Vous devriez vous faire vacciner

J’ai décidé d’écrire cet article car le sujet de la vaccination contre le coronavirus a été peu abordé dans les médias et sur les réseaux sociaux. Plus sérieusement, je souhaitais partager avec les personnes qui ne sont pas vaccinées quelques réflexions, notamment issues d’échanges avec mes patients. Le but est de vous encourager à vous faire vacciner, en dehors je l’espère de débats polémiques.

Quel pourcentage de la population est vaccinée ?

Selon l’OFSP, en date du 3 septembre 2021, 58.28 % de la population aurait reçu au moins une dose du vaccin, donc environ 41 % de non vaccinés. Après 18 mois d’une pandémie aux conséquences majeures, ce chiffre est à mes yeux très élevé. Un autre chiffre intéressant est celui du pourcentage de la population qui pourrait se faire vacciner et qui ne l’est pas (rappelons que les moins de 12 ans ne peuvent pas se faire vacciner). Puisqu’il y a en Suisse, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique, 8’670’300 habitants dont un peu moins de 1 millions d’enfants de 0 à 11 ans, le pourcentage de personnes vaccinées serait pour les 12 ans et plus de 65.9 %, donc 34.1 % des habitants de ce pays qui pourraient être vaccinés et qui ne le sont pas. Un tiers. Un chiffre toujours élevé.

Pourquoi vous devriez vous faire vacciner

Je commence par les professionnels de la santé. Je trouve que tous devraient être vaccinés. Chacun peut bien sûr avoir une raison particulière qui justifie de ne pas recevoir ces deux injections, mais les contre-indications sont en réalité très rares. Je trouve que pour eux la vaccination fait partie de leur travail. Pour se protéger eux-mêmes, notamment pour ne pas tomber malade et pouvoir continuer de s’occuper de leurs patients, mais surtout pour ne pas transmettre la maladie à d’autres. Je rappelle que la position qui est de dire « il suffit de vacciner les seniors et les personnes vulnérables » n’est pas juste puisque le vaccin n’offre pas une protection de 100 %, en particulier avec le variant delta.

Pour ceux qui ne sont pas professionnels de la santé, plusieurs éléments devraient à mon avis encourager les hésitants à se faire vacciner.

Argument 1, les vaccins sont sûrs. Je n’ai pas la place dans cet article de citer les nombreuses études sur cette question mais j’encourage ceux qui souhaitent en savoir plus à prendre connaissance du document Recommandations de vaccination avec des vaccins à ARNm contre le COVID-19 (état au 26.08.2021) de l’OFSP. Un document de 45 pages où vous pourrez voir que les vaccins utilisés en Suisse ont des effets secondaires mais que la balance bénéfices / risques penche très clairement en faveur de la vaccination. Une autre source d’information de qualité est l’article « Tout ce qu’il faut savoir sur la vaccination Covid-19 en Suisse » du site Heidi.news.

On entend souvent dire que ces vaccins ont été développés trop rapidement. Je comprends que l’on s’interroge à ce sujet, mais il faut tout de même reconnaître que nous avons maintenant des données de sécurité qui reposent sur des centaines de millions de doses. J’ai parfois l’impression, lorsque je parle de cette vaccination avec mes patients, que je leur propose une opération à cœur ouvert, ce n’est qu’un vaccin, mais malgré cela l’inquiétude est grande.

Il est difficile de lutter contre l’inquiétude avec des faits et des chiffres mais je dis tout de même à mes patients que, s’ils se méfient des preuves apportées par la science, leur vie va devenir très compliqué : ils peuvent se méfier de ces vaccins mais ils devront alors aussi se méfier de tous les médicaments, y compris du simple Paracetamol (tous ont suivis les mêmes procédures de certification chez Swissmedic). Pour moi, les dangers provenant de l’alimentation, pesticides et autres perturbateurs endocriniens, sont beaucoup plus dangereux.

Argument 2, maladie ou vaccin. Deuxième élément, vu la contagiosité de ce virus, en particulier du variant delta, mon sentiment est que tout le monde finira soit vacciné, soit contaminé. Même s’il est possible d’être contaminé et de n’avoir que peu ou pas de symptômes, les risques de complications sont clairement en faveur du vaccin. En plus, l’immunité est meilleure avec le vaccin qu’avec la maladie.

Argument 3, les autres. Si vous ne vous faites pas vacciner pour vous, faites-le pour les autres.

Argument 4, les hôpitaux surchargés.  La 4ème vague est là, en date du 3 septembre, les patients Covid-19 occupent 33,7% des places disponibles en soins intensifs, dont le taux d’occupation est de 80,30%.

Argument 5, les conséquences économiques et sociales de la pandémie. Je pense que la vaccination se justifie aussi pour pouvoir revivre un peu normalement, les restaurateurs, les hôteliers et de nombreux autres secteurs économiques, ayant déjà suffisamment souffert de cette pandémie. Imaginez où nous en serions si les vaccins n’existaient pas ?

Pourquoi non ?

On peut découvrir sur le site du journal le Matin une vidéo dont le sujet est « Pourquoi disent-ils «non» au vaccin? » On y entend la crainte « on ne connait pas encore les effets secondaires » mais aussi « apparemment il y a aussi des gens vaccinés qui attrapent le Covid ». Ce dernier argument est intéressant car oui des gens vaccinés peuvent attraper le Covid, en particulier avec le variant Delta, mais le risque de tomber malade est 80 fois plus faible si l’on est vacciné, le risque de développer une maladie grave est lui diminué de 95 %.

Il y a aussi l’interview de Jean-Pierre qui répond « les gens sont vaccinés et meurent, les gens meurent du vaccin » et pour appuyer ses dire « il y a une vidéo sur TikTok qui tourne, on ne peut pas la louper ». Même si TiKTok ne me semble pas être une source d’information de confiance, ces propos illustrent la méfiance de certains envers les autorités et les médias.

Rassurer

Il faut écouter ces citoyens, comprendre leurs inquiétudes et y répondre. Le but doit être de les informer de la façon la plus objective possible et, je l’espère, de les rassurer.

 

Cette vidéo est un spot TV du Ministère des Solidarités et de la Santé français qui rappelle que la grande majorité des personnes hospitalisées à cause du Covid-19 ne sont pas vaccinées (en Suisse, plus de 90 %). 

 

Coronavirus : mauvaise nouvelle, le nombre d’infections diminue

En écrivant dans le titre « le nombre d’infections diminue », je ne parle pas des maladies dues au nouveau coronavirus mais de toutes les autres. Les innombrables restrictions qui nous sont imposées dans le cadre de cette pandémie provoquent une diminution de nombreuses infections. Pourquoi alors une « mauvaise nouvelle » ? Parce que cela nous oblige à réfléchir aux limitations que nous devrons peut-être garder une fois la pandémie terminée.

Moins d’infections

L’office fédéral de la santé publique a annoncé qu’il y avait eu un tiers d’infections HIV en moins en 2020 par rapport aux années précédentes. Même si l’on pourrait craindre que ce chiffre plus bas soit la conséquence d’un dépistage plus rare, la probabilité est grande qu’il s’agisse d’une réelle diminution des infections provoquée par la difficulté actuelle que nous avons à nous rencontrer. La grippe suit pour l’instant le même chemin, le graphique des malades reste plat. J’observe la même tendance dans mon cabinet, je vois beaucoup moins d’infections, en particulier des voies respiratoires, que les années passées. Il y a bien sûr des malades, la preuve en est le nombre de tests effectués chaque jour à la recherche du SARS-CoV-2, mais les situations graves, à l’exception du COVID-19, me semblent nettement moins fréquentes.

Il est interdit d’interdire

J’ai une certaine nostalgie, probablement un peu naïve, pour les années qui ont suivi mai 68. Depuis cette époque, les limitations ont été toujours plus nombreuses. Pour ce qui est des libertés sexuelles, le SIDA a marqué une étape importante. Les restrictions sont cependant devenues beaucoup plus sévères depuis mars 2020. Même si je pense que la plupart des limitations qui nous sont imposées se justifient afin de ne pas saturer nos hôpitaux, nous devons tout de même reconnaître qu’avant le SARS-CoV-2, nous les aurions plutôt imaginées pour une dictature : ne pas se rencontrer à plus de cinq personnes, garder ses distances, porter un masque et ne pas se serrer la main. Sans oublier, pas de restaurants, pas de cinémas, pas de théâtres, pas de musées. Tristesse suprême, même les librairies sont fermées.

Quelles mesures à la fin de la pandémie ?

Si suffisamment d’habitants de notre planète acceptent la vaccination, il est possible que nous arrivions une fois au bout de cette pandémie. Quelles mesures garderons-nous alors pour éviter à l’avenir les « autres » infections ? La question est d’importance puisque, pour ne prendre comme exemple que la saison froide, les hôpitaux sont habituellement à cette époque remplis de patients souffrant des complications d’infections hivernales.

Il y aurait bien sûr l’option, certes un peu radicale, de tout garder fermé. Cette solution extrême du « pas de restaurants – pas de cinéma – pas de festival – pas de rencontres » ne sera fort heureusement pas acceptée par la population. Il s’agit de toute façon d’une mauvaise solution puisque la baisse des infections serait compensée par des problèmes psychologiques et sociaux beaucoup plus nombreux.

Quelles restrictions ?

Sans en arriver à cette solution extrême, il est possible que la pandémie génère tout de même des restrictions qui s’inscriront dans le long terme. Où sera fixée la limite ? Une question importante sera de définir si les restrictions seront uniquement imposées aux malades ou aussi aux bien-portants. Formulé autrement, va-t-on comme les Asiatiques se saluer à distance et oublier les poignées de main et autres embrassades ? Ou demandera-t-on uniquement aux grippés de porter un masque ?  Pour le reste, espérons que nous retrouverons nos libertés.

 

PS : faites-vous vacciner.

 

 

 

Pandémie SARS-CoV-2: où trouver des informations de qualité ?

Dois-je me faire dépister ? Dois-je me placer en isolement ? Quels sont les traitements efficaces ? Disposera-t-on bientôt d’un vaccin ? Nous nous posons tous d’innombrables questions sur le coronavirus. Le but de cet article est de vous donner les noms de sites de qualité où vous devriez trouver les réponses aux questions que vous vous posez.

Les premiers sites sont destinés à tous, les derniers, souvent en anglais, sont plutôt destinés à ceux d’entre vous qui ont besoin d’informations plus pointues, je pense notamment aux professionnels de la santé.

Le site de l’OFSP

La première source d’information est la page Coronavirus du site de l’Office fédéral de la santé publique. Il faut un peu fouiller mais on y trouve de nombreuses informations : des chiffres sur la situation de la pandémie en Suisse, des informations sur les mesures à suivre pour se protéger mais aussi la procédure en cas de symptômes et d’éventuelle infection. C’est aussi sur cette page que vous verrez le numéro de téléphone de l’Infoline coronavirus : + 41 58 463 00 00, ouverte tous les jours de 6 à 23h.

L’OFSP propose aussi sur son site une page « maladie, symptômes, traitement » qui vous permettra de découvrir ce que l’on sait (et ce que l’on ne sait pas) sur ce nouveau coronavirus (transmission, symptômes, évolution, traitement).

L’OFSP propose aussi une page spécifique pour les professionnels de la santé.

Coronacheck

Créé en mars 2020, Coronacheck est le fruit de l’étroite collaboration des experts de la Policlinique de Médecine Tropicale, Voyages et Vaccinations et des ingénieurs de l’équipe Informatique d’Unisanté. L’objectif de cet outil disponible en ligne est de permettre à la population et aux professionnels de la santé de recevoir en quelques clics des recommandations sur l’attitude à suivre face une situation particulière. Dois-je me faire dépister ? Dois-je m’isoler ? Coronacheck vous donnera la réponse en une minute. Cet outil est particulièrement utile face à des recommandations de prise en charge qui évoluent sans cesse.

Sur les vaccins

Vous trouverez des informations très complètes sur le développement des vaccins contre le SARS-CoV-2 sur la plateforme d’informations sur les vaccins Infovac.

Les sites des cantons

Vous trouverez aussi des informations utiles sur le site de votre canton: BerneFribourgJuraNeuchâtelGenèveValais et Vaud.

Pour aller plus loin

Plusieurs sites donnent des informations sur la prise en charge de la COVID, des sources d’information qui intéresseront particulièrement les professionnels de la santé.

Pour ce qui est des sites suisses :

Au-delà de nos frontières :

La source d’information la plus intéressante est à mon avis le site UpToDate. Cette base de données américaine propose habituellement des contenus gratuits pour le grand public mais par abonnement aux professionnels de la santé. Les pages consacrées au COVID-19 sont exceptionnellement mises à disposition de tous en libre accès. Sur le site du British Medical Journal, la page « Coronavirus disease 2019 (COVID-19) » propose un contenu proche mais qui me parait moins complet. Troisième possibilité, la page COVID-19 du Centre for Evidence-Based Medicine d’Oxford.

Pour ce qui est de la prise en charge du coronavirus, les professionnels de la santé trouveront aussi des informations sur le site des Centers for Disease Control and Prevention ou en français sur le site de l’OMS ou sur celui du Gouvernement canadien.

Cette liste n’est évidemment pas exhaustive. S’il manque une source d’information de qualité, merci de me le signaler.

Vous avez une question ?

Le Temps organise ce mardi 17 novembre de 14h à 15h un chat en ligne au cours duquel Valérie D’Acremont, infectiologue et cheffe du secteur santé numérique et globale à Unisanté, répondra à vos questions. Vous pouvez poster votre question sur la page consacrée à cet événement.

PS: Protégez-vous et protégez les autres.