Le site Lobbywatch.ch qui se présente comme « une plateforme pour une politique transparente » a publié le 8 avril dernier un article dénonçant les liens entre le Groupe Mutuel et certains parlementaires fédéraux.
Des parlementaires sous influence ?
Le Groupe Mutuel a créé un « Groupe de réflexion santé » où sont invités des parlementaires fédéraux, en tout cinq conseillers nationaux et quatre conseillers aux Etats. Sur ces neufs parlementaires, huit siègent dans les commissions parlementaires de la santé. Un seul romand au sein de ce groupe, l’ex-UDC Raymond Clottu. Parmi ces neuf parlementaires, rien de moins que les deux présidents des chambres, Jürg Stahl (UDC/ZH) et Ivo Bischofberger (PDC / AI).
Que font-ils ?
Ils se réunissent apparemment quatre fois par an. Mais vous ne saurez rien de plus. On peut lire sur le site lobbywatch que « le rôle exact de ce groupe de discussion n’est pas connu. Ce qui est discuté lors des réunions ne sort pas des bureaux. Il n’existe pas de rapport des comptes ni de rapport d’activités. Il n’a même aucune existence dans le rapport d’activité du Groupe Mutuel.
Ces réunions n’ont bien sûr pas pour objectif d’influencer les parlementaires, uniquement de les informer.
Des parlementaires mal payés
Apparemment, le seul à avoir communiqué son salaire est le Président du Conseil des Etats, Ivo Bischofberger, en 2016, le Groupe Mutuel lui a versé 4673.75 francs. D’autres témoignages évoquent la somme de 10’000 francs par an.
Si on calcule quatre séances de 2 heures, cela représente un salaire horaire qui oscille entre 584 chf et 1250 chf, pas mal payé. En réalité, je trouve que nos parlementaires sont très bon marché, entre 5’000 et 10’000 chf pour influencer les décisions politiques en matière de santé, c’est peu.
Isabelle Moret (PLR / VD) a fait un autre choix : « ces groupes d’intérêts m’intéressent car ils permettent des échanges sur des dossiers techniques, j’ai donc décidé d’y participer mais j’ai refusé d’être payée, cette rémunération me dérangerait ».
Un manque de transparence qui nuit à la démocratie
Une étude menée par des chercheurs des Universités de Lausanne et de Genève montre que les liens entre lobbies et parlementaires sont au fil des ans toujours plus intenses. Le socialiste Didier Berberat est cité dans un article paru dans la Tribune de Genève :
« Cela peut être utile d’être informé, mais il ne faut pas être sous influence ». Il regrette surtout l’opacité du système. « Nous devons signaler nos intérêts mais rien n’est dit sur le montant de la rémunération. Toutes les demandes qui ont été faites en ce sens ont été refusées au Parlement. Si une entreprise nous verse 100 000 francs par année, on va voter dans son intérêt ».
Des parlementaires sous influence dont notre système de santé n’a vraiment pas besoin.