Vagues de chaleur plus fortes que prévu

La COP27 s’est conclue sur la création d’un fond de pertes et dommages pour les pays victimes du réchauffement climatique. Les parties gardent l’objectif de limiter le réchauffement de 1.5°C. Les émissions de carbone devaient être progressivement ralenties, atteindre un maximum en 2025 puis diminuer. Malheureusement,  la date butoir de 2025 et le rythme de réduction prévu ont disparu cette année.  Or si nous ne limitons pas les émissions au rythme voulu, si nous en rajoutons plus que prévu chaque année, l’accumulation de gaz carbonique dans l’atmosphère sera plus importante et les températures dépasseront probablement les 1.5°C.

Greta Thunberg dit que “sans engagements forts pour réduire les émissions immédiatement et rapidement, le monde n’a aucune chance de respecter la limite de 1,5°C”. [Nous courrons donc] “des grands risques de déraciner les systèmes vitaux de la Planète dont nous dépendons tous et de mettre en danger d’innombrables vies humaines”. Le secrétaire -général de l’ONU arrive à des conclusions similaires.

Je soutiens la création de ce fond, mais en réalité le résultat de la conférence n’est pas correct, nous n’allons pas dans la bonne direction. Les pays pauvres verront leurs maisons ou leurs récoltes détruites mais ils recevront une compensation financière. Il aurait bien sûr mieux valu de vivre en sécurité dans une maison intacte, sans insécurité, sans traumatismes, sans perdre des proches, sans migrations. Ils pourront cependant être indemnisés pour les dommages qui se produiront ces prochaines années, ce sera utile à court terme.  Et après nous, le déluge? Les risques pour la Planète entière augmentent chaque année.

En réalité,  la limite théorique de 1.5°C pourrait déjà être trop élevée, les changements qui mènent à une destabilisation du climat terrestre pourraient déjà commencer. Les forêts tropicales sont un facteur important, Des changements inquiétants ont été observés à ce niveau, mais le facteur humain est sous-estimé, et la bonne volonté peut encore sûrement les sauver.

Les conséquences du changement climatique sont déjà tangibles. Cet été, l’Europe a subi une canicule et une sécheresse sans précédent depuis 500 ans au moins.

Un nouveau rapport établit que les vagues de chaleur de cet été ont causé plus de 20’000 morts en Europe.  Ce chiffre a été obtenu en calculant l’excès de décès cet été par rapport aux années précédentes. Je vois d’ailleurs deux calculs, 20’000 décès dont 10’000 en France (Japan Times) et 15’000 sans compter la France (WHO).  De ces deux articles je conclus que 25’000 décès sont imputables à la vague de chaleur de cet été.

Nous savons que les canicules seront plus fortes et plus fréquentes à mesure que les températures planétaires monteront. Les climatologues ont cependant été surpris par la vague de chaleur à plus de 49°C qui est survenue en 2021 en Colombie Britannique, au Canada. Elle était vraiment exceptionnelle, et à priori, semblait impossible même en tenant compte du réchauffement global prévu par le GIEC.

Je m’étais posée la question si le réchauffement se déroulait bien comme prévu par le GIEC, ou d’une façon différente, plus rapide et plus dangereuse.

Une nouvelle étude s’est penchée sur ce problème. Il semble que les réchauffement global de 1,1°C inclut des effets locaux qui n’ont pas été assez prévus avant 2021.  Le courant-jet fait maintenant des profondes ondulations, emportant l’air tropical loin vers le Nord. Les masses d’air stagnent ce qui prolonge les vagues de chaleur jusqu’à environ un mois.  Un autre facteur amplificateur est la sécheresse. Il s’avère que la canicule a atteint des tels niveaux car le sol était très sec. L’évaporation aurait modéré les températures.   Ces deux caractéristiques pourraient bien se manifester souvent par la suite, les longues vagues de chaleur causeront des sécheresses qui les amplifieront, et le courant -jet pourrait amener des températures particulièrement étonnantes dans les régions tempérées. Cette canicule à 49.6°C semble pour le moment exceptionnelle, mais pourrait se produire tous les dix ans dans les zones tempérées si le réchauffement atteint 2°C (lien).