Doit-on continuer à publier sur les réseaux sociaux ?

 

Ok, la question est naïve.

La quantité d’informations que les géants de l’Internet accumulent sur nous est pourtant effrayante. Doit-on continuer à leur offrir nos données personnelles ?

Quelques chiffres pour planter le décor :

  • Max Schrems est un étudiant autrichien qui se bat contre Facebook pour le respect de la vie privée. Il a récupéré les données que Facebook gardait sur lui: 1222 pages, y compris des informations qu’il croyait avoir supprimées.
  • Judith Duportail est une journaliste parisienne qui a utilisé l’application de rencontre Tinder pendant 4 ans. Elle a demandé les données accumulées sur elle par l’entreprise américaine et a reçu près de 800 pages de détails sur sa vie : des likes Facebook aux photos Instagram, en passant par ses préférences, son âge, son éducation ainsi bien sûr que tous les messages échangés au cours de ces années.

Dans un article intitulé « Pourquoi la puissance des empires de la technologie inquiète » et publié dans votre journal préféré, on pouvait lire le texte suivant :

C’est un réseau social qui accapare plus de cinquante minutes par jour à chacun de ses 2 milliards d’utilisateurs. C’est un moteur de recherche qui répond à plus de 60’000 requêtes chaque seconde. C’est un site web qui ne vendait au début que des livres et qui désormais loue vingt Boeing 767. C’est une société fondée en 1975 qui fait encore aujourd’hui tourner plus d’un milliard d’ordinateurs avec ses systèmes. Et c’est enfin un vendeur de smartphones de luxe qui détient 261,5 milliards de dollars en cash. Facebook, Google, Amazon, Microsoft et Apple. 

Tous ces groupes pillent nos données et cela ne concerne pas que les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) mais toutes les plateformes : YouTube, Airbnb, Uber, Spotify et de nombreuses autres à l’image de WhatsApp qui annonçait sur son blog en juillet dernier ces chiffres impressionnants : 1,3 milliard d’internautes actifs chaque mois dans le monde et chaque jour, 55 milliards de messages, 4,5 milliards de photos et 1 milliard de vidéos envoyés depuis l’application.

Dois-je vous rappeler que WhatsApp, comme Instagram d’ailleurs, appartient à Facebook. Se cacherait-il sous la gueule d’ange de Mark Zuckerberg un diable numérique ?

Ces plateformes utilisent nos données pour nous proposer des publicités ciblées mais elles les vendent aussi à des tiers.  Facebook n’est plus un réseau social, Google n’est plus un moteur de recherche, ce sont devenus des agences de publicité.

Sur ces plateformes, nous ne sommes plus des utilisateurs mais des fournisseurs de données. Oui, il aurait fallu lire les conditions générales d’utilisation avec de cliquer sur « j’accepte » mais lorsque l’on sait qu’il faut 30 jours par an pour les lire, cela limite tout de suite notre enthousiasme.

Vous vous direz sans doute que les données accumulées sur vous ne permettent pas aux géants de l’Internet de savoir des choses intimes sur vous ? Dans un récent article de ce blog, je présentais une étude qui démontrait que l’analyse des photos postées sur Instagram permettait de déterminer si une personne était dépressive, avec plus de précision qu’un médecin. Simplement à partir de photos.

C’est dans ce cadre que le Conseil National du Numérique français vient de lancer une consultation sur « la confiance à l’ère des plateformes numériques ». Je vous invite à regarder cette vidéo (3 minutes 21).

 

 

Offrir nos données aux géants du Net, une question naïve ?

A lire sur Le Temps :

 

La dépression mieux diagnostiquée par Instagram que par les médecins ?

 

Les photos publiées sur Instagram permettraient de diagnostiquer une dépression avec une précision de 70 %, alors que les médecins américains ne parviennent eux à diagnostiquer correctement cette affection que chez 40 % des dépressifs ? C’est la conclusion à laquelle ont abouti des chercheurs des universités du Vermont et de Harvard dont les travaux viennent d’être publiés.

 

Instagram, utile en médecine ?

Les auteurs de cette étude ont analysé 44’000 photos publiées par 166 participants, dont 71 étaient diagnostiqués comme dépressifs.  Grâce à une technique d’intelligence artificielle dite de « machine learning », les chercheurs ont réussi à identifier des critères qui permettent de diagnostiquer une dépression chez un individu avec une précision de 70 %.

Les photos publiées par les personnes souffrant de dépression sont plus souvent grisâtres, plus foncées, elles reçoivent moins de « J’aime ». Les dépressifs filtrent aussi plus fréquemment les couleurs et ne publient que rarement des photos artificiellement éclaircies.  A l’opposé, les personnes non dépressives diffusent moins de photos montrant leur propre visage et plus de clichés d’elles-mêmes entourées par des tiers.

Les scientifiques concluent leur recherche en disant que les marqueurs de dépression sont observables dans le comportement des utilisateurs d’Instagram et que ces signaux dépressifs peuvent être détectés avant même la date du premier diagnostic.

 

Vous êtes dépressif !

Si l’on peut comprendre l’utilité de tels algorithmes pour étudier les maladies au niveau d’une population, son utilisation au niveau individuel impose quelques réflexions éthiques. L’un des auteurs de cette étude semble se réjouir de la possibilité de diagnostiquer une dépression chez un individu avant même qu’il ne consulte son médecin : « Imaginez une application que vous pouvez installer sur votre téléphone et qui appelle votre médecin pour un examen médical lorsque votre comportement s’aggrave, potentiellement avant même que vous réalisiez qu’il y a un problème ».

« Bonjour, je suis le Dr Bidule, même si je ne vous ai pas vu depuis 3 ans, je vous téléphone pour vous dire que vous êtes dépressif ».

C’est Minority Report version antidépresseurs. Dans ce film de Steven Spielberg, les pouvoirs surnaturels d’individus qui voient dans le futur permettent d’arrêter les criminels juste avant qu’ils ne commettent leurs méfaits. A l’identique, diagnostiquer une dépression chez une personne qui n’a rien demandé ? Je ne suis pas sûr que cela soit une très bonne idée.

 

Votre médecin le sait, Facebook aussi

Si vous êtes dépressif, Facebook le sait. Instagram, comme WhatsApp, appartient à Facebook. Nous sommes nombreux à publier un nombre impressionnant d’informations sur chacun de ces réseaux, le croisement des données recueillies étant une mine d’or pour le groupe Facebook. Mais si ces chercheurs américains ont pu créer un algorithme qui détecte la dépression, Mark Zuckerberg peut le faire aussi. Au travers des photos publiées sur Instagram, c’est une partie de votre intimité que vous offrez au géant de Palo Alto.

 

Pour arrêter de fumer, Internet, Facebook ou une application sur votre smartphone ?

 

Longtemps considéré comme un produit d’agrément, le tabac doit aujourd’hui être reconnu avant tout comme une drogue. En Suisse, près de deux millions de personnes fument et chaque année plus de 9’000 personnes meurent prématurément des conséquences du tabagisme. Environ 25 décès par jour. Trop, beaucoup trop.

 

J’arrête de fumer

Arrêter de fumer est difficile. Il est donc essentiel de pouvoir proposer aux fumeurs différents chemins pour y arriver. Aux prises en  charge traditionnelles faites par les professionnels de la santé, de nouvelles solutions sont apparues ces dernières années. La eSanté (Internet, médias sociaux) et la mSanté (applications pour smartphones)   offrent de nouvelles perspectives.  Comme le montre une étude réalisée auprès de 1000 fumeurs aux USA et en Grande-Bretagne, Internet et les médias sociaux permettent de toucher des personnes qui a priori ne pensaient pas forcément arrêter de fumer.

 

Internet

Le site Stop-tabac.ch est une mine d’or pour le fumeur à la recherche d’informations. Créé par  l’Institut de Santé Globale (Faculté de Médecine, Université de Genève), il répondra à toutes vos questions : conseils pour arrêter de fumer, gérer le manque, conseils anti-rechute, médicaments pour faciliter l’arrêt, la cigarette électronique, risques et maladies liées au tabac, etc.  Sur Stop-tabac.ch, vous pourrez discuter avec d’autres fumeurs et ex-fumeurs sur un forum de discussion mais aussi recevoir des conseils personnalisés fournis par un coach virtuel.

 

Les applis stop-tabac pour Android et iOS

Stop-tabac propose aussi des applications pour iOS et Android qui donnent gratuitement des conseils personnalisés. Les possesseurs d’iPhone pourront simplement télécharger l’application sur iTunes. Pour les possesseurs de smartphones sous Android, il faut pour accéder à l’application participer à une étude d’évaluation .

Ceux et celles qui souhaitent arrêter de fumer avec le soutien d’un proche pourront télécharger l’application SmokeFree Buddy proposée dans le cadre de la campagne de prévention du tabagisme de l’Office fédérale de la santé publique.

 

Facebook, le 20 mars, un défi sans précédent lancé dans 6 cantons romands

Un défi sans précédent est lancé dans 6 cantons romands : amener des milliers de personnes à arrêter de fumer, ensemble, le premier jour du printemps. Testée en Valais où elle a rencontré un  grand succès, la méthode s’appuie sur la force des réseaux sociaux. Tous les jours, durant 6 mois, les candidats à l’arrêt reçoivent chaque matin des conseils qui les aident à se débarrasser de leur addiction. Mais surtout, ils forment une communauté virtuelle où chacun peut partager son expérience, et obtenir du soutien de la part d’autres participants, ainsi que de spécialistes de la désaccoutumance.

Le Prof. Jacques Cornuz, directeur de la Policlinique médicale universitaire de Lausanne et expert du domaine,  estime que cette approche est attractive et a une potentialité,  même si des études scientifiques devront encore venir déterminer précisément son efficacité. Pour le Prof.  Cornuz, le fumeur est le mieux placé pour déterminer la méthode qui lui convient parmi celles qui ont prouvé leur efficacité.

« Le plus grand succès de J’arrête de fumer est sans doute d’amener des fumeurs qui n’avaient pas l’intention d’arrêter de fumer à initier une démarche d’arrêt et à échanger sur le sujet » commente Alexandre Dubuis, coordinateur romand  du programme ».

Pour s’inscrire ? Très simple, il suffit de « liker » la page de votre canton.

Bon courage aux futurs ex-fumeurs…

 

Panneau_400_250Si vous utilisez une application sur votre smartphone, faites attention en traversant la route…