La chaleur extrême et la sécheresse combinées toucheront 90 % de la population mondiale

Les vagues de chaleur sont de plus en plus fortes, les records sont sans cesse dépassés ces dernières années.  Des températures très élevées ont été atteintes en 2022, de Londres à Shanghai (OMM juillet, août, le Temps).  L’Europe a subi une canicule sans précédent depuis au moins 500 ans, environ 20’000 – 25’000 décès lui sont imputés. Les fleuves étaient à sec en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Le futur climatique apportera des canicules croissantes, qui comporteront un vrai risque pour la vie.

Simultanément, les  ressources d’eau sont puisées jusqu’à leurs limites, les aquifères sont vidés, et le risque de sécheresse augmente aussi pour cette raison.

Les canicules provoquent aussi des sécheresses, et combinées aux pénuries d’eau, elles   constituent un risque plus graves pour les populations et pour les écosystèmes. Les populations auto-suffisantes seront frappées de famine et la production alimentaire mondiale sera de plus en plus hasardeuse.

Une nouvelle étude d’Oxford inclut ces deux facteurs. Elle combine la dynamique atmosphérique et l’hydrologie, et explore la rôle des budgets de l’eau et de l’énergie dans l’apparition de chaleurs et de sécheresses extrêmes.

Lorsqu’elles sont évaluées ensemble, ces menaces  représentent un risque bien plus élevé pour la société et les écosystèmes.

Il apparaît que ces risques seront très importants. Plus de 90 % de la population mondiale devrait faire face à des risques accrus dus aux impacts combinés de la chaleur extrême et de la sécheresse. Ils pourraient aggraver les inégalités sociales.

Les impacts seraient les plus graves sur les populations les plus pauvres et les zones rurales.

Ils pourraient aussi compromettre la capacité du monde naturel à réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère.

 La disponibilité limitée de l’eau affectera la capacité des « puits de carbone » – régions naturelles riches en biodiversité – à absorber les émissions de carbone et à émettre de l’oxygène, et aggravera le réchauffement.

D’après les chercheurs, l’impact de ce risque composé sur le monde naturel et sur les économies internationales pourrait être dévastateur (communiqué).

La vague de chaleur  à 49.8°C au Canada en été 2021 (Lytton, blog 2022), et comme celle de Sibérie en 2020 ont été beaucoup plus violentes à cause de la sécheresse qui les a précédées.  Il en fut de même en été 2022 aux Etats-Unis (phys). Habituellement, l’évaporation de l’eau des terres et la transpiration des plantes tempèrent la chaleur.

La disponibilité de l’eau pourrait au contraire modérer les conséquences des vagues des canicules, les champs pourraient être irrigués et la production alimentaire préservée.

Une véritable prévention des risques climatiques implique la divulgation des événements les plus graves

Cet été nous avons vu des événements climatiques inouïs, la vague de chaleur du Canada, de nombreuses inondations et en Europe Centrale, de nombreux forts orages avec grosses grêles et tornades.   J’ai demandé encore une fois à un climatologue si ces catastrophes indiquaient que le réchauffement climatique se produisait plus vite que prévu, et qu’il dépassait les prévisions du GIEC. Ce n’est pas certain. Comme d’autres l’ont dit avant lui,  Il relève que tels événements extrêmes sont présents dans les modèles officiels, mais si j’ai bien compris, ils apparaissent parfois,  leur probabilité est jugée assez faible et ils ne sont donc pas inclus dans l’évolution la plus probable du climat terrestre. Les modèles qui calculent l’évolution du climat sont des versions simplifiées de la réalité, qui incluent la compréhension et la description humaine, arbitraire, de la réalité. Ils varient un peu, les scientifiques sélectionnent les événements les plus vraisemblables. Les conclusions du rapport du GIEC portent sur l’évolution des moyennes de température et les catastrophes prédites de façon fiable par plusieurs modèles. Il présente les événements ‘likely‘, ie probables à plus de 66%,  et donne des moyennes de températures.

Nous devons être conscients qu’en plus des événements présentes dans le rapport du GIEC; il y en aura d’autres. Certaines villes dans le monde seront frappées par des catastrophes exceptionnelles. Sur un million de villes dans le monde et quatre-vingt ans, il y aura de nombreux événements qui sont qualifiés  de  rares ou d’exceptionnels.

Nous avons besoin de connaître ces risques.  Je vis en Suisse, dans une société sûre, où les maisons ne s’effondrent pas, et les bus et les trains n’ont quasiment jamais d’accidents. Tout cela a été obtenu par des règles de sécurité rigoureuses.  Je ne vis pas dans une maison ‘likely to stand’, qui aurait deux chances sur trois de rester debout. Vous imaginez une ville ‘likely to stand’ où moins d’une maison sur trois, disons une maison sur quatre s’effondre?  Les normes de constructions sont bien plus stringentes. La probabilité d’accident de toutes les constructions est surveillée et réduite au minimum, à des fractions infimes de pour-cent. Jusqu’à maintenant.

Je  crois que les architectes et les ingénieurs doivent absolument connaître les risques d’événements extrêmes à probabilité estimée à 1% ou 0,1% et les intégrer dans leurs projets. Par exemple, nous pourrions construire seulement des bâtiments prévus pour résister à pour une période d’ouragans et d’inondations, avec des solutions pour 50°C.

Nous avons besoin d’un outil différent du rapport du GIEC pour la gestion du risque. Nous avons besoin d’un catalogue exhaustif d’événements extrêmes possibles, pas de moyennes de température, mais toutes les vagues de chaleur séparées, et toutes les pluies intenses.

Les climatologues pourraient prendre tous les modèles et faire un catalogue complet de tous les événements extrêmes,  ou de cataclysmes plus graves encore, qui pourraient par exemple causer la mort d’un million de personnes. Ou alors ils pourraient choisir les modèles qui collent le mieux à notre réalité actuelle, qui ont prévu les événements récents, et établir une liste de risques à partir de ceux-là. Certains modèles ont prédit les inondations, par exemple le  climatologue belge Fettweis, a prévu les événements de cet été et leur retour d’ici dix à vingt ans, en réalisant un développement détaillé des prévisions du GIEC. 

Les autorités nationales et l’organisation de préventions de risque de catastrophes de l’ONU (UNDRR) devraient disposer de cette liste de risques pour préparer des plans d’évacuation, ou des aménagements qui nous permettraient d’y faire face. Nous devons connaître les risques, au moins l’éventualité d’une pluie de plus d’un mètre d’eau, ou de plusieurs mètres d’eau, d’une vague de chaleur au dessus de 45 degrés mais peut-être de 55°C, de tornades, d’événements capables de détruire une ville entière.

Les scientifiques sont inquiets car les ordinateurs dont dispose le GIEC ne semblent pas suffisants pour prédire chaque catastrophe. Comme le rapporte BBC News, ils demandent un super centre de calcul, à l’échelle du CERN, pour calculer ces événements individuels (BBC). Mais d’autre part, des cataclysmes plus graves que les événements extrêmes actuels apparaissent déjà parfois dans le modèles existants, et il faut récupérer ces informations.  Enfin, ils pourraient choisir quelques bons modèles réalistes, et établir une liste de dangers possibles à partir de ceux-là.

Ensuite, il faut élaborer des plans pour une vague de chaleur de 50°C ou une grave inondation. Nous serons probablement prévenus par les météorologues deux jours avant. Des constructions adéquates pourraient être prévues et réalisées dès maintenant pour pallier aux événements graves, et des plans d’évacuation d’urgence ou des survie doivent exister pour tous ces événements extrêmes.

Une représentation géographique pourrait aussi montrer toutes les zones exposées aux catastrophes, une carte de la Terre couverte de points noirs qui indiquerait tout de même les zones les plus sûres, et servirait de base à la construction de nouvelles villes dans ces endroits sûrs.

Addendum le 20 septembre: Les modèles calculent parfois des catastrophes qui ne sont pas inclues dans les prévisions consensuelles. Une solution serait de faire la liste de tous les événements potentiels pour une l’année, p.ex 2030, en sachant bien sûr qu’ils sont peu probables mais que leurs  conséquences seraient graves.

Image de couverture par Pete Linforth de Pixabay

Ancien Blog : Climat et constructions

 

L’extinction humaine est-elle proche? L’apocalypse selon Guy McPherson

Guy McPherson est un ancien professeur d’université d’écologie. Il a quitté le monde de la recherche universitaire, et la vie dans la société américaine pour exploiter, conformément à ses valeurs,  une ferme écologique, changement  qu’il a décrit dans un livre, ‘Walk away from the Empire‘ et dans son blog.  Le livre ‘Going dark’ expose ses inquiétudes pour la Planète. Aujourd’hui, il expérimente personnellement un mode de vie écologique. Il élève des chèvres et  cultive son jardin.

Ses recherches l’ont mené à prendre très au sérieux la vitesse à laquelle les espèces vivantes disparaissent aujourd’hui et le changement climatique. Dans une publication récente, qu’il présente dans cette vidéo, il déclare que l’espèce humaine risque l’extinction à court terme. Il cite plusieurs changements inquiétants qui surviennent actuellement sur la Terre, et qui constituent des graves risques pour l’Humanité. Je le trouve un peu réducteur à clamer constamment ‘la fin est proche’- Michael Mann, un climatologue, dont le travail récent suggère que les températures se stabiliseraient si nous diminuons les émissions,  a même dit récemment que Guy McPherson devait être payé par les industries fossiles pour saper l’action climatique, ce qui est certainement aussi exagéré. Guy McPherson fait allusion à des faits et des risques réels de son point de vue d’écologiste.

Selon lui, les conditions de vie nécessaires pour l’humain pourraient être détruites sur Terre, l’Humanité pourrait disparaître, comme l’immense majorité d’espèces s’est éteinte au cours de notre passé géologique. Il remarque que la plupart des vertébrés terrestres disparait à vue d’oeil, alors il pourrait en être de même pour l’Homme.  D’autres écologistes s’alarment aussi du rythme effréné de disparition d’espèces sur Terre, (Paul Ehrlich par exemple, lien), et estiment qu’elle signale un bouleversement majeur du système Terre et y voient un immense danger.

J’objecte que pour le moment, nous annexons tous les écosystèmes sauvages pour produire des aliments pour les humains. Mais il est vrai nous ne le faisons pas intelligemment ni de manière durable.

Méthane dans la mer Arctique et dans le permafrost

GuyMcPherson cite par exemple le méthane dans la mer Arctique ou dans le permafrost terrestre que le réchauffement pourrait libérer, et le gaz émis démultiplierait le réchauffement climatique, avec des très dangereux bouleversements météorologiques.  Cet événement hypothétique est généralement considéré comme possible pour le 22ième siècle, certains craignent une augmentation du réchauffement par le méthane vers 2050 déjà. D’autres, comme Peter Wadhams, pensent qu’elle pourrait se produire à tout moment. Le permafrost semble dégeler plus vite que prévu, les émissions de méthane ont augmenté (traduction d’un discours ONU) ces dernières années et c’est inquiétant.  Les quantités sont encore infimes, mais un processus redouté a commencé. Il pourrait mener à des événements d’une échelle réellement apocalyptique, mais ils devraient nous laisser encore au minimum quelques décennies.  Certains scientifiques pensent que la Nature, a par le passé, éliminé le méthane d’une manière ou d’une autre. Il faudrait cependant rechercher des solutions aux émissions de méthane (blog).

Le nouveau climat terrestre

Ensuite, il fait allusion au travail de Burke qui compare le réchauffement aux climats passés (lien), et calcule que  si nous restons à 2°C du réchauffement, le climat résultant des prochaines centaines d’années sera probablement celui du Pliocène, 2-3°C plus chaud qu’aujourd’hui, avec des hivers froids et des étés caniculaires sous nos latitudes.  Les conditions de culture agricole pourraient alors beaucoup changer.  Si par contre nous suivons la trajectoire de réchauffement rapide sans maîtrise des émissions humaines, jusqu’à 4°C de réchauffement, le climat de la Terre pourrait basculer vers celui de l’Eocène, 13°C plus chaud, au cours du 22ième siècle.  Une température de 4°C ferait probablement fondre les glaces et pourrait provoquer les émissions de méthane qui réchaufferaient la Terre de plusieurs degrés supplémentaires. Ces changements vers un nouvel équilibre climatique se produiraient à l’échelle d’un ou deux siècles.

Aérosols

Actuellement, la combustion du charbon libère des aérosols qui refroidissent l’atmosphère.  L’arrêt immédiat de toutes les industries diminuerait la quantité d’aérosols dans l’atmosphère et réchaufferait la Planète. Si tout s’arrêtait demain, il ferait un peu, peut-être 0,5°C plus chaud pendant quelques années. Une nouvelle étude au moins suggère que l’effet des aérosols est moins fort que prévu par les modèles climatiques (lien ), une autre estime même que les aérosols réchauffent la Planète (lien).   Et tant que le charbon est utilisé, l’effet de serre augmente. En 2020, la Chine a réduit l’activité de ses usines pendant le confinement. Il semble qu’il n’y a pas eu de réduction d’aérosols au niveau planétaire, car d’immenses feux de forêts en Australie et surtout en Amazonie en ont produit beaucoup.

Guy McPherson s’inquiète de l’effet de réchauffement que l’arrêt des usines et de leurs aérosols aurait sur la Planète, mais si les usines étaient mises hors service ou changeaient de source d’énergie progressivement, sur une dizaine d’année, ça devrait aller.  Cela semble la meilleure solution, proche de celle préconisée par le programme des Nations Unies pour l’Environnement (lien).

Approvisionnement alimentaire

Ensuite, il estime que notre approvisionnement alimentaire pourrait être rapidement désorganisé, soit à cause d’une perte de fertilité planétaire causée par la disparition des vers de terre, soit à cause de ruptures de la chaîne d’approvisionnement dans un système impliquant des nombreux transports intercontinentaux.

Les vers de terre dégradent des restes de plantes dans le sol et contribuent à les transformer en humus. Ils aèrent le sol et le rendent perméables à l’eau (brochure FIBL EN) . Le travail cité par Guy McPherson estime que 83% des vers de terre ont aujourd’hui disparu.  L’usage de pesticides chimiques et de lourdes machines agricoles rend leur survie dans les champs difficile, et leur absence aggrave le tassement des sols et la perte d’humus, et pourrait contribuer à l’épuisement des sols.  L’absence des vers de terre est aussi indicative des changements des terres. Celles-ci contiennent, dans la nature, un écosystème riche de milliers de bactéries, de petits animaux et de champignons nécessaires au fonctionnement du sol vivant.  En 2018, puis de 75% des sols étaient dégradés par l’exploitation humaine. Il y a de plus en plus d’humains à nourrir, et nous détruisons les champs dont nous avions besoin. Nous sapons vraiment la Terre sous nos pieds.  Ces problèmes surviennent progressivement, s’aggravent depuis des décennies. Des solutions, telles que la reforestation, l’agroforesterie, l’agriculture biologique, les couverts végétaux, l’agriculture sans labour,  sont aussi développées, par exemple par le FIBL. L’association Terre et Humanisme travaille beaucoup avec les vers de terre et le lombricompostage.

La pandémie nous a donné l’exemple de la fragilité de notre système économique. Les engrais, les céréales qui nourrissent souvent des animaux et la viande sont produits sur des continents différents, et dépendent du commerce et du transport mondial.  Ce système est à bout de course, des perturbations sont prévues et se produisent. L’engrais chimique a provoqué une énorme explosion au Liban cette année, et cette semaine des moutons étaient bloqués dans le canal de Suez. Il faut le simplifier, le remplacer par des circuits locaux  et le rendre plus résiliant.

Fonte de la glace Arctique

Guy McPherson mentionne que la glace sur la mer Arctique fond plus vite que prévu. La surface blanche de la glace agit comme un couvercle et une surface réfléchissante.  L’absence de glace causera un réchauffement supplémentaire immédiat, et plusieurs scientifiques alertent sur les perturbations météorologiques qu’elle pourrait provoquer, des tempêtes, des vagues de froid et de chaleur. Une étude géologique suggère que l’absence de glace et l’arrivée d’eau plus chaude au contact de la surface a provoqué un réchauffement rapide de plusieurs degrés par le passé, mais ce danger n’est généralement pas pris en compte dans les modèles climatiques. L’océan pourrait aussi se réchauffer en profondeur et favoriser les émissions de méthane.  La fonte complète de la glace arctique en été ce produira certainement au cours de ce siècle, peut-être dans quelques années, nous en avons déjà perdu la moitié. Avant,  la mer Arctique était continuellement couverte de glace épaisse d’environ un mètre et âgée de quelques années, maintenant elle est plus fine, fragmentée et semble bien compromise.

Les avions

Ensuite, il cite un travail de Gunther Pauli qui propose que les tourbillons formés par le passage des avions changent la circulation de l’atmosphère. Je n’ai jamais entendu ça avant. Je ne dispose pas de calculs prouvant que c’est faux, je ne peux pas vraiment invalider ses dires, mais ça me paraît douteux. Si c’était vrai,  on pourrait peut-être faire voler des avions dans l’autre sens pour changer la circulation atmosphérique.

El Nino

Ce phénomène se produit tous les 3 à 7 ans, des eaux chaudes affleurent à la surface du Pacifique et réchauffement l’atmosphère (lien). La dernière année El Nino, 2016, a battu les records de chaleur, et causé des graves sécheresses, particulièrement en Afrique, qui ont touché 60 millions de personnes (lien).  Les années El Nino extrêmes deviennent plus probables d’après le GIEC:. La Planète se réchauffe, et El Nino apportera probablement  une année de vagues de chaleur plus élevées.  Les habitants des pays chauds, par exemple d’Afrique de l’Est, pourraient en souffrir sérieusement, vivre des famines ou des vagues de chaleur mortelles.  La production alimentaire sur Terre serait réduite, et nous pourrions vivre en Suisse des vagues de chaleur de quelques degrés plus élevées que la précédente.

Si je reprends les dangers énumérés par Guy McPherson,   le prochain événement  sera probablement une année El Nino,  qui se produira  dans un an, dans deux ans ou au plus dans cinq ans. Ce sera une année plus chaude que toutes celles que l’Humanité a vécu, qui pourrait être accompagnée d’événements météo nouveaux ou plus intenses.

Pourrait-elle mettre en branle un processus de fonte de glace Arctique, de sécheresses, de réchauffement rapide, de  fonte du permafrost, et de réchauffement abrupt apocalyptique?  Ces changements dangereux pour la survie de l’Humanité ne sont généralement pas prévus pour le 21ème siècle, mais le climat pourrait nous surprendre.

L’Humanité compromet de plusieurs façons ses conditions de vie sur Terre et doit immédiatement modifier son mode de vie pour sa sécurité.

 

 

Blog: créons des réserves alimentaires planétaires

La fonte de la glace Arctique pourrait causer un réchauffement d’un degré par décennie

La perte de la glace marine provoque un réchauffement rapide

L’histoire récente de la Terre inclut une série de rapides changements climatiques, appelés événements de Dansgaard-Oeschger (DO, Oeschger) au cours desquels la température de la Planète,  montait de plusieurs degrés en un siècle. Les traces dans les glaces du Groenland permettent de retrouver des phases de réchauffement de 8°C en 40 ans, de 2 degrés en une dizaine d’années, de 10 degrés en un siècle… Après cette phase de réchauffement rapide, la Terre refroidissait graduellement pendant un millier d’années et demi, puis un événement de réchauffement brusque se répétait.

Ces événements de réchauffement dans un climat froid ont provoqué un changement de climat et de la végétation en Europe, tels que l’apparition de grandes forêts en Europe de l’Ouest. S’ils se produisaient aujourd’hui, le désert pourrait remplacer la végétation tempérée.

Les scientifiques se sont interrogés sur la cause de ces périodes de réchauffement brusque.  Une nouvelle étude (Sadatzki, PNAS) indique que ces événements coïncident avec la disparition de la glace sur la mer du Nord. La perte de cette glace a pu causer un fort réchauffement planétaire.

Quand la mer du Nord a perdu sa couche de glace et que sa surface est entrée en contact avec l’atmosphère, l’énergie de l’océan plus chaud a été relâchée dans l’atmosphère froide,   à des dizaines de degrés en dessous de zéro, ce qui a pu provoquer un soudain réchauffement climatique.

Cela semble terriblement actuel.

 

L’Arctique en réchauffement rapide

En ce moment, comme au printemps passé, l’Arctique est à 20°C au-dessus des normales saisonnières (Moscow Times).

Le changement climatique en Arctique est au moins deux fois plus rapide que sur l’ensemble de la Planète, des vagues de chaleur atteignent 20 degrés Celsius au dessus de la normale, et les  moyennes en Arctique en 2020 étaient de 5°C trop élevées. La glace fond plus vite, sa surface en été est de plus en plus petite, ce qui permet un réchauffement plus rapide.  Il y a moins de neige sur la Sibérie et d’immenses feux de forêts se déclenchent, et contribuent au dégel du permafrost  (arctic card OMM  state of the climate) .

Les températures planétaires montent vite, et certains scientifiques, comme James Hansen, détectent une accélération imprévue.

L’eau tempérée de l’océan Atlantique se déverse depuis quelques années dans l’océan Arctique, amenant des températures de plusieurs degrés trop élevées.   Des vagues d’air chaud parviennent au-dessus du Groenland et du pôle Nord. Tout cela précipite le réchauffement de l’Arctique, la fonte de l’Arctique, et pourrait être le début d’une escalade des températures qui aurait des conséquences dramatiques sur la vie sur Terre.

Travaillez à notre survie 

Addendum le 14 décembre: Je ne suis absolument pas sûre si un de ces événements de réchauffement rapide se produit maintenant. C’est un immense risque pour l’Humanité, et il doit être vérifié. Il faut des modèles de réchauffement abrupt auxquels les événements météo seront confrontés pour surveiller ce risque.

J’aimerais savoir que des scientifiques compétents travaillent sur ce risque.  Nous avons besoin d’études sur les changements atmosphériques lors d’un réchauffement aussi abrupt, pour savoir si les toits seuls ou les bâtiments entiers seraient arrachés par les intempéries, ainsi qu’une estimation des précipitations, des inondations et des vagues de chaleur à venir. 

Il faut prévoir les effets dévastateurs d’un réchauffement abrupt sur la végétation et sur les cultures alimentaires.  Finirai-je ma vie dans des bunkers sous des collines désertiques et brûlantes? Les creuserez-vous assez vite?

La perte rapide de notre végétation et la libération du méthane du permafrost pourraient faire monter les températures très haut, au delà de la survie humaine.

Cependant, la fonte des glaces provoquée par le réchauffement pourrait, dans un deuxième temps, les tempérer.

Il serait utile d’étudier les technologies qui permettent de reformer la glace Arctique pour éviter ce changement abrupt. Elles devraient probablement être faisables au cours de prochaines années.

Il vaudrait la peine d’arrêter la majorité des usines et des avions qui seraient de toute façon détruites rapidement, et d’appliquer les techniques de reforestation et d’agro-écologie partout où c’est possible dès maintenant.

Je joins deux liens sur l’excellent magasine Futura- Sciences qui vous donne plus de détails:

Futura Glace DO

Futura Arctique

Et l’article Phys.org  sur le même sujet.

Le climat, comme la pandémie, doit être maîtrisé le plus vite possible

Un monde déstabilisé

Enfant, j’ai appris le monde qui m’entourait. Les mois se succédaient, attendus, des hivers blancs, des printemps fleuris, des étés aux nombreux jours frais et pluvieux. Je croyais vivre sur une Planète où le cycle des saisons était immuable, mais ces dernières années j’ai vu des températures de presque vingt degrés en hiver, des pluies tropicales, des chaleurs sans précédent, des automnes qui d’attardent jusqu’à Noël.

Je ne veux pas de cette Terre-là, je veux de la neige en hiver comme par le passé. Je ne veux pas de ce film de science-fiction où une phalange en combinaison étanche répand un nuage de désinfectant dans la rue.

J’aimerais surtout que le monde soit constant et prévisible comme il semblait l’être auparavant.

J’aimerais pouvoir planifier mes prochaines vacances et sorties sans prendre en compte les épidémies, les catastrophes climatiques, les frontières fermées.

Malheureusement, cela deviendra de plus en plus rare, puis quasiment impossible. Nous avons atteint plusieurs limites du système planétaire: la disparition d’écosystèmes, la déforestation, la pollution des sols, le réchauffement climatique (Stockholm Resilience Center) empêcheront désormais la vie sur Terre de se dérouler comme elle l’a fait jusqu’à présent. Des catastrophes et des états d’urgence de plus en plus fréquents nous attendent, et pourraient devenir extrêmement graves.

Nous entrons dans une période de turbulences. L’Etat doit organiser l’alimentation, la santé, la sécurité face aux différents dangers qui nous menacent. Il doit mieux les anticiper et préparer des plans d’urgence pour toutes les catastrophes prévues par les experts.

Au niveau personnel, nous devons peut-être aussi inventer un nouveau mode de vie adapté à ces circonstances. Il faudra désormais nous focaliser sur la survie et sur l’essentiel.

Pas ce monde-là                                             Ce monde

Mieux vaut prévenir que guérir

Lors de l’épidémie actuelle, nous voyons défiler en accéléré quarante ans de politique climatique. Les experts ont prévu le changement climatique, mais très peu a été fait jusqu’à ce que ses effets se fassent réellement sentir.

Les scientifiques chinois ont prédit la pandémie et son évolution.  Le gouvernement a peut-être sous-estimé tout d’abord la gravité de la situation, puis, confronté à la multiplication rapide du nombre de cas, a pris des mesures pour l’arrêter. Dans l’allocution du vendredi treize par exemple, le Conseil Fédéral avait annoncé qu’il agirait en fonction de l’évolution de la situation, à mesure que des nouveau cas se présenteraient.

Pourtant, la suite des événements était déjà prévue et annoncée par certains experts, je l’ai lu dans les journaux.  Au tout début, il aurait probablement été possible d’isoler seulement les personnes qui sont entrées en contact avec les malades. Une semaine plus tard, le virus a contaminé bien fois plus de Suisses, et tout le pays finit en semi-isolation. Les hôpitaux se remplissent actuellement de patients contaminés avant l’instauration des mesures actuelles (écoles fermées, télétravail généralisé, interdiction de réunion de plus de cinq personnes). Espérons que celles-ci portent leur fruits et que la contagion s’arrête bientôt.  Elles devraient éviter qu’il n’y dix fois plus de malades à la fin de la semaine prochaine, et cent fois plus dans deux semaines.

Et encore, la prise de conscience de l’épidémie de covid-10 a été incomparablement plus rapide que celle du climat, qui est attendue depuis quarante ans.  Comme pour le coronavirus, la situation doit être maîtrisée très vite car elle deviendra de plus en plus difficile à contrôler. Plus les mesures tardent, plus l’action devra être énergique. Récemment, nous avons déjà perdu quelques personnes dans des rivières en crue, dans des forts orages et dans des grandes avalanches. Que ferons-nous quand il y aura plus de victimes du climat? Selon l’ONU, il nous reste environ un an pour mettre en place des solutions efficaces pour la réduction des émissions de carbone.  Si nous tergiversons quelques années encore, le problème deviendra si grave qu’il faudra alors par exemple recourir à l’arrêt de toutes les voitures et du chauffage des appartements pour rester en vie.

Nous devons tout de suite mettre en place plusieurs solutions pour réduire l’effet de serre et pour maîtriser le réchauffement climatique. Il nous reste peu de temps, mais nous pouvons encore y parvenir.

 

 

 

 

 

Le réchauffement climatique est catastrophique pour la sécurité mondiale

Les experts militaires américains du climat ont publié un rapport sur les risques que le réchauffement pose pour la sécurité mondiale. Le sous-titre du rapport dit tout: ‘Les scénarios climatiques suggèrent un Futur catastrophique pour la sécurité’.

Le rapport détaille les conséquences des scénarios climatiques du GIEC, RCP 2.6, RCP 4.5, RCP 6 et RCP 8.5, décrites dans les rapports des agences de l’ONU et par la Banque Mondiale:

Un réchauffement climatique global entre un et deux degrés présente déjà une menace sérieuse. Au delà, le monde est menacé de catastrophes irréversibles. Des régions entières deviendront inhabitables à cause de températures extrêmement élevées.

L’Afrique

L’Afrique est exposée à réchauffement supérieur à la moyenne globale. Actuellement, elle subit périodes inquiétantes de sécheresses et d’inondation. A 1-2°C de réchauffement, l’Afrique est très menacée, bien de champs deviendront incultivables et les maladies se multiplieront sur le continent, ce qui accroîtra les risques de violence. Elle subira la désertification du Sahel et des vagues de chaleur extrêmes dans les régions équatoriales et dans le Sud. L’Afrique de l’Est est menacée par les typhons. Les conséquences sur la sécurité alimentaire d’une population déjà mal alimentée pourraient être graves. A plus de 2°C l’Afrique pourrait subir des crises humanitaires sévères.

Moyen-Orient et Asie Centrale

Le Moyen -Orient et l’Asie Centrale subiront des températures dangereusement élevées, des sécheresses, et des pénuries d’eau. Des températures très élevées, pourraient rendre ces régions inhabitables entre 2 et 4°C de réchauffement global.

L’Europe et la Russie

Les risques sont moyens à élevés, Le Nord de l’Europe en particulier est exposé à des forts changements, des températures très élevées, des sécheresses et des inondations, des vagues de chaleur extrêmes chaque été.  La région méditerranéenne subirait des vagues de chaleur extrêmes de trois mois chaque été. Les Pays-Bas et de nombreuses villes européennes sont menacées par une augmentation de niveau de la mer d’un mètre. La météo dangereuse menace l’économie européenne. A plus de 2°C, l’Europe subirait des sécheresses prolongées et la montée du niveau de la mer toucherait de nombreuses régions. Des migrations internes ainsi qu’un afflux de migrants d’autres continents sont probables.

Inde -Asie -Pacifique

L’Asie subirait des sécheresses et  des inondations graves. Au-dessus de 2°C, ces régions seraient frappées par une montée du niveau de la mer dévastatrice, des moussons extrêmes, des cyclones destructeurs, et la production alimentaire serait perturbée.

 

Amérique du Nord et régions boréales

Ces zones sont exposées à des dangers moyens à forts,  à des tempêtes, à des feux,  à la destruction d’infrastructure, et à des risques pour les institutions démocratiques.
Au delà de 2°C de réchauffement des vagues de chaleur extrêmes (je suppose à 50°C) pourraient toucher même les régions les plus froides.

 

Amérique du Sud, Caraïbes

L’Amérique du Sud subirait des changements des zones de précipitations, des migrations.
De nouvelles maladies pourraient se multiplier et menacent la production agricole. La production du café, du sucre et du soja est menacée lors d’un réchauffement important. Les poissons migreront vers des eaux plus fraîches.

Cette partie me semble sous-estimée ou vague. Actuellement, l’Amérique du Sud subit des sécheresses et des inondations catastrophiques, et les Caraïbes des ouragans dangereux. L’Amazonie est menacée et la région pourrait devenir aride  (dr).

 

Maintenant, nous vivrons ainsi.

En Europe, en Amérique du Nord et en Russie, nous courrons au moins des risques conséquents pour la société et les infrastructures humaines. Ailleurs, ces risques seront sévères. Dans le document, (p.10) se trouve une belle carte du monde qui représente les risques par région en rouge.

Le rapport prévoit aussi des conséquences sociétales négatives telles que la montée de l’extrême droite, de dictatures ou du narco-trafic. Il déclare que le monde doit agir ensemble pour limiter le réchauffement et résister aux effets qui se produisent déjà.

Ce rapport est basé sur les travaux du GIEC. Il prévoit les conséquences annuelles mais n’inclut peut-être pas les tempêtes et vagues de chaleur journalières qui pourraient augmenter les risques pour la vie, les infrastructures, et les cultures alimentaires. Le président du GIEC a dit lui-même déclaré à la COP25 que les conséquences du changement climatique sont actuellement plus graves que prévu. D’autres scientifiques estiment que le réchauffement pourrait progresser plus rapidement.

Communiqué de presse: https://climateandsecurity.org/a-security-threat-assessment-of-global-climate-change/
Rapport: https://climateandsecurity.files.wordpress.com/2020/02/a-security-threat-assessment-of-global-climate-change_nsmip_2020_2.pdf

Les bases du débat climatique: Le climat pourrait causer la mort de 6 milliards de personnes

Un jeune homme a récemment exprimé dans les colonnes du Temps l‘opinion que dans le domaine du climat, l’émotionnel a pris le pas sur le rationnel. Il appelle à l’esprit critique et au débat rationnel, mais simultanément, il ignore lui-même les informations scientifiques qui devraient former les bases du débat.

Le fondateur d’Extinction Rebellion a récemment déclaré que si nous ne prenons pas de mesures strictes, le climat pourrait causer la mort de six milliards d’humains. Cette déclaration repose justement sur des bases scientifiques.

Nous savons depuis longtemps que les bombes nucléaires pourraient effacer l’Humanité de la Planète. Le changement climatique comporte les mêmes risques, nous devons le désamorcer.
Un degré de réchauffement nous a déjà apporté plus de vagues de chaleur, plus d’inondations, plus d’ouragans forts et de feux de forêt. En 2019, la production agricole intensive du Midwest américain a été fortement perturbée par les inondations, celle de l’Iran anéantie quand 90% (la quasi-totalité) de la surface du pays ont été inondés. Le delta du Mékong, le plus grand producteur de riz de la Planète a subi des sécheresses et des chaleurs record, inédites au printemps, et sa production de riz en a souffert. L’Australie est frappée par des chaleurs record chaque année depuis quatre ans et sa production alimentaire a aussi diminué. Le Nord de l’Europe a également subi des sécheresses. Cette année déjà, les catastrophes climatiques diminuent les ressources alimentaires de la Planète. L’Index Mondial de faim relève déjà des niveaux alarmants de famine causés par le réchauffement climatique dans plusieurs pays africains (selon the Guardian).


Les vagues de chaleur et les sécheresses provoquent également des catastrophes écologiques: des feux de forêts, récemment des hécatombes de kangourous en Australie, d’hippopotames au Botswana, la mort de la Grande Barrière de corail australienne.

Cela va empirer, des vagues de chaleur plus fortes causeront des sécheresses importantes, les inondations s’aggraveront beaucoup, elles deviendront plusieurs fois plus grandes, des ouragans plus forts, des tornades et des grêles immenses frapperont les terres.

Selon le rapport du GIEC 2018, la production alimentaire de la Planète courra des risques sérieux à environ 2 degrés et demi de réchauffement.

Plusieurs scientifiques estiment que si nous laissons le réchauffement continuer jusqu’à 4°C, moins d’un milliard de personnes survivraient et donc six milliards disparaîtraient. D’autres parlent de 10% de survivants, d’autres d’un demi-milliard. The Tyee, un journal canadien, a trouvé des déclarations de nombreux scientifiques qui vont dans ce sens. Les profs Shellnhuber, Rockström, Anderson, Spratt, Dunlop ont fourni ces estimations. Le professeur d’écologie Guy McPherson prévoit des événements très dangereux avant même 2050. Imaginez qu’à +4°C, il fera en moyenne +8°C au milieu des continents, et les vagues de chaleur monteront plus haut, plus de dix degrés au dessus des maxima actuels. Une étude a spécifiquement établi que dans notre région, les vagues de chaleur pourraient atteindre 50°C et seraient directement mortelles, mais elles anéantiraient aussi  notre production agricole. Les vaches y succomberont vite.

Ces faits scientifiques doivent constituer les bases du débat sur le climat, et ils ont provoqué l’accord de la COP21 en 2015.

Le danger est immense. Les solutions existent, et nous devons maintenant ouvrir les yeux et les appliquer de façon responsable.