Les scientifiques espèrent que la vague de chaleur du Canada est un événement exceptionnel

Une étude sur la vague de chaleur qui a apporté 49.6°C au Canada conclut qu’au niveau actuel du réchauffement,  elle devrait être très rare et se produire tous les mille ans seulement.  Les chiffres ne sont pas définitifs, mais donnent déjà une bonne idée de l’événement.

Sans réchauffement climatique, cet événement serait hautement improbable et se produirait tous les cent mille ans.

Par contre, si nous laissons les températures monter à +2°C, une telle canicule pourrait survenir tous les dix ans.

Si les prévisions du GIEC sont correctes, cette fournaise ne devrait donc pas se reproduire avant mille ans.

Il y a deux autres possibilités: la première est que la moyenne du réchauffement suive les prévisions, mais qu’il y ait plus d’événements extrêmes.  Par exemple, on pourrait imaginer qu’il y ait des jours à la même température que précédemment, par exemple 25°C en été, et des jours beaucoup plus chauds.  Il faudrait alors s’adapter à ce danger.

Les experts n’excluent pas non plus que le climat ait passé un seuil, un point de bascule (voir mon blog d’hier) ou une phénomène inconnu amplifie le réchauffement climatique. Dans ce cas de nombreux événements pourraient se précipiter.

Je me réfère aux prévisions de Steffen, Rockstrom, Lenton, Barnosky Shellnhuber etc sur lesquelles j’ai écrit hier, ils notent que la survie de l’Humanité dépend de nombreux écosystèmes sauvages, forêts, deltas, marais qui sont justement en mauvais état. Je crois que leur modèle n’inclut pas Bolsonaro et la déforestation accrue ni les méga-feux de forêts qui ont touché entre autres l’Australie. Le modèle ESCIMO prévoit mieux les récents agissements humains, mais n’anticipe pas assez la sensibilité des écosystèmes naturels.

Nous savons que cette vague de chaleur devrait survenir tous les mille ans. Ils pourraient peut-être aussi voir comment la vague de chaleur et les inondations d’Allemagne et de Belgique (ou toutes les températures et pluies de l’année) correspondent au modèle, logiquement la coïncidence de deux événements peu probables est encore moins probable.

Il faudrait  aussi trouver un ou plusieurs modèles de réchauffement abrupt et comparer plusieurs événements actuels, au modèle actuellement admis et à un modèle de réchauffement abrupt, pour savoir à quelle évolution ils correspondent le mieux.

Addendum le 24 juillet: Le dernier rapport du GIEC incluait les températures survenues jusqu’à l’année 2015, et pas l’année la plus chaude 2016.  Si nous tenons compte des 5 dernières années, les prévisions seront déjà plus élevées. Les températures sont probablement montées alors à cause de la réduction de la surface de la glace réfléchissant le soleil sur l’océan Austral et sur la mer Arctique. 

Si le climat est aujourd’hui déstabilisé par le mauvais état des écosystèmes, de la végétation et des sols, et par leurs émissions de carbone, nous pouvons peut-être y remédier. Nous pouvons replanter des forêts demain, des haies, des bosquets,  étendre les réserves naturelles, et appliquer plusieurs solutions d’afforestation et restauration des écosystèmes. Elles sont peu coûteuses et nécessitent peu de technologie. 

Article: https://climate.gov/news-features/event-tracker/preliminary-analysis-concludes-pacific-northwest-heat-wave-was-1000-year

Blog précédent incluant les points de bascule:

Nous avons besoin de toutes les forêts du monde pour éviter un basculement du climat vers une époque chaude : signez pour les forêts

Nous avons besoin de toutes les forêts du monde pour éviter un basculement du climat vers une époque chaude : signez pour les forêts

Une Terre à l’avenir incertain

Une étude importante (menée par des professeurs du Potsdam Climate Institute, du Stockholm Resilience Center, de l’université Catholique de Louvain, de l’Université d’Exeter, Cambridge, Stanford, de Wageningen, les meilleurs centres de recherche du monde), a interrogé le déroulement du réchauffement climatique (étude).  J’ai beaucoup aimé la vidéo ci-dessous , où un des auteurs très réputés (30 min en anglais) présente assez simplement ce travail et ses conclusions.

Le climat actuel est maintenu par plusieurs éléments que le réchauffement pourrait perturber.  La glace sur la mer arctique, les glaces du Groenland, la calotte glaciaire dl’Antarctique-Ouest,  les glaciers de l’Himalaya le permafrost de Sibérie et des océans, les forêts tropicales, les forêts boréales, la capture du carbone par les algues marines,  les récifs coralliens, et la circulation océanique stabilisent le climat terrestre.

Forêt Amazonienne- Australienne-de Bornéo- glace Arctique- forêt du Congo- Sibérienne- Permafrost- Glaciers de l’Himalaya-Canadienne- Groenland-Circulation océanique- Antarctique Ouest – Antarctique Est -etc

Certains de ces éléments devraient rester en place des centaines ou même des milliers d’années, d’autres sont déjà menacés aujourd’hui.  Par contre, quand un de ces événements se produit, il en entraîne d’autres, par exemple la fonte des glaces et la mort des forêts réchauffera encore la Planète.  Nous pouvons équilibrer le climat terrestre autour de 2°C par des mesures de mitigation, ou le précipiter dans un état de ‘HotHouse Earth’, terre serre.  La Planète subirait une série d’événements catastrophiques qui la rendraient plus chaude de plusieurs degrés en milliers d’années. Les glaces polaires, en particulier, fondraient lentement. 

Notre Terre est sortie de son cycle naturel (bleu). Nous pouvons la stabiliser à 2 °C ou la pousser dans un réchauffement fort (étude PNAS).

Cependant, le professeur Steffen explique que dans le modèle l’augmentation de température est régulière, car il ne fonctionne pas bien avec ces soudains sauts de température dûs aux points de basculement.

(23.07) Je n’avais pas très envie non plus de parler de la table de biomes importants pour la survie de l’Humanité (Table S4): récifs coralliens, forêts tropicales, deltas et côtes,  marais, glaciers de montagnes. La majorité de ces écosystèmes essentiels est déjà fragilisée ou en mauvais état.  Les deltas subissent déjà les infiltrations d’eau salée.  Il sera très difficile de sauver les écosystèmes côtiers (La table S5 propose une liste de solutions).

Cette année, après la vague de chaleur du Canada et l’inondation en Allemagne, il fut observé que les modèles climatiques ne prévoient pas bien les événements extrêmes ou des sauts brusques de température. Je crois qu’en réalité nous pourrions avoir devant nous des années de changement très violent et très dangereux.

Et si un de ces événements critiques pour le climat se produit plus vite qu’escompté par les scientifiques, les autres pourraient être précipités.

Le scientifique considère que zéro émissions en 2050 est une cible insuffisante, trop lointaine, et qu’il faudrait prendre des mesures plus rapides.

Les récifs coralliens, l’écosystème le plus riche des océans si ce n’est du monde, sont très sensibles au réchauffement et déjà très touchés.  La moitié est déjà perdue. Leur disparition pourrait perturber les océans entiers.

 Les glaces fondent vite.

Les forêts sont déjà menacées

L’événement qui se produit le plus vite est peut-être l’affaiblissement des forêts tropicales,  il advient plus vite que prévu à cause de l’activité humaine.

La forêt amazonienne émet maintenant du carbone, du fait des sécheresses persistantes. Certains arbres dépérissent, d’autres sont perdus partiellement du fait de l’Homme, de la déforestation (Nature, blog).

Les forêts boréales brûlent dans des méga-feux de forêts, elles subissent un énorme changement de température, des sécheresses sans précédent et des nouvelles maladies.

En Asie du Sud-Est, la déforestation touche les forêts de montagne, épargnées jusqu’à présent (phys.org). L’exploitation des ces zones et peut-être liée aux vagues de chaleur impressionnantes, qui touchent la région depuis quelques années (blog, blog), à un assèchement et à des infiltrations d’eau salée dans le delta du Mékong qui rendent la production alimentaire difficile dans ces régions.

De nombreuses forêts dans le monde sont menacées, certaines peinent déjà à faire face au réchauffement.

Dans les circonstances actuelles, la chose la plus délirante que j’ai vu récemment est une pulvérisation de glyphosate sur les forêts canadiennes.  Le glyphosate est un herbicide qui tue la plupart des monocotylédones et des dicotylédones, les plantes à fleurs, les myrtilles, les buissons, les arbres. Il atteint jusqu’aux racines, mais son action est d’assez courte durée. Il est donc utilisé  dans l’agriculture, avant les semis, et de façon plus hasardeuse pour le consommateur, sur des céréales pour les dessécher et pour pousser à la maturation des graines.

De nombreux articles scientifiques ont mis en évidence des effets néfastes sur l’environnement,  notamment sur certains insectes et de façon indirecte sur les oiseaux qui s’en nourrissent.

Je n’ai encore jamais entendu parler de l’utilisation du glyphosate sur un écosystème naturel. Il serait pulvérisé par hélicoptère sur des forêts entières.  Il tuerait la grande majorité de plantes, les arbres, les fleurs, les buissons, jusqu’à la racine. Tout l’écosystème qui s’en nourrit, les vers, les insectes, les oiseaux, les animaux serait dévasté.

Les ‘mauvaises herbes’, aulne, bouleau, chêne, érable, saule et autres plantes et arbustes à feuilles larges sont considérés comme ayant moins de valeur commerciale que les résineux à feuilles aiguilletées comme le pin tordu et le sapin de Douglas qui souffrent justement déjà du réchauffement.  Ces diverses espèces sont vitales pour la diversité biologique, constituent un capital nutritif pour le sol, ralentissent la propagation des incendies de forêt et sont supérieures aux conifères pour séquestrer et stocker le carbone – une aide forestière importante dans ce monde de changement climatique.

Actuellement les forêts du Canada subissent des sécheresses nouvelles,  et  des vagues de chaleur.  De nombreuses plantes dépériront naturellement, mais certaines s’adapteront au réchauffement et permettront aux animaux de survivre. La biodiversité assure une meilleure résistance face au changement climatique.

D’autre part, une forêt naturelle contient du carbone dans les arbres, dans le sol, dans l’humus, dans les animaux et aussi dans des vieilles souches et branches qui se dégradent lentement au sol. Il faut laisser le bois mort se décomposer naturellement.

Image d’ourson par David Mark de Pixabay

 Le président du Canada, Trudeau nous semblait honnête et bien informé. J’espère qu’il interdira rapidement ce procédé barbare et irresponsable. Greenpeace a lancé une pétition pour arrêter la bien nommée ‘ pluie de la mort’; signez-là :   greenpeace canada

C’est une amélioration très facile à faire et il y en a sûrement beaucoup d’autres.

Dans ce contexte, Avaaz lance un plan pour Glasgow (pétition). Ils demandent:

  • des réductions d’émissions rapides pour rester en dessous de 1,5°C;
  • 100 milliards pour le climat tout de suite, avant le sommet,
  • 50%  des investissements pour l’adaptation,
  • un soutien pour les pertes dues au changement climatiques, telles que les inondations
  • et la mise en place immédiate des engagements de l’accord de Paris.

J’ai signé. Je suis convaincue de la nécessité d’un engagement rapide et fort, je me demande cependant si 50% des fonds doivent être destinés à l’adaptation. Ne serviront-ils pas à des murs et des barrages vite dépassés? Il faudrait aussi investir plus  dans la mitigation, dans la plantation des forêts et dans la reconversion des entreprises polluantes.

Je demande un engagement mondial pour sauver les forêts, une protection générale des de tous les arbres du monde.

 

 

OMM: la vague de chaleur du Nord-Ouest américain est due au réchauffement, qui pourrait être plus grave que prévu

Je retranscris ici le communiqué de presse de l’Organisation Météorologique Mondiale, qui confirme très officiellement ce que j’écrivais la semaine passée:

OMM: La vague de chaleur record dans certaines parties des États-Unis et du Canada à la fin du mois de juin aurait été pratiquement impossible sans l’influence du changement climatique d’origine humaine, selon une analyse d’attribution rapide réalisée par une équipe internationale d’éminents climatologues. Le changement climatique, causé par les émissions de gaz à effet de serre, a rendu la vague de chaleur au moins 150 fois plus susceptible de se produire.

Les régions du nord-ouest du Pacifique des États-Unis et du Canada ont connu des températures qui ont battu des records de plusieurs degrés, y compris un nouveau record de température canadien de 49,6 °C (121,3 °F) dans le village de Lytton – bien au-dessus du précédent record national de 45 °C. C (113°F). Peu de temps après avoir établi le record, Lytton a été en grande partie détruit dans un incendie de forêt.

L’Amérique du Nord a connu son mois de juin le plus chaud jamais enregistré, selon le bulletin mensuel du Copernicus Climate Change Service mis en œuvre par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF).

Chaque vague de chaleur qui se produit aujourd’hui est rendue plus probable et plus intense par le changement climatique. Pour quantifier l’effet du changement climatique sur ces températures élevées, l’étude d’attribution rapide a analysé les observations et les simulations informatiques pour comparer le climat tel qu’il est aujourd’hui, après environ 1,2°C (2,2°F) de réchauffement global depuis la fin des années 1800, avec le climat du passé, en suivant des méthodes évaluées par des pairs.

Les températures extrêmes rencontrées étaient bien en dehors de la plage des températures observées dans le passé, ce qui rend difficile de quantifier exactement à quel point l’événement est rare dans le climat actuel et combien il l’aurait été sans le changement climatique d’origine humaine – mais les chercheurs ont conclu qu’il aurait été ” pratiquement impossible » sans influence humaine.

L’étude a été menée par 27 chercheurs, dont des scientifiques d’universités et d’agences météorologiques au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse, en France et au Royaume-Uni, dans le cadre du groupe World Weather Attribution. Il s’agit d’une collaboration internationale qui analyse et communique l’influence possible du changement climatique sur les événements météorologiques extrêmes, tels que les tempêtes, les précipitations extrêmes, les vagues de chaleur, les vagues de froid et les sécheresses.

“Ce que nous voyons est sans précédent. Vous n’êtes pas censé battre des records de quatre ou cinq degrés Celsius (sept à neuf degrés Fahrenheit). C’est un événement tellement exceptionnel que nous ne pouvons pas exclure la possibilité que nous soyons en train de vivre des chaleurs extrêmes aujourd’hui auxquelles nous ne nous attendions qu’à des niveaux plus élevés de réchauffement climatique », a déclaré Friederike Otto, de l’Environmental Change Institute de l’Université d’Oxford.

“Alors que nous nous attendons à ce que les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes et plus intenses, il était inattendu de voir de tels niveaux de chaleur dans cette région. Cela soulève de sérieuses questions quant à savoir si nous comprenons vraiment comment le changement climatique rend les vagues de chaleur plus chaudes et plus meurtrières”, a commenté Geert Jan van Oldenborgh de l’Institut météorologique royal des Pays-Bas.

Les chercheurs ont trouvé deux explications alternatives sur la façon dont le changement climatique a rendu la chaleur extraordinaire plus probable. Une possibilité est que, bien que le changement climatique ait rendu une vague de chaleur aussi extrême plus susceptible de se produire, cela reste un événement très inhabituel dans le climat actuel. Sécheresse préexistante et conditions de circulation atmosphérique inhabituelles, connues sous le nom de « dôme de chaleur », combinées au changement climatique pour créer des températures très élevées. Dans cette explication, sans l’influence du changement climatique, les températures maximales auraient été inférieures d’environ 2 °C (3,6 °F).

Tant que les émissions globales de gaz à effet de serre ne seront pas stoppées, les températures mondiales continueront d’augmenter et des événements comme ceux-ci deviendront plus fréquents. Par exemple, même si la hausse de la température mondiale est limitée à 2 °C (3,6 °F), ce qui pourrait se produire dès 2050, une vague de chaleur comme celle-ci se produirait environ une fois tous les 5 à 10 ans, ont constaté les scientifiques.

Une autre explication possible est que le système climatique a franchi un seuil non linéaire où une petite quantité de réchauffement global de la planète provoque désormais une augmentation des températures extrêmes plus rapide que celle observée jusqu’à présent – une possibilité à explorer dans de futures études. Cela signifierait que des vagues de chaleur record comme l’événement de la semaine dernière sont déjà plus susceptibles de se produire que ne le prévoient les modèles climatiques. Cela soulève des questions sur la capacité de la science actuelle à saisir le comportement des vagues de chaleur dans le cadre du changement climatique.

L’événement envoie un avertissement fort que des températures extrêmes, bien en dehors de la plage de température actuellement attendue, peuvent se produire à des latitudes aussi élevées que 50 ° N, une plage qui comprend tous les États-Unis, la France, certaines parties de l’Allemagne, de la Chine et du Japon. Les scientifiques avertissent que les plans d’adaptation devraient être conçus pour des températures bien au-dessus de la plage déjà observée dans un passé récent.

« Aux États-Unis, la mortalité liée à la chaleur est la première cause de mortalité liée aux conditions météorologiques, mais presque tous ces décès sont évitables. Les plans d’action contre la chaleur peuvent réduire la morbidité et la mortalité actuelles et futures liées à la chaleur en augmentant la préparation aux urgences liées à la chaleur, y compris les systèmes d’alerte précoce et d’intervention en cas de canicule, et en donnant la priorité aux modifications de notre environnement bâti afin qu’un avenir plus chaud ne soit pas mortel. – Kristie L. Ebi, Centre pour la santé et l’environnement mondial, Université de Washington.

“C’est incroyable de voir ce que nous avons réalisé en un peu plus d’une semaine, avec 27 scientifiques et experts locaux impliqués dans cette attribution rapide des instituts de recherche et des agences météorologiques. La combinaison des connaissances et des données de modèles du monde entier augmente la confiance dans les résultats de l’étude approfondie. ” – Sjoukje Philip & Sarah Kew, chargés d’études, Institut météorologique royal des Pays-Bas (KNMI).

Fin du communiqué de presse de l’organisation Météorologique Mondiale (lien): https://public.wmo.int/en/media/news/north-america-heatwave-almost-impossible-without-climate-change

L’OMM recommande donc d’adapter notre société à des températures bien supérieures à celles vécues jusqu’à présent.  Actuellement, il fait aussi exceptionnellement chaud, plus de 30°C, au Nord de l’Europe, en Scandinavie, et en Sibérie. L’Irak a aussi connu des températures record, difficilement supportables. Nous devons être rapidement prêts à affronter des vagues de chaleur de 50 degrés en Europe. Il faut des plans d’urgence pour l’année prochaine, et des bâtiments adaptés dès que possible. Cela devrait être réalisable en trois ans. 

D’autre part, le réchauffement pourrait être plus grave que prévu par le GIEC. Certaines des conséquences prévues pour 2100 se produisent déjà, telles que cette vague de chaleur, ainsi que les canicules et les immenses feux de forêt d’Australie de l’année passée.  Les glaciers fondent aussi plus vite que prévu. Le nombre de tornades s’accroît vite dans les grands orages, et les plus grands ouragans deviennent plus fréquents.  Depuis quelques années, je rapporte des événements météorologiques étonnants, inattendus, et ils sont nombreux. Ils soulignent tous le risque que le réchauffement ne soit plus rapide que prévu. Cette semaine,  l’OMM demande des études supplémentaires pour comprendre comment la Terre réagit au changement de température. Ces études sont essentielles pour notre sécurité. La réponse de la Planète pourrait être plus brutale que les prévisions actuelles ne le laissent supposer. Gardons les yeux grands ouverts! Le climat pourrait être totalement bouleversé.

 

 

 

La canicule du Canada en annonce d’autres

Le Canada a vécu plusieurs jours au-dessus de 45°C, avec un maximum à 49°C. Le Nord-Ouest des Etats-Unis, ainsi que l’Est des Etats-Unis subissent aussi des chaleurs record.  La Sibérie subit aussi des chaleurs record. 

Je me souviens que j’ai vécu une température de 44°C à Delhi. J’étais fatiguée, somnolente, vraiment diminuée physiquement et probablement mentalement aussi.   Je pensais que les conséquences pourraient être bien plus graves, mais les Canadiens semblent supporter assez bien cette vague de chaleur.  Des lieux climatisés ont été mis en place et certains se terrent apparemment dans leurs caves.  Cependant, des centaines de morts soudaines ont été rapportées, et la ville de Lytton a brûlé, envahie par un incendie de forêt,  peu de temps après l’évacuation de ses habitants.  Les policiers canadiens ont déclaré qu’ils ont été appelés pour plus de 50 décès subits en une journée, contre 2 ou 3 habituellement.  Selon les déclarations d’officiels canadiens, le nombre de 486 décès pourrait augmenter dans les jours suivants, et les secours sont débordés. 

Cette canicule extrême dépasse de plusieurs degrés les records de chaleur de ce pays assez froid, ainsi que les prévisions de températures du GIEC qui tiennent compte du réchauffement climatique.   Le climatologue Martin Beniston , ancien vice-président du GIEC, a déclaré à la télévision suisse  que la vague de chaleur se produisait bien plus vite que sa version du rapport ne le prévoyait et que des vagues de chaleur similaires et même plus importantes suivront (rts).

Un autre climatologue climatologue Canadien tire des conclusions similaires  (cbc.ca).   

Ce changement énorme du climat Canadien a aussi des nombreuses conséquences sur les écosystèmes, les glaces par exemple fondent extrêmement vite, les rivières débordent, et les forêts brûlent dans d’immenses incendies. Ceux-ci déclenchent des éclairs qui allument d’autres brasiers. 

La chaleur affecte aussi l’agriculture, les cultures de blé et de colza, dont les prix  dans le commerce international sont montés ces dernières semaines.  Ils étaient déjà élevés au printemps.  La récolte de blé américaine devrait atteindre seulement un cinquième des prévisions  et la situation est encore plus grave pour le colza (cbc.ca).

Nous ne savons pas où, ni si ce sera cette année, l’année prochaine ou dans deux ans mais des vagues de chaleur très importantes frapperont encore, et encore. Un jour, elles dépasseront les limites de résistance du corps humain. Diverses autres catastrophes s’aggraveront aussi, et la production alimentaire sera mise à mal. Nos vies devront de plus en plus hasardeuses. 

Nous devons tous nous préparer à ces éventualités, et prévoir des solutions pour éviter les grosses chaleurs, telles des abris. Dans l’urgence, les bureaux climatisés pourraient éventuellement être ouverts au public, à plus long terme il faut construire des abris, peut-être souterrains  et / ou installer  des climatiseurs.  Des tels appareils devraient être raisonnables et pas trop polluants. Ils  pourraient se mettre en marche  à partir d’un seuil de 30°C ou de 35°C,  pour éviter que leur utilisation n’aggrave le problème climatique. 

Il faudrait surtout prendre des mesures énergiques pour limiter le réchauffement climatique et ses dégâts.  Nous pouvons décroître les émissions rapidement, les études consécutives au confinement 2020 ont montré que l’arrêt immédiat des voitures et surtout des avions est une solution possible, sans trop d’effets secondaires négatifs.

Je conseille toujours d’arrêter la plupart des constructions, car les bâtiments prévus ne sont pas adaptés à l’avenir qu’ils devront affronter.

Enfin, cette vague de chaleur pose la question de la fiabilité des modèles du GIEC. Elle semble les dépasser, le réchauffement serait-il alors plus rapide que prévu? Les conséquences prévues pour 2100 arriveront-elles bientôt?  Atteindront-elles des niveaux plus graves, tels que des températures mortelles ou la destruction de nos villes? Le réchauffement est-il passé en mode abrupt? Sommes-nous en danger immédiat?  

Je crois que les climatologues doivent intégrer ces événements à leur modèles et leurs prévisions futures pourraient être plus alarmantes, mais plus réalistes. En tout cas, je crois qu’il nous faut des abris et des bâtiments solides, des murs anti-marée très hauts et des réserves de nourriture.

Addendum le 4 juillet: Cette étude de Sonia Seneviratne de l’ETHZ calcule une assez forte probabilité de vagues de chaleur dans le réchauffement tel que prévu par le GIEC , c’est peut-être dans les figures supplémentaires. Cela m’avait surpris à l’époque, des vagues de chaleur telles que celle de 2018 et même plus fortes apparaissaient comme tout à fait possibles. Publication:

https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2019EF001189

Elles pourraient  modifier le cours du réchauffement, en faisant fondre les glaces, le permafrost et en provoquant des feux de forêt.

Je dois dire que je suis stupéfaite par des commentaires du style ‘inventions apocalyptiques’. Il a fait 49.5°C au Canada.  C’est incroyable, et c’est déjà apocalyptique.   Mes soi-disantes inventions sont généralement la liste d’événements récents. Ils sont si surprenants que j’ai de la peine à y croire moi-même, mais c’est la réalité. Les scientifiques nous disent que ces vagues de chaleur, et des plus importantes, se produiront encore.

 

Image de couverture Gerd Altmann; images de Pixabay

Anciens blogs:

Vague de chaleur Sibérie 2020

Vagues de chaleur Etats-Unis 2020 

Vague de chaleur 2019

Le climat pourrait changer très vite

Mesures d’urgence climatique

Howey Ou: pour le climat et pour le Mormont

 

 

J’ai rencontré Howey Ou à Lausanne. Cette jeune femme chinoise a initié le mouvement de la Grève pour le climat en Chine( Twitter, Wikipedia).

Howey Ou est venue en Suisse et s’est jointe au défenseurs de la colline du Mormont. Arrêtée lors de l’évacuation de la ZAD, elle a été détenue 34 heures dans un commissariat suisse et été condamnée à 2 mois de prison. Elle a entamé une grève de la faim car elle estime que les défenseurs de l’environnement ne devraient pas être poursuivis. C’est une idée intéressante, un principe important. Ils luttent pour sauvegarder nos conditions de vie sur Terre, et évitent des morts et des catastrophes dans le Futur. Ils considèrent donc que leur action est justifiée. 

Hier, Howey Ou en était à son 9ième jour de grève de la faim, avec Robin, un jeune français. Apparemment la cimenterie  Holcim a retiré sa plainte.

Article du Temps: Howey Ou 

Je me penche en particulier sur les catastrophes climatiques en Chine et sur les risques futurs:

La ville natale de Howey Ou,  Guilin, a subi des inondations l’année passée. Selon elle, la population s’entraidait et se portait secours en bateau. L’armée est aussi intervenue pour les aider. Les logements ont été dégradés, les meubles emportés par les eaux, une couche de boue couvrait les rues  et les habitants n’ont pas reçu de compensation pour remplacer les pertes.

Son action en Chine semble terriblement justifiée et urgente. Ce pays est touché par des nombreuses catastrophes. Le réchauffement climatique en est la cause, et une aggravation est prévue, mais le public chinois n’est pas suffisamment informée à ce sujet.

Le rapport du GIEC 2014 prévoit une augmentation des inondations en Chine, des inondations fluviales, côtières et urbaines qui causeront des dommages étendus, un risque accru de mortalité lors de vagues de chaleur et de sécheresses.

Dans les montagnes chinoises, en Himalaya,  les inondations pourraient tripler à cause de la fonte des glaciers (article ) . 

L’été 2020, la Chine a été touché par d’immenses inondations qui ont provoqué l’évacuation de 2 millions de personnes (blog). Les pluies record ont été provoquées par la température élevée de la surface des océans, et le réchauffement pourrait aggraver ce phénomène (lien).  Le changement climatique accroît la mousson et la rend plus chaotique (lien).

La vallée du Yangtze est très menacée.  Le barrage des Trois -Gorges était au maximum de ses capacités l’été passé, et pourrait se rompre et inonder la vallée et les villes adjacentes. 

Les métropoles de Guangzhou, Dongguan, Shenzen et Zanhjiang subiront des dégâts considérables à cause de la montée du niveau de la mer (Banque Mondiale; Will Nichols, Verisk Maplecroft). Ces prévisions et les dégâts résultants pourraient être recalculées à la hausse si la fonte des glaces du Groenland et de l’Antarctique s’accélère.

Plusieurs métropoles chinoises ont aussi des graves problèmes de pollution de l’eau, ou courant un risque de pénurie d’eau.

Il y a deux semaines, la Chine a été touchée par des vents très forts et des tornades, à Wuhan et près de Shanghai. Il y a une semaine, plusieurs sportifs ont péri lors d’un marathon en montagne, pris dans une fort orage imprévu. Ce pays pourrait subir une aggravation  imprévue des tempêtes et d’événements météo (blog Wuhan).

Une centaine de rivières et fleuves chinois a déjà atteint le niveau d’alerte, et la Chine s’attend à des inondations majeures en été 2021, comme l’année passée.

Le ciment est une des causes importantes d’émissions de CO2 (Prof Schellnhuber, PIK), et nous ne pouvons plus nous permettre d’augmenter celles-ci.   Il faut réduire fortement la production de ciment.

Aujourd’hui, Howey Ou entame probablement son dixième jour de grève de la faim à Lausanne.  J’espère qu’elle va toujours bien.

Je voterai OUI à la loi CO2

Je voterai ‘oui’ à la loi sur le CO2 selon les recommandations des Verts. Le consensus que représente cette loi permet d’aller de l’avant et de mettre des mesures en place.

La loi inclut une diminution des émissions de carbone de la Suisse de 50% en 2030.  Elles seront réalisées à env. 37.5% en Suisse, et à 12,5% à l’étranger. L’Alliance Climatique, la Grève pour l’Avenir et Extinction Rebellion demandent des réductions plus importantes, mais l’Alliance Climatique recommande de citer la loi.

Selon les scénarios de l’UNEP (infographie https://www.unep.org/interactive/emissions-gap-report/2019/report_fr.php), cette réduction d’émissions nous donne 50% de chances de rester en dessous d’1,5°C de réchauffement.

Ce seuil de sécurité a été choisi car il limite le risque d’un emballement du réchauffement climatique, qui au-delà pourrait s’auto-alimenter. Par exemple si les conditions climatiques deviennent impossibles pour les forêts, d’immenses feux dégageront plus de CO2, et provoqueront plus de réchauffement. Le rapport du GIEC 1,5°C explique que si nous dépassons ce seuil, nous vivrons des vagues de chaleur plus fortes, des inondations plus répandues et plus graves, ainsi que d’autres catastrophes.

L’UNEP a demandé une réduction d’émissions de 7,6% par année dès 2020, et ajoute que si nous tardons et nous commençons en 2025, la réduction devra être de 15% pour arriver au même objectif en 2030. Il vaut mieux voter la loi et mettre en place des réductions progressives aussi vite que possible.

Je ne suis pas convaincue que cela suffise. En général, les règles de sécurité sont fixées à plus de 50% de chances du côté de la sûreté, elles sont plutôt vers 99,9%.  Par ailleurs, de toute part, des scientifiques alertent sur divers points du système qui semblent déjà très touchés par le réchauffement : La glace Arctique se réduit, les glaciers fondent plus vite que prévu, les forêts ne poussent plus comme avant, certains arbres meurent, des grands feux de forêts se produisent, par exemple en Australie en 2020, et le permafrost Arctique dégèle plus vite que prévu.

Ces événements sont considérés dans le rapport du GIEC comme des événements un peu aléatoires, difficilement prévisibles, qui pourraient énormement influer sur le cours du réchauffement climatique. Ils ne sont pas vraiment inclus dans les prévisions. Il est possible, selon moi souhaitable qu’un prochain rapport du GIEC inclue la vitesse de fonte du permafrost et ses émissions de gaz à effet de serre dans leurs prévisions de réchauffement. Les trajectoires d’émissions conseillées au niveau mondial pourraient alors changer, et il vaudrait mieux s’y adapter.

Je crois que  les organisations qui demandent une loi plus forte ont de très bonnes raisons, nous serions ainsi plus en sécurité.  Mais est-il possible d’obtenir plus?

Cet été, ou dans an ou deux, des catastrophes climatiques inouïes, pourraient se produire en Suisse, nous pourrions voir des morts de chaleur, dans des inondations, dans des tempêtes. Alors le public prendrait peur, une peur viscérale et l’opinion publique exigerait des mesures fortes suffisantes pour assurer sa sécurité.  Un aggravation du réchauffement est prévue.  Je ne sais pas, alors s’il est bon d’attendre des événements tragiques qui feraient vraiment prendre conscience au public que le climat est une question de vie ou de mort, et lui feraient accepter une loi plus forte.  En tout cas, plus vite nous mettrons la loi en place, mieux nous maîtriserons le climat. Et bien sûr les mêmes réflexions et les mêmes efforts sont déployés actuellement dans des nombreux pays.  Des solutions complémentaires seront peut-être disponibles ces prochaines années, il faudra alors les ajouter à la loi. J’aimerais bien sûr aussi limiter la publicité et toute incitation à la vente et à l’achat d’objets polluants, obtenir une réduction du temps de travail, limiter les produits animaux et récréer d’immenses forêts.

Image par Gerd Altmann de Pixabay

 

 

Biden lance un plan pour l’emploi et sécuriser les infrastructures contre le réchauffement. Le fera-t-il bien?

Biden face à la réalité climatique

Le président américain lance un grand plan pour l’emploi à hauteur de 2,3 billions de dollars. Ces investissements sont destinés au renforcement des infrastructures face au réchauffement. Ils déclarent que « chaque dollar dépensé pour la reconstruction des autoroutes, des aéroports, des systèmes d’eau etc sera utilisé ” prévenir, réduire et résister aux impacts de la crise climatique. “

Le nouveau président américain semble faire face à la réalité. Il serait très intéressant de savoir quelles mesures ont été prévues pour que les infrastructures résistent au changement climatique. Elles doivent être adaptées à l’urgence climatique.

Le changement climatique provoquera probablement des inondations croissantes, des ouragans plus forts  des glissements de terrain, des vagues de chaleur, des feux de forêt et la montée du niveau de la mer (GIEC).

Des vents plus forts, et des grands orages, s’étendant sur plusieurs pays semblent aussi se produire depuis quelques années. Ils pourraient apporter des grosses grêles, de tornades et des foudres très nombreuses ou intenses.

Inondations

De nombreux dégâts se produisent déjà: Le nombre et la gravité des inondations augmentent. Elles inondent les sous-sols, détruisent les possessions dans les appartements et les stocks dans les entrepôts. Ce danger est très répandu, un rapport américain estimait que la moitié des bâtiments des Etats -Unis sont en danger d’inondation.  La petite catastrophe de Lausanne de 2018, a déjà causé des dommages coûteux dans de nombreux sous-sols. En 2020, la Chine a été touchée par d’immenses inondations, qui ont couvert des villes entières.  Elles sapent et emportent des bâtiments entiers. Plus d’un million de personnes ont été évacuées, et un nombre comparable a été employé dans l’aide aux victimes.  Le danger d’inondation a été relativement bien annoncé par le GIEC, même si les précipitations sont parfois plus intenses que prévu. La fonte de la glace Arctique et le dérèglement du courant-jet pourraient créer des perturbations atmosphériques supplémentaires, et amener des fortes précipitations dans l’hémisphère Nord. 

Glissements de terrain

Des glissements de terrain inhabituels se produisent suite au dégel du permafrost boréal et de montagne. Les chutes de pierre dans le Massif du Mont-Blanc se sont surtout produit depuis 1990, et augmentent ces dernières années, dues au réchauffement (Lien preventionweb).  Les pluies intenses en provoquent aussi, les feux de forêt déstabilisent les pentes de montagne. D’autres glissements de terrain se produisent en bord de mer à cause de la montée du niveau de la mer  et en bord de rivière en crue, après des fortes pluies. En Californie, le Highway 1 est très vulnérable et a déjà subi des nombreux glissements de terrain (lien) , notamment après une grande tempête

Parfois, les glissements affectent des grandes étendues, quand un éboulement bloque une rivière. Après des pluies intenses en 2019, un tiers de la Colombie avait été coupé du monde par des glissements de terrain sur les routes (lien). 

Des glissements de terrain importants se sont produits récemment en Nouvelle Zélande, au Canada, en Turquie, en Equateur,

au Pérou , en Chine au Séchouan, à Hubei, ou à Chongking. Ils augmenteront probablement de concert avec les précipitations intenses. 

Orages plus importants et destructeurs

Les orages semblent plus grands et plus forts, les nuages s’étendent plus haut , l’humidité atmosphérique augmente, les courants polaires humides se heurtent à de l’air très chaud et pourraient des intempéries plus violentes.

Des grêles avec des projectiles de glace de près de 20 centimètres se sont produits récemment à plusieurs endroits des Etats -Unis (Oklahoma, Texas). Ces dernières années, les grêlons géants  ont tué en 2019 en Chalcidique, Grèce. Ils ont détruit des voitures et percé des toits en Italie, en Australie.  Un article rapportait que les fortes grêles avaient détruits quasiment tous les toits.  Un autre discute les événements de grêle géante en Europe.

Ces orages s’accompagnent parfois de tornades et de foudre. Des records du nombre d’éclairs ont été atteint ces dernières années, des foudres beaucoup plus fortes pourraient aussi se produire (blog, Reuters).  La Suisse est assez exposée à la foudre, et relativement moins au vent. 


Vent


Des vents étrangement forts se sont produits ces dernières années. Les statistiques sur la vitesse du vent semblent difficiles à faire. Cependant, jai l’impression que le nombre d’arbres cassés par les vents s’accroit.

Les jeux olympiques de Corée avaient été perturbés par des vents étonnants (lien).

En 2020, un vent fort a balayé  l’état de l’Iowa et a provoqué des dommages très étendu, a privé d’électricité et coupé du monde de nombreuses villes, qui ont été livrées à elles-mêmes dans une chaleur intense (mon blog). 

Le mois passé, en avril 2021 des vents violents ont ravagé au moins la Russie, le Brésil et la Chine. J’ai remarqué dans les vidéos que les toits des immeubles sont arrachés en entier, s’envolent en plaques immenses de dizaines de mètres. Les  arbres cassent, les tempêtes plient les grues de chantier , de nombreux poteaux sont arrachés, tout objet non fixé s’envole et peut causer des dommages, les trampolines en particulier volent très bien. 

L’article phys.org en lien cite plusieurs chercheurs en génie civil sur ce sujet. Ils confirment que l’infrastructure devra être adaptée à une gamme plus large de conditions climatiques.

Le professeur génie civil Baker de Stanford estime que les agences concernées devraient exiger que les projets d’infrastructure soient conçus en tenant compte des risques futurs liés au changement climatique. Le rétablissement de la norme fédérale de gestion des risques d’inondation de l’ère Obama serait un bon pas dans cette direction. Les entités privées devraient également être tenues d’évaluer et de déclarer leurs risques liés à l’exposition aux impacts du changement climatique – une transparence accrue sur ces risques profiterait à tous les décideurs.

Le professeur Billington de Stanford a déclaré que récemment des liens solides ont été trouvés entre les caractéristiques de conception de l’environnement bâti et les politiques de logement historiques qui peuvent être directement responsables de l’exposition disproportionnée des populations mal desservies aux événements de chaleur actuels. La lutte contre les effets des îlots de chaleur urbains en accordant une attention à la fois aux infrastructures bâties et naturelles dans les villes peut aider à remédier à ces inégalités.

 Une meilleure politique de construction pourrait limiter les vagues de chaleur en ville et dans les appartements. 

Solutions

Personnellement, au vu des événements catastrophiques dont j’ai connaissance et que je tente de porter à la connaissance du public, j’estime que: 

– L’aggravation de tous ces phénomènes, inondations, vents, foudres, tornades, glissements de terrain ainsi que des vagues de chaleur devrait être bien calculée pour chaque degré de réchauffement. 

– Il faut des toits résistants, et peut-être des volets obligatoires pour protéger les fenêtres. Les panneaux publicitaires doivent disparaître, les feux de circulation et les poteaux de l’électricité sont aussi fragiles.  Des arbres cassent aussi, ils devraient parfois être taillés ou remplacés par d’autres espèces.

– Il faut aussi estimer la probabilité que la maison entière s’écroule en cas de glissement de terrain, de violente inondation ou de tornade pour tout bâtiment existant et prévu.  Ces bâtiments ne doivent pas être construits.

– Les bords de mer et les zones proches des embouchures des rivières sont très exposées, et les nouvelles données sur la fonte des glaciers Antarctiques signifient que la montée du niveau de la mer atteindra, lentement et progressivement plusieurs mètres. A d’autres endroits,  les risques d’inondation pourraient être réduits en creusant des grands canaux, des vrais lits de rivières, pour évacuer l’excès de pluie. 

– J’espère qu’ils mettront en place des mesures pour sauver les forêts, essentielles pour le climat et la biodiversité.   Les forêts protègent contre les petits glissements de terrain, et conduisent l’eau de pluie en profondeur.  Il faudrait voir si les pentes de montagne pourraient aussi être drainées ou si les précipitations pourraient être dirigées dans des canaux. 

Si l’estimation des dégâts climatiques futurs à l‘infrastructure est faite correctement, elle sera énorme, tous les bâtiments sont à risque. Il faut peut-être sécuriser surtout l’infrastructure essentielle, créer des abris et transformer les hôpitaux en bunkers amphibies.

Et si on prend en compte tous les coûts, il deviendra clair qu’il sera moins cher, de réduire fortement les activités économiques que de transformer les centres commerciaux en bunker d’autant plus que nous vivrions en bouleversement climatique perpétuel.  De plus, il existe de sérieux risques d’aggravation rapide du changement climatique,  par exemple quand les températures battront des nouveaux records lors de la prochaine année El Nino. 

 

 

L’extinction humaine est-elle proche? L’apocalypse selon Guy McPherson

Guy McPherson est un ancien professeur d’université d’écologie. Il a quitté le monde de la recherche universitaire, et la vie dans la société américaine pour exploiter, conformément à ses valeurs,  une ferme écologique, changement  qu’il a décrit dans un livre, ‘Walk away from the Empire‘ et dans son blog.  Le livre ‘Going dark’ expose ses inquiétudes pour la Planète. Aujourd’hui, il expérimente personnellement un mode de vie écologique. Il élève des chèvres et  cultive son jardin.

Ses recherches l’ont mené à prendre très au sérieux la vitesse à laquelle les espèces vivantes disparaissent aujourd’hui et le changement climatique. Dans une publication récente, qu’il présente dans cette vidéo, il déclare que l’espèce humaine risque l’extinction à court terme. Il cite plusieurs changements inquiétants qui surviennent actuellement sur la Terre, et qui constituent des graves risques pour l’Humanité. Je le trouve un peu réducteur à clamer constamment ‘la fin est proche’- Michael Mann, un climatologue, dont le travail récent suggère que les températures se stabiliseraient si nous diminuons les émissions,  a même dit récemment que Guy McPherson devait être payé par les industries fossiles pour saper l’action climatique, ce qui est certainement aussi exagéré. Guy McPherson fait allusion à des faits et des risques réels de son point de vue d’écologiste.

Selon lui, les conditions de vie nécessaires pour l’humain pourraient être détruites sur Terre, l’Humanité pourrait disparaître, comme l’immense majorité d’espèces s’est éteinte au cours de notre passé géologique. Il remarque que la plupart des vertébrés terrestres disparait à vue d’oeil, alors il pourrait en être de même pour l’Homme.  D’autres écologistes s’alarment aussi du rythme effréné de disparition d’espèces sur Terre, (Paul Ehrlich par exemple, lien), et estiment qu’elle signale un bouleversement majeur du système Terre et y voient un immense danger.

J’objecte que pour le moment, nous annexons tous les écosystèmes sauvages pour produire des aliments pour les humains. Mais il est vrai nous ne le faisons pas intelligemment ni de manière durable.

Méthane dans la mer Arctique et dans le permafrost

GuyMcPherson cite par exemple le méthane dans la mer Arctique ou dans le permafrost terrestre que le réchauffement pourrait libérer, et le gaz émis démultiplierait le réchauffement climatique, avec des très dangereux bouleversements météorologiques.  Cet événement hypothétique est généralement considéré comme possible pour le 22ième siècle, certains craignent une augmentation du réchauffement par le méthane vers 2050 déjà. D’autres, comme Peter Wadhams, pensent qu’elle pourrait se produire à tout moment. Le permafrost semble dégeler plus vite que prévu, les émissions de méthane ont augmenté (traduction d’un discours ONU) ces dernières années et c’est inquiétant.  Les quantités sont encore infimes, mais un processus redouté a commencé. Il pourrait mener à des événements d’une échelle réellement apocalyptique, mais ils devraient nous laisser encore au minimum quelques décennies.  Certains scientifiques pensent que la Nature, a par le passé, éliminé le méthane d’une manière ou d’une autre. Il faudrait cependant rechercher des solutions aux émissions de méthane (blog).

Le nouveau climat terrestre

Ensuite, il fait allusion au travail de Burke qui compare le réchauffement aux climats passés (lien), et calcule que  si nous restons à 2°C du réchauffement, le climat résultant des prochaines centaines d’années sera probablement celui du Pliocène, 2-3°C plus chaud qu’aujourd’hui, avec des hivers froids et des étés caniculaires sous nos latitudes.  Les conditions de culture agricole pourraient alors beaucoup changer.  Si par contre nous suivons la trajectoire de réchauffement rapide sans maîtrise des émissions humaines, jusqu’à 4°C de réchauffement, le climat de la Terre pourrait basculer vers celui de l’Eocène, 13°C plus chaud, au cours du 22ième siècle.  Une température de 4°C ferait probablement fondre les glaces et pourrait provoquer les émissions de méthane qui réchaufferaient la Terre de plusieurs degrés supplémentaires. Ces changements vers un nouvel équilibre climatique se produiraient à l’échelle d’un ou deux siècles.

Aérosols

Actuellement, la combustion du charbon libère des aérosols qui refroidissent l’atmosphère.  L’arrêt immédiat de toutes les industries diminuerait la quantité d’aérosols dans l’atmosphère et réchaufferait la Planète. Si tout s’arrêtait demain, il ferait un peu, peut-être 0,5°C plus chaud pendant quelques années. Une nouvelle étude au moins suggère que l’effet des aérosols est moins fort que prévu par les modèles climatiques (lien ), une autre estime même que les aérosols réchauffent la Planète (lien).   Et tant que le charbon est utilisé, l’effet de serre augmente. En 2020, la Chine a réduit l’activité de ses usines pendant le confinement. Il semble qu’il n’y a pas eu de réduction d’aérosols au niveau planétaire, car d’immenses feux de forêts en Australie et surtout en Amazonie en ont produit beaucoup.

Guy McPherson s’inquiète de l’effet de réchauffement que l’arrêt des usines et de leurs aérosols aurait sur la Planète, mais si les usines étaient mises hors service ou changeaient de source d’énergie progressivement, sur une dizaine d’année, ça devrait aller.  Cela semble la meilleure solution, proche de celle préconisée par le programme des Nations Unies pour l’Environnement (lien).

Approvisionnement alimentaire

Ensuite, il estime que notre approvisionnement alimentaire pourrait être rapidement désorganisé, soit à cause d’une perte de fertilité planétaire causée par la disparition des vers de terre, soit à cause de ruptures de la chaîne d’approvisionnement dans un système impliquant des nombreux transports intercontinentaux.

Les vers de terre dégradent des restes de plantes dans le sol et contribuent à les transformer en humus. Ils aèrent le sol et le rendent perméables à l’eau (brochure FIBL EN) . Le travail cité par Guy McPherson estime que 83% des vers de terre ont aujourd’hui disparu.  L’usage de pesticides chimiques et de lourdes machines agricoles rend leur survie dans les champs difficile, et leur absence aggrave le tassement des sols et la perte d’humus, et pourrait contribuer à l’épuisement des sols.  L’absence des vers de terre est aussi indicative des changements des terres. Celles-ci contiennent, dans la nature, un écosystème riche de milliers de bactéries, de petits animaux et de champignons nécessaires au fonctionnement du sol vivant.  En 2018, puis de 75% des sols étaient dégradés par l’exploitation humaine. Il y a de plus en plus d’humains à nourrir, et nous détruisons les champs dont nous avions besoin. Nous sapons vraiment la Terre sous nos pieds.  Ces problèmes surviennent progressivement, s’aggravent depuis des décennies. Des solutions, telles que la reforestation, l’agroforesterie, l’agriculture biologique, les couverts végétaux, l’agriculture sans labour,  sont aussi développées, par exemple par le FIBL. L’association Terre et Humanisme travaille beaucoup avec les vers de terre et le lombricompostage.

La pandémie nous a donné l’exemple de la fragilité de notre système économique. Les engrais, les céréales qui nourrissent souvent des animaux et la viande sont produits sur des continents différents, et dépendent du commerce et du transport mondial.  Ce système est à bout de course, des perturbations sont prévues et se produisent. L’engrais chimique a provoqué une énorme explosion au Liban cette année, et cette semaine des moutons étaient bloqués dans le canal de Suez. Il faut le simplifier, le remplacer par des circuits locaux  et le rendre plus résiliant.

Fonte de la glace Arctique

Guy McPherson mentionne que la glace sur la mer Arctique fond plus vite que prévu. La surface blanche de la glace agit comme un couvercle et une surface réfléchissante.  L’absence de glace causera un réchauffement supplémentaire immédiat, et plusieurs scientifiques alertent sur les perturbations météorologiques qu’elle pourrait provoquer, des tempêtes, des vagues de froid et de chaleur. Une étude géologique suggère que l’absence de glace et l’arrivée d’eau plus chaude au contact de la surface a provoqué un réchauffement rapide de plusieurs degrés par le passé, mais ce danger n’est généralement pas pris en compte dans les modèles climatiques. L’océan pourrait aussi se réchauffer en profondeur et favoriser les émissions de méthane.  La fonte complète de la glace arctique en été ce produira certainement au cours de ce siècle, peut-être dans quelques années, nous en avons déjà perdu la moitié. Avant,  la mer Arctique était continuellement couverte de glace épaisse d’environ un mètre et âgée de quelques années, maintenant elle est plus fine, fragmentée et semble bien compromise.

Les avions

Ensuite, il cite un travail de Gunther Pauli qui propose que les tourbillons formés par le passage des avions changent la circulation de l’atmosphère. Je n’ai jamais entendu ça avant. Je ne dispose pas de calculs prouvant que c’est faux, je ne peux pas vraiment invalider ses dires, mais ça me paraît douteux. Si c’était vrai,  on pourrait peut-être faire voler des avions dans l’autre sens pour changer la circulation atmosphérique.

El Nino

Ce phénomène se produit tous les 3 à 7 ans, des eaux chaudes affleurent à la surface du Pacifique et réchauffement l’atmosphère (lien). La dernière année El Nino, 2016, a battu les records de chaleur, et causé des graves sécheresses, particulièrement en Afrique, qui ont touché 60 millions de personnes (lien).  Les années El Nino extrêmes deviennent plus probables d’après le GIEC:. La Planète se réchauffe, et El Nino apportera probablement  une année de vagues de chaleur plus élevées.  Les habitants des pays chauds, par exemple d’Afrique de l’Est, pourraient en souffrir sérieusement, vivre des famines ou des vagues de chaleur mortelles.  La production alimentaire sur Terre serait réduite, et nous pourrions vivre en Suisse des vagues de chaleur de quelques degrés plus élevées que la précédente.

Si je reprends les dangers énumérés par Guy McPherson,   le prochain événement  sera probablement une année El Nino,  qui se produira  dans un an, dans deux ans ou au plus dans cinq ans. Ce sera une année plus chaude que toutes celles que l’Humanité a vécu, qui pourrait être accompagnée d’événements météo nouveaux ou plus intenses.

Pourrait-elle mettre en branle un processus de fonte de glace Arctique, de sécheresses, de réchauffement rapide, de  fonte du permafrost, et de réchauffement abrupt apocalyptique?  Ces changements dangereux pour la survie de l’Humanité ne sont généralement pas prévus pour le 21ème siècle, mais le climat pourrait nous surprendre.

L’Humanité compromet de plusieurs façons ses conditions de vie sur Terre et doit immédiatement modifier son mode de vie pour sa sécurité.

 

 

Blog: créons des réserves alimentaires planétaires

Le rapport ‘Faire la paix avec la Nature (PNUE)’ pourrait être trop modéré

Je résume ci-dessous le rapport ‘Faire la Paix avec la Nature’ du programme des Nations Unies pour l’Environnement.  Il relève les problèmes écologiques actuels, alerte sur leur aggravation prévisible, et propose des solutions.  Il pourrait être l’argument scientifique le plus convaincant pour nous décider à protéger la Planète maintenant. Le secrétaire-général de l’ONU, Antonio Gutierrez, résume les conclusions très simplement: ‘Notre guerre contre la Nature est suicidaire, et a laissé une Planète cassée. Nous devons presser l’interrupteur vert. Nous avons une chance non pas de changer l’économie, mais de la transformer’.  Personnellement, je propose de produire à peu près la quantité d’objets dont nous avons besoin, ou au maximum que nous achetons, en renonçant aux piles d’invendus voyageant de continent en continent inutilement.

Je remarque cependant que la trajectoire de solutions la plus sévère de ce rapport nous donne 50% de chances de rester en dessous de 1,5°C de réchauffement. 50-50? Jouons-nous à pile ou face ou à la roulette russe avec notre Planète? Peut-être y-a-t-il un fort risque que nous dépasserons de toute façon un peu ce seuil de sécurité, au-delà duquel le climat peut se révéler incontrôlable.  Nous pourrions entrer dans une zone de turbulences.

Pour des raisons liées à la progression du réchauffement, je suis un peu perplexe par rapport à leurs prévisions pour 3°C. Actuellement, les effets du changement climatique sont plus graves que prévu, et ils pourraient l’être aussi à l’avenir, et se produire plus tôt. J’y reviendrai la prochaine fois.

Lien sur les messages clés du rapport en français: Messages clés

Extraits du rapport PNUE ‘Faire la Paix avec la Nature’

La Terre est en danger

Au cours des 50 dernières années, l’économie mondiale a presque quintuplé, la population mondiale a doublé. Le réchauffement causé par l’Homme, qui atteint actuellement plus de 1 ° C,  a déjà entraîné des changements des zones climatiques, des changements des régimes de précipitations, la fonte des calottes glaciaires et des glaciers, l’accélération de l’élévation du niveau de la mer et des événements extrêmes plus fréquents et plus intenses, qui menacent les personnes et la Nature.

Aucun des objectifs mondiaux pour la protection de la vie sur Terre et pour enrayer la dégradation des terres et des océans n’a été pleinement atteint. Les trois quarts des terres et les deux tiers des océans sont désormais abimées par l’Humanité. 

La capacité de la Terre à répondre aux besoins croissants d’aliments nutritifs, d’eau et d’assainissement continuera de s’affaiblir face au déclin continu de l’environnement. 

Par exemple, la sécurité alimentaire est menacée par la perte de pollinisateurs et de sols fertiles. La perte de pollinisateurs menace la production annuelle mondiale de cultures, d’une valeur comprise entre 235 et 577 milliards de dollars EU.

Changements systémiques

Seule une transformation du système entier permettra le bien-être de tous dans les limites de la capacité de la Terre, et d’atteindre le zéro net d’ici 2050 pour mettre le monde sur la voie de 1,5 ° C avec une probabilité d’environ 50 par cent. 

Les gouvernements devraient intégrer la prise en compte du capital naturel dans leurs décisions et utiliser les politiques et les cadres réglementaires pour inciter les entreprises à faire de même.

Ils devraient abandonner les subventions nuisibles à l’environnement, investir dans des solutions et des technologies à faible émission de carbone et respectueuses de la nature, et internaliser systématiquement les coûts environnementaux et sociaux.  Ils devraient faire payer les services écosystémiques, et taxer l’extraction des ressources brutes.

Les gouvernements lancent et dirigent la coopération intergouvernementale, les politiques et la législation qui transforment la société et l’économie. Ces transformations permettent au secteur privé, aux institutions financières, aux organisations non gouvernementales, aux institutions scientifiques et éducatives et aux médias, ainsi qu’aux particuliers, aux ménages et aux groupes de la société civile, d’initier et de mener des transformations dans leurs domaines.

Le déplacement de la fiscalité de la production et du travail vers l’utilisation des ressources et les déchets favoriserait une économie circulaire.

Il faut transformer les systèmes économiques et financiers pour qu’ils mènent et alimentent la transition vers la durabilité.

Il faut créer des synergies: Financer la coopération internationale et intersectorielle, le renforcement des capacités et la coopération technologique qui abordent les défis environnementaux et le bien-être humain.

Il faut divulguer les risques financiers liés au climat, l’utilisation des ressources naturelles et l’impact de ces activités sur l’environnement.

Les opérations doivent être alignées sur l’objectif d’émissions de carbone nettes nulles et les principes de durabilité.

La réalisation des objectifs de développement durable exigera des changements et une augmentation massifs des flux financiers publics et privés et des modèles d’investissement, y compris dans les secteurs de l’eau, de l’alimentation et de l’énergie. Les incitations doivent être modifiées pour que les investissements dans le développement durable soient financièrement attractifs.

Des changements dans les modes de consommation mondiaux sont essentiels pour transformer les systèmes alimentaires, hydriques et énergétiques. 

Dommages actuels au système Terre

Le réchauffement actuel, plus important sur la terre que sur l’océan et le plus élevé dans les régions polaires, a déjà conduit à la fonte des calottes glaciaires et des glaciers, à une accélération de l’élévation du niveau de la mer, à des événements extrêmes plus fréquents et plus intenses, à des modifications des régimes de précipitations, ainsi que les changements dans les zones climatiques, y compris l’expansion des zones arides et la contraction des zones polaires.

Un tiers des stocks de poissons marins sauvages ont été surexploités en 2015.

Les engrais qui pénètrent dans les écosystèmes côtiers ont produit plus de 400 «zones mortes» totalisant plus de 245 000 km2 – une superficie plus grande que le Royaume-Uni

La pollution par les plastiques marins a décuplé depuis 1980.

Les déchets plastiques marins ont des impacts écologiques, notamment l’enchevêtrement et l’ingestion, et peuvent agir comme vecteur d’espèces envahissantes et d’autres polluants.

Risques du réchauffement futur

Le risque de perte irréversible des écosystèmes marins et côtiers, y compris les herbiers marins et les forêts de varech, augmente avec le réchauffement climatique. On prévoit qu’un réchauffement de 2°C entraînera une diminution de la biomasse des communautés animales marines et leur productivité. Les récifs coralliens sont particulièrement vulnérables au changement climatique. La perte de diversité biologique présente des risques pour la production alimentaire. La perte de pollinisateurs animaux, essentielle pour plus de 75% des cultures vivrières, y compris de nombreux fruits et légumes et cultures de rapport comme le café, le cacao et les amandes, menace la production annuelle mondiale de cultures d’une valeur comprise entre 235 et 577 milliards de dollars EU. L’érosion du sol à partir des champs agricoles est estimée à 10 à plus de 100 fois plus élevée que le taux de formation du sol, affectant les rendements agricoles en réduisant la rétention d’eau et en provoquant une perte de nutriments. On estime que 176 gigatonnes de carbone organique du sol ont été perdues dans le passé, principalement à cause du changement d’affectation des terres, et 27 gigatonnes supplémentaires devraient être perdues entre 2010 et 2050.

D’ici la fin du siècle, l’inaction face au changement climatique pourrait entraîner une réduction de 15 à 25% de la production par habitant pour 2,5 à 3° C de réchauffement planétaire, par rapport à un monde qui ne s’est pas réchauffé au-delà des niveaux de 2000-2010. Les estimations des dommages économiques associés à 2° C de réchauffement atteignent 69 billions de dollars US 26, tandis que 15 à 38 500 milliards de dollars US de dommages économiques pourraient être évités en limitant le réchauffement à 1,5° C. Les économies mondiales pour la santé grâce à la réduction de la pollution atmosphérique pourraient représenter plus du double des coûts de mise en œuvre de l’Accord de Paris entre 2020 et 2050.  Les estimations des coûts de réduction des émissions, bien que substantielles, sont bien inférieures aux estimations des dommages. Les estimations de coût pour limiter le réchauffement à moins de 2 ° C sont de 2 à 6% du PIB mondial en 2050 et de 3 à 11% en 2100.

Risques associés aux événements météorologiques extrêmes tels que les canicules, les fortes précipitations dans plusieurs régions et les sécheresses.

Dans certaines régions, ils deviennent déjà élevés entre 1° C et 1,5° C de réchauffement.  Des points de basculement pourraient exister pour les systèmes humains avec des températures élevées et peuvent survenir dans des endroits où la capacité d’adaptation humaine existe. Le réchauffement des températures ambiantes jusqu’à 3 ° C devrait entraîner une augmentation substantielle des vagues de chaleur provoquant un coup de chaleur et la mort. Les risques de mortalité et de morbidité liées à la chaleur deviennent élevés entre 1 ° C et 3 ° C d’augmentation de la température moyenne mondiale.

Les principaux risques pour les implantations dus au changement climatique comprennent le stress thermique, les fortes précipitations, les inondations intérieures et côtières, les glissements de terrain, la pollution de l’air, la sécheresse, la pénurie d’eau, l’élévation du niveau de la mer et les  tempêtes.

Un des grands risques provient du fait que la consommation mondiale devrait augmenter plus rapidement que la croissance démographique en raison d’un passage à des modes de vie plus gourmands en ressources, alimenté par l’augmentation du revenu par habitant.

Les émissions nettes de dioxyde de carbone devront être réduites de 45% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010 et atteindre zéro d’ici 2050.

Domaines clés pour un changement transformateur:

1. Paradigmes et visions d’une bonne vie: évoluer vers des paradigmes qui mettent l’accent sur les relations avec les personnes et la nature plutôt que sur la consommation matérielle, y compris de nombreuses visions existantes de la bonne vie comme celles vécues selon les principes et les vertus de la responsabilité envers les personnes et la nature.

2. Consommation, population et déchets: réduire l’effet global négatif des besoins et de la demande humains – en fonction des taux de consommation et de production, de la taille de la population et des déchets – en réduisant la consommation et la production par habitant dans certaines régions et la croissance de la population humaine en autres.

3. Valeurs latentes de responsabilité: Libérer les capacités existantes et les valeurs relationnelles de responsabilité pour permettre une action humaine et organisationnelle généralisée.

4. Inégalités: réduire systématiquement les inégalités de revenus et d’autres formes, y compris entre les sexes, les races et les classes.

5. Participation à la gouvernance de l’action environnementale et de l’utilisation des ressources: Pratiquer la justice et l’inclusion dans la prise de décision de ceux qui en sont le plus touchés, en particulier les peuples autochtones et les communautés locales.

6. Externalités: comprendre et internaliser les effets négatifs distants, retardés et diffus des actions, y compris l’activité économique.

7. Technologie, innovation et investissement: transformer les régimes d’investissement et d’innovation technologique et sociale, de sorte que les technologies et leur utilisation produisent des effets positifs nets sur les personnes et la nature (par exemple, en passant à une économie circulaire et en éliminant les déchets).

8. Éducation et production et partage des connaissances:

Promouvoir la vaste base de connaissances et de capacités qui sont fondamentales pour des sociétés justes et fonctionnelles, et accroître et diffuser les connaissances spécifiques à la durabilité.

Solutions pour restaurer la biodiversité

L’expansion des zones protégées et des zones strictement interdites à la pêche dans les eaux territoriales et en haute mer peut conserver et reconstituer les stocks d’espèces commerciales et non commerciales et protéger les écosystèmes aquatiques.

Le secteur privé peut aider à protéger la biodiversité en veillant à ce que les produits qu’il commercialise proviennent de sources durables.

Les zones humides sont un exemple d’écosystème fonctionnel, hautement menacé et riche en biodiversité nécessitant une protection urgente.

Les actions pratiques comprennent une meilleure gestion des terres cultivées et des pâturages, des choix alimentaires qui minimisent les besoins en nouvelles terres cultivées et la réduction du gaspillage alimentaire

La restauration des écosystèmes peut simultanément atténuer le changement climatique, ralentir et inverser le déclin de la biodiversité et augmenter les avantages que les gens tirent de la Nature.

Éviter, réduire et inverser la dégradation des terres, y compris la désertification, améliorerait la fertilité des sols, augmenterait le stockage du carbone dans les sols et la biomasse, et augmenterait la productivité agricole et la sécurité alimentaire. 

La mise en œuvre de nouveaux modèles commerciaux (tels que le crédit-bail de produits chimiques) visant à réduire l’utilisation de produits chimiques préoccupants, l’intensification des efforts pour développer des alternatives de chimie verte et durable et des engagements à éliminer les produits chimiques préoccupants dans les produits de consommation peuvent tous contribuent à réduire la pollution chimique.

L’initiative dirigée par les Nations Unies sur le système de comptabilité économique environnementale s’emploie à élargir les règles comptables afin d’incorporer la valeur de la Nature. Le cadre intègre des données économiques et environnementales pour fournir une vue plus complète des interrelations entre l’économie et l’environnement et les stocks et les variations des stocks d’actifs environnementaux.

Agriculture durable

L’assistance technique et les programmes d’incitation économique peuvent encourager des pratiques agricoles durables et réduire les pertes de nourriture avant et après récolte.

Les petits agriculteurs, en particulier les agricultrices, doivent être habilités à adopter des pratiques durables. Les inégalités doivent être traitées à l’avance de manière durable.

Les instruments politiques pour parvenir à la durabilité du système d’eau comprennent la réallocation de l’eau à l’échelle du bassin et l’éducation et des incitations pour accroître l’efficacité de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture.

Il est aussi essentiel de changer le comportement des consommateurs.

L’accès universel à une énergie propre nécessite une transition rapide vers des systèmes à faible émission de carbone tant pour la production que pour l’utilisation de l’énergie. Il est possible et essentiel de transformer le système énergétique.

Des améliorations substantielles de la santé et du bien-être humains dans le monde (ODD 3) peuvent être obtenues grâce à des changements transformateurs.

Villes durables

Les villes doivent être planifiées pour la durabilité. Il faut encourager la densification des communautés compactes, en particulier dans les villes tentaculaires;  intégrer la biodiversité, la nature et la restauration écologique; promouvoir une production et une consommation durables; promouvoir des solutions fondées sur la Nature; la promotion, le développement, la sauvegarde ou la modernisation d’infrastructures immatérielles pour la gestion de l’eau tout en améliorant les infrastructures matérielles pour répondre aux résultats de la biodiversité.

Il faut promouvoir l’adaptation fondée sur les écosystèmes au sein des communautés, maintenir et concevoir la connectivité écologique dans les espaces urbains, augmenter les espaces verts urbains et améliorer leur accès; accroître l’accès aux services urbains pour les communautés à faible revenu ainsi que promouvoir l’agriculture urbaine pour accroître l’approvisionnement alimentaire local.

J’estime à plus de 160 milliards les dommages climatiques de 2020

Dégâts climatiques record

En 2020 la Terre a subi de nombreuses catastrophes climatiques.  Plusieurs ont atteint une ampleur inégalée, et ont causé des dommages record. Il s’agit surtout de destructions provoquées par des fortes tempêtes,  les vents, les tornades et la grêle.

Aux Etats-Unis, un vent exceptionnellement fort a dévasté le Midwest (blog). Il a endommagé de nombreuses maisons, a déraciné des milliers d’arbres qui ont rendu les routes impraticables  et a détruit une grande partie des cultures.

En Chine des inondations d’une ampleur inégalée ont submergé des villes, et ont affecté deux millions de personnes. En Inde, les inondations ont fait près de deux mille morts, de nombreuses victimes ont perdu le peu qu’ils possédaient, mais cela reste peu visible dans l’analyse financière.

L’analyse des assureurs AON citée par Yale Climate Connections inclut aussi  les feux de forêt de Californie, du Brésil et du Paraguay,  et les dégâts du nombre record d’ouragans Atlantiques cette année. 2020 a aussi apporté le supertyphon Goni, le plus fort à avoir jamais touché terre, ainsi que les sécheresses qui ont réduit les récoltes du Brésil et d’Argentine (Yale climate estimations).

Feux de forêt en Australie

Cependant, toutes les catastrophes climatiques ne semblent pas être inclues dans cette analyse. Les feux de forêt d’Australie de janvier 2020  sont un des événements les plus dramatiques de l’année. Après un printemps exceptionnellement chaud, les feux ont touché des grandes étendues et le nombre d’animaux perdus est estimé à un demi-milliard. Des dizaines de milliers de personnes ont été évacués, et les feux ont dévasté environ deux cent millions d’acres. Sydney, Melbourne et Brisbane étaient menacés, et ont heureusement évité l’embrasement.  Ces incendies ont suivi des records de chaleur survenus tôt dans la saison, au cours d’une des années les plus chaudes de l’histoire. La sécheresse était telle que les rivières ont séché et que les Australiens évacuaient les poissons pour les sauver.

Il y a peut-être un débat sur l’attribution de ces feux au changement climatique. Il est indéniable que les températures y étaient torrides et que ces conditions ont favorisé les feux. De plus, ces cinq dernières années chaudes se sont accompagnées de records de chaleur en Australie,  il doit être possible de montrer le lien entre en la température globale et celle en Australie, et le lien entre la canicule et les feux est assez évident.  D’autre part, les scientifiques estiment qu’il ne faut plus prouver qu’un événement particulier est dû au réchauffement, car toute la météo est changée par les conditions climatiques. Je ne suis pas sûre si le gouvernement Australien reconnaît l’existence du changement climatique ou s’il persiste à l’ignorer, il n’a peut-être pas déclaré les feux. Il serait intéressant de vérifier quels autres événements manquent.

Calculs de coûts de catastrophes

Accuweather estime le coût des feux en Australie de janvier 2020 à 110 milliards de dollars, selon une analyse de Myers (Accuweather).  Leur calcul est peut-être un peu différent, ils incluent les maisons qui ont brûlé, les voitures, les marchandises,  les pertes de gains, les dommages à l’infrastructure et les pertes des entreprises causés par les coupures de courant. Les routes bloquées, les évacuations et les augmentations de primes d’assurances sont aussi considérées dans cette analyse, ainsi que la perte de valeur des bâtiments dans la région,  l’extinction des feux, et les vols perturbés. L’analyse prend aussi en compte les frais médicaux supplémentaires que les personnes exposées à l’air pollué occasionneront à l’avenir.

Je crois que si l’analyse d’AON prenait en compte tous ces facteurs, l’appauvrissement des personnes dont la prime d’assurance augmente et la valeur de la maison diminue, le prix des autres catastrophes serait plus élevé aussi.  Ces coûts seront rapidement démultipliés.

Addendum le 11 mai 2021: Une étude Australienne confirme que les feux sont surtout dus à l’extrême sécheresse et à la météo anormale. Selon ses auteurs, la crise est provoquée par le changement climatique galopant https://news.trust.org/item/20210510153003-2wcoe/

Addendum le 8 février 2023: L’académie Australienne des Sciences a aussi déclaré que les feux sont dus au changement climatique https://www.science.org.au/news-and-events/news-and-media-releases/statement-regarding-australian-bushfires