Robert Desnos : surréalisme et inconscient
« Pour nous, pour nous seuls, les frères Lumière inventèrent le cinéma. Là nous étions chez nous, cette obscurité était celle de notre chambre avant de nous endormir, l’écran pouvait peut-être égaler nos rêves ». Robert Desnos appartient à la génération qui a vu naître le cinéma. Cet art comblait l’homme qui explorait le terrain de l’inconscient en compagnie de ses amis surréalistes. Les poèmes ci-dessous sont issus du recueil Domaine public, paru chez Gallimard en 1953 et réédité en 1998. Ce livre contient l’intégralité de Corps et Biens et Fortunes, les deux plus importants volumes de poésie que Desnos ait publiés lui-même de son vivant.
Robert Desnos : un autodidacte surdoué
Le poète Robert Desnos est né le 4 juillet 1900 à Paris, non loin de la Bastille. Son père était mandataire aux Halles. Après s’être longtemps ennuyé sur les bancs de ses classes, à seize ans il quitte ses parents et l’école avec pour seuls bagages un certificat d’études et un brevet élémentaire. Il multiplie les petits boulots. Après la Première Guerre mondiale, en 1918, il commence à écrire ses premiers poèmes. Il les publie dans la revue dadaïste Littérature en 1919, et en 1922, sort son premier livre, Rrose Selavy, un recueil d’aphorismes surréalistes inspirés par le personnage fictif inventé par Marcel Duchamp qu’il reprend à son compte lors des séances de sommeil hypnotique qu’il pratique avec ses amis surréalistes.
Au Maroc, où il passe ses deux années obligatoires de service militaire pour l’armée française, Desnos se lie d’amitié avec le poète André Breton. Avec les écrivains Louis Aragon et Paul Eluard, Breton et Desnos formeront l’avant-garde du surréalisme littéraire. Ils pratiquent une technique connue sous le nom « d’écriture automatique », et beaucoup considèrent Desnos comme le praticien le plus habile. Breton, dans le Manifeste du surréalisme de 1924, loue particulièrement l’habileté de Desnos. La technique consistait à se mettre en transe puis à transcrire les associations et les sauts du subconscient. Les poèmes de Desnos de cette période sont ludiques (souvent avec des jeux de mots et des homonymes), sensuels et sérieux. Les années 1920 sont une période extrêmement créative pour Desnos. Entre 1920 et 1930, il publie plus de huit recueils de poésie, dont Langage cuit (1923), Deuil pour deuil (1924), La Liberté ou l’Amour (1927) et Les Ténèbres (1927).
Robert Desnos : de la poésie à la Résistance
Peu à peu, Desnos s’éloigne des surréalistes. Breton, dans le Second Manifeste du surréalisme de 1930, ne manque pas de le lui reprocher. En vérité, Desnos s’est lassé de ses propres excès, tant dans sa vie créative que personnelle. C’est à cette époque qu’il épouse Youki Foujita, qu’il surnomme La Sirène, et qu’il commence une carrière radiophonique en tant que chroniqueur musical et créateur de slogans publicitaires pour divers médias. Ses poèmes deviennent plus directs et musicaux, tout en conservant certains de ses styles antérieurs. Tout au long de cette décennie il écrit sans relâche. En 1936, il écrit un poème par jour. Parmi les œuvres publiées à cette époque, mentionnons Corps et biens (1930) et Sans cou (1934).
En 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale, Desnos sert à nouveau dans l’armée française. Pendant l’occupation allemande, il revient à Paris. Sous des pseudonymes comme Lucien Gallois et Pierre Andier, il publie une série d’essais qui se moquent subtilement des Nazis. Ces articles, combinés à son travail pour la Résistance, conduisent à son arrestation. D’abord envoyé à Auschwitz, il est transféré dans un camp de concentration en Tchécoslovaquie. Les Alliés libèrent ce camp en 1945 mais Desnos, qui contracté le typhus, décède le 8 juin de la même année.
Sources:
-Dictionnaire des mythes du fantastique
–Domaine public, Gallimard, préface de René Bertelé
-La Nacion.com.ar
-Biografias.es
-Wikipedia
Merci pour ces poèmes qui me plongent brusquement dans mon adolescence vécue tardivement. Je ne rêve pas moins quarante ou cinquante ans après, mais parviens bien moins souvent à partager mes émotions tristes ou heureuses. Mes copains encore vivants semblent se préparer au voyage pour le ciel, ils haussent les épaules quand je leur assure que l’enfer et le paradis ce n’est pas ailleurs, et rient quand je leur dis : « N’y allez pas ! À défaut de pouvoir rester vivant pour toujours, au moment où vous décéderez faites tout ce qui est possible pour rester sur terre, ce sera toujours moins fou que l’éternité au ciel ! » L’un d’eux est prêtre, et croit encore me rassurer en me disant : « Dominic, je t’assure que la vie continue après la mort, nous serons tous ensemble main dans la main, une amitié immense qui nous permettra d’oublier toutes les larmes que nous avons versées sur terre, tu retrouveras une deuxième fois ton amie que tu aimais si fort, vous serez ensemble à jamais avec nous tous, il y aura de nouveau tous les papas et les mamans qui nous attendent !.. » Et là je sais que ce paradis il l’a déjà connu de son vivant, quand nous étions invités chez lui et qu’il se levait devant la table à thé et biscuits : « Mes amis, mon épouse, maman la mienne, ta maman mon amour… Nous sommes tous là ! » Et il regardait fixement le lustre en restant figé… Nous avions déjà posé le bout du pied au paradis, quinze secondes, sans mourir ! Ensuite nous buvions le thé en croquant les biscuits secs, et là je décidais de parler en privé à mon amie au ciel : « Peut-être que tu nous vois et nous entends, alors je voudrais te dire que je pense à toi qui riais, criais, pleurais, m’épuisais de bonheur, de chagrin, puis le lendemain je m’en voulais et te disais : « Je nous ai de nouveau fait pleurer, et toi aussi, pourquoi n’arrivons-nous pas à faire autrement ? » Quand nous étions sur terre elle me répondait : « Jamais je n’ai pu pleurer comme ça, avec personne. Je me sens si heureuse avec toi, j’en mourrai !.. » Et nous pleurions de nouveau, attachés l’un à l’autre… Mais le lendemain nous faisions une bête et joyeuse pause : Une bataille d’eau à la salle de bains, d’abord avec des verres en plastique, puis avec le saladier, puis le seau, puis la baignoire de bébé… On riait, on riait, puis je ne parvenais plus à reprendre mon souffle, elle avait encore des forces pour gagner !.. Mais pleurait subitement, épuisée aussi : On ne s’était, une nouvelle fois, pas arrêtés à temps. Ensuite on tombait endormis en trois secondes sur le lit, et une heure après, en se réveillant : « Oh ça sonne à la porte ! Oh les robinets ! On a oublié de les fermer ! »
Dominic,
Je suis heureuse si mes publications éveillent les émotions et les souvenirs de mes lecteurs.
Bien à vous.
Dunia M
Dunia M,
Alors c’est partagé, et je ne pouvais pas souhaiter mieux.
Bien à nos rêves.
Dominic D