L’indispensable évolution numérique de la médecine

 

En médecine, comme dans de nombreux autres secteurs de la société, nous pouvons, face à l’évolution informatique, adopter deux positions diamétralement opposées. Première option, se dire que l’informatique n’est que complications, et qu’un médecin compétent et des patients suffisent à des soins de qualité. La deuxième option, qui me parait plus séduisante,  est de penser que l’informatique pourrait aider les professionnels de la santé à travailler mieux, plus efficacement. Et donc aux patients d’être mieux soignés.

Mais pourquoi injecter de l’informatique dans notre système médical, un système qui a vécu sans pendant des siècles ? Les raisons sont multiples.

 

Le monde change, l’informatique est une composante de cette évolution

Première raison, le monde change. Notre société se transforme. Les disquaires ont disparu avec l’apparition de la musique en ligne. Les libraires existent toujours mais Amazon leur rend la vie difficile. Les hôteliers souffrent des services en ligne d’Airbnb ; dans certaines villes ; ces locations représentent plus d’un tiers des réservations de chambres. Même des domaines  comme celui de  la finance vivent des changements majeurs. Tous les secteurs de la société seraient touchés et pas la santé ? Je n’y crois pas. Le monde de la santé doit se préparer à ces changements avant que des choix que nous ne souhaitons pas nous soient imposés. Avant l’arrivée d’Uber, les chauffeurs de taxi trouvaient eux-aussi que tout allait bien…

 

En médecine, notre matière première est l’information

Deuxième raison, la médecine s’est complexifiée et accélérée. Nous travaillons encore trop souvent comme il y  a100 ans, lorsqu’un patient n’était suivi que par un unique médecin. Notre système médical est actuellement constitué d’un nombre croissant d’intervenants qui doivent communiquer toujours plus rapidement. Sans parler des évolutions technologiques, la radiologie, le laboratoire et bientôt la génomique qui augmentent encore la quantité de données à traiter. En médecine, notre matière première est l’information, l’informatique doit nous aider à mieux la traiter.

 

Une médecine centrée sur le patient

Troisième raison, la nécessaire évolution d’une médecine médico-centrique vers une médecine centrée sur le patient. Nous devons offrir aux patients la possibilité de jouer un rôle plus actif dans la prise en charge de leur santé, leur permettre de devenir acteurs de leur santé. L’informatique, que l’on pense à Internet ou à l’accès du patient à ses données médicales, doit permettre cette évolution.

 

Mais attention, cette informatique ne sera utile aux professionnels de la santé et aux patients que si elle est développée en pensant à leurs besoins. Un principe qu’il serait bon de ne pas oublier au moment où les cantons suisses travaillent à l’élaboration du futur Dossier électronique du patient.

 

Dr Jean Gabriel Jeannot

Médecin, spécialiste en médecine interne, avec un intérêt particulier pour l’utilisation des technologies de l’information et de la communication en médecine.