Le coronavirus et le climat sont banalisés par les mêmes organes de propagande

Le coronavirus, ce n’est rien du tout? Mais qui vous dit ça?

L’organisation Desmog, qui enquête sur la désinformation organisée en matière du climat, a identifié 70 personnes et groupes qui mettent en doute le danger du coronavirus.  Ils citent Alex Jones, le Heartland Institute,  James Delingpole.  Le Heartland Institute est vraiment un grand organisme de désinformation qui propage des fausses découvertes sur le climat depuis des années.  Desmog montre qu’à un point surprenant, les mêmes personnes nient les dangers du climat,  refusent le confinement et mettent en doute la gravité du virus.

Le confinement est réellement difficile à accepter. Il a eu un effet énorme sur l’économie, le prix du pétrole est tombé sous 0 dollars. Aux Etats-Unis, une proportion importante de la population a perdu leur travail du jour au lendemain, et ils ont peu de filet social. Ils se retrouvent sans ressources. Plusieurs experts nous alertaient depuis des mois qu’un effondrement économique était inéluctable, mais l’épidémie l’a précipité. Certaines personnes perdent des sommes faramineuses, un responsable d’une compagnie d’aviation disait qu’il perd un million par jour. Il aurait un grand intérêt financier à payer des articles, un journal, un Heartland Institute entier pour répandre l’idée que le virus est inoffensif.

Il faut en être conscient. Malheureusement, de nombreuses personnes qui ne sont pas payées pour répandre des fausses informations le font aussi.

Je vois que des particuliers ou des penseurs qui souhaitent la continuité de l’économie choisissent et répercutent souvent les articles disant que le virus est sans gravité. Certains de mes amis personnels ne sont probablement pas payés pour désinformer, mais choisissent des faits faux car ils constituent des arguments dans leur sens, pour sauver l’économie.

Nous devons tous nous surveiller et faire attention à ne pas choisir les nouvelles qui nous conviennent.  La presse a un grand travail d’information à faire, et devrait inclure des scientifiques et pouvoir communiquer des informations complexes au public.

Qu’en est -il vraiment?

Je reprends ce que je sais sur le coronavirus le 10 mai 2020. Il s’agit bien sûr d’une épidémie nouvelle qui est étudiée en direct, sa connaissance est fragmentaire et évolue encore. Une pneumonie causée par un nouveau virus a été formellement identifiée en janvier à Wuhan. Elle cause environ 3% de mortalité chez les personnes infectées (3,4% données de l’OMS en mars). L’épidémie a explosé sur certains bateaux de croisière où la présence du virus a été testée pour tout le bateau. Elle a causé des symptômes de maladie chez la moitié des personnes infectées, et les décès d’environ 3% d’entre elles. (mon article dans LinkedIn).
Dans d’autres situations, sur un bateau militaire, un lycée en France, il y a eu beaucoup moins de décès. Dans ces deux derniers cas, il n’y avait pas de personnes âgées. Celles-ci sont beaucoup plus à risque, la mortalité est de 8% entre 70 et 79 ans, et de 15% après 80 ans, de 1% chez les quinquagénaires et de 0,3% chez les quadragénaires (Lancet, cité par Temps). La pollution, l’obésité aggravent aussi la maladie.  Elle prend parfois la forme d’une inflammation vasculaire et cause des accidents vasculaires.

La présence du virus est détectée par des tests PCR. D’autres tests, immunologiques, détectent des anticorps contre le virus qui se forment dans le corps d’une personne infectée quelques jours après infection et persistent plusieurs mois après infection. Ces derniers ont parfois détecté plus de personnes positives que la recherche du virus par PCR.

Une étude de l’Institut Pasteur estimait que 5% de personnes seront infectées en France le 11 mai, un chiffre similaire de 5% a été publié suite à une étude immunologique à Genève. J’ai signalé à l’Institut Pasteur deux sources d’erreurs possibles dans leur étude, qui pourraient mener à une sous-estimation de la maladie. Leurs anticorps détectaient parfois la maladie chez des personnes non-infectées, et ils ont choisi un bateau de croisière où peu de décès ont été observés. Je me demande si leur test avait été formellement accepté avant l’étude.  Les critères d’acceptation sont généralement plus stricts.  Il est aussi possible que le test immunologique détecte une infection antérieure par le coronavirus.

Alors quand l’épidémie a-t-elle vraiment commencé?

Le virus évolue assez vite. En étudiant l’évolution des séquences du virus prélevées chez les patients, Forster a établi sa généalogie, Il trouve que le virus humain est très proche de celui de chauve-souris, qu’il a probablement infecté l’homme quelques mois avant janvier 2020, qu’il était d’abord présent au Sud de la Chine sous une forme moins dangereuse qui se retrouve en Californie et en Australie, puis a muté pour donner forme plus sévère de la maladie, responsable de l’épidémie de Wuhan, d’Europe et de New York. Une étude chinoise donne des résultats similaires (lien).

La Dépêche française rapporte que des athlètes militaires, jeunes et d’une exceptionnelle constitution (champions de sport), ont attrapé une grosse grippe – pneumonie en Octobre à Wuhan, où la municipalité désinfectait déjà les rues. C’est un article isolé, qui pourrait être un bavardage d’une seule personne, mais il est cohérent avec l’étude phylogénétique, j’ y crois.  L’identification d’une nouvelle maladie est difficile et aurait pu prendre du temps.

Le virus a été retrouvé dans un échantillon du 27 décembre à Paris. C’est la preuve formelle qu’il y était déjà. Des nombreuses pneumonies ont été constatées dans le Nord de l’Italie et en France en novembre 2019, les médecins français disent maintenant qu’il circulait déjà dans le Grand Est.

Si c’est le cas, les tests immunologiques détectent des personnes qui ont été malades il y a quelques mois, et sous-estiment les décès de cette période et la gravité de la maladie. La détection du virus par PCR, possible pendant l’infection seulement, est plus fiable.

Par contre, si les malades ont été touchés par des virus qui se trouvaient là un peu plus tôt, la maladie est probablement un peu moins contagieuse et plus facile à éviter.

Les gouvernements suisse, suédois, et anglais le savaient-ils déjà? Cela expliquerait pourquoi ils ont dit qu’ils ne pourraient pas éviter l’épidémie.

Aux Etats-Unis les différences sont plus grandes. Des tests immunologiques auraient montré que, par exemple dans une prison, la plupart des personnes ont des anticorps, ont été exposées au virus mais seraient en parfaite santé, sans aucun symptôme. Là, c’est très bizarre. Les drones ont montré des fosses communes à New York, des camions des corps, des morgues surchargées. Les anticorps détectent peut-être une infection antérieure, ou certains endroits seraient touchés par un virus muté vers une forme inoffensive, mais il pourrait justement s’agir de fausses études, de fausses informations, de désinformation pure.

Addendum le 11 mai: Une étude dans le Lancet pourrait être une bonne base pour des statistiques: Les contacts des personnes arrivant de Wuhan ont tous été testés pour le virus. Env 1280 contacts . Là c’est bien planifié, tous les contacts sont testés sans idée préconçue, on peut calculer combien deviennent des cas graves. 291 étaient positifs pour le virus. Quasiment tous ont eu des symptômes de mal de gorge et vomissements, du mal à respirer, conjonctivite, la moitié toussaient, 28 (10%) sont décrits comme cas sévères, mais le nombre de décès manque. Est-ce cohérent avec ce que nous voyons en Europe? Plus de 99% ont les mêmes symptômes. Détails dans l’information supplémentaire de l’article : https://www.thelancet.com/cms/10.1016/S1473-3099(20)30287-5/attachment/ea5a8f0b-2b26-442b-bc1e-f1af145c5806/mmc2.pdf

Addendum le 12 mai: Un excès clair de mortalité est visible en Europe au printemps dans le graphique en lien, cela malgré les mesures de confinement qui ont réduit la mortalité de plusieurs fois. Je me demande même s’il y a un peu plus de mortalité en novembre 2019 Mortalité en Europe

Enfin, aujourd’hui, les nouvelles infections en Suisse se raréfient, il se pourrait que le problème appartienne déjà au passé, à condition de prendre les mesures hygiéniques conseillées.

 

 

L’épidémie de coronavirus exige des mesures plus énergiques

Un million de malades dans trois ou quatre semaines?

Le coronavirus s’installe très vite en Suisse. Milan, un des foyers de l’épidémie, est très proche, et l’infection s’est rapidement répandue dans plusieurs villes de Suisse. Le nombre de malades  augmente rapidement, exponentiellement, comme en Italie (rts info,  Prof Mark Handley, UCL (lien).  Selon son graphique, le nombre d’infectés serait multiplié par dix tous les huit jours, et la Suisse suivrait le destin de l’Italie avec treize jours de retard.  Si cette transmission exponentielle se poursuit de la même façon, le virus touchera un million de personnes dans quatre semaines. Aujourd’hui, Franziska Meinherz mentionne même que le nombre de malades doublerait tous les deux jours, ce qui rendrait la progression de la maladie plus rapide encore.

Les mesures actuelles sont insuffisantes

La Suisse a pris deux décisions différemment des autres pays: d’une part, elle permet aux frontaliers italiens venant des zones en quarantaine de venir travailler tous les jours en Suisse, ce qui pourrait favoriser la transmission de la maladie de la zone touchée en Italie à la Suisse.

D’autre part, nous autorités ont considéré que seuls des malades présentant des symptômes visibles, de la toux et de la fièvre, sont contagieux, et doivent s’isoler. Or aujourd’hui, un article du Guardian rapporte des nouvelles études qui indiquent la majorité (les deux-tiers ou les trois-quarts) de malades ont été infectés par des personnes qui ne présentaient pas encore de symptômes et qui paraissaient en bonne santé.

Un autre article du Guardian explique que l’augmentation rapide, exponentielle des infections a seulement été arrêtée par le confinement de toute la ville de Wuhan. Les nouveaux cas ont diminué peu après, et la Chine célèbre aujourd’hui la victoire sur le virus.

Par contre, si la ville de Wuhan tout entière n’avait pas été mise  en quarantaine, le pays aurait été confronté à 67 fois plus de cas, près de sept millions de malades, à 67 fois plus de cas graves, et au moins autant de décès.

Des problèmes subséquents d’approvisionnement, de congestion d’hôpitaux pourraient provoquer plus de morts encore.

En Suisse également, les mesures actuelles ne suffisent pas à empêcher la propagation du virus, il se répandra probablement de plus en plus vite et pourrait toucher une grande partie de la population.

Je m’en sortirai probablement, j’espère que ce ne sera pas trop grave, mais cette politique sacrifie de nombreuses vies.  Des personnes âgées ou de santé fragile pourraient y laisser leur peau.

La moitié des professionnels de la santé au moins sera bientôt malade, et tous les autres problèmes de santé, parfois très graves, devront attendre.

Pourquoi?

Cette approche me rend perplexe.  Pourquoi sacrifier nos aînés? La Chine a annoncé publiquement comment se transmet cette épidémie, c’était dans la presse,  nous disposions de leur expérience et nous pouvions en profiter.

Notre gouvernement pense-t-il que les virus se transmettent différemment en Suisse qu’en Chine?

Ou la politique actuelle est-elle causée par l’envie de maintenir le fonctionnement de l’économie qui s’écroule de toute façon de toutes parts?

Je ne sais pas si c’est un bon calcul. Au niveau financier, le salaire moyen journalier est probablement inférieur au coût d’une journée d’hospitalisation, donc financièrement ça vaudrait la peine d’éviter ces coûts. Les assurances maladies pourraient, auraient pu y contribuer. Il aurait été encore plus rentable de contenir le virus dès le début, là chaque personne isolée éviterait plusieurs hospitalisations.

Je suis aussi surprise que l’école ne soit pas considérée comme un lieu de contagion. Il me semble qu’elle en est un foyer important, et que les enfants se passent énormément de maladies à l’école.

Des mesures plus efficaces

Pour arrêter l’épidémie, il faudrait isoler toutes les personnes ayant eu un contact avec un contaminé identifié pour une ou deux semaines. Si un enfant dans une école est positif, ou un employé dans une entreprise,  il faut renvoyer à la maison tous les enfants, tous les employés de l’étage, et leurs familles.

La Corée du Sud annonce la maîtrise de l’épidémie grâce à des très nombreux tests gratuits, y compris en drive-in. Je crois qu’ils ont justement consigné à domicile tous ceux qui ont eu un contact avec des personnes infectées.

Avant-hier il a été annoncé que la Suisse ne testera plus systématiquement et ne suivra pas la progression du virus dans la  population, pour laisser la place à l’hôpital aux cas graves. Cela me fait penser qu’il y a beaucoup de personnes infectées. Là, pour endiguer la maladie, il faudrait peut-être, comme à Wuhan, consigner des villes entières à domicile.

Pendant ce temps chez les voisins

Les pays voisins prennent pêle-mêle des décisions amusantes et somme toute plus responsables.

L’Italie interdit les baisers, ferme les écoles et les restaurants, et les italiens sont limités au déplacements nécessaires.  Elle soulage la crise économique en suspendant provisoirement les hypothèques, des loyers ainsi que d’autres factures.

L’Allemagne interdit et arrête immédiatement l’exportation de matériel médical, elle a retenu hier un bateau de matériel médical commandé par la Suisse, et crée des postes dans la santé pour éviter la surcharge des hôpitaux et la crise économique à la fois.   Le matériel médical, ainsi que le personnel, seront certainement très utiles bientôt.

Sérieusement,  cela ressemble furieusement au problème du climat. Nous sommes prévenus, nous savons ce qui va se produire, nous savons comment l’éviter et nous décidons trop tard des mesures, qui, prises à temps, auraient résolu le problème.

Addendum le 20 mars: Dans les jours suivant ce blog, la Suisse a pris de nombreuses mesures pour réduire les contacts humains et l’ampleur de l’épidémie: dès le 16 mars, les écoles et les restaurants sont fermés, une grande partie des Suisses travaillent à domicile. Le nombre des malades augmente rapidement, aujourd’hui plus de 5000 pour la Suisse dont plus de 1000 dans le canton de Vaud, mais les mesures de confinement devraient bientôt porter leurs fruits. L’épidémie touchera donc beaucoup moins de personnes que je ne l’ai craint initialement.

Addendum le 17 mars: Une nouvelle étude publiée dans Science sur la propagation de l’épidémie en Chine établit que 86% des personnes infectées n’avaient pas été identifiées (elles n’avaient probablement pas de symptômes graves), et qu’elles sont responsables de la plupart des contaminations et de la transmission de l’épidémie (article).

Une autre étude semble établir que le virus infecte surtout par voie nasale (article).