Pleux, l’éducation et les enfants d’aujourd’hui

J’ai lu quelques interviews de Pleux sur l’enfant roi. J’ai l’impression que son début de carrière avec des jeunes à problèmes l’a trop influencé. Certains comportements n’existent pas chez un chérubin bien traité.

La discipline bien appliquée aurait pour effet de canaliser l’enfant dans des activités autorisées  et  bénéfiques pour lui. Pour cela, il faut établir une liste de possibilités d’activités. Le cerveau de l’enfant se développe le plus pendant les trois premières années. Il explore, bouge, comprend et apprend énormément à cette période, et doit disposer de tout cela.

Les personnes âgées savent que les enfants sont capables d’effectuer quelques tâches exigées par le passé, comme la politesse et le respect de l’adulte. Je me souviens de ma classe à l’école, nous étions quarante élèves assis à leur pupitre.  Nous pouvions tous être assis dans le calme. C’est possible, cela peut être obtenu par des punitions, par des récompenses, par un cours intéressant, et probablement d’autres façons. Nous devons garder à l’esprit ce qui est possible, et améliorer les techniques pour l’obtenir.

Pleux semble surpris quand les parents laissent l’enfant s’exprimer, et  communiquer avec lui. Les parents appliquent évidemment ce qui est conseillé par les psychologues, notamment Dolto, depuis trente ans au moins, et qui figure actuellement dans les articles de conseils d’éducation Pro Juventute. Dans le cas d’un petit, de nombreux comportements s’expliquent vraiment par le fait qu’il a perdu sa chaussure ou qu’il ne sait pas comment ouvrir l’emballage. Le problème est résolu dès qu’il est expliqué.

Dans une interview il remarque que l’enfant va bien lorsqu’il est content d”être enfant. Ca, je l’ai observé aussi. J’ai arrêté de travailler pour être avec ma fille  et j’ai créé un monde où le petit enfant joue autant que possible, plusieurs heures par jour. Les trajets, sorties au supermarché et autres activités des parents étaient minimisés. L’adulte ne parle pas des problèmes ni de ses intérêts et au contraire s’intéresse et participe aux jeux, et cela se passait très bien.   Malheureusement les autres l’initient aux jouets nocifs , réseaux sociaux etc.

Au cours des années, par contre, j’ai suivi les indications des psychologues, qui conseillaient d’autoriser au pré-adolescent le bonbon de son choix, les habits qu’il aime, la télévision et les réseaux sociaux.  Ils conseillent de donner exactement ce que l’enfant veut, pour l’intégration sociale, et ignorent les effets nocifs des colorants chimiques, des dessins animés violents, etc. J’observe qu’un choix libre peut avoir une composante instinctive mais la mode et la publicité priment clairement.  Récemment, plusieurs études et articles montrent la nocivité des réseaux sociaux et leur effet négatif sur la santé mentale des jeunes.

Cependant, je me suis demandée si le problème de la jeunesse actuelle ne serait pas ailleurs. Dans mon enfance, de nombreuses mères étaient à la maison avec les enfants, la mienne est restée avec moi jusqu’à trois ans, puis a travaillé à temps partiel. Nous jouions avec les autres dehors, et seuls à la maison.  Le rythme de vie de l’enfant est alors plus calme, il changera d’activité environ dix fois moins souvent. Des études ont montré qu’un loupiot dans une bonne crèche a un comportement normal mais son niveau de cortisol est plus élevé. Celui-ci indique le stress, l’enfant vit, les premières années, un stress plus élevé. On peut imagine qu’il s’y habitue, recherche ensuite le stress et l’excitation et ne se concentre pas aussi bien.

Ils sont aussi en grand groupe, et il est impossible de se reposer en cas de fatigue.  Le résultat est l’irritation, le fatigué ennuie les autres et l’irritation se répand dans le groupe.

L’enfant qui allait à l’école partait de la maison vers huit heures, passait quelques heures à l’école, souvent la pause de midi à la maison, et rentrait pour le goûter. La mère était constamment à la maison, ne sortait quasiment pas, et les périodes passées dans un groupe de vingt enfants surexcités dans une pièce étaient bien plus rares. Dans des telles conditions, les animaux s’agressent dans les élevages.  Avant, l’enfant jouait dehors et se couchait tôt au calme.  Les différences résident donc probablement dans la présence aimante de la mère, qui devait s’occuper toujours des enfants, le nombre plus petit d’enfants dans la pièce, et les journées moins chargées.

Aujourd’hui, le parent voit l’enfant seulement une ou deux heures, après une journée très fatigante pour celui-ci. Combien de fois l’enfant at-il été frappé pendant cette journée? Qu’est-il arrivé d’autre? Peut-être est-il fatigué ou irritable. Les articles sur le phénomène du ‘broken cookie’ où l’enfant fait une crise de larme parce que son biscuit est tombé par terre expliquent qu’il s’agit en fait d’un excès de frustration de la journée. C’est la goutte qui fait déborder le vase et l’enfant exprime son excès d’émotions par une crise de larmes. Les articles sur le sujet conseillaient d’accueillir celle-ci par un gros câlin, sachant qu’après une demie-heure l’enfant aura fini de pleurer et jouera à nouveau.

Je me demande donc si le petit “gâté” n’est pas parfois un enfant en crise de nerfs après une journée trop dure.

J’aimerais voir une étude qui montre si le fait d’être à la maison ou en garderie et accueil périscolaire a un effet sur  la concentration, le comportement, etc. Je suis au courant d’une étude scandinave montrait que l’hyperactivité était éliminée si l’école commençait à huit ans au lieu de sept. Il faudrait savoir comment ces premières années se passaient, quelles sont les bonnes conditions d’éducation. A mon avis, elle devrait inclure un échantillon d’enfants ayant passé les premières années auprès de leur maman, souvent dans les bras de celle-ci, élevés sans violence ni stress, et libres de jouer et de faire des découvertes toute la journée.

Addendum le 29 mars: Une opinion professionnelle: Isabelle Filliozat: https://www.youtube.com/watch?v=6FkhDmJcPv4

Une tribune ouverte de 280 professionnels de l’éducation dans le Monde parue le 23 mars 2023: https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/23/le-recours-a-une-education-repressive-est-defavorable-au-developpement-de-l-enfant_6166631_3232.html

Une de mes amies psychologues trouvait que certains enfants ne mangent pas assez à l’âge de deux à cinq ans, et que la faim crée l’agitation, qui se transforme en habitude. Par contre, s’ils sont repus, ils ont plus calmes et se concentrent mieux.

Selon cet article léger, les enfants japonais ne sont pas punis, restent avec leur mère et font ce qu’ils veulent jusqu’à 5 ans (lien). Le bouddhisme conseille apparemment aussi de tolérer beaucoup les premières années.   L’éducation japonaise pourrait être comparée à l’européenne.

Une étude montre que les enfants dont la petite enfance c’est passée en  crèche sont plus hyperactifs jusqu’à 13 ans (lien).

La présentation du nouveau rapport du GIEC

Le GIEC finalise un nouveau rapport. Ils ont apparemment décidé de débattre sans se séparer jusqu’à atteindre un accord. Ce procédé rappelle le conclave, qui élit le pape, à croire qu’ils attendaient une intervention divine.

Dans la conférence de presse, il fut répété plusieurs fois qu’une action rapide peut encore limiter les températures à 1,5°C en moyenne décennale.

Les réductions d’émissions auront un effet certain sur le climat dès 2030-2040.  Hier,  je citais Yale Climate connection. Ils rappelaient que des événements autrefois attendus tous les mille ans se produiront maintenant tous les 20 ans.  Il s’agit de vagues de chaleur extrêmes,  des cinq inondations millénales qui ont touché les Etats-Unis cet été, de l’inondation de 90% de la surface de l’Iran, des immenses feux de forêt d’Australie péniblement arrêtés aux portes de Sydney, ou du plus grave ouragan de l’histoire.  Nous savons déjà que ces événements s’aggraveront, nous verrons donc par exemple ces canicules ou ces déluges chaque décennie. Une action rapide les limitera cependant, dans le cas d’émissions incontrôlées  les vagues de chaleur seraient plus fortes, plus fréquentes et plus longues, par exemple trois mois à 50°C tous les deux-trois ans, avec des extrêmes plus élevées,  mortelles pour l’humain, mèneraient à la désertification progressive de l’Europe. les tempêtes et les inondations pourraient détruire nos villes, les eaux s’étendraient sur des grandes surfaces, monteraient à plusieurs mètres, des torrents tumultueux s’attaqueraient aux bâtiments. Ces catastrophes seraient extrêmement graves.  L’action climatique rapide est très importante pour notre sécurité ici, en Europe, en 2050.  Je précise que mes chiffres sont des exemples imprécis et que le GIEC fait un travail important pour fournir des valeurs correctes.

Nous devons donc agir immédiatement pour le climat. La solution évidente est de cesser de produire et de transporter massivement des objets jetables ou à très courte durée de vie, qui seront souvent détruits sans être vendus. Ce système basé sur la croissance perpétuelle s’épuise déjà. Les crises s’accumuleront à l’avenir.
Les Etats peuvent gérer la transition de façon positive. J’estime qu’ils doivent déjà créer des emplois et investir massivement dans l’agro-foresterie, la préparation des bâtiments existants aux catastrophes climatiques, et la mise en place d’aliments végétaux très bon marché.  La population serait en sécurité économique, nous sortirions du système nocif d’encouragement aux entreprises dangereuses pour l’avenir de l’Humanité, de conditionnement de la population à adorer le travail dans celles-ci, de l’achat provoqué par les publicités  mensongères.  Simultanément, nous nous préparerions à l’avenir climatique en limitant les dangers futurs. 

Le résumé du rapport du GIEC est accessible sur leur site internet (lien). Je résume ici les conclusions principales (lien):

A1: Le réchauffement est causé par l’Homme,  a déjà atteint 1,1°C, et est dû à des émissions de carbone humaines inégales de diverses sources.

A2: Le changement climatique influence de nombreux événements extrêmes, avec des nombreuses conséquences et des pertes et dommages partout dans le monde.

A3: L’Adaptation progresse dans le monde. Elle est encore insuffisante, et les flux financiers manquent surtout dans les pays en voie de développement.

B1 – B2: Les émissions de carbone mèneront le réchauffement au-dessus de 1.5°C. Chaque augmentation de température intensifiera plusieurs risques et impacts négatifs (degré de confiance très élevé). Les réductions d’émissions ralentiraient le réchauffement dans environ vingt ans.

B3: Un réchauffement plus élevé augmente de risque de conséquences abruptes et/ou irréversibles.

B4: L’adaptation est encore possible mais deviendra plus difficile par la suite.

B5: Les réductions d’émissions au cours de cette décennie détermineront si les températures pourront être limitées à  1.5°C ou 2°C.

B6: Des réductions d’émissions rapides, profondes et immédiates sont nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5°C mais aussi à 2°C.

B7: Si nous dépassons le 1,5°C, les températures pourraient être limitées par le CDR (capture de carbone).

C1: Nous devons absolument agir vite.

C2: Une action rapide réduirait les pertes et dommages pour les humains et les écosystèmes (very high confidence)  et apporterait de nombreux bénéfices pour la qualité de l’air et la santé.

C3: Des transitions rapides dans tous les secteurs sont nécessaires et possibles, les solutions existent.

C4: L’action climatique est essentielle pour le développement durable.

C5: L’équité, la justice sociale, la justice climatique etc peuvent permettre l’adaptation, la mitigation et le développement durable. La consommation polluante peut être réduite avec des apports de bien-être.

C6: L’action politique, par des lois, les règlements etc  permettra une action climatique efficace.

C7: La finance, la technologie et la coopération internationale sont essentielles pour l’action climatique.

 

Yale Climate Connection sur les événements extrêmes et les catastrophes mondiales futures

Un nouvel article de Yale Climate Connection se penche sur les événements extrêmes présents et futurs (lien).

Ils notent l’augmentation d’événements extrêmes et les raisons de leur aggravation rapide récente. Ils relèvent que la combinaison de plus d’énergie thermique et d’une circulation atmosphérique perturbée a rendu les événements météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses. Les tempêtes bénéficient de plus d’énergie et de plus d’humidité qui entraîne des pluies plus fortes.

Ils notent que les épisodes de chaleur accablante qui devraient se produire une fois tous les 1 000 ans (une probabilité de 0,1 % au cours d’une année donnée) se produisent maintenant une fois tous les 20 ans.

L’Arctique s’est réchauffée de quelques degrés et cela modifie le courant-jet. Il forme des méandres qui provoquent une amplification quasi-résonante des phénomènes extrêmes.

La déforestation et les émissions de particules par l’Homme pourraient aussi jouer un rôle dans l’intensification de vagues de chaleur.

Ils relèvent aussi que les tornades se forment plus au nord, à des périodes de l’année plus précoces, et que les épisodes sont plus abondantes. J’avais rapporté une étude de l’évolution du nombre de tornades qui montrait une très forte augmentation.

Yale Climate Connection note que nous devons anticiper et nous préparer à une augmentation significative des conditions météorologiques extrêmes dans les années à venir.

D’autre part, ils citent un rapport de l’ONU qui a révélé une augmentation des du risque d’événements extrêmes rares par le changement climatique.  Il s’agit de catastrophes mondiales mortelles pour plus de 10 millions de personnes ou destructrices au point de causer de 10 trillions de dollars de dégâts (10 000 milliards), qui constituent une menace d’effondrement total de la société.

Leur article de juillet 2022 (lien) discute ces risques globaux catastrophiques (GRC). Le changement climatique augmente les risques de plusieurs de ces événements. Ils parlent de cinq  types de risque:

1: La sécheresse:

L’événement  catastrophique mondial le plus grave associé au changement climatique pourrait bien être une famine massive causée par des sécheresses extrêmes ou des inondations frappant simultanément plusieurs grands « greniers à blé » producteurs de céréales. Un tel événement pourrait entraîner d’importantes flambées des prix des denrées alimentaires, un choc du système alimentaire, et entraîner la famine massive, la guerre et une grave récession économique mondiale. Cet événement est déjà possible, et l’assurance Lloyds estime qu’il a 14% de chances de se produire dans les trente ans. Je dirais que ce risque est même plus élevé.

2: La guerre:

Historiquement, les famines et l’insécurité alimentaire ont souvent mené à des guerres.  Aujourd’hui, la guerre pourrait être nucléaire et un conflit ‘local’ Inde – Pakistan  pourrait entraîner un hiver nucléaire et 2 milliards de morts.

3: Montée du niveau de la mer

La montée du niveau de la mer aurait des conséquences très importantes sur le monde entier. Selon Yale Climate connection, dans un scénario de réchauffement modéré,  des biens d’une valeur de 7-12 trillions de dollars (7’000-12’000 milliards de dollars), notamment des villes et des zones agricoles,  seraient menacés sur les côtes.  Leur calcul s’appuie sur une estimation des inondations côtières de Kirezci, basée sur le 5ième rapport du GIEC de 2013.  Celui -ci estimait que dans un cas de réchauffement modéré, le niveau de la mer monterait de 28 à 82 centimètres. Les observations des dix dernières années montrent plusieurs signes inquiétants de fonte du Groenland et des glaces Antarctiques. Le sixième rapport du GIEC, établi d’après des données d’il y a environ cinq ans,  contient une estimation de montée du niveau plus élevée. Les observations récentes sont encore plus inquiétantes. L’effondrement de l’Antarctique-Ouest que je discutais dans mon livre en 2016 est un risque réel et pourrait mener à une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres. Le climatologue Michael Mann ainsi que d’autres déclaraient récemment que ce risque avait été sous-estimé (lien, lien), il pourrait se réaliser au cours de la prochaine dizaine d’années. Une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres suivrait probablement au cours du 21ième siècle, et ses conséquences seraient beaucoup, plusieurs fois plus importantes que les prévisions actuelles.

4: Pandémie

Ils mentionnent le risque que les animaux sauvages privés d’habitat se rapprochent des populations humaines et transmettent de virus. Le changement climatique comporte aussi un risque de nouveaux pathogènes ou de réveil d’anciennes maladies. Ils relèvent enfin que les mouvements humains sont un facteur d’épidémie.  La circulation de microbes dans l’Humanité est vraiment extrêmement rapide par rapport au passé: un jour à Pékin, le lendemain à Heathrow Londres, et le surlendemain dans toutes les capitales du monde.

5: Arrêt de la circulation océanique:

L’augmentation des précipitations et de l’eau de fonte des glaciers pourrait ralentir ou même arrêter la circulation méridienne de renversement de l’Atlantique (AMOC).  Ce système de courants océaniques transporte l’eau chaude et salée des tropiques vers l’Atlantique Nord et envoie de l’eau froide vers le sud le long du fond de l’océan. L’augmentation des précipitations et de l’eau de fonte des glaciers due au réchauffement climatique pourrait déverser dans l’Atlantique Nord d’assez d’eau douce pour ralentir ou même arrêter la circulation océanique de l’Atlantique (AMOC). La conséquence citée, depuis longtemps, est un refroidissement de l’Europe. Il me semble que cet événement est en cours, la circulation océanique donne des signes de ralentissement  mais le changement pourrait être graduel,  sur des décennies, et pourrait surtout apporter des canicules extrêmes en Afrique. Ce phénomène ne se produirait pas seul. En Europe, la météo est modifiée par plusieurs facteurs, tels que le réchauffement global, les changements du courant-jet, le réchauffement de l’Arctique, qui nous amènent des fortes précipitations, et elle pourrait évoluer dune façon différente.

 

La viande de boeuf deviendra un immense danger planétaire

La production de nos aliments dégage des gaz à effet de serre qui augmentent le réchauffement climatique.

Un nouvelle estimation établit que les émissions de l’agriculture accroîtront l’effet de serre d’un degré en 2100. Les températures de la Planète sont déjà montées d’un degré avec des graves conséquences météorologiques. Ces gaz à effet de serre supplémentaires suffiraient donc à porter le climat au-dessus du seuil de stabilité planétaire de 1.5°C.

Le méthane deviendra le gaz à effet de serre le plus nocif, et la production de boeuf en sera la principale responsable.

Si l’alimentation reste similaire à celle d’aujourd’hui,  en 2100 elle réchauffera la Planète d’un degré et cet effet de serre proviendra à 60%  du méthane.

La consommation de produits laitiers et de la viande causera la moitié du réchauffement dès 2030, et le riz apportera 19%.

Je pense un instant courageusement à essayer des pâtes avec du dhal (sauce de lentilles), mais la production de blé est menacée par les températures croissantes, et le maïs par les sécheresses.   Il vaudrait apparemment mieux manger du millet et du sorgho (lien).

Les auteurs de l’étude relèvent eux-mêmes que leurs calculs incluent simplement la croissance de la population et se basent sur une hypothèse d’alimentation constante.  Ils citent d’autres travaux qui estiment que la consommation de viande de boeuf pourrait augmenter de 90% en 2050. Le développement mondial provoque une consommation accrue chez un milliard de chinois et d’autres populations qui en étaient auparavant privées.  Ils remarquent justement donc que leur travail, qui détaille les gaz à effet de serre dus à la production de nombreux aliments, sous-estime probablement l’avenir.

La FAO alertait il y a quelques années sur une augmentation rapide de la production de viande, alors les projections réalistes seraient bien plus élevées. De plus, l’élevage implique de nourrir ce bétail dans des pâturages ou par des cultures rendues possibles par la déforestation. Celle-ci provoque des émissions de carbone des arbres et du sol, qui ne sont probablement pas encore totalement comptabilisées. L’absence des forêts déstabilise le climat local  et augmente l’effet de serre global.

Les auteurs estiment qu’il est possible de réduire le 1°C apporté par l’alimentation de 0,2°C en adoptant des pratiques agricoles plus adaptées, en limitant la production de méthane des boeufs, des rizières et le gaspillage alimentaire.  

Ils observent qu’à mesure que le CO2 sera remplacé par les énergies renouvelables, le méthane deviendra le principal problème, et qu’en 2100 le boeuf  élevé pour la viande sera bien plus polluant que tout autre aliment.  Le poulet provoquerait alors beaucoup moins d’effet de serre.  Les émissions de carbone des vaches laitières semblent plus faibles. En Suisse, les pâturages naturels de montagne permettent un élevage plus écologique, si les aliments du boeuf suisse n’incluent pas de produits de la déforestation tropicale. 

Cette étude est utile pour mettre en évidence des problèmes de production d’aliments spécifiques et donner des pistes d’amélioration spécifiques.

Mais si nous ajoutons à cela l’augmentation rapide de consommation de viande dans le monde le bilan pourrait être bien supérieur, démultiplié. La production de viande est aussi très sensible aux chocs climatiques et économiques. Nous ne pouvons simplement pas l’augmenter et survivre sur Terre.

Des changements dans notre alimentation réduiraient aussi les émissions de carbone.  De toute façon le menu des bûcherons du 19ième siècle ne me convient pas. Dans la génération de mes grands-parents, nés en 1910-1920, de nombreuses personnes sont décédées dans la cinquantaine de crise cardiaque liée au cholestérol.  Cette étude cite l’école médicale d’Harward qui conseille de limiter la viande de boeuf ou de porc à un repas par semaine, et les oeufs, le poulet et le poisson à deux repas par jour au maximum. Leur menu me semble déjà très riche en protéines animales. La FAO recommande 20 grammes de protéines par jour, un chiffre total plus bas. Je préparais en général un repas avec du fromage ou un oeuf, et le deuxième avec des protéines végétales. Je réalise  ainsi une réduction d’émission assez importante en prenant simultanément soin de ma santé. Le régime Eat-Lancet, régime  optimal pour la santé et pour la Planète,  inclut encore moins de protéines animales et plus de protéines végétales. Il réduit aussi le risque de cancer.  Il pourrait être massivement adopté si nous disposions d’alternatives végétales fabriqués à grande échelle à des prix inférieurs à ceux de la viande. 

The Planetary Health Diet

Vagues de chaleur à plus de 50°C chaque année aux Etats-Unis?

Une autre analyse statistique se penche sur l’incroyable vague de chaleur survenue en 2021 à Lytton, en Colombie Britannique.  Les températures y ont atteint 49.7°C (le Temps), record absolu du Canada,  plus de vingt degrés au-dessus des moyennes habituelles.

Les auteurs déclarent en préambule qu’il est généralement reconnu que le réchauffement climatique augmentera considérablement l’intensité, la durée et la fréquence des vagues de chaleur dans de nombreuses régions du monde. Cette information vient du GIEC.

Une telle chaleur aurait été impossible sans les changements climatiques causés par l’Homme (le Temps), elle devient par contre de plus en plus probable à mesure que les températures montent.

Ils se concentrent sur la région Ouest de l’Amérique du Nord et estiment les risques qu’une telle canicule s’y reproduise. Ils ont analysé les résultats de modèles climatiques pour cette région.

Si rien n’est fait pour freiner le réchauffement (si les émissions de CO2 suivent le scénario business-as-usual, sans réductions), un tel événement extrême deviendra un fait courant dans la plupart des régions de l’ouest de l’Amérique du Nord.

Si le réchauffement mondial atteint le seuil de 4°C en 2100, la température dépassera les 49,7°C,  pour ainsi dire 50°C, dans 75% du territoire  étudié, qui couvre environ la moitié des Etats-Unis.

Une grande partie de ce pays sera chaque année exposée à des chaleurs étouffantes, et la majorité de sa population serait en grave danger à cause de ces températures. La production agricole sera compromise.

La chaleur montera de toutes part,  une chape épaisse recouvrira le pays, plus de cent millions de personnes y seront exposées simultanément… Il deviendrait impossible de fuir, il ne resterait qu’à se terrer dans des caves, des garages, des abris en sous-sol.

La climatisation deviendrait une nécessité vitale,  mais elle sera menacée par des coupures de courant. La canicule comporte bien d’autres dangers. La vague de chaleur de 2021 provoqué des grands feux, la ville de Lytton a brûlé. En 2022 l’Angleterre a atteint 40°C, très inhabituel pour ce pays, et des nombreux feux s’y sont aussi déclarés.  Ces risques semblent associés. 

Températures maximales en cas de réchauffement global faible (haut), modéré  (milieu) ou fort (bas), à différentes dates. Le petit chiffre en haut à droite  du graphique indique la proportion du territoire qui dépasserait les 49.7°C chaque année. Dong et al, Earths Future, 2023

Les climatologues prévoient que la température dépasserait 50°C chaque année. La variabilité de la météo signifie que certaines années, elle montera de quelques degrés plus haut. La chaleur serait réellement mortelle. 

Ce risque n’est pas du tout limité à l’Amérique du Nord. Une autre étude établissait que l’Est de la France, notamment la Bourgogne et les régions environnantes, atteindrait alors des températures similaires.

Les chercheurs notent que la vague de chaleur de Colombie britannique avait certaines particularités. Récemment, il a été établi que la chaleur a atteint un tel niveau parce que la canicule s’est prolongée et que les sols secs ont amplifié le phénomène, habituellement modéré par l’évaporation de l’eau. D’autre part, les ondulations du courant-jet ont apporté de l’air tropical loin vers le Nord et provoqué la stagnation du dôme de chaleur.

L’étude que je rapporte ici a considéré qu’une telle conjonction d’événements ne se reproduirait pas. Il me semble au contraire que nous pouvons nous y attendre à l’avenir.

Je me suis demandée si je n’exagère pas. Encore une fois, je présente une étude qui annonce des événements très graves en l’absence de réduction d’émissions de carbone, et je la trouve trop modérée.

Voici mon raisonnement: Je crois qu’il est assez évident qu’une vague de chaleur prolongée amène la sécheresse.

D’autre part, les ondulations du courant-jet qui amènent l’air chaud au Nord et provoquent sa stagnation sont plus fréquentes et plus prononcées à cause du réchauffement arctique.  Vont-elles s’aggraver encore?

J’ai trouvé aujourd’hui une étude récente,  effectuée entre autres par Michael Mann et Stefan Rahmstorf. Ils montrent que ce type de phénomènes de stagnation de chaleur au Nord, qui ont causé des événements extrêmes dévastateurs en été, y compris la vague de chaleur européenne de 2003, deviendront plus probables,  plus fréquents à cause du réchauffement anthropique (Mann et al). 

L’analyse des prévisions des modèles climatiques suggère donc qu’à 4°C de réchauffement, les trois-quarts de la région étudiée atteindront les 50°C chaque année.   Ils n’ont pas inclus le risque de variations du courant-jet et de stagnation de chaleur au Nord, mais selon l’étude de Michael Mann, celui-ci augmentera aussi.

Sans lancer de chiffre de températures encore plus effroyable, il apparaît clairement que le danger serait énorme, très étendu et concernerait une grande population, plus de cent millions de personnes. Dans le cas d’un réchauffement plus modéré, une telle canicule pourrait encore se produire, mais pas chaque année.   Bien sûr, des solutions sont mises en oeuvre pour éviter une telle fournaise, et nous devons absolument réduire ce risque autant que possible.

Addendum le 27 mars 2023: Une étude dendrochronologique réalisée sur des arbres millénaires montrant que les températures de l’été 2021 étaient les plus élevées jamais observées dans la région. https://phys.org/news/2023-03-plus-years-tree-historic-extremity.html

Image de couverture par Reimund Bertrams de Pixabay

Bonnes ou mauvaises solutions pour le climat

Radicaux hydroxyl dans l’atmosphère

En février 2023 j’ai vu une technique de géo-ingénierie ou  de “nettoyage de l’atmosphère” dans le groupe Facebook de climatologues Arctic news. J’aimerais lancer un débat, avoir l’opinion de chimistes de l’atmosphère à ce sujet. L’idée est de disperser des radicaux d’oxygène dans l’air. Ils forment des groupe hydroxy qui réagiraient avec le CO2 et le transformeraient en acide carbonique, qui tomberait sur terre avec la pluie. Ils se proposent d’éliminer 15 gigatonnes de CO2, en faisant passer l’air dans des turbines générant les radicaux oxygène.

Cette modification de l’atmosphère affecte la formation des nuages, selon les inventeurs, ils se condensent plus facilement, plus près du sol, reflètent mieux le soleil et réduisent le réchauffement. Ces effets sont très nombreux et donnent un exemple de la complexité du système.

Cette technique dégrade aussi le méthane. Actuellement, il est naturellement éliminé par les molécules hydroxy existantes dans l’atmosphère, mais celles-ci pourraient être saturées par les émissions de méthane croissantes. Les inventeurs expliquent d’ailleurs l’augmentation du méthane atmosphérique par la saturation des hydroxy naturels.

Je crois que nous avons absolument besoin d’une solution qui dégraderait le méthane en cas d’émissions massives du permafrost. Celles-ci pourraient fortement réchauffer l’atmosphère, accélérer la fonte du permafrost, et cette boucle de rétroaction comporte le risque d’un réchauffement intense qui menacerait l’Humanité. Il faut donc développer d’une solution de ‘dernière chance’ pour nous protéger de tels événements.

J’apprécie l’absence de métaux, de polluants dans l’atmosphère, qui éviterait des déchets toxiques pour l’Humain et les écosystèmes.  Même les ions d’argent actuellement utilisées pour la formation des pluies artificielles semblent légèrement nocifs pour les écosystèmes, pour les gastéropodes d’eau douce, je crois.

Je vois d’ailleurs que la technique est vendue par reductiontech  sur shopify.com., il semble que je pourrais l’acheter aujourd’hui pour mon coin de ciel bleu personnel, ce qui m’inquiète un peu.  Une étude sur l’utilisation à grande échelle devrait absolument être entreprise. Qu’en pensez-vous?

Pas de billes de verre sur la banquise

Une autre invention consistait à stabiliser la glace sur la mer arctique en la couvrant de petites billes de verre. Celles-ci devaient réfléchir la lumière du soleil et protéger la glace de la fonte. J’y étais viscéralement opposée, car  la glace se fracture, est lessivée par la pluie, et j’imaginais les poissons arctiques ingérant des billes de verre. Leurs effets pourraient être bien pires que l’ingestion de plastique, mener à une disparition des petits poissons, et à une catastrophe en chaîne dans cet écosystème, où les grands poissons et les phoques ne trouveraient plus d’aliments.

Une nouvelle étude s’est penchée sur cette technique et aboutit à la conclusion que les billes de verre auraient même, un effet contraire, de réchauffement. Elles devraient de plus être répandues par l’Homme sur toute la surface de l’océan arctique.  Il s’avère qu’elles seraient inutiles dans des flaques d’eau de fonte, que le vent pousserait les billes de verre dans un coin du bloc de glace,  et que la neige reflète mieux la lumière du soleil. Cette technique est donc déconseillée (lien).

Holisoils: capture de carbone dans le sol des forêts

Le carbone devrait être stocké dans les sols. Dans les zones boisées, celui-ci constitue un réservoir plus important que les arbres eux-mêmes.

Une gestion adaptée des forêts peut transformer leur sol en puits de carbone important, ou au contraire en faire une source de carbone.  Il faut absolument utiliser au maximum cette possibilité de diminuer l’effet de serre. Le projet HoliSoils donne des pistes pour y parvenir. Les forêts de conifères ou mixtes accumulent généralement plus de carbone, car les aiguilles se décomposent plus lentement.

La coupe à blanc et le drainage des tourbières doivent être évités dans la mesure du possible. Sur les prairies, ils recommandent en général une éclaircie modérée pour maintenir la croissance du peuplement de semis, la domination des conifères et l’augmentation de la période de rotation renforcent la puits de carbone, et la régénération rapide après coupe rase freine la baisse des stocks de carbone du sol. Ils suggèrent la fertilisation par l’azote de certaines forêts, et des aménagements pour conserver de l’eau dans les tourbières (lien).  Je me demande si la fertilisation pourrait être accomplie par des semis de plantes légumineuses.

D’autre part, les forêts anciennes, de plus de cinquante ou cent ans ont des sols particulièrement riches en carbone qui doivent être préservés.

C’est une excellente solution, sans risque pour l’écosystème, et il convient d’y prêter attention.

 

 

 

 

 

 

 

Les grands climatologues alertent sur les boucles de rétroaction

Les rapports du GIEC se penchent essentiellement sur les effets directs du réchauffement climatique. Celui-ci a aussi des conséquences sur la biosphère, fait fondre les glaces, provoque des sécheresses et des feux de forêts.  La fonte de glaces libère des surfaces sombres qui absorbent plus de rayons du soleil, le carbone des arbres brûlés s’ajoute à celui provenant de nos émissions, et ces changements accélèrent le réchauffement.

Plusieurs éminents climatologues, dont Lenton, Röckstrom, et Schellnhuber ont écrit un article dans lequel ils attirent l’attention sur ces boules de retroaction. Ils ont identifié 41 effets du climat, dont l’immense majorité pourrait avoir un effet accélérateur sur le réchauffement. Ces risques devraient bénéficier de plus d’attention. Ils demandent par exemple un rapport du GIEC consacré à ces problèmes.

Plus de vingt conséquences du changement climatique sur la végétation ont été répertoriés.  Il pourrait provoquer la mort des forêts, des incendies, d’autres stress des plantes, la disparition d’insectes pollinisateurs, l’émission de carbone du sol, des changements dans l’écosystème microbien, le verdissement de la région arctique, et plusieurs autres effets qui en conséquence modifieraient notre atmosphère.

Les chercheurs mentionnent notamment que le dépérissement des forêts, la perte de carbone du sol, la fonte du pergélisol, l’assèchement et la combustion lente des tourbières et l’évolution de la pompe biologique océanique sont difficilement prévisibles et leurs conséquences pourraient être importantes.

L’Amazonie et la jungle du Congo souffrent des nouvelles sécheresses, les forêts tempérées en portent les traces aussi et de nombreux arbres sont malades, d’immenses feux de forêt ont touché la Sibérie, l’Australie, maintenant le Chili.

Les sols perdent du carbone notamment en conséquences de sécheresses, s’érodent, et la poussière s’accumule dans l’atmosphère.  Le pergélisol fond et émet des gaz à effet de serre. Les tourbières sont des grands réservoirs de carbone et je crois que seule une gestion humaine pourrait les sauver.

Le plancton capte le carbone et nourrit les habitants des océans. Il semble moins abondant dans les eaux tropicales mais se développe dans les eaux arctiques (mesures satellite). Il était récemment admis qu’il absorbait près du tiers du carbone atmosphérique, et un tiers était assimilé par les forêts, mais le plancton pourrait mieux supporter le réchauffement, et jouer un rôle essentiel dans le Futur.

Les  chercheurs alertent sur le fait que des nouvelles petites augmentations du réchauffement à court terme constituent un risque important, compte tenu des souffrances que nous subissons déjà à cause des catastrophes climatiques telles que les incendies de forêt « sans précédent », les tempêtes intenses, les inondations côtières, le dégel du pergélisol et les événements extrêmes.

Ils demandent donc une étude accrue des boucles de rétroaction, notamment biologiques, et un développement de la  collecte et de l’analyse de données de ces changements.  Ils suggèrent un nouveau rapport du GIEC sur ces sujets.  Ils aimeraient aussi disposer d’un modèle integrant le changements climatique, les boucles de rétroaction, l’effet de mesures de mitigation et des activités humaines.

Selon eux, si les pires risques posés par les boucles de rétroaction et les points de basculement ont été sous-estimés, l’avenir d’une planète Terre hospitalière pourrait être en jeu.

J’alerte depuis plusieurs années sur ces sujets. Il est évident que la végétation, le sol et les écosystèmes souffrent des changements météorologiques, et qu’un changement climatique survenant en quelques décennies est trop rapide pour des forêts. Ces dernières années, nous voyons autour de nous des prairies jaunies, des arbres secs, des fleuves asséchés.  Ces boucles de rétroaction dont les effets sont discutés notamment par Extinction Rebellion doivent être considérées très sérieusement. Le GIEC n’a de loin pas tout prévu.  Les calculs de probabilité sur ce sujet semblent extrêmement difficiles, mais les événements observés   pourront  bientôt enrichir les modèles. L’humanité dispose aussi de nombreuses solutions mais pourra seulement les appliquer si elle voit la vérité en face.  En particulier une régénération de la végétation, des écosystèmes, des baleines, etc pourrait améliorer l’avenir de la Planète.

Les inondations de Californie ont provoqué d’énormes dégâts et s’aggraveront à l’avenir

Des rivières atmosphériques

En janvier de cette année de nombreuses tempêtes ont balayé la Californie. L’eau provenait de rivières atmosphériques, immenses bandes d’humidité formées au-dessus des océans et transportées sur des milliers de kilomètres.  Elles sont constituées par l’évaporation de l’eau des océans, qui sont de plus en plus chauds chaque année. Les températures du Pacifique Nord, notamment, ont atteint un nouveau record cette année. Les océans ont absorbé une quantité d’énergie cent fois supérieure à la production d’électricité mondiale.  Michael Mann a déclaré que l’accumulation de la chaleur par les océans, le ‘heat content‘, atteint et dépasse chaque année des extrêmes nouveaux. L’intensité du cycle hydrologique, l’évaporation de l’eau et les précipitations, augmente continuellement. Cette intensification provoque les événements météo extrêmes. “L’interaction entre l’océan en réchauffement et l’atmosphère produit les pluies prodigieuses qui se sont produites dans autant d’endroits récemment” (Kevin Trenberth, NCAR, publication article).

Une de ces formations orageuses était un ‘bomb cyclone‘, un cyclone à formation extrêmement rapide, qui s’est intensifié en 36 heures et a provoqué l’inondation des bords de mer à Santa Cruz et Capitola.

Les inondations

Les inondations ont commencé le 31 décembre après des précipitations record dans tout l’État de Californie, habité par 39 millions de personnes. San Francisco a vécu son deuxième jour le plus humide jamais enregistré et Oakland, le jour le plus pluvieux.  Des plaines ont été inondées, des quartiers entiers se sont transformés en lacs. Plusieurs villes ont reçu environ 30 cm de précipitations (vidéo).

Les pluies ont provoqué de nombreuses inondations, et glissements de terrain.  Plusieurs inondations sont venues de la mer, un môle a été emporté, de grandes vagues ont entamé des falaises côtières et se sont engouffrées dans les maisons en bord de mer (vidéo, vidéo2).   Une vingtaine de personnes ont perdu la vie, noyées dans leur voiture, tuées par des chutes d’arbres sur des voitures ou sur leur maison en bois, ou emportées par les eaux en crue.

 

Six cent glissements de terrain ont touché la région, la terre détrempée des collines a été délogée par les pluies (KTVU FOX2).  De nombreuses routes et voies de chemin de fer ont été interrompues. Des trous profonds se sont formés dans les routes. Une dizaine de mètres de neige s’est accumulée dans les montagnes.  Les intempéries ont créé des risques importants de glissement de terrain plus grands. Accuweather a estimé les coûts début janvier, alors que les pluies duraient encore, à 31 à 34 milliards de dollars (lien).

Un avenir sombre

Une étude récente établit que les pluies intenses augmenteront dans cette région à mesure que le climat se réchauffera.  Les précipitations pourraient s’accroître de 34%, l’intensité maximale des pluies s’élèvera, et elles toucheront une superficie plus importante (publication).  Le risque d’inondation s’aggravera notablement, Cette étude ne tient pas compte de l’inondation des côtes.

La montée du niveau de la mer est un facteur supplémentaire. Cette année déjà, les vagues ont emporté des structures sur les plages, ont inondé les rues du bord de mer, ont endommagé des routes et des maisons. Lorsque le niveau de la mer sera de vingt ou de cinquante centimètres plus haut, les dommages seront beaucoup plus étendus, les falaises côtières s’effriteront les unes après les autres, et l’écoulement des pluies sera modifié.  Les inondations pourraient alors être beaucoup plus importantes.

Peu après, des vagues semblables frappaient furieusement les côtes italiennes et de Nouvelle-Zélande lors de forts orages, qui ont provoqué des inondations dans ces deux pays.  Ils sont probablement aussi liés à la température record des océans (article). La Nouvelle-Zélande a  essuyé de nombreuses tempêtes tropicales cette année. La ville d’Auckland a subi des pluies torrentielles et des graves inondations (vidéo). Elles annoncent les déluges futurs. La Terre entière traverse aujourd’hui une zone de turbulences qui ne s’arrêteront pas, mais iront croissant.

 

Image de couverture par Dimitris Vetsikas de Pixabay.

Remerciements au Dr Trenberth pour les articles et les publications communiquées

 

Sécheresse persistante dans le bassin du Rio de la Plata

Le bassin Parana – La Plata, le deuxième plus grand bassin fluvial d’Amérique du Sud, traverse la pire sécheresse depuis 1944. Des déficits de précipitations record au cours des deux dernières années hydrologiques ont asséché le sud-est du Brésil, le nord de l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Une faible mousson sud-américaine a encore aggravé la situation.

La sécheresse dans le bassin du Parana – La Plata a causé des dommages à l’agriculture avec une baisse des rendements, en particulier pour le soja et le maïs, ce qui a un impact sur les marchés mondiaux. Le bas niveau du fleuve a freiné les transports des récoltes restantes. La sécheresse a persisté en 2022.

La partie inférieure du bassin de La Plata souffre des pires conditions d’humidité du sol et de végétation, en particulier dans ses zones les plus méridionales.

Le bassin de La Plata est l’un des principaux producteurs d’énergie hydroélectrique au monde. C’est la principale source d’énergie renouvelable en Amérique du Sud. Les barrages et les centrales hydroélectriques du bassin de La Plata satisfont environ 55% de la demande de la région. La sécheresse prolongée a un impact considérable sur la production d’énergie et provoque une diminution de la production hydroélectrique qui touche l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie.

Le rapport européen « Sécheresse extrême et à long terme dans le bassin de La Plata : évolution des événements et évaluation de l’impact jusqu’en septembre 2022 » décrit l’épisode de sécheresse extrême 2019-2021 dans le bassin du Rio de la Plata en Amérique du Sud  l’année dernière, causé par des températures exceptionnellement élevées (visible aussi dans la vidéo en lien et décrit dans mon blog ci-dessous l’année passée).

Une grave sécheresse persiste dans le bassin de Parana – La Plata en Amérique du Sud. Cette année, les poissons meurent et échouent en masse sur les bords de rivières, le bétail succombe dans les pâturages, et le soja périclite dans les champs. L’Argentine était récemment le premier producteur mondial de soja.

Selon l’agence de Presse Sud-américaine Mercopress, la récolte sera inférieure à celle de l’année passée, qui était déjà compromise par la sécheresse. Seul un tiers du soja des années précédentes avait été planté cette année. La récolte de cultures d’hiver, d’orge et de blé sera particulièrement mauvaise, et les perspectives pour l’été semblent inquiétantes aussi.  Le réchauffement climatique augmente le risque de mauvaises années.

L’Argentine pourrait remettre en question l’élevage qui souffre de ces conditions météorologiques. La production de céréales suffirait facilement à nourrir l’Humanité si elle n’était pas utilisée pour nourrir un cheptel en expansion rapide. La reforestation ou des plantations agricoles d’arbres, respectant la biodiversité, auraient des effets bénéfiques sur le climat local et global.

Quels arbres pourraient être cultivés en Argentine? Des noix du brésil? Du moringa?

Le rapport préparé conjointement par le Centre commun de recherche de la Commission européenne, l’OMM, le CEMADEN, la Fondation CIMA et le SISSA  : The 2019-2021 extreme drought episode in La Plata Basin

The European Commission’s: Drought in South America – 10 years overview

Mon blog sur la sécheresse de l’année passée:

Canicule, insectes ou soja en Argentine

 

Les forêts menacées par l’activité humaine et le climat

Dangers pour les forêts

L’Homme défriche les forêts depuis des centaines d’années. Au vingtième siècle, la déforestation a surtout touché les tropiques. L’activité humaine en est encore une cause importante.  Les feux qui ont sévi en Amazonie entre 2003 et 2020 ont été provoqués par l’Homme, par la déforestation intentionnelle, plus que par le réchauffement climatique (FAPESP). La déforestation a doublé à cette période et  les feux sont un phénomène nouveau largement provoqué par l’Homme (blog ci-dessous).  Ils constituent une des plus importantes perturbations de la forêt amazonienne, ils empêchent le stockage de carbone et libèrent celui contenu dans les arbres.

Une étude chinoise récente montre que les activités humaines sont le deuxième facteur le plus important après le climat de modification de la structure forestière. C’est le cas à la fois au niveau mondial et régional. Ils ont en outre montré que la dégradation anthropique est omniprésente même dans les zones forestières qui sont officiellement protégées ou perçues comme intactes.

Cette étude a considéré la densité des forêts, une indication du nombre d’arbres présents. Elle établit que dans un tiers de forêts l’activité humaine est la principale cause de déforestation, et le chiffre est semblable pour les zones protégées (phys). Nous pouvons éviter ces dégradations par des décisions politiques.

Déforestation

Je trouve un excellent article de Wikipedia sur la déforestation. Il montre une carte des Etats-Unis en 1620, les forêts apparaissent en noir. Elle donne une idée de la Terre il y a quelques centaines d’années, la forêt y était omniprésente. La grande forêt européenne couvrait notre continent et a été déboisée un peu plus tôt.

Image par William B. Greeley, US Forest Service — Southern Forests Flickr, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19261874

Avant cela, il y a des milliers d’années, les hommes de l’âge de pierre cultivaient des jardins -forêts, un mélange d’arbres sauvages, fruitiers, et de noisetiers et d’autres fruits qu’ils plantaient (lien). Depuis mille ans au moins, nous grignotons les forêts parcelle par parcelle sans réaliser les conséquences planétaires.

J’aimerais que ces immenses forêts reviennent, arbre par arbre, que nos régions soient ombragées par une canopée que les écureuils puissent parcourir d’un bout à l’autre du continent.  J’ai l’impression que chaque arbre compte, chaque jardin pourrait contenir au moins un représentant de son écosystème naturel.

Wikipédia mentionne aussi que la forêt accroît de 0.5°C la température moyenne des tropiques, comme Martine Rebetez l’a observé en Suisse. L’absence des arbres pourrait aussi permettre des vagues de chaleur plus importantes, car la forêt les tempère (Wikipédia). Il a été calculé que plus la jungle Amazonienne est grande, plus elle est résistante. Elle provoque des pluies bienfaisantes. La déforestation diminue cet effet et expose les arbres restants à des sécheresses croissantes.

Les dangers du climat

Cependant, le climat est aussi une menace. Une étude  récente confirme que l’Amazonie est menacée par le changement climatique à la fin du siècle (Exeter).  Elle semble bénéficier de moins d’humidité, la chaleur croissante l’assèche graduellement (lien).

Je crains que les années 2023 et 2024 n’apportent des catastrophes dangereuses pour la région. El Nino est prévu pour la fin de l’année. En 2015-2016, il a apporté un demi -degré de réchauffement planétaire.  L’Amazonie a alors été touchée par des chaleurs record, et une sécheresse extrême, notamment dans le Nord-Est. Cet effet pourrait être lié aux températures  élevées du Pacifique équatorial central (RUVID).    La sécheresse a tué 2,5 milliards d’arbres et émis un demi-milliard de tonnes de CO2 d’une surface correspondant à environ 1% de l’Amazonie, ce qui a augmenté les émissions du Brésil d’environ 20%.   Les arbres mourraient encore au cours des années suivantes (phys). Dans le Sud de l’Amazonie, comme dans la forêt du Congo, les espèces habituées à l’humidité meurent et sont remplacées par d’autres, plus résistantes à la sécheresse (article, Nature). Une partie de l’Amazonie au moins, le Sud-Est, émet désormais plus de carbone qu’elle n’en absorbe (Nature).

Ensuite, les températures ne sont pas vraiment redescendues, et le prochain El Nino causera sûrement un réchauffement supplémentaire, des nouveaux records. L’ Amazonie pourrait subir une sécheresse beaucoup plus importante l’hiver prochain, et une mortalité d’arbres accrue. Combien en perdra-t-elle cette fois?

La biodiversité et l’âge de la forêt, entre autres la présence de mycorhizes dans le sol, améliorent les perspectives de survie de l’écosystème pendant les sécheresses. Les forêts anciennes, millénaires résistent mieux et il faut absolument les sauvegarder.

Excellent article de l’Independent: https://www.independent.co.uk/news/long_reads/amazon-rainforest-river-water-dry-b2230358.html?r=60948