Coronavirus : mauvaise nouvelle, le nombre d’infections diminue

En écrivant dans le titre « le nombre d’infections diminue », je ne parle pas des maladies dues au nouveau coronavirus mais de toutes les autres. Les innombrables restrictions qui nous sont imposées dans le cadre de cette pandémie provoquent une diminution de nombreuses infections. Pourquoi alors une « mauvaise nouvelle » ? Parce que cela nous oblige à réfléchir aux limitations que nous devrons peut-être garder une fois la pandémie terminée.

Moins d’infections

L’office fédéral de la santé publique a annoncé qu’il y avait eu un tiers d’infections HIV en moins en 2020 par rapport aux années précédentes. Même si l’on pourrait craindre que ce chiffre plus bas soit la conséquence d’un dépistage plus rare, la probabilité est grande qu’il s’agisse d’une réelle diminution des infections provoquée par la difficulté actuelle que nous avons à nous rencontrer. La grippe suit pour l’instant le même chemin, le graphique des malades reste plat. J’observe la même tendance dans mon cabinet, je vois beaucoup moins d’infections, en particulier des voies respiratoires, que les années passées. Il y a bien sûr des malades, la preuve en est le nombre de tests effectués chaque jour à la recherche du SARS-CoV-2, mais les situations graves, à l’exception du COVID-19, me semblent nettement moins fréquentes.

Il est interdit d’interdire

J’ai une certaine nostalgie, probablement un peu naïve, pour les années qui ont suivi mai 68. Depuis cette époque, les limitations ont été toujours plus nombreuses. Pour ce qui est des libertés sexuelles, le SIDA a marqué une étape importante. Les restrictions sont cependant devenues beaucoup plus sévères depuis mars 2020. Même si je pense que la plupart des limitations qui nous sont imposées se justifient afin de ne pas saturer nos hôpitaux, nous devons tout de même reconnaître qu’avant le SARS-CoV-2, nous les aurions plutôt imaginées pour une dictature : ne pas se rencontrer à plus de cinq personnes, garder ses distances, porter un masque et ne pas se serrer la main. Sans oublier, pas de restaurants, pas de cinémas, pas de théâtres, pas de musées. Tristesse suprême, même les librairies sont fermées.

Quelles mesures à la fin de la pandémie ?

Si suffisamment d’habitants de notre planète acceptent la vaccination, il est possible que nous arrivions une fois au bout de cette pandémie. Quelles mesures garderons-nous alors pour éviter à l’avenir les « autres » infections ? La question est d’importance puisque, pour ne prendre comme exemple que la saison froide, les hôpitaux sont habituellement à cette époque remplis de patients souffrant des complications d’infections hivernales.

Il y aurait bien sûr l’option, certes un peu radicale, de tout garder fermé. Cette solution extrême du « pas de restaurants – pas de cinéma – pas de festival – pas de rencontres » ne sera fort heureusement pas acceptée par la population. Il s’agit de toute façon d’une mauvaise solution puisque la baisse des infections serait compensée par des problèmes psychologiques et sociaux beaucoup plus nombreux.

Quelles restrictions ?

Sans en arriver à cette solution extrême, il est possible que la pandémie génère tout de même des restrictions qui s’inscriront dans le long terme. Où sera fixée la limite ? Une question importante sera de définir si les restrictions seront uniquement imposées aux malades ou aussi aux bien-portants. Formulé autrement, va-t-on comme les Asiatiques se saluer à distance et oublier les poignées de main et autres embrassades ? Ou demandera-t-on uniquement aux grippés de porter un masque ?  Pour le reste, espérons que nous retrouverons nos libertés.

 

PS : faites-vous vacciner.

 

 

 

L’ordonnance électronique (enfin)

Lordonnance électronique offre de très nombreux avantages, le premier étant de diminuer le risque derreurs au moment de la lecture de la prescription par le pharmacien. Mais ses bénéfices vont bien au-delà.

 Papier et électronique

Votre médecin pourra toujours imprimer une ordonnance papier à utiliser pour vous rendre dans votre pharmacie, mais il pourra aussi l’envoyer directement par voie électronique, soit à votre pharmacie, soit à une centrale de distribution qui vous enverra vos médicaments par poste dès le lendemain.

Un système sécurisé

Lordonnance électronique offre le même niveau de sécurité que les solutions bancaires, avec un système de double authentification. Le patient décide lui-même sil veut regrouper au même endroit les médicaments pris dans différentes pharmacies mais aussi à qui il donne accès à la liste de ses médicaments. Cela pourra être à son médecin généraliste, à son pharmacien, à d’éventuels spécialistes mais aussi par exemple aux infirmiers et infirmières à domicile.

Une liste à jour et un historique

Le principal avantage de cette solution est de permettre aux professionnels de santé mais aussi à chaque patient davoir en permanence la liste des médicaments à jour. Chaque patient peut aussi y ajouter la liste des traitements pris sans ordonnance, ce qui offre une vue de la totalité de son traitement. Un module dinteraction médicamenteuse signale si certains de vos médicaments sont incompatibles.  Lajout de vos allergies médicamenteuses permet aussi au système de vous signaler sil y a dans votre traitement un médicament que vous devriez éviter.

Ce moyen est aussi très utile pour les traitements renouvelables. Chaque patient peut voir sur son ordinateur ou sur son smartphone si ses médicaments sont renouvelables et si oui, jusqu’à quelle date. Il peut aussi par ce système demander au médecin prescripteur le renouvellement de son traitement dun simple clic.

Lordonnance électronique a aussi comme atout de donner accès aux médicaments prescrits par le passé, ce qui vous permettra de savoir si tel ou tel médicament vous a déjà été donné, même plusieurs années auparavant.

Les nouvelles fonctionnalités

Lordonnance électronique est aussi une solution dynamique qui, en se basant sur un système expert, fera des propositions. Elles seront principalement de deux ordres, soit économiques pour proposer un traitement équivalent mais moins cher, soit pour proposer larrêt de traitements qui pourraient ne plus être utiles, un arrêt qui devra évidemment être discuté et validé par le médecin.

Mieux informé, mieux soigné

Le dernier atout de ce système est de permettre au patient de voir lindication de chaque médicament, le premier est un médicament contre lhypertension, le deuxième un médicament pour le diabète, etc. Un simple clic sur le nom dun médicament permet de découvrir ses indications, ses effets secondaires mais aussi sa forme et sa couleur.

Vous êtes intéressé ?

Désolé pour ceux dentre vous qui se réjouissaient de pouvoir utiliser cette ordonnance électronique, elle nexiste pas (encore). Elle représente ce que je souhaiterais pouvoir utiliser pour tous mes patients, pour avoir une liste de médicaments à jour en permanence qui serait partagée avec tous les professionnels en charge de chacun d’eux. Un outil qui permettrait aussi de mieux intégrer le patient lui-même dans sa prise en charge médicale.

Votre avis

Même si je suis convaincu quun tel outil me serait utile pour soigner mes patients, jaimerais avoir votre avis. Si elle existait, seriez-vous intéressé par une telle solution ? Quels en seraient les atouts et les dangers Jaimerais surtout savoir, à lheure où lon vante les mérites de la santé numérique, pourquoi un tel outil nest pas encore disponible ?

 

Faut-il se faire vacciner, oui ou non ?

Deux questions : Que sait-on sur ce vaccin ? Devez-vous vous faire vacciner ?

Que sait-on ?

L’autorisation. L’institut suisse des produits pharmaceutiques SwissMedic a annoncé ce 19 décembre que le vaccin de Pfizer/BioNTech était désormais autorisé en Suisse. Les données disponibles font état d’une efficacité élevée, comparable dans tous les groupes d’âges étudiés. Il s’agit de la première autorisation mondiale de ce vaccin dans le cadre d’une procédure ordinaire et non urgente.

Combien de doses seront disponibles ? Les 100’000 premières doses seront livrées encore en décembre, Pfizer livrera ensuite 250’000 doses par mois à la Confédération.

Son nom. Ce vaccin à ARN messager dont le nom scientifique est BNT162b2 aura comme nom commercial Comirnaty.

Son efficacité. La protection vaccinale est supérieure à 90% sept jours après la seconde injection. Les résultats de la phase 3 ont été publiés le 10 décembre dans le New England Journal of Medicine (la phase 3 d’une étude représente une étape où le produit est testé chez un grand nombre d’individus, la moitié reçoit le vaccin, l’autre un placebo, sans que ni le patient, ni l’examinateur ne sachent qui a reçu quoi).

Son prix. La vaccination sera gratuite pour la population.

Qui pourra être vacciné ? La Commission fédérale pour les vaccinations et l’Office fédéral de la santé publique ont établi la liste des priorités :

  1. Les personnes vulnérables (hormis les femmes enceintes).
  2. Le personnel de santé en contact avec des patients et le personnel accompagnant les personnes vulnérables.
  3. Les contacts étroits (membres du ménage) des personnes vulnérables.
  4. Les personnes résidant dans une institution communautaire qui présente un risque d’infection et un potentiel de flambée (p. ex. institutions pour personnes handicapées) ainsi que le personnel.
  5. Tous les autres adultes qui voudraient se faire vacciner.

Le vaccin n’est pas recommandé pour les enfants de moins de 16 ans, les données d’efficacité pour cette tranche d’âge étant jugées insuffisantes. Pour les personnes ayant déjà été contaminées par le SARS-Cov-2, une vaccination sera probablement recommandée 3 mois après la maladie (puisque que l’on sait que la maladie offre une protection de 3 à 6 mois, voire plus).

Ses effets secondaires. Comme vous pourrez le lire dans un article d’Heidi.news publié ce 19 décembre, ce vaccin est globalement très bien toléré. Comme pour d’autres vaccins, les effets secondaires les plus fréquents sont de type inflammatoire, locaux (douleur et rougeur au point d’injection) ou généraux (fièvre, fatigue, maux de tête, courbatures, etc.). Leur durée est de 1 à 3 jours en moyenne.

La FDA, l’équivalent américain de Swissmedic, recommande de suivre la survenue de paralysies de Bell (une paralysie faciale qui dure plusieurs mois), certains cas ayant été relevés à une fréquence très faible (4 cas sur 18’000), ce qui ne permet pas de savoir s’ils sont liés ou non au vaccin. Comme un peut le lire dans cet article, le principal point de vigilance en matière de sécurité concerne le risque, rarissime mais attesté sur une poignée de personnes, de réaction allergiques sévère, de type choc anaphylactique.

Vous hésitez ?

Les vaccinations ont permis de contrôler des maladies qui étaient autrefois fréquentes en Suisse, comme le tétanos, la poliomyélite, la diphtérie, la coqueluche, la rougeole, la rubéole, les oreillons, l’hépatite B et certaines formes graves de méningites. Les vaccins représentent donc un des outils les plus puissants de la médecine préventive.

Même si je ne demande pas à tout le monde de croire à l’innocuité des vaccins, je suis tout de même surpris de la crainte qu’ils inspirent. J’ai personnellement plus d’interrogations pour les pesticides et autres perturbateurs endocriniens que pour les vaccins, qui en fait ne font que provoquer au sein de l’organisme la production d’anticorps, un mécanisme somme toute naturel. Certains peuvent bien sûr craindre les effets secondaires, ceux-ci sont en réalité rares.

 

La balance entre les bénéfices et les effets secondaires des vaccins peut être illustrée avec cette image assez forte : ne pas vacciner un enfant contre une malade potentiellement grave en raison de la crainte des effets secondaires, c’est comme de ne pas attacher un enfant dans une voiture de peur qu’il ne se blesse avec la ceinture de sécurité.

 

Malgré cela, il est juste de s’interroger sur la balance bénéfices / risques de ce vaccin contre le coronavirus : il a été développé très rapidement, avec une technologie nouvelle, pour une maladie qui est pour les plus jeunes souvent bénigne.

Le Dr Alessandro Diana, pédiatre et expert en vaccinologie, a publié avec des collègues un article passionnant sur la « vaccino-hésitation ». Cette publication ne porte pas sur la vaccination contre le coronavirus mais sur les vaccins en général. On y apprend que 70 personnes sur 100 acceptent la vaccination. Parmi les 30 autres, 28 personnes sont indécises et 2 sont convaincues de leur position anti-vaccinale. On y découvre les facteurs qui renforcent la vaccino-hésitation et quelques pistes pour y répondre. Pour le dire de façon simplifiée, on ne convainc pas avec des données factuelles (efficacité du vaccin, innocuité, etc.) mais plutôt au travers d’une écoute et d’un échange avec le patient.

J’ai demandé à quelques-uns de mes patients s’ils avaient l’intention de se faire vacciner. Les seniors répondent le plus souvent positivement. Ils souhaitent même pouvoir se faire vacciner dès que possible. Ils ont peur d’être contaminés, ils craignent les conséquences potentiellement graves de l’infection et aimeraient pouvoir revivre « normalement ». Chez les plus jeunes, la réponse est beaucoup plus nuancée.

Devez-vous vous faire vacciner ?

Vous seul pouvez répondre à cette question. Vous devez vous informer mais en utilisant des sources d’information fiables (attentions aux réseaux sociaux…). Si vous êtes âgé ou faites partie des personnes vulnérables, je pense que la réponse devrait être oui. Si vous êtes en contact avec des patients et des personnes vulnérables, la réponse est certainement oui aussi. Pour les femmes enceintes et les moins de 16 ans, non (en tout cas avec ce vaccin en raison des données disponibles actuellement). Pour les plus jeunes ? La maladie est le plus souvent bénigne mais certains pourraient souhaiter le vaccin pour éviter la forme longue de la maladie.

Au-delà de ces considérations, il existe certainement une raison qui justifie que nous soyons nombreux à nous faire vacciner : on en a tous marre de ce virus.

 

Pour en savoir plus

Consultez le site Infovac, la plateforme d’informations sur les vaccins, qui propose une page consacrée au COVID-19, très complète et actualisée en permanence.

 

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Pandémie SARS-CoV-2: où trouver des informations de qualité ?

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Pour lutter contre la pandémie, intelligence artificielle ou intelligence humaine ?

 

Pandémie SARS-CoV-2: où trouver des informations de qualité ?

Dois-je me faire dépister ? Dois-je me placer en isolement ? Quels sont les traitements efficaces ? Disposera-t-on bientôt d’un vaccin ? Nous nous posons tous d’innombrables questions sur le coronavirus. Le but de cet article est de vous donner les noms de sites de qualité où vous devriez trouver les réponses aux questions que vous vous posez.

Les premiers sites sont destinés à tous, les derniers, souvent en anglais, sont plutôt destinés à ceux d’entre vous qui ont besoin d’informations plus pointues, je pense notamment aux professionnels de la santé.

Le site de l’OFSP

La première source d’information est la page Coronavirus du site de l’Office fédéral de la santé publique. Il faut un peu fouiller mais on y trouve de nombreuses informations : des chiffres sur la situation de la pandémie en Suisse, des informations sur les mesures à suivre pour se protéger mais aussi la procédure en cas de symptômes et d’éventuelle infection. C’est aussi sur cette page que vous verrez le numéro de téléphone de l’Infoline coronavirus : + 41 58 463 00 00, ouverte tous les jours de 6 à 23h.

L’OFSP propose aussi sur son site une page « maladie, symptômes, traitement » qui vous permettra de découvrir ce que l’on sait (et ce que l’on ne sait pas) sur ce nouveau coronavirus (transmission, symptômes, évolution, traitement).

L’OFSP propose aussi une page spécifique pour les professionnels de la santé.

Coronacheck

Créé en mars 2020, Coronacheck est le fruit de l’étroite collaboration des experts de la Policlinique de Médecine Tropicale, Voyages et Vaccinations et des ingénieurs de l’équipe Informatique d’Unisanté. L’objectif de cet outil disponible en ligne est de permettre à la population et aux professionnels de la santé de recevoir en quelques clics des recommandations sur l’attitude à suivre face une situation particulière. Dois-je me faire dépister ? Dois-je m’isoler ? Coronacheck vous donnera la réponse en une minute. Cet outil est particulièrement utile face à des recommandations de prise en charge qui évoluent sans cesse.

Sur les vaccins

Vous trouverez des informations très complètes sur le développement des vaccins contre le SARS-CoV-2 sur la plateforme d’informations sur les vaccins Infovac.

Les sites des cantons

Vous trouverez aussi des informations utiles sur le site de votre canton: BerneFribourgJuraNeuchâtelGenèveValais et Vaud.

Pour aller plus loin

Plusieurs sites donnent des informations sur la prise en charge de la COVID, des sources d’information qui intéresseront particulièrement les professionnels de la santé.

Pour ce qui est des sites suisses :

Au-delà de nos frontières :

La source d’information la plus intéressante est à mon avis le site UpToDate. Cette base de données américaine propose habituellement des contenus gratuits pour le grand public mais par abonnement aux professionnels de la santé. Les pages consacrées au COVID-19 sont exceptionnellement mises à disposition de tous en libre accès. Sur le site du British Medical Journal, la page « Coronavirus disease 2019 (COVID-19) » propose un contenu proche mais qui me parait moins complet. Troisième possibilité, la page COVID-19 du Centre for Evidence-Based Medicine d’Oxford.

Pour ce qui est de la prise en charge du coronavirus, les professionnels de la santé trouveront aussi des informations sur le site des Centers for Disease Control and Prevention ou en français sur le site de l’OMS ou sur celui du Gouvernement canadien.

Cette liste n’est évidemment pas exhaustive. S’il manque une source d’information de qualité, merci de me le signaler.

Vous avez une question ?

Le Temps organise ce mardi 17 novembre de 14h à 15h un chat en ligne au cours duquel Valérie D’Acremont, infectiologue et cheffe du secteur santé numérique et globale à Unisanté, répondra à vos questions. Vous pouvez poster votre question sur la page consacrée à cet événement.

PS: Protégez-vous et protégez les autres.

 

Apple Watch, la santé du futur, dès à présent

Le titre de cet article est le slogan utilisé par Apple pour promouvoir la dernière version de sa montre et ses nombreuses applications santé. Apple annonce sur son site « qu’une nouvelle vie s’offre à vous, toujours plus saine, plus active et plus connectée ». Au-delà du slogan, l’Apple Watch a-t-elle réellement un impact positif sur la santé ?

Les promesses

On peut lire sur le site d’Apple le texte suivant : « mesurez votre taux d’oxygène dans le sang grâce à un capteur et à une app révolutionnaires. Faites un électrocardiogramme n’importe où, n’importe quand. Surveillez votre forme et vos statistiques d’un coup d’œil sur l’écran Retina toujours activé, encore amélioré. Avec l’Apple Watch Series 6, une nouvelle vie s’offre à vous. Toujours plus saine, plus active et plus connectée ».

Un article récemment publié dans l’Agefi permet de voir que le marketing de la marque à la pomme fonction bien. Son titre est déjà une perle : « Comment Apple réinvente l’innovation ». On peut y lire : « en effet, Apple Watch ne sert plus tellement à indiquer l’heure, elle est conçue pour le futur de notre santé. C’est maintenant clair que la santé va remplacer l’heure. On revient à l’essentiel : sauver des vies ! ».

Mesurer le taux d’oxygène

C’est la dernière fonctionnalité santé proposée par Apple. Premier élément, Apple précise sur son site que « les mesures de l’app Oxygène sanguin ne sont pas destinées à un usage médical ». Deuxième élément, on peut lire dans un communiqué de presse publié le 15 septembre qu’Apple « s’est associé à des chercheurs pour mener trois études de santé impliquant l’utilisation de l’Apple Watch pour voir comment les niveaux d’oxygène dans le sang pourraient être utilisés dans de futures applications de santé ». Ces études portent sur l’asthme, sur l’insuffisance cardiaque et sur la détection du COVID-19 ». Si les 2 premières études semblent pertinentes, la troisième relève de l’opportunisme.

Formulé autrement, on développe une mesure, ici en l’occurrence la détermination du taux d’oxygène sanguin, et ce n’est que dans un deuxième temps que l’on se demande à quoi cette mesure peut servir. Pour l’heure, nous n’avons donc aucune évidence que cela soit utile.

L’électrocardiogramme

Même si obtenir un électrocardiogramme avec une montre est une prouesse technologique, la seule question intéressante est de savoir si cela a un impact positif sur la santé des porteurs d’Apple Watch. J’ai déjà dans un autre article de ce blog démontré que la réponse est négative, les arythmies détectées par la montre étant le plus souvent de fausses alertes. Pour que l’app ECG soit utile, il faut qu’elle soit portée par des personnes de plus de 80 ans, un âge où les arythmies cardiaques sont plus fréquentes.

Le sommeil

Je n’ai pas connaissance d’études qui montrent que l’app sommeil ait un impact positif sur la qualité des nuits des porteurs de l’Apple Watch. Une recherche dans la base de données médicales PubMed avec le mot clé « Apple Watch » retrouve 153 publications mais aucune ne porte sur le sommeil. La plupart des spécialistes du sommeil déclarent que de vouloir mesurer et contrôler son sommeil aboutit souvent à une aggravation des troubles.

La forme

Est-ce qu’il suffit de mesurer ses performances physiques pour être en meilleure santé ? Mesurer ses pas est-il suffisamment motivant pour transformer les sédentaires en actifs ? Une revue systématique des études publiées sur ce sujet montre qu’il n’existe qu’un effet à court terme, mais pas au-delà de trois mois. Idem pour la perte de poids, il n’existe actuellement pas d’évidence pour un lien entre la mesure de son activité physique et la perte pondérale. 

Mesurer n’est pas suffisant

J’ai décidé d’écrire cet article pour expliquer que de mesurer une valeur sur votre corps, même grâce à un bel outil, ne signifie pas que cela ait un impact positif sur votre santé. Il est important de combattre l’idée que la technologie se suffit à elle-seule. Vous peser tous les jours, même sur une balance connectée, ne vous fera pas automatiquement perdre du poids.

L’Apple Watch est une belle montre, qui donne l’heure.

 

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Médecine : l’examen physique est-il encore utile?

Les soins à distance ont connu un développement impressionnant avec la pandémie de COVID-19. De nombreux professionnels de santé, qui jugeaient cette médecine comme de faible qualité, s’y sont mis, contraints et forcés. La plupart d’entre eux ont je pense, grâce à cette expérience, découvert qu’ils pouvaient prendre en charge leurs patients à distance avec efficacité.

Avec la téléconsultation, la principale crainte des professionnels est la perte de l’examen clinique, comment faire si l’on ne peut plus examiner le patient ? La question que l’on doit se poser est de savoir si, en 2020, l’examen physique est encore utile.

Des diagnostics sans examen physique ?

Mon impression est que la plupart des patients surestime l’utilité de l’examen clinique. Même si cela dépend bien sûr de la spécialité du médecin et du problème investigué, l’outil diagnostique le plus puissant reste l’anamnèse, c’est-à-dire les informations que le patient transmet au professionnel de la santé. Même si les patients en sont peu conscients, cette partie de l’évaluation médicale à une immense valeur et permet souvent à elle seule d’aboutir à un diagnostic. En 2020 de nombreux diagnostics sont aussi établis grâce à des examens complémentaires, analyses sanguines ou examens radiologiques par exemple, là aussi sans que le contact physique entre le médecin et le patient ne joue un rôle important.

Même s’il est évident qu’un certain nombre de diagnostics ne peuvent être posés qu’au travers d’un examen clinique, examiner le patient ne serait donc dans de nombreuses situations pas forcément indispensable.

L’examen physique est-il encore utile ?

C’est la question à laquelle a voulu répondre le Dr Paul Hyman, un médecin généraliste américain, dans un récent article du journal médical JAMA. On peut y lire « Que vaut un examen physique ? Alors que je regarde la liste de mes prochains rendez-vous et que j’essaie de décider qui doit venir au cabinet malgré la pandémie, cette question me paralyse ».

Après avoir rappelé qu’un certain nombre de diagnostics ne peuvent être posés que grâce à un examen physique, il écrit que pour lui ces moments de contact avec le patient ont d’autres utilités. Il reconnaît qu’à une époque où les patients se renseignent souvent sur Internet, l’examen physique est un moment où la supériorité du médecin peut s’affirmer. Le Dr Hyman raconte par exemple dans cet article les situations où les patients sont sûrs d’avoir besoin d’antibiotiques et où, grâce aux éléments rassurants de son examen, il peut les convaincre que non.

Le Dr Hyman reconnaît que l’examen physique est aussi pour lui un rituel. Il écrit « l’examen, est plus qu’un outil qui permet d’établir un diagnostic et un traitement. Je réalise maintenant sa valeur pour moi ». L’examen clinique aurait donc aussi une utilité pour le professionnel, et très probablement pour son patient, pour ce moment de contact, de proximité entre soignant et soigné.

Ce médecin américain reconnait aussi que l’examen physique est pour lui une habitude, une routine que la pandémie est venue balayer. Il reconnait l’utilité de la téléconsultation mais aussi la nécessité pour lui de réinventer sa pratique :

« Tout n’est pas perdu avec l’émergence de la télésanté. Les visites virtuelles me permettent de me connecter plus fréquemment et plus facilement avec mes patients. Grâce à la télésanté, je peux voir mes patients dans leur environnement domestique, ce qui me fournit souvent de nouvelles informations sur les facteurs qui influencent leurs comportements en matière de santé. Et, bien sûr, dans cette pandémie où la distance sociale est si importante, la télésanté assure la sécurité des patients ».

Réinventer la relation médecin – patient ?

Le Dr Hyman conclut son article avec ces mots : « en essayant de maintenir les patients à distance, je perds le contact avec une partie de mon identité professionnelle ».

Il y a donc pour le médecin, et certainement aussi pour son patient, une perte, presque un deuil à faire. Même si rien ne remplacera jamais une rencontre physique entre deux personnes, professionnels de santé et patients doivent probablement apprendre de nouvelles manières de rester en contact, pour une plus grande proximité, même à distance.

 

PS : un article passionnant publié lui aussi dans le JAMA montre même que l’examen clinique, notamment lorsqu’il est réalisé lors d’un bilan de santé, pourrait non seulement être inutile, mais pourrait même être parfois dangereux.

 

Comment le numérique permettra-t-il d’améliorer notre système de santé ?

C’est la question à laquelle a répondu l’Institut Montaigne, un think tank français, dans un rapport de 220 pages publié ce 18 juin. Les publications sur la eSanté sont nombreuses mais leurs contenus souvent décevants, les propositions étant le plus souvent floues et le fruit d’une foi aveugle en la technologie. La publication de l’Institut Montaigne se caractérise par des propositions concrètes qui me paraissent, pour la plupart d’entre elles, réalistes.

Le comité de pilotage était composé d’une vingtaine d’experts. Plus d’une centaine de personnes spécialisées dans le secteur de la santé ont été auditionnées pendant les travaux du groupe de travail (experts, représentants de patients, de start-ups et d’entreprises).

Pour ce groupe de travail, la transformation du système de santé peut se matérialiser au travers de cinq axes : l’autonomisation des patients, la dématérialisation des échanges, la télémédecine, l’automatisation des processus logistiques et l’appui à la décision médicale et paramédicale.

1. L’autonomisation des patients

Les patients sont rendus plus autonomes et gèrent leur propre santé, à travers des solutions digitales leur permettant de suivre leur maladie et d’interagir avec le système de soins (applications mobiles, chatbots appuyés sur l’intelligence artificielle, prises de rendez-vous en ligne, etc.). La e-santé permet ainsi une plus grande implication des patients, qui deviennent des acteurs de leur santé et apprennent à surveiller leur maladie chronique ou leurs symptômes et à mieux s’orienter dans leurs parcours de soins.

Je partage évidemment ce point de vue, pour moi l’autonomisation du patient est la plus grande source de transformation de notre système de santé.

2. La dématérialisation des échanges

La circulation des informations médicales est fluidifiée au bénéfice des patients par la dématérialisation des échanges.

Oui, le fax sera abandonné…

3. La télémédecine

La télémédecine permet un accès aux soins à travers des canaux multiples. L’accès à la meilleure expertise pour tous est facilité. L’épidémie de Covid-19 a permis le développement de nombreuses solutions de téléconsultation et a mis en lumière leurs impacts positifs en termes d’accès aux soins et de facilitation des parcours dans le contexte d’une crise sanitaire, au-delà de la pratique courante.

Je me réjouis naturellement de voir ce groupe d’experts souligner les potentialités de la télémédecine. Les soins à distance sont encore trop souvent perçus comme une variante de la consultation présentielle alors que la télémédecine est plus que cela : un puissant outil de triage, un service permettant un accès facilité aux soins. La téléconsultation n’est pas de la médecine de faible qualité, c’est une nouvelle façon de concevoir la relation soignant – soigné.

4. Les outils numériques, l’intelligence artificielle et l’automatisation

L’efficacité des structures de soins est décuplée et l’expérience des patients améliorée grâce aux outils numériques, à l’intelligence artificielle et à l’automatisation qui permettent aux établissements de santé d’améliorer la performance et la disponibilité des équipes, du matériel médical et des plateaux techniques.

Les experts dans leur rapport citent en exemple le bloc opératoire : “l’utilisation d’outil numérique permet d’automatiser des tâches à faible valeur ajoutée (par exemple la suppression de saisie des feuilles de bloc) en recentrant les personnels de santé sur le soin pour améliorer la qualité de la prise en charge des patients”.

 5. Grâce au numérique, une amélioration des processus

La décision médicale et paramédicale est rendue plus fiable et sûre, grâce à des outils permettant la diminution des risques d’erreur ou de retard au diagnostic et augmentant la fiabilité et la sûreté globale des processus. Ces outils, qui s’appuient sur des solutions d’intelligence artificielle, vont progressivement devenir indispensables pour une médecine au plus près des attentes des patients et des professionnels.

Mes connaissances ne me permettent pas de connaître la place que prendra l’intelligence artificielle dans ces développements, je suis par contre convaincu que le numérique a un rôle essentiel à jouer pour soutenir les professionnels de la santé dans la gestion des données santé. Comme le dit un des membres de ce groupe de travail « le système de santé est riche en données mais pauvre en informations ».

Les barrières

L’Institut Montaigne rappelle dans son rapport que le secteur de la santé est l’un des secteurs de l’économie les moins digitalisés. Les membres de ce groupe de travail ont identifié un certain nombre d’obstacles au développement de la santé numérique : des barrières à la pleine utilisation des données de santé du fait notamment d’un investissement insuffisant dans les systèmes d’information, une trop faible incitation à la télémédecine ainsi qu’un déficit de formation et d’équipement des professionnels de santé, des dispositifs de financement de l’innovation peu coordonnés et peu lisibles, une filière santé hétérogène et peu structurée, un cadre d’évaluation qui n’implique pas suffisamment les patients.

Ces barrières ne sont naturellement pas spécifiques à la France.

Une médecine augmentée

Les cinq axes de transformation proposés dans ce rapport n’ont comme objectif que de proposer aux patients et aux professionnels de la santé un système moderne, qui permette aux soignants de travailler avec efficience et aux patients d’être soignés selon leurs besoins, leurs attentes. Il n’y a rien de révolutionnaire dans ces développements, uniquement l’envie d’une médecine digne de ce 21ème siècle.

 

Vous n’avez pas téléchargé l’application SwissCovid? Pourquoi?

Votre téléphone est trop vieux. Acheter un nouveau téléphone pour télécharger cette application n’est ni financièrement, ni écologiquement défendable, cette excuse est acceptée.

Je ne sais pas comment la télécharger. Demandez de l’aide !

Cette App est inutile. Il est possible que ce soit vrai. Pour que SwissCovid fonctionne, il faut que plusieurs critères soient remplis :

  • Que le nombre de personnes qui téléchargent l’application soit élevé.
  • Que les règles utilisées par SwissCovid (une notification est déclenchée si, au cours d’une même journée, l’utilisateur s’est tenu, pendant au moins 15 minutes au total, à moins de 1,5 mètre de distance d’au moins une personne infectée) soient valides.
  • Il faut aussi que le virus soit présent dans la population, nous sommes pour ce dernier point en bon chemin.

Cette application sera peut-être inutile mais tant que l’on n’a pas fait l’expérience, on n’en sait rien. Excuse refusée.

Une pandémie, quelle pandémie ? Vous vivez de façon très isolée, vous n’avez aucun contact avec l’extérieur, vous avez entendu parler de la grippe espagnole mais vous savez qu’elle est terminée depuis longtemps. Excuse acceptée.

C’est un complot. Vous savez que cette pandémie n’existe pas, que c’est une invention des gouvernements, que l’objectif est de contrôler la population, que c’est une opération contre les pédophiles ou l’œuvre de Bill Gates (lequel il faut bien l’avouer a acquis une belle expérience en matière de virus avec les premières versions de Windows). Excuse refusée (mais c’est compliqué de vous expliquer pourquoi).

Que fera-ton de mes données?  C’est une préoccupation légitime. Je ne suis pas un spécialiste du sujet mais, même si Google et Apple sont liés au projet, il me semble que la Confédération et l’EPFL sont plutôt des gages de sécurité.

Dans un récent article, le rédacteur en chef du temps a écrit : « A tous ceux qui font des commentaires négatifs au sujet de SwissCovid et les partagent sur Facebook, Twitter, Linkedin, Instagram, chaînes WhatsApp et j’en passe, je ne donnerai qu’un seul conseil : le courrier postal existe toujours, n’hésitez pas y retourner ». Je partage cette position même si je me demande si nous ne devrions pas aussi nous méfier du courrier postal (la Poste, c’est plus comme avant).

Un référendum a été lancé « pour dire non à l’application de traçage », j’avoue ne pas comprendre ce projet : alors que les conséquences en terme sanitaire et économique sont pour certains majeurs (oui la mort est une conséquence majeure), l’idée de ce référendum pour s’opposer à une application dont le téléchargement est volontaire me dépasse. Le débat est toujours utile, la démocratie un bien précieux mais dans ce cas j’ai de la peine à comprendre. Excuse refusée.

Je ne comprends pas ce truc. Si comme Ueli Maurer, vous ne comprenez pas le fonctionnement et les objectifs de SwissCovid, informez vous sur le site de l’Office fédéral de la santé publique : nouveau coronavirus : questions fréquentes.

 

 

SwissCovid c’est comme le lavage des mains et le port du masque, c’est pour vous mais aussi pour les autres.

Merci.

 

 

Télémédecine : les consultations téléphoniques sont-elles dangereuses?

Les téléconsultations sont vues par de nombreux professionnels de la santé, et par de nombreux patients, comme une médecine de qualité inférieure. La pandémie de COVID-19 a cependant permis à un certain nombre d’entre eux de découvrir que l’on pouvait prendre en charge à distance, sans perte de qualité, de nombreux problèmes de santé.

Les publications sur la vidéoconsultation, la seule forme de téléconsultation qui, au travers de l’image, donne accès au langage corporel, sont nombreuses. Les articles sur les consultations par téléphone, pourtant beaucoup plus fréquentes, sont presque inexistants.

Que sait-on des consultations téléphoniques ? Sont-elles sûres ? Surchargent-elles les médecins ? Provoquent-elles une augmentation des visites au cabinet ? Plusieurs publications sur ce sujet permettent de répondre à ces questions.

Une pratique fréquente

Un article de revue publié en 2017 dans la libraire Cochrane[1] donne de nombreuses informations sur les consultations téléphoniques. On peut y lire :

« Depuis 1879, année de la première consultation téléphonique médicale documentée, la possibilité de consulter par téléphone fait partie intégrante des systèmes de santé modernes. Aux États-Unis, les médecins passent au moins un huitième de leur temps professionnel à évaluer des cas cliniques par téléphone et plus d’un quart de toutes les consultations de soins sont aujourd’hui effectuées par cette méthode ».

La British Medical Association (BMA) a dès 2001 publié des conseils pour les médecins généralistes (GP), intitulés “Consulting in the Modern World” : Guidance for GPs », où l’on peut lire que “les consultations téléphoniques, lorsqu’elles sont correctement menées, peuvent être considérées comme une pratique sûre et acceptable”[2]. Plusieurs recherches arrivent aux mêmes conclusions[3,4].

Des patients satisfaits

Pour ce qui est de la satisfaction des patients, elle semble identique, qu’ils soient pris en charge par téléphone ou en consultations présentielles[5]. Les consultations téléphoniques diminueraient le nombre de visites immédiates chez le médecin sans pour autant augmenter la fréquentation des services d’urgence[5].

Les cliniciens et les patients utilisent le téléphone pour toute une série de situations, notamment les soins de routine mais aussi parfois d’urgence, le renouvellement des ordonnances, la transmission des résultats des examens de laboratoire ou la promotion de la santé. Parmi les exemples de consultations téléphoniques, on peut citer la gestion d’affections telles que l’insuffisance cardiaque, l’asthme et les soins palliatifs.

Les consultations téléphoniques peuvent réduire la charge de travail des médecins en face à face et améliorer l’accès aux soins sans les inconvénients et les coûts associés à la présence physique à une consultation, ce qui augmente la flexibilité et la disponibilité des services[4,5,6].

La nécessité de former les professionnels de la santé

Comme les consultations téléphoniques jouent un rôle important dans la prise en charge des patients, il est essentiel que les professionnels de la santé, lorsqu’ils consultent par téléphone, se sentent en confiance pour mener et documenter l’entretien avec précision et compétence clinique. Il est donc important qu’ils reçoivent une formation adéquate pour leur permettre de remplir efficacement ce rôle.

Une étude publiée en 2012[7] a montré que l’adhésion globale des patients aux conseils de triage fournis par les télé-infirmières était de 62 %, et que l’adhésion était influencée par la qualité de l’interaction entre le professionnel et le patient. Les auteurs soulignent la nécessité d’une formation aux techniques de communication dans un contexte de consultation téléphonique centré sur le patient et portant spécifiquement sur les techniques d’écoute active et de conseils.

Les compétences en matière de consultation téléphonique font partie d’un ensemble plus large de compétences en matière de consultation à distance dont l’importance s’accroît à mesure que de plus en plus de soins médicaux sont dispensés à distance avec le soutien des technologies de l’information.

Une formation spécifique aux techniques de communication à distance, y compris par téléphone, serait pour les professionnels de la santé une indéniable plus-value.

 

Ce que nous apprennent ces publications :

  • La possibilité de consulter par téléphone fait partie intégrante des systèmes de santé modernes, centrés sur le patient.
  • La communication téléphonique est le principal mode de communication entre les médecins et les patients en dehors des visites au cabinet.
  • Les consultations téléphoniques, lorsqu’elles sont correctement menées, peuvent être considérées comme une pratique sûre et acceptable.
  • Les consultations téléphoniques semblent diminuer le nombre de visites immédiates chez le médecin sans pour autant augmenter la fréquentation des services d’urgence.
  • Les consultations téléphoniques peuvent réduire la charge de travail des médecins en face à face et améliorer l’accès aux soins sans les inconvénients et les coûts associés à la présence physique à une consultation.
  • Les compétences en matière de consultation téléphonique font partie d’un ensemble plus large de compétences en matière de consultation à distance dont l’importance s’accroît à mesure que de plus en plus de soins médicaux sont dispensés à distance avec le soutien des technologies de l’information.

 

A lire aussi sur ce sujet:

Santé.

 

 

  1. Vaona  A, Pappas  Y, Grewal  RS, Ajaz  M, Majeed  A, Car  J. Training interventions for improving telephone consultation skills in clinicians. Cochrane Database of Systematic Reviews 2017, Issue 1. Art. No.: CD010034. DOI: 10.1002/14651858.CD010034.pub2.
  2. British Medical Association, General Practitioners Committee. Consulting in the Modern World: Guidance for GPs. London: British Medical Association, 2001.
  3. Car J, Freeman GK, Partridge MR, Sheikh A. Improving quality and safety of telephone based delivery of care: teaching telephone consultation skills. Quality and Safety in Health Care 2004;13(1):2-3.
  4. Patel H, Patel M, Car J. Telephone consultations in general practice: aAreas for improvement. Journal of Telemedicine and Telecare 2005;11:265-6.
  5. Bunn F, Byrne G, Kendall S. Telephone consultation and triage: effects on health care use and patient satisfaction. Cochrane Database of Systematic Reviews 2004, Issue 4. [DOI: 10.1002/14651858.CD004180.pub2]
  6. Hallam L. Patient access to general practitioners by telephone: the doctor’s view. British Journal of General Practice 1992;42(358):186-9. Purc-Stephenson RJ, Thrasher C. Patient compliance with telephone triage recommendations: a meta-analytic review. Patient Education and Counseling 2012;87(2):135-42.
  7. Purc-Stephenson RJ, Thrasher C. Patient compliance with telephone triage recommendations: a meta-analytic review. Patient Education and Counseling 2012;87(2):135-42

 

 

Pseudoscience et COVID-19 : stop !

L’urine de vache, l’eau de javel et la cocaïne ont été recommandées comme traitements contre le COVID-19. La pandémie a été présentée comme une fuite d’armes biologiques, un sous-produit de la technologie sans fil 5G et un canular politique. Et d’innombrables gourous du bien-être et de praticiens de la médecine alternative ont proposé des potions, des pilules et des pratiques non prouvées comme des moyens de « stimuler » le système immunitaire.

Un article publié dans Nature

Ces déclarations ne sont pas les miennes, elles sont extraites d’un article récemment publié dans Nature et écrit par Timothy Caulfield, un scientifique qui étudie la propagation et l’impact de la désinformation sur la santé depuis des décennies. Même s’il se réjouit de la mobilisation du monde scientifique pour dénoncer les informations mensongères publiées sur le SARS-CoV-2, il demande que tous les scientifiques, et pas seulement quelques-uns, défendent les informations de qualité.

Agir au niveau des institutions

Pour combattre ce fléau de la désinformation médicale, il propose deux actions :

Premièrement, nous devons cesser de tolérer et de légitimer la pseudoscience de la santé, en particulier dans les universités et les établissements de santé. De nombreuses fausses thérapies COVID-19 ont été adoptées par les centres de santé intégrative des principales universités et hôpitaux. Si une institution respectée, comme la Cleveland Clinic dans l’Ohio, offre du reiki – une pratique sans fondement scientifique qui implique d’utiliser vos mains, sans même toucher le patient, pour équilibrer « l’énergie vitale qui traverse tous les êtres vivants » – est-il surprenant que certaines personnes pensent que cette technique pourrait renforcer leur système immunitaire et les rendre moins sensibles au virus ? Une question similaire peut être posée aux fournisseurs de santé au Canada et au Royaume-Uni : en proposant l’homéopathie, ils encouragent de facto l’idée que ce remède scientifiquement invraisemblable puisse agir contre le COVID-19. Ce ne sont là que quelques exemples.

Plus loin dans cet article, Timothy Caulfield écrit :

Il existe des preuves que les traitements alternatifs et les effets placebo peuvent soulager – une justification courante pour tolérer des traitements alternatifs non éprouvés. Mais il est inapproprié de tromper les gens (même à leur avantage) avec une pensée magique, et il est inapproprié pour les scientifiques de laisser une telle désinformation passer inaperçue.

Agir au niveau des individus

Pour ce qui est de la deuxième action, l’auteur de cet article en appelle à la mobilisation des scientifiques :

Deuxièmement, davantage de chercheurs devraient devenir des participants actifs dans la lutte contre la désinformation. « Twittez. Écrivez des commentaires pour la presse grand public. Donnez des conférences publiques. Répondez aux demandes des journalistes. Permettez à vos stagiaires de s’impliquer dans la communication scientifique. Partagez des informations précises que vous jugez utiles pour le public ».

L’experte en désinformation Claire Wardle, de l’université de Harvard à Cambridge, a déclaré : “La meilleure façon de lutter contre la désinformation est d’inonder le paysage d’informations précises, faciles à digérer, engageantes et faciles à partager sur les appareils mobiles”.

Lutter contre les fausses informations nécessite une action au niveau des institutions santé, hôpitaux, universités, sociétés de spécialistes, mais aussi au niveau individuel, chaque professionnel à un rôle à jouer.

Une plus grande implication des professionnels de la santé

Si je regarde ce qui s’est passé ces derniers mois avec cette pandémie, mon sentiment est que les journalistes ont fait leur boulot, avec le double objectif d’informer mais aussi de lutter contre les informations mensongères.

Les spécialistes de la santé sont restés plus discrets. Ils devraient pourtant prendre la place qui est la leur en dénonçant les informations mensongères diffusées sur le thème de la santé. Ils sont habitués à communiquer avec leurs patients, il faut les encourager à aussi défendre la santé publiquement, notamment sur les médias sociaux.