Sir Thomas ! Et à glisser ce livre sous le sapin.

Auteurs de ces novellas : Nicolas Feuz, Olivia Gerig, Marie Javet, Christelle Magarotto, Olivier May, Catherine Rolland.

La Dormeuse

Une écrivaine aveugle engage une auxiliaire de vie pour écrire son dernier roman. Une jeune fille, revenue d’entre les morts, retourne à Pompéi pour chercher les clefs de son passé. Un savant et son neveu, un riche commerçant amoureux d’un esclave, une petite fille enjouée et son inséparable chiot mènent une existence paisible et routinière en baie de Naples, au pied d’une montagne nommée Vesuvio. Trois époques différentes et destins qui s’entremêlent dans une aventure sans précédent. Question : parviendront-ils à empêcher une tragédie qui a déjà eu lieu ? Catherine Rolland, est l’une des écrivaines favorites de ma libraire qui n’a pas manqué de me conseiller ce récit.

Bande annonce de La Dormeuse

Léa

Au cours d’une tempête, la jeune Léa Jourdan et son équipage font naufrage au large des côtes de Bretagne. Elle est propulsée dans un monde parallèle, peuplé d’êtres extraordinaires qui la prennent pour l’Élue, celle qui délivrera enfin leurs terres du joug de Wargok le Cruel.

Dans cette aventure, elle va rencontrer trois compagnons. Seth, un patrouilleur, Azzam, un maître de l’air, et enfin Staëgus, une créature inquiétante avec laquelle elle découvre son don de télépathie. Ensemble, ils vont devoir affronter de nombreuses épreuves avant d’atteindre la forteresse de Wargok.

Rempli de suspense, d’amour et de magie, ce roman s’adresse aux adolescents comme aux adultes !

Imaginé et écrit durant le confinement, les bénéfices réalisés sur cette édition papier seront reversés à La Croix Rouge vaudoise.

Textes : Catherine Rolland, Marie-Christine Horn, Florence Herrlemann, Gilles Marchand, Carmen Arévalo, Juliette Nothomb, Mélanie Chappuis, Zelda Chauvet, Marilyn Stellini, Leïla Bashaïn, Johann Guillaud-Bachet, Laurent Feuz, Nicolas Feuz & Cali Keys

Nuits blanches en Oklahoma

Une maison perdue en Oklahoma, l’approche inquiétante d’Halloween, un évènement survenant chaque matin à 3h11, et cinq auteurs qui s’emparent de l’histoire. Des adolescents en mal de sensations ou un agent immobilier très décidé, une gentille famille, une écrivaine en quête d’inspiration ou un jeune garçon sur la route des vacances… Tiendront-ils jusqu’au matin ?

Textes :  Nicolas Feuz, David Ruiz Martin, Sandra Morier, Catherine Rolland & Lolvé Tillmanns

Bande annonce de Nuits blanches en Oklahoma

 

Photographies en noir et blanc de Nicolas Feuz et Catherine Rolland : crédit Steve Gaillard

Une éditrice 5 questions : Laurence Malè cheffe d’orchestre des Éditions Okama

Laurence Malè : du chamanisme au fantastique

Fondatrice d’une petite maison d’édition de littérature fantastique et fantasy qui compte les plumes actuelles les plus appréciées de Suisse romande, de l’Hexagone ou de Belgique – Nicolas Feuz, Mélanie Chappuis, Marie-Christine Horn, Lolvé Tillmans… ou Juliette Nothomb la sœur d’Amélie -, Laurence Malè est également musicienne, compositrice, ancienne responsable éditoriale aux éditions Infolio, libraire initiée au chamanisme et au reiki. Avant de diriger sa propre entreprise éditoriale, Laurence Malè a écrit et publié, avec Alexandra Dechezelle, L’inspiration chamanique au quotidien paru aux éditions Véga. Une initiation au chamanisme pour tout un chacun. Un livre qui contient également un CD avec des méditations et des musiques composées par elle-même. Un ouvrage adressé à toute personne qui souhaite retrouver sa vraie nature à travers une pratique alternative mais qui hésite encore à contacter un-e chaman-e pour la conduire. Avec ce guide pratique, chacun-e peut vivre sa connexion à l’Univers d’une manière personnelle à travers la voie du conte.

Dans la même lancée, Laurence Malè a également publié un jeu de cartes L’Oracle des Trois Cercleséditions Véga – qui s’appuie sur son savoir chamanique. Laurence Malè a-t-elle été guidée par ses animaux de pouvoir ou ses guides spirituels ? Ou sont-ce davantage ses connaissances du monde éditorial qui l’ont amenée à créer avec Marlyse Audergon, autre ancienne collaboratrice des éditions Infolio, les éditions Okama ? Il ne m’appartient pas d’apporter une réponse ésotérique ou rationnelle, en revanche Laurence Malè raconte volontiers que, Sir Thomas, le protagoniste du premier livre publié par les éditions Okama, lui est apparu en songe.  En effet, la particularité des éditions Okama c’est de proposer aux auteurs d’écrire un récit sous contrainte.

Editions Okama : originalité et contrainte

L’homme qui, en rêve, a hanté Laurence Malè, est devenu le principal acteur du premier livre publié par les Éditions Okama L’étrange Nöel de Sir Thomas, paru en octobre 2019. C’est bien ainsi, avec le tréma sur le O, que l’écrit Laurence Malè et que Noël est écrit sur la couverture. Un projet qu’elle a proposé à des auteur-e-s qu’elle connaît bien. « J’ai décrit le personnage en quatre lignes tel qu’il m’est apparu et j’ai émis plusieurs hypothèses: est-il exorciste, croque-mort ou une âme errante? A eux de voir » dira-t-elle au micro de Jean-Marie Félix. Une formule qui enthousiasme écrivain-e-s et lecteurs et que les éditions Okama continuent d’appliquer.

Le concours des éditions Okama : prochain ouvrage écrit par des 16-20 ans

Fidèles aux buts qu’elles se sont fixées, désireuses de révéler les plumes de demain, pour sa prochaine anthologie de novellas les éditions Okama ont lancé un concours destiné aux 16- 20 ans. Les conditions de participation : être encadré par un professeur ou un coach en écriture, être domicilié en Suisse, accepter d’écrire sous contrainte un texte entre 25’000 et 30’000 signes. La réception des textes est fixée au 15 mars 2022. Pour recevoir d’avantage d’information vous pouvez poser vos questions à cette adresse : [email protected]

Demain, dans la suite de cet article, nous découvrirons les ouvrages déjà publiés par les éditions Okama.

Laurence Malé : l’interview

Vous êtes – entre autres – libraire, comment vous est venue l’idée de fonder les éditions Okama ?

J’ai été libraire pendant des années avant de me diriger vers l’édition. L’idée est venue alors que je travaillais pour les éditions Infolio, en tant que responsable éditoriale. A l’époque, je travaillais avec mon ex-associée, qui est graphiste, et nous avions envie de nous lancer dans une aventure qui correspondrait plus à nos domaines de prédilection, autant pour le graphisme que pour le genre de publication.

Hormis “La Dormeuse”, le roman de Catherine Rolland, jusqu’à présent vous avez principalement publié des livres contenant plusieurs novellas que les auteurs écrivent sous contrainte. Pourquoi ce choix ?

Les éditions OKAMA souhaitaient publier des ouvrages originaux avec des contraintes imposées. Ce qui me séduit dans cette démarche, hormis de proposer un cadre (un curieux personnage, comme dans L’étrange Nöel de sir Thomas, une situation particulière et une maison, comme dans Nuits blanches en Oklahoma), c’est de demander à des auteurs spécialisés dans d’autres domaines (littérature blanche & littérature noire) d’écrire pour le genre fantastique et fantasy. Le fait d’éditer des ouvrages collectifs permet au lecteur de découvrir des plumes sous un nouveau jour. Pour le roman-feuilleton Léa, la démarche est autre. En effet, il a été diffusé, chapitre par chapitre, lors du premier confinement, gratuitement sur notre site internet avec une communication faite sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) afin de sensibiliser les jeunes (public de 14 à 20 ans) à la lecture et de soutenir la culture littéraire pendant cette période. Nous avons eu de la chance d’avoir pu produire une version audio, diffusée chapitre par chapitre également dans un deuxième temps grâce à l’idée merveilleuse de Zelda Chauvet, productrice et journaliste. Xavier Loira a donc prêté volontiers sa voix aux différents personnages. Une belle aventure fédératrice, où un beau panel de généreux auteurs a répondu par la positive. Je pense notamment à Marie-Christine Horn, Mélanie Chappuis ou encore Juliette Nothomb sans compter les fidèles auteurs okamaïens : Nicolas Feuz et Catherine Rolland. Grâce au soutien de donateurs et à la Fondation Jan Michalski, nous avons pu publier le livre pour ponctuer cette merveilleuse épopée. Étant donné que toute l’équipe avait travaillé gratuitement, nous avons décidé que les bénéfices de l’ouvrage iraient à la Croix-Rouge vaudoise afin de rester dans la lignée du projet et du message qu’il véhiculait. Les anthologies de novellas s’adressent aux adultes (dès vingt ans), même si quelques plus jeunes lecteurs ont lu les novellas les plus accessibles dans les différents ouvrages. Le roman Léa, comme évoqué plus haut, s’adresse à un public young adults (dès quatorze ans).

Un concours organisé par les éditions Okama, invite les jeunes de 16 à 20 ans à participer à l’écriture de la troisième anthologie de novellas. Par quoi cette sollicitation est-elle motivée ?

Nous avions déjà proposé un concours pour Nuits blanches en Oklahoma, concours ouvert aux nouvelles plumes afin de donner l’opportunité d’une vraie publication aux côtés d’auteurs connus et reconnus. La gagnante du concours, Sandra Morier, a écrit une novella au scénario incroyable ! Pour cette anthologie à paraître, qui ouvrira, en parallèle d’autres ouvrages, la nouvelle collection young adults Heyoka, il me tenait à cœur de pouvoir proposer à des graines de plumes de figurer, là aussi, dans une anthologie, cette fois-ci, du genre fantasy. Le but étant de promouvoir l’écriture auprès d’un plus jeune public. La seule condition à respecter est d’être encadré par un professeur ou un coach en écriture. Le délai de remise de textes a été étendu au 15 mars 2022. A vos plumes ou claviers !

Quels sont vos futurs projets ?

Nous avons dû repousser la production 2021, entre autres, à cause de l’impact de la crise sanitaire. Le confinement (fermeture des librairies, divers salons reportés, etc.) pendant un certain temps, a péjoré la promotion du livre, bien que les libraires aient su rebondir en proposant un service de livraison (par exemple : la librairie-galerie Atmosphère, les librairies Basta, Payot, pour ne citer qu’eux). Par ailleurs, une restructuration des éditions a été faite : une nouvelle équipe d’associés et un changement de siège social (les éditions OKAMA deviennent genevoises). En 2022, nous allons donc publier deux ouvrages destinés aux adultes, et en tous cas deux ouvrages dans la collection Heyoka. Pour les futurs ouvrages, je peux vous citer Agrotopia, dystopie écrite par Olivier May, qui avait écrit une novella dans L’étrange Nöel de sir Thomas. Pour le reste, étant donné les retards de publication, je préfère attendre avant d’en parler. Parallèlement aux futurs ouvrages okamaïens, un très beau projet de fiction interactive audiovisuelle Dans la peau de Sir Thomas, basée sur la novella de Nicolas Feuz Dernier Noël à Trapellun est en cours. Une merveilleuse équipe est en train de mettre en place ce projet (les maisons de production Nous production & Maison Wahren) avec Valeria Mazzucchi comme réalisatrice. Je me réjouis de cette nouvelle aventure.

La question que je pose à tous mes invités et invitées : quel est le personnage littéraire auquel vous pourriez vous identifier ?

Le personnage principal de Rien ne s’oppose à la nuit, écrit par Delphine de Vigan. Pour son courage à explorer l’histoire familiale difficile, sa sensibilité et sa force de vie. Cela est plutôt de l’admiration qu’une réelle identification.

Laurence Malè : biographie

Née en 1976, Laurence Malè, libraire de formation, a été directrice de collection et responsable éditoriale aux éditions Infolio, après avoir exercé le métier de représentante commerciale à l’Office du Livre Fribourg et chargée de mission extérieure pour les librairies Payot. Forte de ces expériences, elle a fondé les éditions OKAMA avec une ex-associée. Maison d’édition nouvellement genevoise, créée à Lausanne, spécialisée dans le domaine de la littérature fantastique et fantasy.

L’éditrice Laurence Malè. Crédit photo : Steve Gaillard

Sources :

  • Editions OKAMA
  • RTS
  • Club du Livre

 

 

Matthieu Corpataux (2) : la revue littéraire L’Épître et les livres des éditions PLF

Matthieu Corpataux : écrire et éditer

Matthieu Corpataux, dont nous avons fait la connaissance hier, n’est pas que poète. C’est l’une des têtes pensantes de la littérature suisse actuelle. Aujourd’hui nous découvrons L’Épître, la revue de la relève littéraire qu’il a imaginée et mise en place, à l’instar des éditions Presses littéraires de Fribourg qu’il a créées avec Lucas Giossi l’actuel directeur d’EPFL Press. Voici des exemples et des extraits de ces publications.

Quelques livres parus aux éditions PLF

 La Faille Ethics, roman policier de Laurent Jayr

Le résumé : Ethics, c’est le nom du logiciel de trading intelligent et autonome conçu par Antoine Dargaud pour une jeune société d’investissement genevoise. Le logiciel est performant – trop – et rapidement, il attire l’attention de la presse, des banques, puis de tout Wall Street. La Faille Ethics est un polar saisissant de réalisme sur le monde de la finance et sur le trading où le logiciel, monstre de Frankenstein moderne, se révèle étonnamment humain.

L’extrait : “Sa main glisse sur la surface du serveur. Il ressent une vibration, une sorte de grondement, se propager à travers sa paume. Au-dessus du boîtier métallique, un moniteur clignote faiblement, diffusant une lueur verdâtre tandis qu’un condensateur sifflote en se déchargeant. Des câbles de fibres optiques mal alignés sortent de la face arrière des lames du serveur pour disparaître dans le faux plafond. Antoine Dargaud s’apprête à donner vie à Ethics, le robot de trading qui va assainir la finance.”

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Le livre : ce roman a figuré parmi les finalistes du Prix SPG 2021

L’auteur :  son site, sa page Facebook

Alegría ! roman de Camille Elaraki

Résumé : Alegría ! est l’histoire d’Ola, jeune femme courageuse et insatiable, mais écrouée dans le quotidien gris de Paris. Après avoir échappé par hasard aux attentats du Bataclan, elle fuit le deuil de son père et les amours ratées. En Espagne, lors d’un séjour Erasmus, elle renoue avec le désir et l’allégresse. Ce roman, écrit avec précision et douceur, raconte l’intime et la soif de liberté : c’est surtout le portrait de toute une génération.

L’extrait : “Elle s’amusait des taxis débordants de passagers, des enfants assis sur les genoux de leur père à mobylette, sandales aux pieds, casques sur la tête, mais sangles au vent. Et surtout, elle avait décidé de ne pas voir le linceul recouvrant le Café de France. La dépouille de cette grande bâtisse dominant la place Jemaa el-Fna, au-delà de la mort. Ola balaie d’une phrase la comparaison que Grégoire énonce entre les attaques d’ici et celles qui ont frappé les locaux de Charlie Hebdo en janvier. « C’est différent. »”

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Le livre

L’auteure :  sa page Facebook

Écrire depuis ici, essai de Jean-François Haas

Résumé : Écrire depuis ici est la première publication en Suisse de l’écrivain Jean-François Haas, lauréat des Prix Schiller, Dentan ou encore Bibliomedia. Cette réflexion sur l’écriture et sur le parcours d’écrivain est inestimable. L’écrivain retrace les paysages de son enfance, les fêtes, l’éducation parfois rude souvent bienveillante à Fribourg puis à Saint-Maurice, l’Université mais aussi ses découvertes de Moby Dick ou de Philipe Roth. L’écrivain suisse se dévoile sans impudeur mais avec beaucoup d’humanité.

L’extrait : “« Et, à part ça, est-ce que vous taquinez toujours la Muse ? » [Cette question] dit quelque chose d’une certaine difficulté à traiter ici de cette activité étrange, par nature solitaire et donc, au moins en apparence, marginale, qui fait de l’écrivain un être un peu à part, un peu bizarre, pas foncièrement dangereux ni malsain, mais dont on n’est pas très sûr de la bonne santé mentale et/ou du bon comportement social, et de surcroît enclin à s’abandonner à la distraction de taquiner la Muse plutôt qu’à s’adonner à une activité sérieuse.”

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Le livre

L’auteur :  sur la page Facebook de l’éditeur

Abécédérangé, recueil de poésie de Simon Lanctôt

Résumé : L’Abécédérangé est un recueil de poésie inspiré des expérimentations poétiques médiévales : l’approche de Simon Lanctôt est sensible, même sensuelle. Il s’empare des mots, les hume, les goûte, les déguste, même les dévore. […] C’est tout un Oulipo médiéval qui surgit, vivifié dans la jouissance de l’anachronie, qui nous renvoie l’écho des Grands Rhétoriqueurs, ces virtuoses de l’acrobatie lettriste que Georges Pérec qualifiait de plagiaires par anticipation.

Une page de cette poésie visuelle :

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Le livre

L’auteur :  sa page Facebook

 

Revue littéraire L’Épître – collectif

vol. VII

Recueil de poésie et de nouvelles

L’Épître est la revue de la relève littéraire suisse francophone. Créée en 2013 par Matthieu Corpataux, elle agit en ligne et sur papier pour promouvoir l’écriture : à la fois laboratoire et tremplin, elle a révélé de nombreux talents romands ces dernières années. En 2018, la revue se professionnalise et bénéficie depuis du soutien de Pro Helvetia et de la Fondation Michalski ; et organise un riche programme d’événements.

Extrait : Quand je suis redevenue d’Isabelle Paquet

“Tu me parles et aussi parfois tu te tais. Alors je t’articule quelques mots de mon cru. Ce soir se mitonner un raboliot en civet ? Je ne peux pas te dire que souvent je suis au beau milieu d’un étang plat comme l’horizon, épais et verdâtre, en sèche Sologne, que je fais la planche sans maillot, mon corps en x parfait, paupières closes, rempart à l’eau et au soleil de brûler mes rétines. Non plus que je nage avec les canards. Ni que je laisse mon corps sécher sur la rive. Là, tu me rejoins.”

Autre extrait :  Les gens d’ici de Philippe Rebetez

depuis qu’il est parti

Jeanne pose chaque soir deux bols

sur la table de la cuisine

à l’aube

après avoir pris son café

elle croise les doigts devant la photo jaunie

Auteurs et autrices de ce volume :

Pierre Voélin, Bastien Roubaty, Isabelle Paquet, Yves Noël Labbé, Stefano Christen, Fanny Dersarzens, Philippe Rebetez, Ed Wige, Vincent Annen, Charly Rodrigues, Coralie Gil, Olivier Pitteloud, Louis Haentjens, Nathalie Quartenoud, Jérémy Berthoud, Sibylle Bolli, Cédric Pignat

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La page de ce volume

La page de la collection

La page de L’Épître en ligne

La page information Facebook de L’Épître ( ateliers d’écriture, publications…)

 

Photographie d’entête : Matthieu Corpataux. Crédit : Nicolas Brodard

Un livre 5 questions : “Sucres” de Matthieu Corpataux des mots crissant sous la dent

L’homme qui défend la relève de la littérature suisse

Jeune adolescent, Matthieu Corpataux rencontre Emmanuel Carrère sur l’étal d’un supermarché français. Un livre de l’auteur plus exactement. Une révélation. Dès cet instant, il sait que sa vie sera consacrée à la littérature où il est entré il y a une dizaine d’années pour y devenir un incontournable.

A vingt ans, en 2013, il crée L’Epître, une revue de relève littéraire en ligne et sur papier, et à vingt-et-un ans la maison d’édition des Presses littéraires de Fribourg avec Lucas Giossi l’actuel directeur d’EPFL Press. A présent, il est le directeur du Salon du livre romand réorganisé et renommé Textures – Rencontres littéraires ces exemples n’étant qu’un aperçu de ce qu’il organise dans le milieu littéraire romand. Des journées bien remplies où il trouve encore le temps de s’adonner à la poésie. Matthieu Corpataux n’a pas trente ans mais semble avoir plus de trente bras et autant de têtes.

Matthieu Corpataux : poésies acidulées

Son premier recueil, Sucres, nous emmène avec légèreté dans ses souvenirs d’enfance, d’adolescence et de jeune homme. En quarante-deux poèmes, parfois aussi brefs que des haïkus mais pas uniquement, on entre tout en douceur dans sa poésie, au cœur de ses constats et réflexions. Un univers, constitué de grains de sucre, qui ne s’avère jamais écœurant. La poix du lyrisme outrancier Matthieu l’abandonne à d’autres. Des douceurs qui crissent parfois sous les dents et dont l’acidité s’attaque insidieusement aux racines. Des poèmes aux couleurs des bonbons langue, et au goût de reviens-y, que nous dégustions autrefois.

Demain, Des avenues et des fleurs présentera la revue L’Epître et quelques publications des éditions Presses littéraires de Fribourg (PLF).

 

 Matthieu Corpataux : l’interview

Quelle influence a eu Emmanuel Carrère dans votre vie ou votre cursus ?

C’est une belle question, merci. A vrai dire, il y a deux choses : premièrement, D’autres vies que la mienne fut un choc esthétique – cette sorte de franchise dans le récit et cette tentative de réconciliation entre la fiction et la réalité m’ont marqué. Bien sûr, à l’époque, je n’avais pas le bagage pour caractériser ça. Et puis, c’est une influence indirecte. Dans ce même roman, le narrateur évoque longuement Mars de l’écrivain zurichois Fritz Zorn. Et c’était là mon deuxième choc. Aujourd’hui, je lis Carrère avec plaisir mais je ne lui voue aucun culte particulier.

Quel rôle la poésie joue-t-elle dans votre vie ?

Très tôt, j’ai voulu écrire. Mais j’ai mis un peu de temps à trouver que je m’épanouissais dans la forme courte. D’abord par la nouvelle, puis des récits fragmentaires. Naturellement, je suis parvenu à la poésie qui possède cette densité, cette profondeur qui m’ont accroché. J’aimais l’idée – et j’aime toujours – de dire le plus avec le moins.

Qu’est-ce qui vous pousse à si pleinement vous engager pour la littérature ?

J’ai lancé L’Épître par frustration. J’avais 17-18 ans et je voulais écrire mais je savais que je n’étais pas prêt à publier mes textes. J’ai cherché des espaces pour progresser, pour recevoir des commentaires sur mes écrits afin de m’améliorer. Il n’existait pas vraiment de plateforme de ce type. Les concours, les maisons d’édition ou les revues ne font pas un retour critique systématique (c’est explicable, cela demande un tel investissement de temps et d’énergie que ces structures préfèrent les accorder aux textes retenus). Alors, j’ai pris le contre-pied. Je me suis dit que j’allais, justement, créer une plateforme où chacune et chacun recevrait un regard critique sur ses textes. Manifestement, il y avait un besoin car L’Épître reçoit chaque année des centaines et des centaines de demandes. Bien sûr, cette revue, qui s’est aussi développée en publication papier et en de très nombreux événements (performances, expositions, résidences, lectures, ateliers, médiations scolaires…), je n’ai pas pu et ne pourrais pas la porter seul. J’ai une équipe de 12 personnes avec moi aujourd’hui. Et puis plusieurs personnes m’ont apporté des soutiens décisifs. Lucas Giossi en effet, mais aussi Jean-François Haas, Frédéric Wandelère, Olivier Pitteloud, Thomas Hunkeler et puis encore tant que ce serait laborieux de toutes et tous les mentionner.

C’est vrai que ce qui me porte, depuis toujours, c’est cette volonté de défendre l’écriture, coûte que coûte. Je me bats pour que les écrivaines et les écrivains soient rémunérés correctement. Je me bats pour que des espaces de visibilité soient offerts à la relève littéraire. Je me bats pour que l’on comprenne que l’écriture doit imprégner nos vies, tout le temps, tout le monde – un peu comme le fait la musique. Je ne crains absolument pas la surproduction littéraire que certains dénoncent. Le problème, c’est la « surpublication » et la précipitation à sortir un livre qui mériterait d’être retravaillé.

En matière de littérature ou de poésie, qu’est-ce qui retient votre attention ?

C’est difficile de verbaliser spécifiquement les choses qui m’accrochent. J’arrive mieux à dire ce qui m’ennuie : la surinformation, la « surpoétisation », la « surmétaphorisation ». Ce quelque chose de trop, qui déborde, qui mousse au-delà du texte. J’ai l’habitude de dire que j’aime les récits secs, qui sont efficaces et qui évitent l’artifice, qu’ils soient vrais, crédibles, et non surfaits. Je suis nourri de littérature américaine et ai tendance à fuir l’épanchement lyrique. Et puis ça m’agace quand l’auteur ou l’autrice infantilisent son lectorat. Enfin, ce qui est absolument nécessaire, c’est de la nouveauté. Si j’ai le sentiment d’avoir déjà lu telle expression, tel rapprochement lexical ou telle image poétique, si j’ai l’impression de saisir trop vite la mécanique de l’écriture, ça va m’ennuyer. On le comprend, je m’intéresse beaucoup plus au style, à la manière, à la singularité de la machinerie textuelle, qu’à l’histoire.

Quel est le personnage littéraire auquel vous pourriez vous identifier ?

Je n’y avais jamais réfléchi mais peut-être qu’une partie de moi est très Philinte du Misanthrope. On le définit souvent comme le personnage ami de tout le monde, au mieux bienveillant, au pire hypocrite. Je trouve que c’est le juger bien sévèrement dans ce second cas. A mon sens, Philinte cherche simplement une position raisonnable que je comprends comme rationnelle. C’est un analyste de sang-froid de la société humaine qui ne se laisse pas emporter par ses émotions – et puis, il me semble, que c’est un personnage qui est très altruiste. Il cherche la conciliation, le consensus, il est profondément démocrate sans le savoir. Il ne faut pas oublier qu’il reste, sans défaillir, auprès de son ami Alceste alors que celui-ci l’envoie balader. Il ne se dérobe pas. Certes, il y a cette scène où il cherche à ne pas blesser Oronte qui déclame un mauvais poème. C’est peut-être là notre différence : quand on me demande un avis sur un texte ou sur un projet, comme Philinte, je chercherai à ne pas blesser, à ne pas détruire ; mais comme Alceste, je tâcherai d’être aussi sincère que possible. D’ailleurs, Alceste, lui non plus n’aime pas les artifices et l’épanchement lyrique.

« Ce style figuré, dont on fait vanité,

Sort du bon caractère et de la vérité ;

Ce n’est que jeu de mots, qu’affectation pure,

Et ce n’est point ainsi que parle la nature. »

Je pense qu’Alceste aurait fait un très bon éditeur.

Merci pour l’invitation !

Matthieu Corpataux : la biographie

Assistant diplômé en littérature française à l’Université de Fribourg, il prépare une thèse sur la typographie dans la poésie et enseigne au niveau Bachelor. En 2013 il crée la revue de relève littéraire L’Épître  puis, en 2015, la maison d’édition des PLF qu’il dirige depuis 2017. Impliqué dans de nombreux projets culturels en Suisse, il est également écrivain. En 2020, il publie Sucres aux éditions de l’Aire et participe à de nombreux projets collectifs.

En 2021, il remporte la bourse d’écriture de l’État de Fribourg.

L’écrivain Matthieu Corpataux. Crédit photographique : Nicolas Brodard

Humour et suspens avec Simon Vermot et Yvan Sjöstedt

Aventure et bande dessinées mais pas uniquement

Connues depuis 2009 pour leurs bandes dessinées, depuis que les Éditions du Roc se sont ouvertes à d’autres genres elles dansent avec le succès. Elles avaient notamment publié L’Aventurière des Sables de Sarah Marquis, à présent épuisé, le fabuleux périple retracé par l’aventurière pendant son voyage de 17 mois dans les déserts australiens.

Parmi leurs derniers nés, on trouve Cool, le dernier polar de Simon Vermot et A un poil trop près d’Yvan Sjöstedt, la suite du farfelu Un poil de trop.

Le thriller : Cool de Simon Vermot

Le résumé du livre : Sujet d’une manipulation diabolique qui le conduit par le bout du nez au bord de l’enfer, Pierre n’a pour arme que l’amour de sa fille. D’autres en revanche, sauront user d’un arsenal poids lourd pour parvenir à leur funèbre objectif : un horrible carnage.

L’extrait : Cool de Simon Vermot

« – Qu’est-ce qu’il t’a dit ? T’es d’une pâleur spectrale !

En sortant du bureau du réd’en chef, je ne m’attendais pas à tomber sur Renato. Mes jambes me portent difficilement, je suis complètement sonné.

– Il est arrivé un truc à Anouk… Tu peux finir de mettre en page mon article, faut que je rentre.

C’est à peine si j’arrive à cliquer le bout de ma ceinture une fois installé dans ma voiture. Dans ma tête, c’est le grand chambardement. Pourquoi ça m’arrive à moi ?

Totalement bouleversé parce qu’il vient d’apprendre, Marc n’a pas pris de gants. C’est pour ça qu’il m’a simplement dit :

– Je viens de recevoir un coup de fil. Ta fille a été kidnappée…

Je sais qu’elle traverse une période difficile. Ravissante mais très versatile, parfois écervelée mais dotée d’un fort caractère, comme feu sa maman, Anouk se dispute souvent avec sa grand-mère qui n’apprécie pas trop qu’elle sorte avec des garçons à son âge. Faut dire que celle-ci n’aime guère les hommes, ayant viré sa cuti après un divorce tumultueux. Ceci ajouté à des notes calamiteuses depuis quelques temps et même une convocation par la direction de son école pour avoir été surprise la main dans sa culotte en pleine classe. Certes, on a tous connu ça, désir d’indépendance, rébellion. Qui sait vraiment ce qui se passe dans la tête des ados ? Mais son comportement a passablement changé. Agressive, voire parfois méchante, elle en a fait voir de toutes les couleurs à son entourage qui ne lui veut, pourtant, que du bien. Moi le premier, bien sûr. Même si, tout récemment, elle m’a tellement excédée que je lui ai balancé la première gifle de sa vie. Geste qui m’a empêché de dormir pendant deux nuits entières.

Je suis complètement perdu. Et je ne vois qu’une solution : la police. Oui mais pour lui dire quoi ? Que ma fille a disparu ? Qu’elle ne s’est pas présentée en classe ce matin ? Que mon journal a reçu un ultimatum ? Tout bien pesé, ça vaut la peine d’y aller. Et il ne faut pas perdre de temps.

-Quel âge elle a ?

-Quinze ans et 4 mois. »

Simon Vermot : biographie

Simon Vermot est né au Locle où il a fait un apprentissage de typographe. Très vite intéressé par l’écriture, il devient journaliste, en intégrant notamment les rédactions de l’Illustré et du journal Coopération, avant de créer une agence de presse et publicité. Dans ce cadre, il conçoit différents magazines, devient rédacteur en chef de la revue vaudoise du 700e anniversaire de la Confédération, du Journal du Bicentenaire de la Révolution vaudoise puis rédacteur pour la Suisse romande de l’organe interne d’Expo 01-02. Durant quinze ans, il dirigera le fameux almanach Le Messager Boiteux  tout en collaborant à divers journaux et magazines. Il est également scénariste de BD, auteur de pièces radiophoniques et de chansons. Peintre à ses heures, actuellement il se consacre surtout à son œuvre romanesque.

Le déjanté humoristique : A un poil près

Gratte-Cul Les Moineaux est un village hors du commun. Doté de moins de 30 habitants, il est administré par Carpette Milborne, un maire plus attiré par le bar « Chez la Grosse » que par ses obligations. Il ne manque cependant pas d’idées pour valoriser sa petite commune. La dernière en date… une fête villageoise. Impatient d’amener un plus à la collectivité, il s’apercevra cependant que tout n’est pas si simple. Cerise sur le gâteau, un coiffeur veut absolument s’installer au village, histoire de bien compliquer la donne.

Le macrocosme de l’auteur nous ressemble étrangement. Les relations de proximité y sont légion. La vie de la bourgade se perpétuera dans l’esprit d’Un poil de trop  où Yvan Sjöstedt nous emmène dans son univers loufoque et coloré. Monde dans lequel se sont retrouvés plusieurs centaines de lecteurs qui apprécieront s’y replonger. Comme dans son premier roman, l’on y retrouve ce village truffé de personnages singuliers. D’un humour farfelu, c’est un texte en phase avec son temps. Une époque qui manque singulièrement de relations humaines.

L’extrait : A un poil près

« Des rumeurs prétendent que dans ce village, il ne se passe rien.

Les fessiers vissés aux chaises du bistrot n’étaient pas près de constater que l’heure avançait quelque peu. Aucun fait ni la moindre personne ne pourrait agir sur leurs fainéantises. Et ce n’était pas le soleil qui déclinait qui allait changer quoi que ce soit à cette situation.

– Allez bois ça Carpette ! Ça va te remettre d’aplomb après cette folle grimpée ! dit Zylphide.

– C’est vrai, après, tu n’auras plus qu’à descendre au village, ça ira tout seul ! ajouta Pronostic.

La gorgée initiale s’avéra sans doute la pire. Le goût terreux de cette horrible lavasse donna la nausée au valeureux cycliste. L’amertume décapante qui lui restait dans le palais poussa le bouchon assez loin, jusqu’à lui produire des spasmes incontrôlables. Il toussa sans tout à fait savoir si cet acte le conduirait au vomissement. Des morceaux de je ne sais quoi à l’insipidité innommable se promenèrent dans sa bouche. Sous les yeux des deux hôtes qu’il croisa furtivement, il prit son courage à deux mains, s’empara du verre et engloutit le solde d’une traite non sans en terminer par une interjection indéfinissable. Il ne lui restait plus qu’à espérer qu’il ne s’agissait pas d’un bouillon d’onze heures. »

Yvan Sjöstedt : biographie

Après avoir, durant quelques années, travaillé comme sérigraphe, Yvan Sjöstedt s’est tourné vers une formation sociale. Plus tard, la découverte de Londres en tant que résident, lui a livré l’approche décalée qui lui est chère. Il a participé à des pièces de théâtre et créé des sketches. Saltimbanque dans les années 80 avec le groupe Snobs, il écrit des textes de chansons. Avec son frère Nicolas, il se met aussi au scénario de BD sous le nom d’emprunt de Ted (Jo & Ted). Ensemble, ils créent plusieurs bandes dessinées, notamment Farinet le faux monnayeur. Ils planchent actuellement sur une bande dessinée à paraître bientôt. A un poil près est son second roman.

Sources :

– Cool, thriller de Simon Vermot, éditions du Roc

– A un poil près, roman d’Yvan Sjöstedt, éditions du Roc

– Site des Editions du Roc

 

Un livre 5 questions : “Les rêves d’Anna” de Silvia Ricci Lempen

Une saga qui traverse l’Histoire reçoit deux prix littéraires

Les rêves d’Anna, de Silvia Ricci Lempen nous emmènent dans un savant jeu de poupées russes. Il commence par la plus petite. Pour emboîter chaque figurine dans la suivante, il faut parcourir un puzzle d’atmosphères et d’aventures diverses qui commencent à Glasgow et finissent à Genève en passant par Rome ou Bellinzone. Les rêves d’Anna, dont le mystère du titre ne nous est révélé qu’à la fin, est une saga sororale qui se déroule sur cent ans. Une longue période durant laquelle l’on rencontre cinq femmes, parfois très jeunes, qui se souviennent à un moment ou l’autre d’une main tendue par une amicale « sœur » plus âgée. Des souvenirs qui permettent de remonter le temps en s’immisçant dans une partie de la vie de cette personne bienveillante. A travers le vécu des protagonistes, l’on découvre également la Grande Histoire, celle qui repose dans les livres des bibliothèques universitaires et que l’on tend à oublier : la crise grecque au XXIe siècle, l’après Seconde Guerre mondiale, l’entre-deux guerres, le fascisme, la montée d’Hitler, les manifestations antifascistes dans la Genève des années 1930, le poids des églises catholiques et protestantes, l’éducation des femmes conditionnées pour servir un conjoint tout en honorant une famille, leur désir d’émancipation, les horreurs de la Grande-Guerre 14-18.

Fourmillant d’ambiances, de rencontres et de références, Les rêves d’Anna raconte des aventures humaines à différentes époques et dans différents contextes sociaux, psychologiques et culturels. Particulièrement détailliste, Silvia Ricci Lempen s’attarde sur les petites choses, aussi à l’aise dans la description du climat social des années 2000, 1960 ou 1920, que dans les réactions d’un corps soumis à la peur lors d’une mouvementée promenade en montagne.

Les rêves d’Anna, paru aux Éditions d’en bas qui viennent de recevoir le prix Enrico Filippini pour la qualité de leurs publications, est un livre au parfum de grand classique. On peut le lire et le relire en y trouvant à chaque lecture des choses qui nous avaient échappé auparavant.

La saga, a été parallèlement écrite en français et en italien sans que ce soit, pour autant, une traduction d’une langue à l’autre. Chaque livre est un original avec ses propres spécificités. La version française a obtenu le prestigieux prix Alice Rivaz 2021 et sa fausse jumelle, en italien, le tout aussi prestigieux Premio Svizzero di Letteratura 2021. Deux récompenses méritées pour une écrivaine dont on peut suivre les chroniques dans le blog du Temps.

Les rêves d’Anna de Silvia Ricci Lempen : extraits

« À cause de l’anxiété et de l’obscurité, de l’absence de repères, de la pluie, de la brûlure des phares écarquillés sur le parking, elle avait cru un instant que dans cette ville, différente en cela de tous les autres lieux du monde, les arcs-en-ciel étaient d’une autre couleur. Une courbe mauve néon, liserée d’une bave blanchâtre, chevauchait toute l’étendue de la nuit. C’était la première chose qu’elle avait vue, à travers les fenêtres mouillées de l’autobus ».

La version italienne : I sogni di Anna

« Ils ont passé l’après-midi à faire l’amour, succès total, elle a joui trois fois ; après quoi il a enfilé son pantalon de training et s’est mis à farfouiller dans son ordinateur. Elle est restée étendue sur le lit, dans le silence de la maison des morts. À six heures et demie ils ont fait un tour dans le quartier, dans la pénombre légère du crépuscule. Comme tous les dimanches soir, les bennes à ordures débordaient, dégorgeant par terre les sachets en plastique sauvagement crevés par la pression des abattants ; les parois des bennes étaient souillées de frais par les coulures, du plus bel effet vomitif, des diarrhées de bébé et de marc de café ; et c’était ça qui intéressait Michele possesseur d’un Nikon à trois mille cinq cents euros : photographier les immondices de l’humanité… »

« Le corps s’arque et fuse, s’enfonce comme une torpille dans le rectangle bleuté de la piscine. Secousse électrique de basse intensité. Il s’agit d’un corps jeune, à la chair dense, intacte, capable de se propulser en longue apnée au moyen de puissantes vibrations des membres, jusqu’à l’autre extrémité du bassin. Le sens du toucher de ce corps féminin est exalté par les ondulations de l’eau gélatineuse de la piscine, qui le parcourent du haut du crâne à la pointe des orteils. Les yeux écarquillés boivent la lumière blanche, plissée d’émeraude, du fond de la vasque ».

« Clara aussi, d’abord, croit que ce sont les gendarmes qui s’époumonent à souffler dans les sifflets, pour empêcher les gens de franchir les barrages ; mais ce ne sont pas les gendarmes, ce sont les socialistes (et plus tard, de nouveau avant la fusillade, elle se trompera, cette fois comme tout le monde, sur ce qu’annonce le son du clairon, un tir à balles réelles sur les manifestants, mais personne ne le comprendra, ni elle ni personne). Les socialistes sont munis de sifflets, qui ont l’air de faire plus peur aux gendarmes qu’aux fascistes. En tout cas elle a vu un gendarme qui avait peur, les yeux tout blancs au milieu du visage bistre ; et c’était contraire aux rapports de force manifestes, parce que ce gendarme avait un sabre qui brillait dans le faisceau de lumière d’un lampadaire ».

« Les horreurs de la guerre, dit comme ça, c’est abstrait, et si quelqu’un prononce cette expression à Carpineto, ce n’est certainement pas pour approfondir son contenu, plutôt pour le cacher sous le manteau de ce qu’on appelle la volonté de Dieu : et c’est ainsi que les guerres peuvent continuer. Mais dans le livre il y a tous les détails, par exemple l’auteur raconte qu’après la bataille les soldats blessés avaient une soif si dévorante qu’ils buvaient la boue et le sang caillé dans les mares; leurs corps enflaient et devenaient tout noirs, et quand il mouraient il n’avaient plus d’ongles mais des griffes, à force d’avoir creusé la terre pour trouver de l’eau, de l’eau, pitié de l’eau,  ne me laissez pas mourir avec ce feu qui me brûle la poitrine, et mes habits crasseux collés à l’intérieur des plaies, avec les mouches qui fouaillent le sang… »

Silvia Licci Lempen : l’interview

– Comment vous est venue l’idée d’écrire Les rêves d’Anna ?

Ce projet est né à un moment de ma vie où pour la première fois je me suis sentie capable de lâcher complètement la bride à mon imagination.  De goûter pleinement à la joie d’écrire en remplissant à ras bords mon univers intérieur avec les vies inventées des autres. C’était un projet enivrant et libératoire, mais qui a mis des années à se concrétiser.

Il y avait aussi le désir spécifique d’écrire des histoires de jeunes filles, voire de fillettes, au seuil de leur existence, de raconter de leur point de vue à elles ce moment de la première exploration de soi et du monde. Cela a été beaucoup fait avec des personnages de garçons, je pense à des romans culte comme Le Grand Meaulnes d’Alain Fournier ou à L’Attrape-cœurs de Salinger. Par contre, la jeunesse des filles en tant que protagonistes a été pendant longtemps un sujet littéraire assez négligé. Heureusement, cela a changé, il suffit de songer, par exemple, à des autrices comme Antonia Byatt, Elena Ferrante, Annie Ernaux ou Bernardine Evaristo. Mais il y a encore beaucoup de rattrapage à faire !

– Votre roman, qui commence au début du XXIe siècle et qui remonte les époques d’une centaine d’années, est extrêmement bien documenté. Combien de temps vous a-t-il fallu pour l’écrire ?

Il y a d’abord eu de longues années d’incubation, pendant lesquelles j’ai écrit d’autres choses, tout en caressant ce projet. C’est pendant ces années-là que j’ai pris des décisions fondamentales : écrire ce futur roman parallèlement en français et en italien, faire reculer le récit dans le temps (de 2012 à 1911) au lieu de le dérouler chronologiquement. Ensuite, le travail proprement dit a duré environ cinq ans. Je n’ai pas fait d’abord le travail de documentation (effectivement considérable) et ensuite écrit, j’ai mené ces deux aspects de front. Pendant que j’écrivais l’histoire de l’une ou l’autre des protagonistes, je faisais des repérages et des recherches pour pouvoir écrire le reste. Ceci pour deux raisons.  D’une part, c’est seulement en écrivant qu’on découvre de quelles informations on aura besoin pour continuer ; et d’autre part, pour moi l’écriture est une activité tellement jouissive que ça aurait été une punition de ne pas écrire au moins un peu tous les jours.

– Dans votre quotidien, prenez-vous sans cesse des notes pour parvenir à reproduire dans vos livres une telle profusion de détails qui tous contribuent à ancrer l’histoire ?

Je ne prends jamais de notes (sauf pour des éléments factuels, comme une date ou un nom de rue). Je suis incapable de prendre des notes pour mon travail littéraire, de passer par une écriture utilitaire pour accéder à l’écriture créative. Il m’arrive de prendre des photos, mais c’est rare. Je pars de l’idée que ce qui doit rester dans la mémoire y restera, et que ce qui n’y reste pas devait être perdu.  C’est une question de charge émotionnelle. Si un lieu, une scène, n’a pas une charge émotionnelle suffisante pour s’imprimer dans ma mémoire, ça ne vaut pas la peine de tenter d’émouvoir autrui avec.

Je trouve intéressant que vous souleviez la question des « détails ». Je sais que ce foisonnement peut être perçu comme excessif par les adeptes d’un certain minimalisme formel, mais de mon point de vue chaque détail que je donne signifie quelque chose et contribue à l’esthétique de ce que j’écris, au sens étymologique. Aisthesis, en grec, c’est la sensibilité. L’esthétique d’une œuvre, c’est comment le sens se donne à sentir. Les détails qui ne signifient rien ne m’intéressent pas.

– Quel sens a pour vous le mot « racines » ?

C’est un mot qui me fait penser à la terre où les plantes enfoncent les leurs, de racines, pour s’ancrer et se nourrir. Il nous est arrivé à toutes et tous de voir une fois un arbre déraciné, couché sur le côté avec ses racines à l’air, et c’est un spectacle perturbant C’est ce que vivent des millions de personnes en situation de migration forcée sur la planète, arrachées à leur sol nourricier sans avoir les moyens de vraiment se réimplanter ailleurs. Pour d’autres humains, plus privilégiés, dont je fais partie, avoir des racines, c’est-à-dire savoir d’où on est, peut au contraire aider à se développer dans d’autres pays, dans d’autres cultures, avec d’autres gens, d’autres règles du jeu. Apprendre la plasticité de l’être au monde, ne pas s’enfermer dans une identité définie une fois pour toutes, bétonnée.

– La question que je pose à chaque auteur et autrice : quel personnage de livre voudriez-vous être ?

Quand j’avais douze ou treize ans, mon père m’a posé cette même question, et il a été choqué par ma réponse : je voulais être le Capitaine Tempête, une femme pirate déguisée en homme, héroïne d’un roman d’aventures italien pour la jeunesse. Je crois que ce qui m’attirait, ce n’était pas nécessairement de naviguer sur la Mer des Caraïbes en pillant des vaisseaux, c’était d’exercer une forme de puissance sur le monde. Un peu de la même manière, aujourd’hui, je suis fascinée par les personnages dont j’envie certains traits de personnalité que je ne possède pas.

Je pense en particulier à Modesta, protagoniste du roman L’Art de la joie de l’écrivaine sicilienne Goliarda Sapienza. La vie de Modesta, difficile et chaotique, je n’aimerais pas l’avoir vécue. Mais j’aimerais avoir eu et avoir, dans la mienne, sa liberté d’esprit, sa capacité de transgression, sa témérité, son instinct de survie, et même son amoralisme (qui bien entendu n’a rien à voir avec l’immoralité).

L’écrivaine et journaliste Silvia Ricci Lempen. ©Martina Marratzu

Silvia Ricci Lempen : la biographie

Silvia Ricci Lempen, écrivaine italo-suisse bilingue, a tellement de casquettes empilées sur la tête qu’il arrive souvent qu’on la prenne pour une autre. Le plus simple, pour savoir qui elle est, est de s’en référer à son site,  http://www.silviariccilempen.ch où l’on voit que la philosophie mène à tout et que féminisme et journalisme peuvent être des rimes riches.

La grande affaire de sa vie est l’écriture littéraire, habitée par le vécu des femmes et, indissociablement, par une interrogation au long cours sur les mystères de la marche du temps. Ses livres ont remporté plusieurs prix, les deux derniers récompensant respectivement la version italienne (I sogni di Anna, Prix Suisse de Littérature) et la version française (Les Rêves d’Anna, Prix Alice Rivaz) de son dernier roman.

Béatrice Corti-Dalphin : « Tabou » entre les lignes de l’abus

La poésie pour exprimer l’indicible

Avec pudeur, la femme de lettres a raconté les viols d’une petite fille par une femme. C’était à Genève, dans les années quarante. Des jeux d’adultes restés longtemps enfouis, occultés par l’esprit de l’enfant, la jeune fille, la femme… Chez ces gens-là, « On ne causait pas ». Puis un jour, elle s’est souvenue, par bribes, de son enfance. Alors « pour le dire » elle a écrit les fragments de ses souvenirs.

Dans sa deuxième partie de Tabou, la petite fille devenue adulte part à la recherche du Père absent. C’est dans la ville jardin de Singapour qu’elle le trouve sous la forme d’un arbre auquel elle rend visite régulièrement.

Paru en 2013 aux Éditions Samizdat, Tabou peut encore être acheté sur le site de l’éditeur.

 

 

 

Béatrice Corti-Dalphin : biographie

Béatrice Corti-Dalphin est née dans le quartier de Carouge, à Genève, en 1936. Son père était expert-comptable et sa mère institutrice.

Élève de « l’école supérieure des jeunes filles » de la rue Voltaire à Genève, Béatrice confiait à son journal intime – Le carnet en similicuir vert – sa solitude, le désastre du huis clos familial. Dévoreuse de livres et bonne élève, elle a commencé à écrire tôt.

Fascinée depuis toujours par l’Orient, ses séjours en Asie ont commencé en 1964.

Elle a exercé pendant plus de trente ans la profession de psychothérapeute indépendante.

Béatrice Corti-Dalphin a reçu de nombreux prix :

  • Société des poètes et artistes de France, Prix de poésie libérée, 1989
  • Prix de poésie libérée, 1992
  • Prix Anaïs Jacquet, 1993
  • Prix Laurent Desvignes pour « Samsara » 1995
  • Prix pour « Miettes de Bonheur », 2002
  • Grand prix de la nouvelle pour « Le thé chez Mariage », 2002

 

 

Sources :

Tabou, textes poétiques, Éditions Samizdat 2013.

– Site de la SGE (Société Genevoise des Écrivains).

 

Éditions Kadaline : la petite maison qui lutte contre la dépression

David Labrava s’exprime en français à Fribourg

David Labrava en couverture du livre Devenir un SON

Pris dans le grand tourbillon mondial qui nous induit un sentiment d’impuissance, nous autres quidams ne pouvons guère lutter contre les crises. En revanche, la lecture peut combattre la dépression. Une bataille contre la morosité, telle est la ligne suivie par les jeunes éditions Kadaline avec des livres parfois plein de romance et de positivité. Mais pas uniquement. Installées à Fribourg, en trois ans et dix-sept publications, elles sont parvenues à faire leur place dans les librairies romandes et françaises ainsi que dans le catalogue de France Loisirs. Elles s’enorgueillissent également d’avoir obtenu les droits pour la traduction en français de la biographie Devenir un SON de David Labrava. Souvenez-vous ! Dans la série américaine à succès Sons of Anarchy, de presque cent épisodes étendus sur sept saisons – la RTS l’avait diffusée dès 2009 – il jouait le rôle de Happy !

Généralistes, les éditions Kadaline ne prétendent pas découvrir le prochain Ramuz ou la prochaine Ella Maillart. En revanche, elles considèrent que chacun doit pouvoir trouver son bonheur dans la lecture. Y compris dans des genres dédaignés par quelques intellectuels comme la fantasy, la romance ou le feel-good. Elles défendent le droit de lire pour se distraire, pour s’échapper d’un monde d’un « sérieux » déprimant. Et que la littérature, tant qu’elle transmet des émotions, reste de la littérature, quel que soit son genre même si, pour d’évidents motifs de marketing, on l’a divisée en catégories afin d’aider les lecteurs à choisir ce qu’ils sont sûrs d’apprécier. Pour Kadaline un succès populaire n’est pas un tabou. Ses objectifs : publier de jolies histoires qui abordent, en toile de fond, des problématiques actuelles. Faire passer aux lecteurs des messages qui peuvent être durs, par des auteurs qui ont des choses à dire, tout en goûtant des moments agréables. Amener à la lecture des personnes dont les livres ne font pas forcément partie du quotidien. Les inciter à lire un classique après l’avoir découvert dans une trame plus actuelle. Dans cet esprit les éditions Kadaline appellent régulièrement à la réécriture d’un classique. C’est ainsi que  sous la plume de Jess Swann, une romancière belge Orgueil et Préjugés, de Jane Austen, est devenu Amour, Orgueil & Préjugés.

Kadaline en trois livres :

David Labrava : l’autobiographie

Devenir un SON, de David Labrava, nous emmène sur une route caillouteuse que l’auteur connaît bien, et dont il a surmonté les obstacles jusqu’à parvenir à la reconnaissance internationale. David Labrava ayant fait partie d’un gang, Devenir un SON est un récit parfois sombre et violent qui s’étend sur plus de quarante ans jusqu’à la rédemption de l’artiste. Ancien membre du club de motards des Hells Angels d’Oakland, David Labrava a obtenu la renommée en incarnant le rôle de Happy dans la série Sons of Anarchy dont il a également été le conseiller technique. Toutefois, en expérimentateur de la vie, il est aussi mécanicien de Harley Davidson certifié, souffleur de verre, tatoueur, producteur, réalisateur et scénariste. Devenu bouddhiste et végane l’ex bad boy, né en 1962, s’est entièrement engagé dans la défense de la cause animale.

Littérature jeunesse

Marie-Christine Horn : une plume acérée pour s’imprégner de l’allemand

Marie-Christine Horn est connue pour ses polars noirs. Après le succès de son roman Le Cri du Lièvre qui traite de la maltraitance faite aux femmes, elle vient de publier Dans l’étang de feu et de soufre, aux éditions BSN press, un brillant polar dont toute la critique salue le suspense et l’originalité. Aux éditions Kadaline, c’est un livre  jeunesse bilingue que l’on trouve d’elle : La malédiction de la chanson à l’envers. Bien que ce soit une lecture totalement adaptée pour les enfants dès 8-9 ans, c’est un récit plein d’émotions rock’n’roll, loin des mièvreries souvent écrites pour les plus jeunes. La traduction en allemand en vis-à-vis permet aux enfants, comme aux adultes, d’apprendre une langue tout en lisant une littérature divertissante et de qualité.

Quatrième de couverture :

Lundi matin, Martin n’est pas venu en classe. Il a disparu ! Le même jour que le célèbre Trash Clash, le batteur du groupe de rock School Underworld… Les amis de Martin soupçonnent un lien entre ces deux disparitions mais aucun adulte ne veut les croire… Alors Ludovic, Nathan, Julien et Line vont devoir mener l’enquête seuls contre les ondes maléfiques de School Underworld.

Romance et feel-good

Amour, bikers et football

Sur la route, de Marilyn Stellini, est une romance feel-good qui se conjugue comme une série semi-feuilletonnante. Pour l’instant deux tranches sont parues : Si je tombe et Mon âme mise à nu. La suite est en cours d’écriture. Marilyn Stellini, qui est une fan de football – pour la même maison d’édition et toujours dans le style feel-good, elle a écrit Talons Aiguilles & Ballon Rond – connaît bien le milieu des bikers où se déroule ses petits livres dans lesquels on entre pour s’évader d’un quotidien triste et morne. Toutefois dans cette série, comme dans ses autres écrits, cette ancienne étudiante en psychologie qui a fini par effectuer des études éditoriales, aime s’adonner à la critique de société. Elle n’hésite pas à aborder des thèmes tels que le burn-out, le stress ou la dépression. Lorsqu’on lui demande pourquoi une femme, avec son niveau d’études, écrit des choses que d’aucuns soupçonnent d’être de la sous-littérature, sa réponse nous éclaire : pour maîtriser ses démons. Pour rétablir un équilibre avec son côté obscur en espérant que cela puisse également servir de catharsis à ses lectrices et lecteurs. Marilyn Stellini est l’auteure de plusieurs romans, historiques ou contemporains, ainsi que de diverses nouvelles parues dans des journaux ou collectifs. Femme engagée, elle est éditrice, fondatrice du Salon du Livre Romand qui se tient à Fribourg – à présent renommé TEXTURES – et présidente du Groupe des Auteurs Helvétiques de Littérature de genre (GAHeLiG).

Quatrièmes de couverture :

Si je tombe…

Emma et Eirik souffrent du même mal. Celui de la société, perfectionniste, axée sur la performance et la réussite… Et tous deux pourraient bien être broyés par le système.

Emma, l’étudiante trop assidue, et Eirik, le DJ-producteur superstar en train de laisser sa peau au capitalisme, prennent tous les deux la route 66, la célèbre route-mère des États-Unis, pour tenter de se retrouver.

Lorsque leurs chemins se croisent, ils prennent conscience que leur salut se trouve dans leur humanité étouffée : leurs failles, leurs faiblesses, leurs peurs et leurs passions. Se faisant le miroir l’un de l’autre, ils se révèlent à eux-mêmes et acceptent de nouveau cette vie qui, parfois douloureuse, peut aussi nous réserver le meilleur.

Mon âme mise à nu

« Elle n’en revint pas. Il avait traversé le désert pour la retrouver.

Elle le toisa, lui, si beau, lui, si arrogant, et eut deux certitudes : elle allait le mener en bateau, et elle allait aimer ça. »

Stéphanie voue une haine féroce aux bikers des Motorcycle Clubs, ces gangs de hors-la-loi en motos qui lui ont pris son frère. Alors, quand l’un deux se met martel en tête de la séduire, elle y voit l’occasion de prendre sa revanche.

Qui sera gagnant, qui sera perdant, dans ce jeu dangereux ?

 

Extraits de Sons of Anarchy avec David Labrava.