Deux questions : Que sait-on sur ce vaccin ? Devez-vous vous faire vacciner ?
Que sait-on ?
L’autorisation. L’institut suisse des produits pharmaceutiques SwissMedic a annoncé ce 19 décembre que le vaccin de Pfizer/BioNTech était désormais autorisé en Suisse. Les données disponibles font état d’une efficacité élevée, comparable dans tous les groupes d’âges étudiés. Il s’agit de la première autorisation mondiale de ce vaccin dans le cadre d’une procédure ordinaire et non urgente.
Combien de doses seront disponibles ? Les 100’000 premières doses seront livrées encore en décembre, Pfizer livrera ensuite 250’000 doses par mois à la Confédération.
Son nom. Ce vaccin à ARN messager dont le nom scientifique est BNT162b2 aura comme nom commercial Comirnaty.
Son efficacité. La protection vaccinale est supérieure à 90% sept jours après la seconde injection. Les résultats de la phase 3 ont été publiés le 10 décembre dans le New England Journal of Medicine (la phase 3 d’une étude représente une étape où le produit est testé chez un grand nombre d’individus, la moitié reçoit le vaccin, l’autre un placebo, sans que ni le patient, ni l’examinateur ne sachent qui a reçu quoi).
Son prix. La vaccination sera gratuite pour la population.
Qui pourra être vacciné ? La Commission fédérale pour les vaccinations et l’Office fédéral de la santé publique ont établi la liste des priorités :
- Les personnes vulnérables (hormis les femmes enceintes).
- Le personnel de santé en contact avec des patients et le personnel accompagnant les personnes vulnérables.
- Les contacts étroits (membres du ménage) des personnes vulnérables.
- Les personnes résidant dans une institution communautaire qui présente un risque d’infection et un potentiel de flambée (p. ex. institutions pour personnes handicapées) ainsi que le personnel.
- Tous les autres adultes qui voudraient se faire vacciner.
Le vaccin n’est pas recommandé pour les enfants de moins de 16 ans, les données d’efficacité pour cette tranche d’âge étant jugées insuffisantes. Pour les personnes ayant déjà été contaminées par le SARS-Cov-2, une vaccination sera probablement recommandée 3 mois après la maladie (puisque que l’on sait que la maladie offre une protection de 3 à 6 mois, voire plus).
Ses effets secondaires. Comme vous pourrez le lire dans un article d’Heidi.news publié ce 19 décembre, ce vaccin est globalement très bien toléré. Comme pour d’autres vaccins, les effets secondaires les plus fréquents sont de type inflammatoire, locaux (douleur et rougeur au point d’injection) ou généraux (fièvre, fatigue, maux de tête, courbatures, etc.). Leur durée est de 1 à 3 jours en moyenne.
La FDA, l’équivalent américain de Swissmedic, recommande de suivre la survenue de paralysies de Bell (une paralysie faciale qui dure plusieurs mois), certains cas ayant été relevés à une fréquence très faible (4 cas sur 18’000), ce qui ne permet pas de savoir s’ils sont liés ou non au vaccin. Comme un peut le lire dans cet article, le principal point de vigilance en matière de sécurité concerne le risque, rarissime mais attesté sur une poignée de personnes, de réaction allergiques sévère, de type choc anaphylactique.
Vous hésitez ?
Les vaccinations ont permis de contrôler des maladies qui étaient autrefois fréquentes en Suisse, comme le tétanos, la poliomyélite, la diphtérie, la coqueluche, la rougeole, la rubéole, les oreillons, l’hépatite B et certaines formes graves de méningites. Les vaccins représentent donc un des outils les plus puissants de la médecine préventive.
Même si je ne demande pas à tout le monde de croire à l’innocuité des vaccins, je suis tout de même surpris de la crainte qu’ils inspirent. J’ai personnellement plus d’interrogations pour les pesticides et autres perturbateurs endocriniens que pour les vaccins, qui en fait ne font que provoquer au sein de l’organisme la production d’anticorps, un mécanisme somme toute naturel. Certains peuvent bien sûr craindre les effets secondaires, ceux-ci sont en réalité rares.
La balance entre les bénéfices et les effets secondaires des vaccins peut être illustrée avec cette image assez forte : ne pas vacciner un enfant contre une malade potentiellement grave en raison de la crainte des effets secondaires, c’est comme de ne pas attacher un enfant dans une voiture de peur qu’il ne se blesse avec la ceinture de sécurité.
Malgré cela, il est juste de s’interroger sur la balance bénéfices / risques de ce vaccin contre le coronavirus : il a été développé très rapidement, avec une technologie nouvelle, pour une maladie qui est pour les plus jeunes souvent bénigne.
Le Dr Alessandro Diana, pédiatre et expert en vaccinologie, a publié avec des collègues un article passionnant sur la « vaccino-hésitation ». Cette publication ne porte pas sur la vaccination contre le coronavirus mais sur les vaccins en général. On y apprend que 70 personnes sur 100 acceptent la vaccination. Parmi les 30 autres, 28 personnes sont indécises et 2 sont convaincues de leur position anti-vaccinale. On y découvre les facteurs qui renforcent la vaccino-hésitation et quelques pistes pour y répondre. Pour le dire de façon simplifiée, on ne convainc pas avec des données factuelles (efficacité du vaccin, innocuité, etc.) mais plutôt au travers d’une écoute et d’un échange avec le patient.
J’ai demandé à quelques-uns de mes patients s’ils avaient l’intention de se faire vacciner. Les seniors répondent le plus souvent positivement. Ils souhaitent même pouvoir se faire vacciner dès que possible. Ils ont peur d’être contaminés, ils craignent les conséquences potentiellement graves de l’infection et aimeraient pouvoir revivre « normalement ». Chez les plus jeunes, la réponse est beaucoup plus nuancée.
Devez-vous vous faire vacciner ?
Vous seul pouvez répondre à cette question. Vous devez vous informer mais en utilisant des sources d’information fiables (attentions aux réseaux sociaux…). Si vous êtes âgé ou faites partie des personnes vulnérables, je pense que la réponse devrait être oui. Si vous êtes en contact avec des patients et des personnes vulnérables, la réponse est certainement oui aussi. Pour les femmes enceintes et les moins de 16 ans, non (en tout cas avec ce vaccin en raison des données disponibles actuellement). Pour les plus jeunes ? La maladie est le plus souvent bénigne mais certains pourraient souhaiter le vaccin pour éviter la forme longue de la maladie.
Au-delà de ces considérations, il existe certainement une raison qui justifie que nous soyons nombreux à nous faire vacciner : on en a tous marre de ce virus.
Pour en savoir plus
Consultez le site Infovac, la plateforme d’informations sur les vaccins, qui propose une page consacrée au COVID-19, très complète et actualisée en permanence.
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