Etes-vous en bonne santé? La réponse sur Internet…

Internet répond à toutes vos questions…

On trouve sur Internet un nombre impressionnant de questionnaires santé. Ils permettent de savoir si l’on souffre d’apnées du sommeil, si l’on est à risque d’ostéoporose ou encore de déterminer si notre consommation d’alcool est à faible risque, à risque augmenté ou à risque  « très augmenté ».

Ces tests sont-ils utiles ou juste culpabilisants ? Probablement un peu des deux. Mais le but premier est bien évidemment de sensibiliser chacun de nous à ce que nous pouvons faire pour notre santé. L’objectif de ces questionnaires n’est pas d’aboutir à un diagnostic médical définitif, mais plutôt de sensibiliser à une problématique, qui pourra si nécessaire être discuté ensuite avec un professionnel de la santé.

 

Arthrose, ostéoporose et calcium…

Plusieurs tests sont disponibles sur le site de la ligue suisse contre le rhumatisme. « J’ai des douleurs articulaires, est-ce de l’arthrite ou de l’arthrose? ». Il est aussi possible sur ce site de savoir si vous êtes à risque d’ostéoporose et de calculer si vous consommez suffisamment de calcium.

La ligue suisse contre le rhumatisme propose aussi un test Quel sport avec mes douleurs? ». Une démarche ingénieuse puisque l’activité physique adaptée est souvent un très bon remède face aux douleurs chroniques.

 

Anormalement fatigué ? Manque de souffle ?

Si vous êtes souvent fatigué(e) la journée, que vous ronflez et que vous faites des arrêts respiratoires la nuit, vous souffrez peut-être d’un syndrome d’apnées du sommeil. Faites le test proposé par la ligue pulmonaire.

Les fumeurs peuvent développer une atteinte pulmonaire qui porte le nom de bronchopneumopathie chronique obstructive, abrégé « BPCO ». Le terme de « bronchite chronique » est souvent utilisé même si BPCO et bronchite chronique ne recouvrent pas exactement la même réalité. Vous toussez, vous manquez de souffle?

Les asthmatiques pourront eux savoir si leur asthme est bien contrôlé.

 

Que pouvez-vous faire pour maintenir votre risque de cancer au plus bas?

La ligue suisse contre le cancer propose un « Parcours Prévention » dont l’objectif est de vous dire ce que vous  pouvez faire pour maintenir votre risque de cancer au plus bas. Vous pourrez y lire : « Le Parcours Prévention couvre tous les aspects de la prévention du cancer; les thèmes et les questions sont conçus en fonction de vos caractéristiques personnelles et l’évaluation vous donne des informations et des conseils sur mesure ». 

 

Alcool, stress, tabac et excès pondéral…

Le site Alcochoix.ch permet de connaître exactement la quantité d’alcool que vous consommez. Vous pourrez  aussi sur ce site savoir si votre consommation d’alcool est à faible risque, à risque augmenté ou à risque  « très augmenté ».

Le site stop-alcool.ch propose lui des tests qui vous permettront d’évaluer « votre façon de boire ».  Où en êtes-vous avec l’alcool ? Quelles sont vos habitudes de consommation ? Qu’est-ce qui vous motive à boire ?

Les fumeurs trouveront leur bonheur sur le site stop-tabac.ch. Ils pourront tester leur dépendance à la cigarette mais aussi savoir ce qu’il gagnerait financièrement en arrêtant de fumer. Un test permet également de savoir s’ils sont à risque de prendre du poids au moment de l’arrêt du tabac.

Avez-vous des kilos en trop? Si oui, votre santé en souffre-t-elle? A part le poids du corps, la répartition de la masse graisseuse détermine aussi dans quelle mesure votre poids met votre santé en danger. Le site de la Société Suisse de Nutrition vous permettra de calculer votre indice de masse corporel.

Le site stress-no-stress.ch permet d’évaluer votre niveau de stress.

 

Image. Etes-vous alcoolisé ? Il n’est pas toujours facile de mettre la croix au bon endroit…
Etes-vous alcoolisé ? Il n’est pas toujours facile de mettre la croix au bon endroit…

 

Quel est votre âge cardiaque ?

La fondation Suisse de Cardiologie propose sur son site Internet de déterminer en une dizaine de minutes votre risque cardio-vasculaire et votre âge cardiaque. On peut y lire : « Vous voulez faire quelque chose pour votre santé ? Vous avez bien raison car votre santé cardio-vasculaire dépend largement de vous.

 

Des ressources de médecine préventive

Au-delà de ces tests, ceux qui le souhaitent trouveront sur le site de la Policlinique médicale universitaire de Lausanne de nombreuses ressources de médecine préventive. Destiné en premier lieu pour les médecins de famille pour les soutenir dans leur travail de prévention et de dépistage, il comporte des liens vers des sites destinés aux patients. Pour chaque thème (activité physique, alimentation, dépression, exposition solaire, etc.) sont proposés des sites Internet de qualité, sélectionnées par des médecins.

 

Avant d’aller chez le médecin, préparer sa consultation?

Préparer une consultation, une étrange idée…

L’idée peut paraître saugrenue, en réalité elle ne l’est pas tant que ça. Avant d’aller chez un professionnel de la santé, schématiquement, il  y a deux façons de procéder. La première, la plus simple, vous ne préparez rien, vous racontez à votre médecin votre ou vos problèmes de santé, sans avoir particulièrement  réfléchi à ce que vous alliez dire. La deuxième, plus élaborée, consiste à préparer les questions et  sujets que vous souhaitez aborder.

Si la première méthode est certainement suffisante pour des problèmes de santé aigus (« j’ai la grippe depuis ce matin »), une méthode plus réfléchie sera mieux adaptée aux consultations plus complexes, que ce soit le suivi d’une affection chronique ou le désir du patient d’aborder plusieurs problèmes de santé lors d’une unique consultation.

Certains de mes patients notent sur un petit bout de papier les sujets qu’ils souhaitent aborder ; ce travail préparatoire rend souvent la consultation plus facile (sauf quand la liste est vraiment trop longue…). Je les sens parfois un peu gênés au moment de sortir leur papier, c’est pourtant de la part du patient un signe d’investissement qui doit être reconnu.

 

Le blog d’une patiente

J’ai découvert la position d’une patiente sur ce sujet en lisant, sur son blog,  un article intitulé Pourquoi je lis des blogs de médecine. On peut y lire :

En lisant des blogs de médecin, j’ai découvert des histoires d’autres patients, plus ou moins pénibles. Et surtout, j’ai découvert comment le médecin réagissait à ces autres patients.

Cela m’a donné un regard différent sur les médecins eux-mêmes. J’avais peur des médecins, les histoires racontées çà et là sur la toile m’ont donné confiance : les médecins sont humains, ils font des erreurs mais ils essaient de bien faire.

J’ai beaucoup questionné également mon propre comportement de patiente. Depuis que je me documente sur les blogs et twitter de médecine, j’essaie notamment :

  • De ne pas consulter pour rien.
  • A l’inverse, de ne pas caser 50 motifs de consult en même temps – je reviendrai une autre fois pour parler de mes genoux douloureux ou de mes allergies bizarres.
  • De ne pas exiger un rendez-vous urgent quand ça traîne depuis des jours (voire des années – j’ai attendu quatre ans avant de consulter pour un souffle au cœur lalala).
  • D’être à l’heure (mais d’apporter de la lecture parce que je sais qu’ils seront à la bourre).
  • De ne pas demander d’antibiotiques pour rien… et de lever un sourcil interrogateur si on m’en prescrit.
  • De donner d’emblée tous mes motifs de consultation (sinon, on parle de «consultations de seuil », et c’est chiant pour le médecin).
  • Et depuis cette note où Jaddo parle du pipi d’un de ses patients, j’essaie de donner plus des détails à mon médecin quand il me pose des questions (mais parfois je galère – et dans ce cas, j’attends du médecin qu’il soit indulgent, pas comme cette gynéconasse qui m’a engueulée parce que j’avais oublié certains détails de ma vie sexuelle tout juste naissante).

Et maintenant que je suis franche, succincte et directe avec mon médecin traitant, ça se passe beaucoup mieux entre nous.

Intéressant, non ? On peut même espérer que la gynécologue en question lise des blogs de patients…

 

Pour que les patients et les professionnels de la santé fassent équipe

Les Canadiens sont eux allés plus loin, en créant un projet dont l’objectif principal est justement d’améliorer la communication soignant – soigné. Vous pourrez découvrir sur le site DiscutonsSante.ca qu’il s’adresse aux patients mais aussi aux professionnels de la santé. Vous pourrez apprendre, par exemple, la signification de l’acronyme PIVO qui présente  les quatre compétences qui feront d’un patient un meilleur communicateur : Préparez-vous, Informez-vous, Vérifiez, Osez. L’idée qui sous-tend ce projet est aussi de contribuer à une plus grande autonomie des patients dans la gestion de leur maladie, en particulier pour les maladies chroniques.

Une partie du site est destinée aux professionnels de la santé, avec pour eux aussi l’objectif d’améliorer leurs compétences de communication.

Comme le rappelle DiscutonsSante.ca, « chaque rendez-vous médical est un échange entre deux experts: le médecin, expert des connaissances médicales et vous, expert de votre propre situation ».

 

Dans votre tête ou sur un petit bout de papier

Si avant votre prochain contact avec un professionnel de la santé, vous préparez dans votre tête ou sur un petit bout de papier les sujets que vous souhaitez aborder, l’écriture de cet article n’aura pas été inutile : vous êtes l’expert de votre santé !

 

Communiquer par courrier électronique avec son médecin?

Mon expérience

Je communique quotidiennement avec mes patients par courrier électronique, je ne pourrais simplement plus m’en passer. Mes patients l’utilisent pour me poser des questions ou pour me donner des nouvelles. J’utilise l’e-mail pour leur transmettre les résultats de leur prise de sang ou le rapport d’un spécialiste consulté.

Pour moi, le courrier électronique est un bon complément à la consultation et au téléphone. Si l’échange par téléphone à l’avantage de permettre une interaction directe, le mail a celui  de pouvoir être envoyé et lu  à n’importe quel moment. J’ai le sentiment que cela permet à mes patients de me poser des questions pour lesquelles ils ne me dérangeraient pas par téléphone.  Je suis aussi convaincu qu’un patient comprendra mieux les informations médicales que je lui envoie par mail s’il peut les lire et les relire plutôt que si je les lui transmets uniquement oralement par téléphone (analyses sanguines, rapport de radiographie, rapport de spécialiste, etc.).

Pour que l’utilisation du courrier électronique à des fins médicales soit sans danger, plusieurs règles doivent être respectées. C’est pour cette raison qu’au bas de chacun des mails que j’envoie figure un lien vers des règles d’utilisation du courrier électronique , règles inspirées de recommandations officielles.

 

L’utilisation du courrier électronique en Europe

Il n’existe à ma connaissance pas de chiffres sur l’utilisation du courrier électronique entre médecins et patients en Suisse. Au niveau européen, une étude basée sur des chiffres de 2011 montre que la situation varie fortement d’un pays à l’autre, de 50.7 % d’utilisation au Danemark à 18.7 % en France. Les auteurs concluent en disant que la faible utilisation du courrier électronique dans certains pays ne reflète souvent pas un manque d’intérêt mais la présence de barrières, techniques ou légales. La situation semble évoluer avec le temps puisqu’un sondage effectué en France en 2015 auprès de 1042 médecins montre un taux d’utilisation de 72 %, très éloigné du 18.7 % de l’étude européenne. Il faut cependant souligner que pour la majorité de ces médecins, l’échange de courrier avec leurs patients n’est pas encore une pratique quotidienne, 11 % déclarant l’utiliser souvent, 61 % parfois.

 

Une pratique utile ?

Une étude publiée en 2015 portant sur 1041 patients souffrant d’affections chroniques en Caroline du Nord apporte des chiffres intéressants : 32 % des patients déclarent que l’utilisation du courrier électronique améliore leur santé, 67 % répondent que cela n’est ni positif, ni négatif, seul 1 % affirme que l’utilisation du courrier électronique a un impact négatif. 46% des personnes interrogées ont déclaré utiliser le courrier électronique comme premier moyen de pour contacter leur médecin. Parmi ceux qui échangent par mail avec leur médecin, 36 % affirment que cela réduit pour eux le nombre de visites au cabinet.

La source d’informations la plus intéressante sur les avantages et dangers de l’utilisation du courrier électronique entre soignant et soigné est certainement l’article Should patients be able to email their general practitioner? publié en 2015 dans le British Medical Journal. Un médecin en faveur de l’utilisation du courrier électronique  et un autre contre cette pratique  s’opposent, chacun citant les études qui appuient sa position.

Pour ce qui est des arguments positifs, on y apprend que « les études effectuées  n’ont pas montré que l’utilisation du courrier était dangereuse, même si des études de qualité manquent encore ». Un autre point me paraît essentiel, les études qui se sont intéressées à l’avis des patients montrent que la satisfaction des patients qui échangent avec leur médecin par mail est généralement élevée, un élément important.

Il est surprenant de découvrir que personne ne mentionne le fait que l’email peut être envoyé à plusieurs destinataires simultanément, une option très utile pour une médecine qui fonctionne toujours plus en réseau.

Pour ce qui est des arguments contre l’utilisation de l’e-mail, on retiendra le fait qu’aucune étude n’a montré que son utilisation avait un impact sur la santé des patients. Mais aussi le fait que le téléphone, qui permet un échange immédiat, lui serait supérieur. Des arguments, pour être honnête, qui ne m’impressionnent pas beaucoup.

Un argument négatif doit par contre être pris au sérieux, le risque pour le médecin d’être noyé sous les e-mails, au risque de surcharger des journées déjà bien remplies.

 

« Certains matins, j’avais jusqu’à 50 mails à traiter… »

Une jeune généraliste française épuisée a récemment dû prendre des mesures radicales  pour survivre, elle a notamment décidé de fermer sa messagerie électronique :

 « Certains matins, j’avais jusqu’à 50 mails à traiter, des patients qui m’envoyaient une photo de leur panaris et qui me demandaient une ordonnance à récupérer le midi… C’était devenu impossible ».

Cet exemple, même s’il dénonce une situation qui va bien au-delà de la problématique du courrier électronique, rappelle aux patients qui souhaitent communiquer par mail avec leur médecin que cela implique le respect de certaines règles et aux médecins qui se lancent dans l’aventure que cela prend du temps.