Après les excès de fin d’année, que consommer pour purifier votre organisme ?
Le texte ci-dessous est largement inspiré d’une série de tweets publiés par Asclépios, le président du collectif Fakemed, une association dont le but est la promotion de la médecine, des soins, et des thérapeutiques, fondées sur les preuves scientifiques.
Merci à lui de m’avoir autorisé à publier ses recherches sur les aliments détox. Ci-dessous, en italique, une reprise de ses tweets:
J’ai découvert en cherchant sur Google que tous les aliments sont « détox » sans aucune exception.
Le Kaki qui est un peu méconnu, exotique mais assurément détox. La banane est aussi détox. Si vous aimez les courges, rassurez-vous, elles sont aussi détox. Les patates ? Aussi.
La choucroute est également un aliment détox. Mais à priori, il faut enlever la viande (quoique certains sites disent qu’avec la viande ce serait détox quand même).
Si vous avez carrément renoncer à manger des trucs comestibles, il y a aussi de nombreuses recettes à base de cactus. Vous pouvez aussi sucer le jus d’un arbre quelconque : sapin, bouleau ou un arbre indien vaguement mystérieux.
Il n’y a pas que les plantes qui vous entourent qui soient toutes détox, il y a aussi des vêtements détox.
Ce qui est rigolo, c’est le laïus selon lequel il faudrait utiliser différents aliments en “smoothies” ou en “jus” étiquetés détox pour transformer notre corps en station d’épuration. Sous l’apparence d’un discours santé est discrètement suggérée l’idée que l’intoxication de votre corps vient du monde extérieur.
Je vous rappelle simplement que votre foie et vos reins n’ont pas besoin de vous pour éliminer les toxines. Que les régimes restrictifs et ultra sélectifs sont juste des moyens de capter des gens vulnérables et de vous faire faire des achats inutiles.
Et que systématiquement, ils servent de vitrines à des vendeurs de compléments alimentaires bio. Ou de labos peu scrupuleux qui vous fournissent les produits pour nourrir votre volonté de devenir un centre de recyclage de déchets.
Un véritable “effet de mode” marketé par des pseudothérapeutes qui vous inventent une intoxication pour justifier leur laïus et les séances qu’ils vous proposent.
Un business grotesque et fleurissant sur la crédulité des gens que le Figaro a dénoncé récemment.
Le collectif Fakemed est un groupe de professionnels de santé aux spécialités et aux modes d’exercice très divers. Leur point commun est de penser que la médecine doit adapter ses pratiques aux faits, ils cherchent à diffuser ces faits en la vulgarisant via des vidéos Youtube, des blogs, ou encore par le biais des réseaux sociaux.
En 2018, ce collectif a publié dans le Figaro une tribune dont le titre était « Comment agir contre les Fake Médecines ? » (texte reproduit ici).Le débat entraîné par la publication de cette tribune a mené ce collectif à créer une association, ouverte à tous, qui a pour objet la promotion de la médecine, des soins, et des thérapeutiques, fondées sur les preuves scientifiques et la lutte active contre les pratiques de soins non scientifiques, déviantes, délétères, aliénantes ou sectaires.
Ce mouvement ne s’est malheureusement pas étendu à la Suisse. En Helvétie, on n’entend que le silence des professionnels de la santé et des autorités. Aucun questionnement. Aucune information ni mise en garde des citoyens, ni pour les cure détox, ni pour les nombreuses thérapies douteuses qui essaiment sur le web.
Un smoothie cactus ?
A lire aussi:
- sur ce blog, sur la question de la mauvaise qualité de l’information santé sur Internet, l’article “Le fossé qui sépare la connaissance scientifique et les croyances des patients est-il en train de s’élargir ?
- sur le blog du Dr Dominique Dupagne, un article sur l’opposition médecine allopathique / médecine complémentaire: les homéopathes dépassent les bornes.