La dépression mieux diagnostiquée par Instagram que par les médecins ?

 

Les photos publiées sur Instagram permettraient de diagnostiquer une dépression avec une précision de 70 %, alors que les médecins américains ne parviennent eux à diagnostiquer correctement cette affection que chez 40 % des dépressifs ? C’est la conclusion à laquelle ont abouti des chercheurs des universités du Vermont et de Harvard dont les travaux viennent d’être publiés.

 

Instagram, utile en médecine ?

Les auteurs de cette étude ont analysé 44’000 photos publiées par 166 participants, dont 71 étaient diagnostiqués comme dépressifs.  Grâce à une technique d’intelligence artificielle dite de « machine learning », les chercheurs ont réussi à identifier des critères qui permettent de diagnostiquer une dépression chez un individu avec une précision de 70 %.

Les photos publiées par les personnes souffrant de dépression sont plus souvent grisâtres, plus foncées, elles reçoivent moins de « J’aime ». Les dépressifs filtrent aussi plus fréquemment les couleurs et ne publient que rarement des photos artificiellement éclaircies.  A l’opposé, les personnes non dépressives diffusent moins de photos montrant leur propre visage et plus de clichés d’elles-mêmes entourées par des tiers.

Les scientifiques concluent leur recherche en disant que les marqueurs de dépression sont observables dans le comportement des utilisateurs d’Instagram et que ces signaux dépressifs peuvent être détectés avant même la date du premier diagnostic.

 

Vous êtes dépressif !

Si l’on peut comprendre l’utilité de tels algorithmes pour étudier les maladies au niveau d’une population, son utilisation au niveau individuel impose quelques réflexions éthiques. L’un des auteurs de cette étude semble se réjouir de la possibilité de diagnostiquer une dépression chez un individu avant même qu’il ne consulte son médecin : « Imaginez une application que vous pouvez installer sur votre téléphone et qui appelle votre médecin pour un examen médical lorsque votre comportement s’aggrave, potentiellement avant même que vous réalisiez qu’il y a un problème ».

« Bonjour, je suis le Dr Bidule, même si je ne vous ai pas vu depuis 3 ans, je vous téléphone pour vous dire que vous êtes dépressif ».

C’est Minority Report version antidépresseurs. Dans ce film de Steven Spielberg, les pouvoirs surnaturels d’individus qui voient dans le futur permettent d’arrêter les criminels juste avant qu’ils ne commettent leurs méfaits. A l’identique, diagnostiquer une dépression chez une personne qui n’a rien demandé ? Je ne suis pas sûr que cela soit une très bonne idée.

 

Votre médecin le sait, Facebook aussi

Si vous êtes dépressif, Facebook le sait. Instagram, comme WhatsApp, appartient à Facebook. Nous sommes nombreux à publier un nombre impressionnant d’informations sur chacun de ces réseaux, le croisement des données recueillies étant une mine d’or pour le groupe Facebook. Mais si ces chercheurs américains ont pu créer un algorithme qui détecte la dépression, Mark Zuckerberg peut le faire aussi. Au travers des photos publiées sur Instagram, c’est une partie de votre intimité que vous offrez au géant de Palo Alto.

 

Des informations sur les maladies psychiques sur Internet?

Oui, à l’adresse SantéPsy.ch. Vous y trouverez des informations sur les troubles anxieux, la dépression, les troubles bipolaires, la schizophrénie, les troubles addictifs, les troubles du comportement alimentaire et les troubles de la personnalité borderline

Il s’agit d’une excellente initiative, pour deux raisons en tout cas. Premièrement, car il n’est pas facile de parler de ses problèmes psychiques autour de soi, Internet permet donc de s’informer en toute discrétion. Deuxième raison, ce site est une vraie mine d’or pour celui qui recherche des informations ou de l’aide pour un problème psychique. Vous y trouverez par exemple des informations sur la détresse existentielle et le suicide mais aussi une présentation des principaux troubles psychiques .

« La santé mentale nous concerne tous. Une personne sur deux est touchée un jour ou l’autre dans sa santé psychique ».

Santépsy.ch est le fruit d’un partenariat entre les cantons romands, son objectif est d’offrir une information générale sur la santé psychique et de répertorier les offres d’aide et de soutien disponibles en Suisse romande.

 

Demander de l’aide

Le lien Que faire ? accessible depuis la page d’accueil donne des informations pratiques sur ce qui peut être fait lorsque l’on cherche de l’aide pour soi ou pour un proche, également pour les situations d’urgence.

 

Trouver une adresse

Il existe dans chaque canton des organisations qui peuvent vous aider en cas de problème psychique, la difficulté est de trouver celle qui correspond à votre besoin. SantéPsy.ch propose un moteur de recherche qui devrait vous faciliter la vie.

Le seul regret que l’on puisse avoir est que ce site ne propose pas un moteur de recherche pour trouver un thérapeute qui puisse prendre en charge ceux qui en ressentent le besoin.  Il serait très utile de pouvoir ainsi trouver un psychiatre, un psychologue ou un infirmier en psychiatrie, en sélectionnant idéalement sa spécialité et la région où l’on vit.

 

Des témoignages

Une rubrique « Témoignages » permet de se rappeler que derrière ces maladies, des individus souffrent. On peut en particulier lire les témoignages laissés par des adolescents qui ont séjourné suite à une crise suicidaire dans l’unité pour adolescents Malatavie des HUG :

« Mon séjour à Malatavie fût la seule occasion jusqu’ici d’enlever « mon masque » et de réfléchir sur ce qu’est la vie. Finalement elle vaut la peine d’être vécue ou du moins supportée ».

Oui, un site utile.