Un traitement à la chaux combat l’acidification de l’océan et capte le carbone

Le CO2 émis par l’Homme s’accumule dans l’atmosphère, et un quart se dissout dans les océans. Ceux-ci ont absorbé l’équivalent de 600 milliards tonnes de dioxyde de carbone entre 1750 et 2015 (NOAA).

L’eau devient un peu plus acide, comme l’eau gazeuse. Ce changement a des conséquences sur la vie des océans, notamment sur la formation des coquilles de crustacés.  Les coquilles sont formés plus difficilement dans une eau plus acide.  Cet effet a été étudié en laboratoire et dépend de la quantité de CO2 dans l’eau.

Le Programme International sur l’Etat des Océans a déjà observé de nombreux changements de grande ampleur, dont l’acidification et la diminution d’oxygène dans l’eau.

En 50 ans, le pH des océans est passé de 8.2 à 8.1. Il s’agit du changement le plus rapide de l’Histoire de la Terre, alors que les fossiles montrent que les changements plus graduels avaient déjà un effet visible sur les animaux marins.

Selon le GIEC, plusieurs seuils critiques pour la vie dans l’océan seront dépassés avant 2100: oxygène, acidification, azote, stratification des océans, etc. Si les émissions de CO2 se poursuivent, il y aura moins de vie dans les océans à la fin du siècle.

L’acidification a des conséquences directes sur la formation de coquilles de carbonate de calcium, et elle pourrait empêcher le développement des crustacés, des mollusques bivalves, de coraux, de gastéropodes et de certaines algues.

Une des algues les plus abondantes des océans, le coccolithe Emiliania h. souffre aussi de l’acidification. Dans le Golfe du Lion de la Méditerranée, une des zones marines les plus saturées en acide carbonique,  les coccolithes ont changé. Leur poids, passé de 5 à 3.5 picogrammes indique que leur coquille de calcite est beaucoup plus fine qu’avant, ils sont devenus plus petits et, à certains moments, on n’en trouvait quasiment plus. Dans des expériences de culture dans de l’eau acide ces algues développaient une coquille plus fragile. D’autres observations de coccolithes dans les mers actuelles et dans les sédiments ont montré que leurs coquilles s’affinaient avec l’acidification des océans. La perte des coccolithes des océans pourrait provoquer un ralentissement de la fixation de gaz carbonique, et une aggravation de l’effet de serre.

Les coraux sont déjà  en grave danger. Au Japon, les récifs du Sud ont connu un épisode de mortalité massive, à cause de la chaleur, et semblent avoir de la peine à se développer plus au Nord, probablement à cause de l’acidité de l’océan.

Les expériences ont montré que  les huîtres, les coquilles Saint-Jacques, le corail et les serpules construisent des coquilles plus fines et plus fragiles. L’acidification leur nuit visiblement. C’est encore plus visible chez la palourde, la conque, et l’oursin crayon. Les plus hautes acidités dissolvent les coquilles de ces animaux.

Image par Brigitte Werner de Pixabay

La production d’huîtres a baissé des dernières années. Au large de la Floride, elle chuté de façon dramatique.  Les récoltes ont baissé de 100 à 2 sacs (lien). Cela pourrait être dû à l’acidification de l’océan par le CO2 émis par l’Homme et dissous dans l’eau, même si l’eau subit d’autres changements aussi, le réchauffement, la salinité, et peut-être la pollution de l’eau. Cela dit, l’effet de l’acidité de l’eau est visible en laboratoire et dans des ptéropodes marins à d’autres endroits. Les changements dans les fermes donnent la mesure de ceux qui affectent la vie sauvage des océans.

Les scientifiques ont tenté de compenser l’acidité de l’eau en déversant de la soude près des récifs coralliens australiens. En  mai 2022, ils ont injecté de la chaux dans la baie d’Apalachicola. Ils ont versé 2000 litres d’eau enrichie en chaux (hydroxyde de calcium),  ingrédient de base du ciment.  L’expérience a réduit l’acidité et a complexé le CO2. La technique, appelée chaulage de l’océan, a été appliquée par Wade McGillis, ingénieur climatologue de l’Université Notre Dame (Science).

Malheureusement, la fabrication de la chaux à partir de la craie émet actuellement CO2, le gain n’est donc pas garanti. Ce bilan pourrait être amélioré, la fabrication pourrait par exemple être combinée avec des bio-réacteurs d’algues alimentaires ou combustibles.  Cet ingrédient est déjà produit en immenses quantités pour la fabrication du ciment, qui est très polluant et devrait être limité. L’utilisation du ciment devrait être fortement réduite et la chaux, déjà produite pour cette industrie aujourd’hui, servirait à sauver le climat. Il faut la racheter.

Les  scientifiques souhaitent que ce type d’expériences se poursuive, elle leur semble très utile.

Cette technologie pourrait peut-être pourrait améliorer les perspectives de la vie des océans, et limiter le réchauffement en réduisant le carbone.  La technique pourrait être appliquée dans les zones les plus touchées, et les plus riches en vie marine.  Au contraire, la géo-ingénierie solaire, qui répandrait des poudres dans l’atmosphère,  changerait l’ensoleillement, la météo, et la température, mais laisserait l’acidité des océans augmenter.  Je ne suis pas sûre que toutes les conséquences de celle-ci aient été prises en compte.

Il serait donc intéressant que la technique de chaulage des océans soit étudiée par les environnementalistes et les chimistes et qu’ils se prononcent à son sujet. La question de son utilisation à grande échelle se posera bientôt.

 

 

Vagues de chaleur plus fortes que prévu

La COP27 s’est conclue sur la création d’un fond de pertes et dommages pour les pays victimes du réchauffement climatique. Les parties gardent l’objectif de limiter le réchauffement de 1.5°C. Les émissions de carbone devaient être progressivement ralenties, atteindre un maximum en 2025 puis diminuer. Malheureusement,  la date butoir de 2025 et le rythme de réduction prévu ont disparu cette année.  Or si nous ne limitons pas les émissions au rythme voulu, si nous en rajoutons plus que prévu chaque année, l’accumulation de gaz carbonique dans l’atmosphère sera plus importante et les températures dépasseront probablement les 1.5°C.

Greta Thunberg dit que “sans engagements forts pour réduire les émissions immédiatement et rapidement, le monde n’a aucune chance de respecter la limite de 1,5°C”. [Nous courrons donc] “des grands risques de déraciner les systèmes vitaux de la Planète dont nous dépendons tous et de mettre en danger d’innombrables vies humaines”. Le secrétaire -général de l’ONU arrive à des conclusions similaires.

Je soutiens la création de ce fond, mais en réalité le résultat de la conférence n’est pas correct, nous n’allons pas dans la bonne direction. Les pays pauvres verront leurs maisons ou leurs récoltes détruites mais ils recevront une compensation financière. Il aurait bien sûr mieux valu de vivre en sécurité dans une maison intacte, sans insécurité, sans traumatismes, sans perdre des proches, sans migrations. Ils pourront cependant être indemnisés pour les dommages qui se produiront ces prochaines années, ce sera utile à court terme.  Et après nous, le déluge? Les risques pour la Planète entière augmentent chaque année.

En réalité,  la limite théorique de 1.5°C pourrait déjà être trop élevée, les changements qui mènent à une destabilisation du climat terrestre pourraient déjà commencer. Les forêts tropicales sont un facteur important, Des changements inquiétants ont été observés à ce niveau, mais le facteur humain est sous-estimé, et la bonne volonté peut encore sûrement les sauver.

Les conséquences du changement climatique sont déjà tangibles. Cet été, l’Europe a subi une canicule et une sécheresse sans précédent depuis 500 ans au moins.

Un nouveau rapport établit que les vagues de chaleur de cet été ont causé plus de 20’000 morts en Europe.  Ce chiffre a été obtenu en calculant l’excès de décès cet été par rapport aux années précédentes. Je vois d’ailleurs deux calculs, 20’000 décès dont 10’000 en France (Japan Times) et 15’000 sans compter la France (WHO).  De ces deux articles je conclus que 25’000 décès sont imputables à la vague de chaleur de cet été.

Nous savons que les canicules seront plus fortes et plus fréquentes à mesure que les températures planétaires monteront. Les climatologues ont cependant été surpris par la vague de chaleur à plus de 49°C qui est survenue en 2021 en Colombie Britannique, au Canada. Elle était vraiment exceptionnelle, et à priori, semblait impossible même en tenant compte du réchauffement global prévu par le GIEC.

Je m’étais posée la question si le réchauffement se déroulait bien comme prévu par le GIEC, ou d’une façon différente, plus rapide et plus dangereuse.

Une nouvelle étude s’est penchée sur ce problème. Il semble que les réchauffement global de 1,1°C inclut des effets locaux qui n’ont pas été assez prévus avant 2021.  Le courant-jet fait maintenant des profondes ondulations, emportant l’air tropical loin vers le Nord. Les masses d’air stagnent ce qui prolonge les vagues de chaleur jusqu’à environ un mois.  Un autre facteur amplificateur est la sécheresse. Il s’avère que la canicule a atteint des tels niveaux car le sol était très sec. L’évaporation aurait modéré les températures.   Ces deux caractéristiques pourraient bien se manifester souvent par la suite, les longues vagues de chaleur causeront des sécheresses qui les amplifieront, et le courant -jet pourrait amener des températures particulièrement étonnantes dans les régions tempérées. Cette canicule à 49.6°C semble pour le moment exceptionnelle, mais pourrait se produire tous les dix ans dans les zones tempérées si le réchauffement atteint 2°C (lien).

 

 

 

1.5°C est la limite, et non pas un but à atteindre

Le but des conférences pour le climat COP est de maintenir la température de la Terre en dessous de 1,5°C, ou aussi près que possible de ce seuil. Il a été choisi car au-dessus, le système Terre risque un dérèglement irréversible et la mise en branle d’effets de retroaction positive, telles que mort des forêts et la fonte du permafrost Arctique.

Est-ce encore possible? A ce propos, les grands experts du domaine déclarent:

“1.5°C est la limite, et non pas un but à atteindre” Prof Johann Röckström

“Un El Nino classique, fort en 2023-2024 pourrait pousser les températures à 1,5°C au-dessus de la moyenne 1880-1920” James E. Hansen

“Il est encore possible de maintenir la température à 1.5°C de moyenne décennale” Prof. Stefan Rahmstorf

“Si nous réduisons les émissions à zéro en 2040, nous avons 2/3 de chances de rester en dessous d’1.5°C” Prof. Friederike Otto, 2021.

Il est donc possible qu’une année ou deux dépassent cette limite, mais que la moyenne reste en dessous, et le seuil de 1,5°C est établi pour une moyenne décennale.

Les experts parlent là du réchauffement causé directement par nos émissions de carbone provenant de notre consommation d’énergie fossile, ou des feux de végétation.  Actuellement, les émissions de carbone augmentent encore. Lorsqu’elles diminueront, les températures monteront encore pendant une dizaine d’années environ, puis, selon les prévisions, devraient redescendre doucement.

Tout n’est pas calculable, ces dernières années l’effet Bolsonaro a provoqué une aggravation des feux de l’Amazonie et de ses émissions de carbone qui heureusement devrait cesser maintenant puisque son rival Lula a été élu à la présidence du Brésil.

Inversement les confinements dus au Covid avaient diminué les émissions de carbone de la Planète et un gel partiel des activités humaines pourrait encore le faire. Nous pourrions geler au maximum 10% des activités et des émissions humaines et maintenir la température en dessous d’1.5°C de cette façon.  Nous pourrions plutôt éviter la déforestation et les feux de forêt et réduire légèrement les activités humaines.

L’UNEP, le programme pour l’Environnement des Nations Unis  estime que,  pour nous mettre sur la voie d’une limitation des températures à 1.5°C, les emissions annuelles des gaz à effet de serre doivent être réduites de 45% en huit ans par rapport aux projections actuelles, et doivent continuer à décliner rapidement après 2030.

Certains scientifiques dissidents, tels Sam Carana, un groupe de scientifiques anonyme qui diffuse des informations sur la fonte du permafrost sous ce pseudonyme, pour Peter Wadhams, pensent que le permafrost fondra déjà aux températures actuelles et provoquera des émissions de méthane un réchauffement abrupt.  Peter Wadhams recommande depuis  bien vingt ans  de regeler immédiatement l’Arctique.

Les climatologues du GIEC eux-mêmes considèrent maintenant qu’il est important d’étudier ces hypothèses d’emballement du réchauffement (lien). Il mentionnent un effet positif où les stratocumulus disparaîtraient à une concentration élevée de CO2 ce qui rajouterait 8°C de plus à la température planétaire.  Ces risques devraient absolument être étudiés, comme nous le demandons depuis des années.

Un réchauffement dû aux effets de rétroaction s’ajouterait à celui directement provoqué par nos émissions d’énergie fossile, mais il est incertain et pourrait se produire plus tard. Il est en tout cas clair que chaque dixième de degré augmente les risques pour la Planète et que nous avons tout intérêt à stabiliser le climat, quitte à rajouter des solutions.

 

 

COP27: Compensation des pertes et dommages du réchauffement

Les débats de la COP 27 incluent la compensation des pertes et préjudices (loss and damage) dues au changement climatique. Ces pertes peuvent être matérielles, culturelles, humaines, ou psychologiques. Les pays pauvres, tropicaux, souffriront les premiers du réchauffement. Actuellement, 97% des personnes touchées par les événements extrêmes vivent dans des pays en voie de développement.

Les famines du Sahel survenues entre 1968 et 1985 étaient déjà dues au réchauffement climatique. La Somalie a vécu une grave sécheresse en 2017 et cette année, traverse la pire crise de la faim dans l’Histoire de la région. Les sécheresses en Afrique subsaharienne ont triplé entre 1970–79 et 2010–19.  En 2018, des cyclones dévastateurs ont touché 2,2 millions de personnes au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe.  En Afrique occidentale et centrale, de graves inondations ont entraîné la mortalité et la migration forcée, la perte d’abris, de terres cultivées et de bétail.  Des maladies se répandent et l’insécurité alimentaire augmente (Lancet, lien). Les mers attaquent les régions côtières.

Les pays les moins développés sont les plus touchés par ces “pertes et dommages” alors qu’ils sont les moins préparés pour y faire face et les moins responsables du réchauffement global. Au contraire de la Suisse, les maisons individuelles ne sont pas assurées et les Etats ne disposent pas de moyens pour réparer les routes et les infrastructures détruites par les glissements de terrains et les inondations.

Les pays les plus exposés, notamment les petits Etats insulaires, demandent l’instauration d’un mécanisme de compensation. Celui-ci devrait, selon eux, être distinct des fonds qui existent déjà pour l’adaptation ou la diminution des émissions. “Le système onusien aujourd’hui a de l’argent pour mettre des panneaux solaires, pour moderniser votre maison (…), mais il n’en a pas pour les gens qui perdent leur maison”. Harjeet Singh, CAN (Climate Action Network).

“Les pays du Nord disent que ce sont des sommes colossales, qu’ils ne pourront pas le ‘vendre’ à leurs concitoyens”. Pourtant des solutions existent. En septembre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait par exemple appelé à taxer “les profits exceptionnels des entreprises productrices d’énergies fossiles”  pour ” les pays souffrant de pertes et dommages causés par la crise climatique”.  Il serait aussi possible  de taxer les émissions des secteurs aérien et maritime, de mettre en place un prélèvement sur les transactions financières ou encore d’instaurer un moratoire sur la dette des pays touchés par une catastrophe climatique (d’après FranceInfo).

Je suis bien sûr favorable à ces compensations. Il est tout à fait juste d’offrir des moyens de subsistance à ceux qui en seront privés par un climat déchaîné. Les victimes perdront leurs maisons ou leur gagne-pain.  Les sécheresses rendront l’agriculture difficile ou impossible. Nous devons les aider à avoir une vie décente et à éviter la mort de faim, l’handicap causé par la malnutrition, les aggressions lors d’une vie de sans-abri, la vente des filles, le vol, le travail inhumain, et autres mesures désespérées provoquées par l’extrême pauvreté.

Je m’interroge un peu aussi sur la faisabilité des compensations. Si le climat évoluait vers un réchauffement abrupt, ce que le seuil d’1,5°C a pour but d’éviter, les conséquences seraient extrêmement graves. De nombreux pays seraient dévastés, avec une mortalité très élevée, et nous vivrions essentiellement, chichement, en autarcie en Europe. Nos pays subiraient des graves catastrophes à répétition auxquelles nous aurions de la peine à faire face.  Il serait alors impossible de compenser les pertes des pays pauvres, et il resterait peut-être peu d’habitants à qui offrir les compensations. Mais ce jour-là, nos gouvernements trouveraient  certainement un moyen pour passer outre.

D’autre part, même si nous prévenons une évolution grave, certains pays, les îles menacées par la montée du niveau de la mer, les deltas, ou d’autres, victimes de la désertification, devront être abandonnés et leurs habitants relogés ailleurs.  En général, je dirais qu’il ne faut pas reconstruire continuellement des routes sans cesse détruites, des villes inondées à répétition. Autant que possible, il faut préférer les solutions les plus sûres tout de suite, reconstruire ailleurs, ou sécuriser très bien lors de rénovation, comme c’est souvent le cas en Suisse.  La réduction du réchauffement est la meilleure solution, la plus sûre. Il faut garder à l’esprit qu’indépendamment du mécanisme de compensation, nous devons tout faire, immédiatement, pour éviter une évolution catastrophique du climat. Il en va de notre propre sécurité.

Cela dit, le Futur est incertain. Il est clair que les compensations des pertes et préjudices du réchauffement seraient en tout cas très utiles maintenant, lors de l’actuelle famine de Somalie ou de coûteuses inondations en Amérique du Sud. Elles permettraient aux populations des pays touchés de vivre dignement dans leurs pays, dans des sociétés relativement sûres et stables, et nous pouvons leur offrir cela aujourd’hui, pour les prochaines années.

Deux pétitions qui demandent une compensation des pertes et dommages:

350.org Tell Biden: https://act.350.org/sign/Biden-loss-damage-petition-COP27

One to World leaders: https://act.one.org/sign/adenike-climate-petition-int

Les revues médicales demandent l’aide pour l’Afrique face au climat

 Une grave famine se déclare en Afrique de l’Est. Après quatre saisons des pluies ratées consécutives, les récoltes en Afrique de l’Est sont devenues si stériles qu’une personne risque de mourir de faim toutes les 36 secondes. Les conditions se détériorent si rapidement en Somalie, en Éthiopie et au Kenya que les experts des droits de l’homme affirment qu’il s’agit de la pire crise de la faim de l’histoire de la région – avec peu de soulagement en vue. La situation est extrême (Article yahoo news).

L’accélération des effets du réchauffement climatique rend malade et tue des centaines de milliers de personnes chaque année sur le continent africain, ont averti mercredi des centaines de revues médicales.

L’appel, rédigé par 16 rédacteurs en chef de revues biomédicales de premier plan de toute l’Afrique, déclare que les dommages déjà causés à travers le continent “devraient être une préoccupation suprême pour toutes les nations”.

“Il est très injuste que les nations les plus touchées aient le moins contribué aux émissions mondiales cumulées, qui sont à l’origine de la crise climatique et de ses effets de plus en plus graves”, déclare l’éditorial.

Il a été publié dans quelque 250 revues scientifiques, dont 50 titres africains et des revues médicales internationales comme The BMJ, The Lancet, le New England Journal of Medicine et le National Medical Journal of India.

Les auteurs ont critiqué l’échec de la communauté internationale à tenir sa promesse de fournir 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 aux pays en développement pour stimuler une transition énergétique verte et aider les nations à se préparer aux futurs impacts climatiques.

Le réchauffement climatique pèse lourdement sur les économies africaines et la santé de leurs populations, affirment les auteurs, appelant à un financement spécifique pour faire face aux coûts des dommages déjà ressentis.

Les sécheresses en Afrique subsaharienne ont triplé entre 1970–79 et 2010–19.  En 2018, des cyclones dévastateurs ont touché 2,2 millions de personnes au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe.  En Afrique occidentale et centrale, de graves inondations ont entraîné la mortalité et la migration forcée, la perte d’abris, de terres cultivées et de bétail. (actuellement inondations au Nigéria et au Tchad).

Les changements dans l’écologie des vecteurs provoqués par les inondations et les dommages à l’hygiène environnementale ont entraîné une augmentation des maladies dans toute l’Afrique subsaharienne, avec une augmentation du paludisme, de la dengue, de la fièvre de Lassa, de la vallée du Rift la fièvre, la maladie de Lyme, la maladie à virus Ebola, le virus du Nil occidental et d’autres infections.

 

L’élévation du niveau de la mer réduit la qualité de l’eau, entraînant des maladies d’origine hydrique, notamment les maladies diarrhéiques, l’une des principales causes de mortalité en Afrique.

Les catastrophes climatiques perturbent l’approvisionnement en eau et en nourriture, augmentant l’insécurité alimentaire et la malnutrition, qui cause 1,7 million de décès par an en Afrique. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la malnutrition a augmenté de près de 50 % depuis 2012, en raison du rôle central de l’agriculture dans les économies africaines. Les chocs environnementaux et leurs effets d’entraînement causent également de graves dommages à la santé mentale. Au total, on estime que la crise climatique a détruit un cinquième du produit intérieur brut des pays les plus vulnérables aux chocs climatiques.

Certains progrès ont été réalisés, notamment sur les systèmes d’alerte précoce et les infrastructures de défense contre l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes.

Mais l’appel estime que les pays les plus riches, historiquement responsables des émissions de combustibles fossiles à l’origine du réchauffement, ont la responsabilité d’agir, à la fois moralement et dans leur propre intérêt.

“Il est temps que la communauté mondiale reconnaisse que la crise climatique, tout en affectant le continent de manière disproportionnée, est une crise mondiale”, a déclaré Lukoye Atwoli, professeur et doyen du Medical College East Africa.

“L’action doit commencer maintenant, et commencer là où elle fait le plus mal, en Afrique. Si nous n’agissons pas, la crise deviendra très bientôt le problème de tous.”

Les auteurs proviennent de revues telles que African Health Sciences, l’African Journal of Primary Health Care and Family Medicine et l’East African Medical Journal.

Lien sur l’éditorial: https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(22)01986-9/fulltext

Blog Famine Afrique 2020: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2020/01/29/nous-sommes-responsables-de-la-plus-grande-famine-de-lhistoire-qui-frappe-actuellement-lafrique-australe-et-des-drames-a-venir/

L’Alaska se couvre de lacs bouillonnants de méthane. Qu’allons -nous faire?

Lacs bouillonnants de méthane

Ces dernières années chaudes, les vagues de chaleurs s’aventurent jusqu’au pôle Nord. Elles ont apporté des températures excessives de plus de 20 degrés en Sibérie (blog). Les sécheresses inouïes dans ces régions et les foudres de plus en plus fortes provoquent des feux de forêts. Tout cela déclenche la fonte du permafrost, sol boréal gelé depuis des milliers d’années qui contient des debris de plantes anciennes, et d’animaux congelés.

Le permafrost (ou pergélisol) est en partie, à certains endroits à moitié composé d’eau gelée. Lorsqu’il dégèle, le sol glisse, s’effondre, et forme des lacs. Il y a des millions de lacs de ce type en Arctique, certains sont récents.

Deux choses se produisent lorsque la couche de pergélisol dégèle sous les lacs : l’activité microbienne augmente et des voies s’y forment . Au lac Big Trail et dans d’autres lacs thermokarstiques de l’Arctique, les microbes digèrent les plantes mortes et d’autres matières organiques du sol et produisent du dioxyde de carbone et du méthane.

Un scientifique explique « À Big Trail Lake, c’est comme ouvrir la porte de votre congélateur pour la première fois et donner toute la nourriture de votre congélateur aux microbes pour qu’ils se décomposent. En le décomposant, ils crachent du méthane ».

Plus rarement, le dégel du pergélisol peut former des « cheminées » sous les lacs qui permettent au méthane et à d’autres gaz – auparavant piégés profondément sous terre – de s’échapper. Dans tous les lacs thermokarstiques, les gaz bouillonnent à la surface du lac et s’élèvent dans l’atmosphère.

Lorsque le lac Big trail Lake gèle en hiver, les bulles peuvent empêcher la glace de se former et créer des poches d’eau libre qui continuent d’émettre du méthane tout au long de la saison. Dans d’autres régions, les bulles de méthane créent des dômes de glace gelés à la surface du lac.

 Les lacs les plus récents libèrent de grandes quantités de méthane. Il s’enflamme facilement au-dessus de l’eau. C’est un gaz à fort effet de serre qui pourrait accélérer fortement le réchauffement climatique. Les émissions de méthane en Alaska sont étudiées dans le projet ABoVE. Seule une petite fraction du permafrost ,environ 10% (article 2018), est dégelée en surface et peut encore dégeler plus en profondeur.

Méthane ou Géo-ingénierie?

Les émissions de méthane du permafrost terrestre et sous-marin pourraient augmenter et accroître l’effet de serre. La semaine passée, je présentais une étude qui a mis en évidence les émissions de méthane des fonds marins par le passé (blog). C’est un indice de plus qu’elles pourraient se reproduire dans la situation actuelle.  Bien que très incertaines, elles pourraient mener à des sauts de température de l’ordre d’un degré en quelques années, qui s’accompagneraient de catastrophes immenses et déclencheraient d’autres étapes d’une boucle de retroaction positive. C’est un énorme danger. Je mentionnais aussi une technique de géo-ingénierie, la dispersion de particules dans l’atmosphère polaire, qui pourrait regeler la glace Arctique et limiter le problème. Les auteurs de l’étude estiment que c’est possible à un prix relativement accessible. Je ne sais que penser de ces projets. Lundi passé, je me suis endormie avec l’idée que la géo-ingénierie est la seule solution pour éviter l’apocalypse, ou en tout cas un dérèglement du climat terrestre qui emporterait probablement la majorité de la population de la Planète. Je me suis réveillée avec l’idée qu’il ne faut pas s’y lancer. C’est probablement une mauvaise solution, bancale, qui apporterait de nombreux problèmes nouveaux.  L’arrêt des émissions et la reforestation semblent beaucoup plus sains pour notre milieu de vie mais la boucle fonte de la glace Arctique- fonte du permafrost semble maintenant engagée.

 

Si les émissions de méthane augmentent le réchauffement climatique, les conséquences seraient extrêmement dangereuses.  Il deviendrait difficile de tenir le compte des morts dans le chaos généralisé, des pays entiers seraient rayés de la carte.

La Suisse, qui semblait tout d’abord peu exposée, sera frappée par de fortes vagues de chaleur, des glissements de terrain, des foudres et des grêles inconnues jusqu’à peu.

Un réchauffement de 4°C causerait d’immenses tempêtes. Chaque ville subirait des destructions et compterait des morts et des blessés.  La survie à cette hécatombe serait hasardeuse, la civilisation s’effondrerait vite, et nos enfants ou nos petits-enfants se battraient pour l’existence entre crise économique et le déchaînement de la Nature, se cacheraient des vagues de chaleur dans les décombres, défendraient leur potager cultivé sur les décombres de l’école actuelle, fuiraient les inondations.

Certains estiment qu’il vaut mieux laisser la Nature se débarrasser du cancer humain et se reconstituer elle-même.  Là, je ne suis pas d’accord, il me paraît important est de sauver les vies humaines.

Géo-ingénierie

De nombreuses solutions de géoengénierie sont actuellement étudiées.  Plusieurs scientifiques recommandent de regeler la mer Arctique pour contenir le réchauffement direct et la fonte du permafrost sous-marin. Une étude récente estime que c’est tout à fait faisable. Ils proposent d’utiliser une flotte de 125 jets volant à haute altitude pour sprayer des particules aérosols de SO2 qui réduiraient l’ensoleillement des pôles en été (communiqué).

Le professeur Peter Wadhams demande depuis longtemps la géo-ingénierie et propose de répandre plutôt des gouttelettes d’eau de mer qui éclairciraient les nuages, de concert avec  la capture le gaz carbonique présent actuellement dans l’air (Interview Vidéo avec Steven Salter, qui développe cette technologie).

Le scientifique anglais David King proposait aussi à la COP26 de regeler l’Arctique par des techniques artificielles.

Une solution était de reformer directement une glace épaisse à la surface de la mer Arctique. Elle me paraît préférable à l’obscurcissement du soleil. La différence de luminosité aurait des conséquences sur les végétaux et les animaux et les produits utilisés pourraient être une nouvelle source de pollution. Je me suis livrée à une longue réflexion à ce sujet ici.  Je ne suis pas sûre si une technologie capable de fabriquer de la glace à l’échelle d’une mer existe déjà. Une mauvaise idée était de répandre des billes de verre ou de polystyrène à la surface de la glace, ce serait très nocif pour les poissons, les oiseaux et les autres animaux marins qui les avaleraient sûrement. J’ai aussi vu une proposition de miroirs flottants acclamée par le professeur Guy McPherson, et des bateaux congélateurs qui formeraient des blocs de glace. Idéalement ils devraient être alimentés par l’énergie solaire et/ou par la chaleur dégagée lors de la formation de la glace.

D’autres propositions suggèrent d’augmenter la capture du carbone par les algues. Shaun Fitzgerald du Cambridge Center for Climate Repair propose de cultiver des algues sur les plateformes flottantes en haute mer (lien). Cette solution pourrait être bénéfique pour les écosystèmes marins.

Si nous nous lançons dans la géo-ingénierie, nous devons absolument protéger les écosystèmes et leur capacité de capture de carbone naturelle, et éviter une pollution supplémentaire à l’Humanité.

Image du lac avec bulles de méthane par David Mark de Pixabay

Blog: Les dominos climatiques selon Dunlop et Spratt

Blog: Apocalypse selon Guy McPherson

 

Les fonds marins ont émis du méthane qui a augmenté l’effet de serre

La fonte du Groenland a provoqué des émissions de méthane

Une nouvelle étude montre que les fonds marins ont émis du méthane il y a 125’000 ans. Ce gaz augmente énormément l’effet de serre et constitue un danger pour la vie sur Terre.

Lors de l’épisode chaud Emien, la température des océans était d’1 à 1,5°C plus élevée qu’aujourd’hui.  La fonte abondante des glaces du Groenland a probablement perturbé circulation océanique et empêché les eaux froides d’attendre les eaux intermédiaires de l’Atlantique tropical. Dans l’Atlantique tropical, les eaux se sont réchauffées beaucoup plus pendant des courts intervalles de quelques centaines d’années.

A la période où la température a augmenté, des trous se sont formés sur le fond océanique (images ici).  Ces traces indiquent probablement l’échappement de bulles de méthane. Des indices de ce type sont trouvés à plusieurs endroits de la Planète, à d’autres endroits  le gaz a aussi pu s’échapper par diffusion sans laisser ces marques.

Les coquilles des foraminifères dans les sédiments témoignent de la présence de méthane. Une basse teneur en isotope 13C indique sa présence. Dans les sédiments de cette période de réchauffement, la concentration de 13C change selon un gradient de profondeur. Il est plus rare chez les organismes benthiques, ce qui suggère que l’eau était enrichie en méthane venant des fonds marins.  Une augmentation de la concentration de Barium dans les coquilles fossiles confirme l’abondance de méthane à l’époque. Les périodes de libération de ce gaz semblent s’étaler sur des centaines ou un millier d’années.

Le réchauffement des eaux intermédiaires au cours de la dernière glaciation et du début de la déglaciation a augmenté la température du fond océanique, et a conduit à la dissociation des hydrates de méthane souterrains peu profonds et à la libération de méthane, massive et généralisée. Ce gaz était trop abondant ou dégagé trop vite pour être dégradé dans l’eau. Il a atteint l’atmosphère et a augmenté le réchauffement planétaire. La concentration de méthane s’était alors accrue de 20 ppb.

Les chercheurs trouvent des indices d’émissions de méthane de fonds à 1295 m de profondeur.   Ils supposent que la dissociation d’hydrates de méthane a pu causer des instabilités et des glissements dans les fonds océaniques ce qui aurait exposé plus de couches de méthane et amplifier sa dissociation.

L’étude suggère que l’arrêt de la circulation thermohaline peut avoir un effet  très important sur la température des eaux intermédiaires. Selon les auteurs, il semble y avoir un lien fort entre les périodes  de réchauffement du Quaternaire et le dégagement du méthane du fond marin, qui a amené un feedback positif.

Les processus qui ont déclenché l’avant-dernier épisode chaud pourraient nous montrer comment l’affaiblissement de la circulation océanique causé par la fonte du Groenland amplifie le réchauffement des eaux intermédiaires et celui de l’atmosphère (Weldeab et al, PNAS 2022), d’autant plus que le réchauffement actuel est plus rapide que par le passé. Cela pourrait aussi avoir des conséquences sur la fonte des glaciers Antarctiques.

Risque d’accélération du réchauffement

Cette étude est très inquiétante. Le méthane est un gaz qui augmente très fortement l’effet de serre. Aujourd’hui, le permafrost de Sibérie et d’Alaska ainsi que celui des fonds marins contiennent d’immenses quantités de carbone qui pourrait être dégagé sous forme de méthane. De nombreux scientifiques attirent l’attention sur le danger de ces émissions, qui pourraient mener à une forte aggravation du réchauffement climatique. Peter Wadhams et quelques autres appellent à regeler l’Arctique pour éviter ce danger.

Le permafrost semble dégeler plus rapidement et plus profondément que prévu (N. Shakova); les vagues de chaleur qui balayent la Sibérie et les feux de forêt allumées par des foudres sans précédent accélèrent ce processus.  Le fond de la mer de Sibérie émet de plus en plus de geysers de bulles de méthane et l’Académie Russe des Sciences a informé que ce gaz augmente déjà l’effet de serre. Le méthane s’échappe maintenant en grandes quantités, les zones effervescentes bouillonnantes atteignent un kilomètre de diamètre (Swerus-C3) .

E. Cardoso estimait il y a quelques années qu’un dégagement de méthane dangereux par diffusion pourrait se produire lorsque la température des fonds océaniques augmentera de deux degrés.

Pour le moment, le méthane contribue peu au réchauffement mais il constitue un énorme danger futur. Les réflexions sont en cours depuis des années sur les solutions possibles.

Pour pallier à ce risque, plusieurs scientifiques recommandent de regeler la mer Arctique. Une étude récente estime que c’est tout à fait faisable. Ils proposent d’utiliser une flotte de 125 jets volant à haute altitude pour sprayer des particules aérosols qui réduiraient l’ensoleillement des pôles en été (communiqué). Je ne suis pas du tout convaincue de cette solution (blog), des scientifiques appellent à étudier cette technologie avant de l’utiliser car elle pourrait avoir plusieurs conséquences imprévues sur le climat et sur les écosystèmes (article). Je préfère déjà l’idée de fabriquer d’énormes glaçons pour reformer la glace arctique. La réduction de l’ensoleillement en été pourrait influencer la croissance de la végétation et du plancton dans les régions boréales. Il faudrait vérifier quelles seraient les conséquences de la réduction de luminosité et des particules sur les écosystèmes.

Communiqué de presse Weldeab

Anciens blogs:

Le méthane du permafrost augmente le réchauffement

Nous pouvons sûrement survivre au méthane

 

Image de couverture par Gerd Altmann de  Pixabay

 

 

 

 

Les inondations du Pakistan sont dues à une mousson décuplée

Le Pakistan subit des graves inondations. Les eaux couvrent un tiers de la surface du pays, détruisent les routes et les bâtiments. Les habitants se réfugient dans des zones surélevées. Des familles ayant plusieurs enfants ont quasiment tout perdu, leur maison, leur bétail, et attendent désespérément des secours, sans eau potable, en voyant les flots monter autour de leur abri précaire et leurs réserves de nourriture s’épuiser.  Des centaines de milliers de maisons ont été détruites.

La catastrophe est sans précédent dans le pays.  Les graves inondations qui touchent le Pakistan ont été causées par des pluies dix fois plus fortes que normale, selon ESA (European space Agency).  Une étude récente a prévu que les fortes moussons seront plus probables, plus fréquentes au cours du 21ième siècle, à mesure que le climat changera.

La responsabilité des pays émetteurs de gaz carbonique dans cet événement sera certainement établie quand les statisticiens analyseront tous les chiffres.  Partout sur la Planète, des villages démunis perdent  leurs moyens de subsistance lors de catastrophes climatiques, et cela arrivera de plus en plus à l’avenir.

Les maisons de cette population sont parties à la dérive et les terres inondables devront peut être abandonnées.  Comme d’autres, ils devraient partir et chercher un lieu sûr où s’installer. Le pays est aussi affligé de vagues de chaleur mortelles qui réduisent la production alimentaire.

Devons-nous aider le Pakistan inconditionnellement ou promouvoir les droits de la femme et la contraception pour limiter les naissances? Lors de prochaines catastrophes, notre aide sera peut-être due du fait de notre responsabilité climatique.

Peut-être serait-il bon d’informer clairement que les familles feront face à des intempéries et des vagues de chaleur croissantes, qu’elles seront exposées à des déplacements et à la recherche incertaine de moyens de subsistance au cours des prochaines années, et de proposer la contraception pour ces années difficiles à venir. Nous sommes en urgence climatique, leur futur sera fait d’évacuations, de sauvetages et hasardeux et d’expédients. Du reste, la survie de la Planète exige une stabilisation de sa population.

Six inondations exceptionnelles aux Etats -Unis depuis juin

Six inondations inouïes

“Les chroniques anciennes rapportent qu’il y a des centaines d’années, un déluge s’est déversé sur la ville, les rues ont été inondées, les maisons submergées jusqu’aux toits, les habitants et le bétail ont péri.  Il s’agit peut-être d’une légende, car des tels faits dépassent l’imagination”. Un tel événement est une crue millénale, survenant environ tous les mille ans.

Aux Etats-Unis, cette année, ces  désastres se succèdent. Le 13 juin, une rivière atmosphérique a déversé des pluies abondantes sur le parc de Yellowstone (vidéo Yellowstone) alors que les glaciers fondaient rapidement, ce qui a provoqué une inondation historique. Statistiquement, elle se produirait une fois toutes les 500 ans. De nombreux éboulements ont eu lieu. Les routes et une maison entière sont parties à la dérive.

 Un grand système orageux a causé des inondations à Saint-Louis (Missouri) le 26 juillet (vidéo St Louis) et au Kentucky. Des pluies intenses sont tombées sur la région métropolitaine de Saint-Louis, inondant des routes, des maisons et des entreprises. Les pompiers et les intervenants d’urgence ont sauvé des centaines de personnes. L’événement a établi un record absolu de précipitations dans la région. Peu après, des déluges soudains dans l’est du Kentucky et le sud-ouest de la Virginie ont provoqué des glissements de terrain, emportant complètement des maisons et tuant des dizaines de personnes.  Cette vidéo fait état de 37 décès et des centaines de disparus (vidéo Kentucky) L’air saturé d’eau venant du Golfe du Mexique surchauffé a survolé le Texas et s’est déversé sur ces Etats. Le 1er août,  les rues de Lincoln, Illinois ont été submergées.

Une inondation exceptionnelle, millénale, a aussi touché la vallée de la Mort  en Californie le 5 août.  Elle est due à mousson exceptionnelle (vidéo Death Valley). Le parc national a reçu près d’un an de pluie le 5 août.

Le 22 août, des précipitations abondantes et soudaines, les plus intenses que la région ait jamais connue, se sont abattues sur Dallas, Texas. Elles ont inondé les bâtiments, submergé les voitures sur les autoroutes et ont également fait gonfler la rivière Trinity bien au-delà de sa ligne de flottaison normale. Tout cela a entraîné des milliards de dollars de dommages, selon une estimation d’AccuWeather.

Ces inondations causent des coûts énormes, des dommages aux routes, aux bâtiments, et s’aggraveront dans les années à venir. Le PDG d’AccuWeather, le Dr Joel N. Myers, qui a étudié de près pendant des décennies les impacts économiques des conditions météorologiques extrêmes, a estimé que le total des dommages et des pertes économiques résultant des crues éclair catastrophiques se situerait entre 4,5 et 6 milliards de dollars.

Un terre en état de catastrophe naturelle

Au cours des dernières semaines, cinq régions des États-Unis ont toutes connu ce qui aurait dû être très rare, voire impossible, une inondation qui se produisait tous les mille ans.

La conjonction d’autant d’événements rares est d’autant plus improbable. Essayez de gagner 5 fois au Loto! Mais la dénomination d’événement millénal est très trompeuse, ils étaient exceptionnels dans l’Histoire humaine jusqu’à récemment. Maintenant, il s’agit d’événements nouveaux, caractérisant l’Anthropocène. Les climatologues les avaient partiellement prévus, à cause de l’augmentation de l’humidité de l’air, mais la présence de gros orages localisés les prend un peu par surprise.

La quantité réelle de précipitations dans la plupart des régions du pays n’a pas beaucoup  augmenté au cours des derniers siècles.  Par contre, les précipitations proviennent d’un petit nombre de tempêtes plus intenses.

Les orages sont très localisés, mais ils inonderont de nombreuses villes dans les années à venir. Nous devons nous préparer à des pluies plus abondantes,  inconnues à l’heure actuelle.

De plus, le reste du monde n’est pas épargné. En Australie, des inondations millénales se sont aussi succédées durant les étés austraux au cours de ces dernières années. Elles ont été provoquées par des rivières atmosphériques et ont déversé d’énormes quantités d’eau.

Cette image de Peter Carter montre la répartition de sécheresses (en rouge) et d’inondations (en bleu). Ensemble, ces désastres ont dévasté une grande partie de la Planète. les événements extrêmes deviennent bien plus fréquents.

Les catastrophes sont causées par des orages très localisés, mais de nombreuses villes seront certainement touchées dans les années à venir. Nous devons nous préparer à des pluies encore plus abondantes,  inconnues à l’heure actuelle.  Les risques d’inondation et des procédures d’évacuation doivent être établis pour toutes les maisons, et pour toutes les routes.

J’au récemment vu un reportage émouvant sur des couples qui restaurent leurs maisons plusieurs mois après de graves inondations. Je ne l’ai pas aimé, je ressentais un vrai malaise à voir ces sinistrés rénover courageusement les mêmes maisons.  J’ai peur que les zones inondables ne subissent des catastrophes à répétition, de plus en plus graves. Malheureusement,  le danger est tel qu’il y reste probablement peu d’endroits sûrs sur la Planète. Les difficultés causées par les inondations et leurs coûts pourraient progressivement paralyser l’économie mondiale.

Il faudrait probablement construire dans toutes les villes du monde un maximum de systèmes d’écoulements, des vrais lits de rivières, qui préviendraient les grandes inondations.

https://www.accuweather.com/en/severe-weather/dallas-flooding-is-5th-1-in-1000-year-flood-event-in-us-since-late-july/1236445

Image de Couverture par Gerd Altmann (geralt) de Pixabay 

Le réchauffement climatique a causé une sécheresse historique et des orages violents

Sécheresse

L’Europe a vécu une sécheresse exceptionnelle.  Les prairies suisses de basse altitude ont pris la couleur du Sahara. Le sol de la forêt, extrêmement sec, s’envolait en nuage sous mes pas.   L’agriculture en a souffert, notamment les récoltes de foin et l’alimentation des vaches sont touchées. Le niveau des fleuves européens a baissé et les transports ont été perturbés   (image: https://twitter.com/dr_xeo/status/1559183437386452996/photo/1). La sécheresse est inégalée depuis 500 ans, et il est possible  que la Loire en France n’ait pas été aussi basse depuis 2000 ans, car aucune chronique ne mentionne une sécheresse semblable. (photos: https://fr.euronews.com/2022/08/10/la-secheresse-en-europe-en-10-photos) .

La Chine aussi a connu la pire sécheresse de ces dernières décennies. Il n’a pas plu dans la plaine chinoise depuis 64 jours, et la température reste extrême. Le fleuve Yangtze, le plus grand fleuve du pays, s’assèche. Certaines provinces ensemencent des nuages ​​avec des particules d’iodure d’argent pour amener la pluie. Depuis deux mois, la Chine vit à plus de 40 degrés. La chaleur perturbe la croissance des cultures, menace l’élevage et force la fermeture d’usines industrielles dans le sud-ouest du pays.
Début août, la moitié des Etats-Unis était également touchée.  La Californie et le Texas subissent la sécheresse depuis des mois, ainsi que des vagues de chaleur intenses. Certains considèrent qu’il  s’agit plutôt d’une aridification durable de l’Ouest américain. Cette région est en déficit d’eau depuis 22 ans et selon les prévisions du réchauffement climatique, cela continuera dans l’Ouest des Etats-Unis comme dans le Sud de l’Europe.
La catastrophe climatique affecte cet été une grande partie de l’hémisphère Nord.
La Loire En France réduite à un filet d’eau

Orages

Les canicules qui ont causé la sécheresse en Europe ont aussi réchauffé la Méditerranée à 4 à 6°C au-dessus de la moyenne saisonnière (Météosuisse31juillet). Les températures élevées de la Méditerranée ont provoqué une évaporation accrue. L’air contenait une grande quantité de vapeur d’eau qui s’est traduite par des forts orages cette semaine.

Dès le 16 août, des orages supercellulaires se sont formés et et amené la foudre, la grêle et des vents très forts, des rafales à plus de 200 km/h (Météosuisse19août). En Corse, il y a eu 5 morts, de nombreux blessés et d’énormes dégâts matériels. L’orage puissant a traversé l’île très vite, a arraché de nombreux arbres, qui ont écrasé des bungalows et des vacanciers, alors que d’autres ont péri en mer.  Les orages ont aussi causé des dégâts en Italie, et des morts en Autriche. Les précipitations sur la Suisse et l’Autriche  ont été intenses et localisées, à certains endroits elles ont dépassé 200 mm, ce qui avoisine les records.

Depuis quelques années, de nombreux orages forts provoquent des dégâts, cassent des arbres, amènent des inondations, la foudre est plus fréquente, parfois plus forte et plus meurtrière, l’été passée a apporté à l’Europe des grêles hors du commun.

Trombe marine sur le lac de Zoug le 5 août

De nombreuses trombes marines et tornades ont aussi observées en Méditerranée, en mer Baltique, dans l’Atlantique, sur un lac suisse,  cette semaine en Crimée (lien).  Ce phénomène doit être suivi, j’aimerais vraiment savoir comment il évoluera ces prochaines années et décennies, et quel niveau de destruction il amènera.

Aujourd’hui, de nombreuses personnes se réjouissent de la pluie. Des passants enthousiastes ont partagé sur Facebook l’image d’une petite rivière qui reprend son cours après des semaines à sec  https://fb.watch/f0kIw2QB4G/. Les prairies suisses verdissent. Le Rhin a retrouvé un niveau normal.

Cependant, la semaine prochaine s’annonce de nouveau sèche et ensoleillée et les déficits hydriques ne seront pas compensés avant des semaines ou des mois.

Cette météo exceptionnelle et imprévisible, comme les forts orages de grêle de l’année passée, nous montre que le climat change vite. Certains reprochent à MétéoFrance de ne pas avoir prévu l’intensité de l’orage.  A leur décharge, les phénomènes actuels sont nouveaux, inconnus,  les programmes informatiques permettant de les prévoir n’existent pas, et nous ne savons pas ce que demain nous apportera. Nous devons nous préparer à prévoir intempéries bien plus graves et développer rapidement des outils dans ce but. Nous avons besoin de modèles d’orages gigantesques, de nuées de tornades, de pluies diluviennes qui nous permettront de faire face à un avenir incertain.

Image de couverture Sütő’s Photography