Comment la pression scolaire ruine la santé mentale des enfants et des jeunes: récit d’un psychiatre

Je partage ici un article d’un psychiatre polonais dans une revue médicale: 

Quand l’année scolaire s’est terminée en juin dernier et que les vacances d’été approchaient, j’ai ressenti le sens du devoir bien fait. La plupart des enfants et des adolescents avec qui je travaille en tant que psychiatre ou psychothérapeute se sentaient beaucoup mieux. Chez certaines personnes, nous avons arrêté les médicaments, l’anxiété et la dépression ont presque disparu. « Tant de mois de travail portent enfin leurs fruits », ai-je pensé. Les visites étaient sporadiques pendant les vacances. Les jeunes qui sont restés dans le service pour des séjours de deux semaines ont passé leur temps assez agréablement et de manière créative, à tel point que plusieurs ont voulu rester avec nous pendant l’année scolaire.
En septembre, ou en fait déjà fin août, quelque chose a commencé à changer. Les premières peurs et sautes d’humeur sont apparues. Début octobre et novembre, le niveau des problèmes était similaire à celui d’avant les vacances. Bien sûr, les personnes qui suivaient une thérapie depuis plusieurs mois se sentaient généralement mieux et faisaient mieux face aux problèmes, mais la baisse d’humeur était visible chez toutes.
Il ne s’agissait pas seulement de l’humeur. La violence entre pairs a considérablement augmenté.
Après la rentrée scolaire, des enfants qui jusqu’à présent semblaient coopérer et se soutenir mutuellement ont commencé à s’attaquer, déclenchant des batailles massives.
Le but de ces guerres était de complètement discréditer l’autre, de l’humilier et parfois de le tourmenter. Les types de harcèlement les plus fréquents était ceux à travers lesquels le bourreau essaie de retrouver un certain sens de l’agence et du contrôle sur sa propre situation sociale.
L’ECOLE EST-ELLE LE PROBLEME?
Que se passe-t-il? on s’est demandé. Pourquoi la situation se répète-t-elle à l’identique l’année scolaire suivante ? Le caractère saisonnier de la dépression est-il le problème ? Peut-être est-ce la réduction de l’exposition à la lumière qui entraîne des changements émotionnels et comportementaux plus profonds chez les adolescents ? Peut-être que oui, mais il ne s’agit probablement pas seulement de la durée du jour et des sautes d’humeur saisonnières. Après tout, nous connaissons les sautes d’humeur des jeunes adultes et des étudiants. Sont-elles si profondes? De plus, elles ne s’accompagnent pas d’une augmentation du mobbing et de la violence.
De plus, on voit que les gens qui franchissent la barrière du baccalauréat et vont plus loin dans le monde ressentent un grand soulagement parce qu’une certaine force oppressive disparaît de leur vie. Et pourtant, il semble que ce devrait plutôt être l’inverse. L’enfance se termine définitivement et pour beaucoup de gens commence une difficile confrontation avec l’indépendance.
L’école serait-elle la source du problème ? Et si c’est l’école ou quelque chose lié à l’éducation, qu’est-ce qui pourrait avoir un si grand impact ? La réponse à ces questions n’est pas particulièrement difficile si vous écoutez ce dont parlent les enfants et les jeunes.
LA PRESSION DE L’ENSEIGNEMENT POURRAIT ETRE LA PRINCIPALE SOURCE DE STRESS
Presque tous les élèves en parlent. Examinons donc cette pression sans succomber au stéréotype selon lequel un élève se plaindra toujours de l’école. Dans ce cas, il ne s’agit pas de se plaindre de l’école et du besoin d’apprendre. On parle de décompensations profondes des jeunes, dont certaines conduisent à des tentatives de suicide, des automutilations et des hospitalisations en psychiatrie. Alors qu’est-ce que la pression scolaire, quelle est son ampleur et quels peuvent être ses effets ?
PRESSION CAPITALISTE A L’ECOLE
Selon les sources dont je dispose, il existe une notion de pression scolaire dans la littérature, et la plupart des recherches concernent les étudiants et les jeunes adultes. Dans ma compréhension, la pression scolaire serait une sorte de pression émotionnelle exercée sur les enfants et les jeunes, probablement dès la période préscolaire et s’intensifiant considérablement dans les dernières années du primaire et dans les classes du secondaire. Cette pression est exercée par les enseignants, les parents, mais aussi par la culture dans laquelle nous vivons. Sue Fletcher-Watson (2022) saisit cette question avec précision, quand elle note que le capitalisme peut influencer la pression pour atteindre les résultats scolaires les plus élevés possibles, car ces résultats sont censés permettre un niveau de revenus élevé à l’avenir.
Les besoins des élèves qui, pour diverses raisons, sont incapables de répondre aux exigences, sont ignorés et négligés, et les élèves sont éliminés des “meilleures” écoles et déplacés vers les “pires”.
DES TONNES DE TACHES ET EVALUATION PERSISTANTE
Je pense que la pression sur l’élève est créée par plusieurs éléments. Le premier est la pression exercée par les enseignants. Moins de trois jours après avoir écrit ceci, j’ai parlé avec un patient qui avait eu 19 crédits, 6 devoirs et 8 devoirs et présentations le mois précédent.
L’évaluation répétée et persistante d’un enfant par les enseignants est une cause de stress extrême.
De plus, certaines épreuves orales ou écrites sont inopinées, tout comme l’interrogation de l’étudiant. De nombreux adultes mentionnent qu’ils n’oublieront jamais la peur mêlée de culpabilité qu’ils ont ressentie lorsque l’enseignant a parcouru la liste avant de choisir un élève pour répondre. Il semble que peu de choses aient changé à cet égard en un demi-siècle, ou même plus.
Les étudiants se plaignent également du manque de coordination entre l’enseignement des différentes matières. “Chaque enseignant considère que sa matière est la plus importante.” Ils affirment qu’ils doivent apprendre des choses complètement inutiles du point de vue de leur formation continue et que le manque de sélectivité entraîne une surcharge de matériel redondant, ce qui est également souvent souligné par les parents.
ENFANTS QUI TRAVAILLENT PLUS QUE LEURS PARENTS
La somme des heures passées à l’école et l’équilibre entre le temps libre et le temps occupé par l’éducation (apprentissage à l’école et à la maison) penchent dangereusement vers le surmenage et la surcharge de travail, et donc vers le stress.
J’ai souvent rencontré des étudiants qui travaillaient plus que leurs parents pendant la journée, même pendant le temps qui devrait être un temps de repos, par exemple les samedis, dimanches ou jours fériés. Personne ne se demande vraiment où cela se termine.
Des exigences irréalistes signifient que la plupart des étudiants sont incapables de se souvenir de la matière, et ceux qui suivent consciencieusement les recommandations de l’école le paient avec des nuits blanches, l’épuisement et la privation d’autres besoins. Ce dernier point me semble particulièrement important. Les jeunes manquent de temps pour les rencontres avec les collègues, les jeux, les loisirs, la poursuite de leurs propres passions, etc. Le temps libre est consommé par le tutorat et les activités annexes, le plus souvent également pédagogiques ou « au service » de la future carrière. Il n’y a presque pas de temps pour soi. Privés de la possibilité de se rencontrer et d’interagir, les enfants tombent dans le monde virtuel et se stimulent à travers les jeux ou les médias sociaux.
LES ENSEIGNANTS SONT AUSSI VICTIMES
Comment fonctionnent les enseignants dans cette situation ? Ils sont probablement autant victimes du système éducatif que leurs élèves.
Des programmes d’études irréalistes et un système d’enseignement obsolète réduisent le rôle de l’enseignant à celui d’exécuteur d’hypothèses complexes.
Dans cette situation, l’enseignant cesse d’être un adulte amical, soutenant le sentiment de sécurité de l’élève et le façonnant de manière à ne pas ébranler son sens très fragile des valeurs. Il cesse également de remarquer les forces et les talents de l’enfant, ainsi que ses efforts pour répondre aux exigences de l’école. Dans le système actuel, l’enseignant est trop souvent réduit à un rôle purement formel de fonctionnaire chargé de mettre en œuvre un plan. Cela conduit à une frustration inévitable et, pour de nombreux enseignants, déclenche un conflit avec les élèves. Bien sûr, les enseignants ne baissent pas les bras, ils se battent pour préserver leur propre subjectivité et celle de leurs élèves, mais la voie pour déshumaniser la relation enseignant-élève est ouverte.
QUI A LE PLUS MAL?
Les enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux sont dans la situation la plus difficile. Les enfants atteints du spectre de l’autisme, du TDAH, de la dyslexie, de la dysgraphie, des troubles de la communication ne sont pas identifiés et leurs problèmes sont traités comme de simples “paresses” ou traits de caractère.
Les résultats sont déplorables : dépression, anxiété, automutilation, refus d’aller à l’école et, surtout, violence entre pairs.
La violence systémique se joue dans les microsystèmes des étudiants.
Nous sommes tous immergés dans la même culture, c’est pourquoi il est très difficile de reconnaître ce qui est un effet culturel, civilisationnel ou social et ce qui appartient au trait de caractère d’une personne. Avec de fortes pressions culturelles à atteindre, certains parents peuvent ne pas reconnaître la pression éducative et la supporter par souci de l’avenir de leur enfant. Les adultes ont souvent des difficultés à reconnaître les sources de la dépression chez les enfants, le contexte de leurs tentatives de suicide et l’étendue de leur souffrance individuelle.
ECOLES QUI SOUTIENNENT L’ELEVE ET ECOLES QUI MENACENT
Le fait que la pression éducative, en particulier du système éducatif polonais, soit un facteur de risque important pour les troubles mentaux des enfants et des adolescents, est confirmé par le fait qu’il existe des écoles qui ont décidé d’organiser l’éducation différemment et que ces écoles sont généralement très appréciées des élèves et des parents. Les enseignants qui y travaillaient ont reconnu avec précision les phénomènes et ont organisé leurs institutions de manière à créer un espace non seulement pour l’éducation, mais aussi pour le développement en toute sécurité des enfants.
Malheureusement, on peut imaginer que c’est aussi l’inverse et la lutte pour les places dans le classement conduit à l’élimination des élèves qui ne vont pas bien.
Certaines situations semblent bizarres – par exemple, un enfant traumatisé présentant des symptômes de dépression fait une tentative de suicide, arrête d’aller à l’école, va à l’hôpital ou non, suit ou non une thérapie – comme nous le savons, trouver un médecin et une thérapie n’est pas facile, les absences augmentent. L’école doit répondre à l’absence de l’élève. Il peut reconnaître la situation et l’aider à revenir et à trouver de l’aide, ou non. Trop souvent, l’accent est mis sur l’assiduité et la menace d’un retard croissant. Les menaces de «notification au tribunal», d’amendes et de placement de l’enfant dans un établissement 24 heures sur 24 sont typiques, ce qui augmente encore la peur de l’enfant et des parents. Les effets de cette pression peuvent être désastreux. Surtout lorsque le système éducatif est orienté vers des objectifs contre-thérapeutiques. Les histoires personnelles peuvent être multipliées indéfiniment.
LE SYSTEME DOIT ETRE REFORME ET RELACHER LA PRESSION
Je pense que la pression scolaire est un facteur de risque important et encore méconnu des troubles. Nous devons l’étudier et façonner le système éducatif de manière à ce qu’il n’interfère pas avec le bon développement de l’enfant.
La pression éducative déresponsabilise l’enseignant et transfère entièrement la responsabilité à l’élève.
C’est un type de violence psychologique et peut facilement devenir une forme de mobbing.
Si nous pensons à la santé mentale des enfants et des jeunes, nous avons besoin d’une réforme de l’éducation, de réductions de la pression pédagogique en faveur d’une meilleure compréhension des besoins et des difficultés des élèves, et de les accompagner dans le dépassement des difficultés qu’ils rencontrent.
*Dr Cezary Żechowski, psychiatre spécialisé pour enfants et adolescents, chef du service de jour de réadaptation psychiatrique pour enfants et adolescents à l’hôpital Wolski de Varsovie.
L’article du Dr. Żechowski sur la pression éducative a été initialement publié dans la revue polonaise “Psychiatra” 1(40), 2023 https://www.psychiatraonline.pl; partagé sur Facebook par oko.press.
 
Exemple d’objectif de tests d’histoire, liste à apprendre par coeur à 11 ou 12 ans en Suisse en 2021.
J’aurais pu écrire cet article, dont l’auteur est un psychiatre polonais. En Suisse il y a des vacances en octobre, mais novembre et décembre étaient extrêmement chargés et épuisants dès l’âge de dix ans. A notre époque, à Lausanne avec M. Schnorf, nous avions cinq noms de rois et dates à retenir, cinq au lieu de le centaine demandés dans les objectifs du test ci-dessus.  Les questions du test portaient sur la compréhension des événements. En 2021-2022, une évaluation sur dix avait une matière gigantesque comme celle-ci. J’ai reparti ce travail sur plusieurs jours, mais parfois il en y avait plusieurs  par semaine. Je trouve que le PER convient aux classes pré-gym,  dans le cursus du bac international les notions de maths sont même introduites deux ans plus tôt, mais dans sa réalisation ‘introduction’ et ‘notion’ sont vérifiés avec un test en cinquante questions de détail, trop long, qui ne vérifie pas l’acquisition d’une compétence. Il ne faudrait pas du tout apprendre l’encyclopédie  par coeur.  Je suis aussi d’accord sur l’idée d’une sélection précoce (6 ans?) et d’un enseignement différencié, de base ou varié, je pense que cela aiderait beaucoup.

J’ai vu dans de nombreux médias qu’il a une explosion de dépressions d’adolescents, 30% ou 40%  en Suisse, en France, aux Etats-Unis. C’est une réelle épidémie mondiale, peu comprise, qui laisse tout le monde démuni. A l’école suisse que j’ai vue, un élève sur dix allait bien. Certains avaient des symptômes d’anorexie et de culpabilité chronique, d’autres semblaient haïr tout le monde. Les tâches impossibles suivies de critiques ou de punitions pourraient  y contribuer. Ne créons pas une génération pareille.

Vu la gravité de la situation actuelle,  je propose une suppression de notes (et donc de l’apprentissage par coeur la veille des tests oublié le lendemain) à l’école jusqu’à 15 ans. Les élèves pourraient rendre un nombre donné de devoirs d’entraînement. Au minimum, le temps maximal de travail doit être réglementé en accord avec les indications de médecins pour chaque tranche d’âge. Les horaires d’école sont prévus pour que l’enfant puisse jouer dès 15 -16 heures, mais actuellement le temps préparation des tests  dépasse parfois les 24 heures, et il y en a parfois cinq ou six par semaine.Les élèves demandent un planning hebdomadaire des devoirs pour que les professeurs répartissent le travail et réalisent qu’ils en ont déjà. Le temps de préparation des tests devrait figurer sur les objectifs et être intégré à ce planning des devoirs, qui ne devrait pas excéder deux heures à douze ans.

Une médecin belge déclarait que le diagnostic de dépression est souvent donné à un épuisement des surrénales dû à un stress chronique, qui peut être facilement diagnostiqué par une prise de sang.  Cette maladie-là ce soigne par plusieurs mois de repos. J’espère que le stress chez nos enfants pourrait être détecté de cette façon ou autrement.  Il a déjà été remarqué et l’école genevoise tente de ralentir la cadence pour améliorer l’état des jeunes.

Addendum: Il me semble que le classement Pisa porte sur des compétences générales, les maths, une langue, la compréhension, et les pays comme la France qui s’obstinent à apprendre l’histoire et la culture perdent des points à cause de cela.  

D’autre part, en 2021 en Suisse la majorité d’élèves parlaient une ou deux langues différentes du français à la maison. 

Je trouve encore cette étude qui montre que les cerveaux intelligents mettent plus de temps pour répondre correctement à une questions complexe que les moins intelligents (Trustmyscience). J’ai l’impression qu’en poussant les élèves à aller trop vite, certaines écoles perturbent le fonctionnement du cerveau qui donne les réponses correctes. Il faut donner le temps de la réflexion. 

 

Records de chaleur successifs en Asie

Ce printemps est maussade en Europe centrale. Nous subissons encore les effets d’un réchauffement stratosphérique qui nous a envoyé de l’air froid, et continuera jusqu’à début mai. C’est un événement météorologique local et temporaire qui ne modifie pas le réchauffement global.

En Asie par contre, la chaleur règne.  Au Japon, les températures ont atteint des records en mars, les cerisiers ont fleuri plus tôt, et  le mois passé était le plus chaud de  l’Histoire du pays.  L’année passée déjà, ce pays avait accumulé 200 records de température et 71’000 personnes ont été hospitalisées pour des malaises dus à la canicule, des personnes âgées mais aussi des enfants (lien).  Cette année s’annonce encore plus torride. Le Japon organise des abris à air conditionné pour sa population.

La canicule s’étend de l’Inde à la Chine. Six villes en Inde ont dépassé 44 degrés, des décès ont été enregistrés. Cinquante personnes ont été hospitalisées après une cérémonie en plein air et treize sont décédées. Les enfants souffrent de maux de tête et des nombreuses écoles ont été fermées. La population indienne ne dispose pas de climatisation ni de budgets pour des soins médicaux, ils souffrent donc de la canicule en silence et sans recours. Dans ce pays, la plupart des travaux pénibles sont faits manuellement, les femmes portent des briques sur les chantiers et ces travailleurs sont parmi les premières victimes.

Les températures en Chine ont atteint des nouveaux records. En Thaïlande, elles ont dépassé 45°C. Dans ces régions, l’humidité est importante ce qui rend la chaleur plus dangereuse. L’index combiné (heat index) indiquait 53,8°C hier.  Ce temps torride a favorisé des feux de forêt dans le nord de ce pays (lien).

Ces derniers printemps ont été de plus en plus chauds (p.ex blog 2019), mais la canicule de cette été est inégalée.  Les thaïlandais souffrent de ces journées pénibles, et la sécurité de la population n’est probablement  pas aussi bien organisée qu’au Japon. Samedi, les autorités ont alerté une grande partie du pays sur le risque de chaleur extrême et ont conseillé à la population de rester à l’intérieur.

La consommation d’électricité, essentiellement pour la climatisation, s’est aussi accrue, 39’000 megawatts alors que l’année passée elle n’avait atteint que 32’000 megawatts.  Des coupures d’électricité ont frappé les populations lors de cet événement extrême.

Selon les scientifiques et les études cités, cette vague de chaleur est sans précédent et due au réchauffement climatique (Reuters, msn).

Je trouve ces vagues de chaleur et ces records successifs, quasiment chaque année,  très inquiétants, d’autant plus que l’arrivée d’El Nino apporte habituellement des sécheresses et des canicules, qui pourraient bien atteindre des extrêmes encore plus élevées l’année prochaine.

Les psychologues vaudois ne soignent pas par des méthodes conseillées par l’OMS. Ils sont étrangement agressifs et destructeurs.

La dépression

J’ai vécu un cauchemar de psychologues. Il faut absolument reformer l’enseignement des psychologues et les exigences pour la pratique de cette profession. 

Mon enfant était déprimé. C’est malheureusement aujourd’hui le cas d’environ un tiers des ados. Il est connu que la psychanalyse est peu efficace pour ces problèmes mais presque tous les psychologues du canton de Vaud sont de formation psychanalytique. Ils ignorent complètement les causes physiques de maladie: (covid, grippe, stress (1), alimentation, etc)  et les idées transmises dans la société, entre jeunes, par les réseaux sociaux (1, 2, 3, 4, 5) .  Je sais déjà plus sur la dépression en tant que biologiste, à savoir que c’est un déséqulibre de la sérotonine ou de la dopamine et qu’elle est souvent accompagnée par un amincissement de certaines zones du cerveau (1, 2, 3), et la perte de connections synaptiques entre les neurones.  Le même effet est parfois causé par des variations génétiques.  Les anti-dépresseurs, tels que la kétamine rétablissent ces connections neuronales.  L’OMS recommande les antidépresseurs (ref), des thérapies cognitives Problem Management Plus (ref) ou anti-stress (1, 2). Le sport (1, 2), la méditation (1, 2) et la Nature (1, 2) ont aussi des effets positifs avérés. L’alimentation peut jouer un rôle, en partie des bactéries digestives, le manque de fer peut-être être une cause. La méditation (1) et le yoga (1) permettent la guérison physique du cerveau, des zones neurones se développent.  La depression pourrait être mesurée  par prise de sang, par une imagerie du cerveau,  le côté physique de la maladie doit être pris en compte et soigné.  L’anxiété est probablement liée à la dépression,  et peut être traitée par des anti-dépresseurs (lien).  

Les psychologues

Les deux psychologues suisses ont déclaré, eux, que ma fille manquait de limites pour la première et avait une mère trop autoritaire pour le second.  Je crois qu’elle a été soignée pour excès d’obéissance par le deuxième et  après son intervention pour rejet  de l’obéissance par le troisième. Cela me paraît diamétralement opposé. Les assurances paient ces traitements contradictoires et sans effet sur la maladie, et la santé mentale du jeune est fragilisée, son pronostic médical et ses chances de travailler sont compromises par ces initiatives qui n’ont aucune efficacité. Ils sont vraiment allés loin dans la détection du conflit. « Promenons-nous une heure » a été considéré dans notre cas comme un conflit insupportable pour l’enfant.

Est-ce que quelqu’un pourrait dire aux psychologues que leur traitement est efficace dans 10% des cas, essentiellement à cause de la faible fiabilité du diagnostic?   Ils devraient adapter leur discours à cette réalité, faire preuve d’humilité, et les tribunaux ne devraient pas en tenir compte. Le décalage entre la réalité et leur vision est incroyable.  Le diagnostic de maladie est déjà peu fiable,  quant aux causes, c’est encore plus hasardeux. J’avais entendu les histoires d’horreur sur les enfants autistes. Il y a longtemps, l’autisme était considéré comme une maladie causée par une mère trop aimante ou alors assez aimante. Ou l’autisme serait la résultante d’un inceste maternel.  Je suppose que le psychologue Bettelheim a dû voir des personnes dans un état semblable dans les camps nazis, mais nous savons aujourd’hui que l’autisme est généralement causé par des deletions ou de mutations de gènes, parfois de plusieurs gènes (NIH medgen, SPARK). Il manque donc plusieurs rouages du mécanisme cellulaire. Les connections entre les neurones ne fonctionnent pas correctement. Des bactéries ont aussi été impliquées dans l’autisme. Nous aurions besoin de certaines bactéries lors de la formation du cerveau les premières années et leur absence provoque des différences dans la structure du cerveau.  Des handicapés incapables de parler ont donc été traités pour méchanceté de la mère et séparés de celle-ci, surtout s’il y avait un fort lien.  Le traitement était faux et la guérison impossible. Je suis stupéfaite de constater que ces pratiques barbares ont encore cours pour la dépression en Suisse. C’est toujours la faute du parent. Les parents ont été aussi été accusés pour l’homosexualité (la faute d’une mère trop aimante je crois). Il me semble que Freud a souvent accusé des mères trop aimantes qui, selon lui, se seraient livrées à l’inceste si le père,  ne l’avait pas interdit. A cette époque, la femme était considérée comme un enfant ou comme la bête de somme du mari. Les psychologues sont encore formés d’après ces théories. Ceux que j’ai rencontré étaient de plus de très mauvaise foi, on aurait dit que j’étais attaquée par une secte.   Ils ont décrété que le parent a sûrement eu des comportements qui se trouvaient dans leurs cours de Freud, et la réalité n’entrait pas en ligne de compte. Simultanément, les psychologues successifs font chacun un autre diagnostic. Le seul point commun est qu’ils sont très affirmatifs et autoritaires.  

Education

Au sujet de l’éducation et le développement de l’enfant, je considère que nous ne sommes pas si différents des grands singes. Chez ceux-ci, et dans les familles de paysans d’une dizaine d’enfants, les petits s’accrochent à la mère quelques années, puis partent jouer plus loin, librement, dans les arbres. Ils explorent à la mesure de leurs capacités. Les mères singes s’occupent constamment de leurs petits, elles passent vingt ans assises avec les bébés successifs dans les bras, ce qui leur ne nuit pas du tout.  Au contraire, chez les animaux la séparation de la mère a des effets négatifs, rend les petits nerveux et trop dépendants de l’affection à l’âge adulte. Les petits singes acquièrent l’indépendance spontanément.

En me basant sur la théorie de l’évolution, je suppose que nous avons peur des serpents car cette crainte a favorisé la survie de nos ancêtres.

Personnellement, j’ai suivi les lois suisses et des règles d’éducation au point que chaque phrase que j’ai dit à mon enfant sortait d’un manuel de psychanalyste. Chaque phrase était correcte et bienveillante. J’ai tout fait pour éviter des traumatismes.  J’étais toute à fait prête à discuter de mon éducation et à modifier certaines règles.

Le cauchemar

La première psychologue a demandé à huis-clos le placement  parce que je semblais avoir de la peine à donner des limites alimentaires. En fait, celles-ci étaient basées sur un manuel de psychologue – psychanalyste et sur les recommandations de la diététicienne.  Le deuxième a demandé un placement en foyer parce que j’étais trop autoritaire, idée  totalement opposée à la première.  Ils se sont par contre accordé sur le placement. Or le foyer justement n’a aucun effet thérapeutique.  En plus, ils ont proféré des mensonges sur les faits, faux diagnostic, insultes, calomnies et inventions avec un véritable fanatisme pour précipiter un enfant très bien traité dans un foyer. C’est véridique, je suis encore stupéfaite après plusieurs mois.  Pour les prochains, notez que la plainte pour faux témoignage doit être déposée en l’espace de trois mois après les faits, et faites-le. Je vous tiens les pouces.  Il doit y avoir aussi une formulation légale pour empêcher les psychologues d’élucubrer des conclusions arbitraires.

La conséquence de ces actes est que l’enfant est arraché à ses parents ce qui n’améliore pas forcément son moral, c’est une rupture similaire au décès des parents. 

On commence avec un enfant en crise de larmes puis ils  accumulent cette tristesse de départ, laissent les causes, l’absence de soins efficaces, la rupture avec les parents, le placement dans des foyers déprimants. Ils suppriment par là le sport, des loisirs, des sorties nature, les médicaments naturels… Certains jeunes vivent un deuil de quelques mois, pleurant l’horreur du fait que leur parent était toxiquement trop bon pour eux. La ville de Lausanne est remplie d’adolescentes furieuses contre leurs parents et qui, privées de relations humaines,  formeront la nouvelle scène de la drogue de la ville. A la sortie du foyer le moral s’est immédiatement amélioré. 

Soigner les dépressions

 Une personne en dépression échoue dans les tâches normales ou les trouve difficiles. Les petites choses semblent graves justement parce que la personne est déprimée, dans cet état de maladie dans lequel elle ne peut pas accomplir les tâches normales. Etre déprimé ressemble à une grippe.  Il faut d’abord soigner la maladie.    Il me semble qu’un des psys au moins essayait de provoquer des situations traumatisantes pour l’enfant pour en discuter, d’augmenter le nombre de problèmes dans sa vie.  Il faut au contraire guérir d’abord pour pouvoir gérer des situations normales, et les événements devraient être évités.

La photo en lien (Figure 1 de l’article, image du bas fond noir) représente les neurones moins connectés aux autres d’une souris déprimée par un stress chronique ou par une anomalie génétique.  C’est une différence de la structure du cerveau, de naissance ou causée par des événements pénibles,  qui provoque un fonctionnement différent.    Les punitions et les interdictions ne soignent absolument pas cette maladie, au contraire, quelqu’un de déprimé a besoin de meilleures conditions, pour récupérer. De longues vacances marchent assez bien. Le placement en foyer provoque une accumulation de frustrations et d’échecs qui empêche l’enfant de guérir, prolonge sa maladie, lui fait accumuler des échecs, perdre confiance en soi et pousse nos adolescents vers l’handicap chronique.  Un des psys a recommandé une thérapie familiale quand l’enfant, placé dans le foyer, irait bien ce qui équivalait à dire jamais.  Est-il sensé guérir dans un foyer déprimant,  sans aucun soin de la dépression ni affection?

La dépression peut avoir une composante héréditaire. Le stress ordinaire, le stress du travail par exemple, joue aussi un rôle. Cette maladie provoque des changements de structures cérébrales qui peuvent repousser lentement, en mois ou années. L’amincissement de structures cérébrales consécutif à un stress subsiste deux ans, et c’est peut-être le temps de convalescence.  Je crois qu’il faut d’abord soigner les changements physiques jusqu’à rétablir un fonctionnement normal. Cela peut souvent se faire vite par les anti-dépresseurs, plus lentement par le sport, la méditation, les promenades dans la Nature, quelques mois d’école dans la forêt, la musicothérapie, la luminothérapie, éventuellement des plantes médicinales ou une cure de chocolat, et devrait vraiment être personnalisé et adapté à la santé physique.  Les thérapies cognitives sont utiles chez une personne dont le cerveau fonctionne correctement, elles devraient intervenir ou se poursuivre après un traitement physique.  Si quelqu’un va très mal, il voit des problèmes énormes et les déclenche lui-même par son état pathologique.  Un psychiatre connu, Stutz déclarait que les changements rapides sont dues à un changement de style de vie.  Le mode de vie optimal peut différer selon les personnes, certains auront besoin de sport, de promenades dans la Nature ou de méditation deux ans, ou toute leur vie.

Des thérapies efficaces devraient être développées en Suisse.  Les thérapies psychanalytiques ne le sont pas.  Je me souviens d’une statistique montrant que la thérapie a amélioré l’état d’un tiers de patients, l’a laissé inchangé pour un tiers et l’a aggravé pour un tiers. Ca donne une moyenne de zéro amélioration.  Une autre mesure de l’efficacité provient d’un journaliste qui avait consulté trois psychiatres avec les mêmes symptômes et était sorti avec trois diagnostics différents.   Les thérapies conseillées actuellement combinent les anti-dépresseurs et les thérapies cognitives. Il faudrait aussi adapter le mode de vie, essayer les probiotiques, les vitamines, des compléments alimentaires. Il faudrait comprendre comment notre mode de vie influe sur notre cerveau,  des études neurologiques et biochimiques du mode de vie, étudier le plus le développement du cerveau bourré de sucreries et de produits chimiques devant la télé comparé à un paysan, un menuisier, un sportif, un informaticien.

Les conditions de vie

Il me semble que des règles sur les besoins des enfants, repas, sommeil, repos, sport, art, socialisation, pour être en bonne santé ont été définies, mais quand j’ai demandé au département d’instruction publique vaudois en 2020 combien d’heures de travail le soir étaient conseillées pour les élèves, il n’y avait pas règle, pas de limite claire, et des vrais excès. Cela va de pair avec la dégradation des conditions de travail des adultes ces dernières années.  Il faut d’abord s’assurer que les conditions de vie ne provoquent pas la maladie, elles sont un facteur important.

Si mon enfant déprime à l’idée de devoir travailler plusieurs heures de la nuit et d’être très fatigué, il ne manque pas de limites mais au contraire connaît ses limites. 

L’OMS ne parle pas de limites dans le traitement de la dépression.  Elle conseille les anti-dépresseurs, les thérapies cognitives behaviouristes et les thérapies anti- stress.  Chez moi, les antidépresseurs très légers avaient bien fonctionné, et l’effet a perduré après l’arrêt du traitement. 

Ma fille respectait  la loi et n’allait qu’aux endroits que je lui autorisais. Placer pour des limites alimentaires? Mon alimentation était plus proche des conseils de la diététicienne et de l’OMS.  Soigner la dépression par l’imposition de limites en foyer relève simplement  du fascisme, c’est une barbarie.

Le décalage entre faible fiabilité de diagnostic, l’absence de thérapies efficaces  et l’agressivité  fanatique des psychologues est énorme. Ils doivent être plus honnêtes et réalistes,  il faut modifier la leur formation et rembourser seulement les thérapies efficaces.  La formation doit inclure la neurologie, la chimie du cerveau, avec des courbes mettant en correspondance les symptômes et les neurotransmetteurs,  l’effet des médicaments, l’éthologie animale et l’ethnologie, plusieurs techniques de soin et les théories sous-jacentes.  Les thérapies peuvent éventuellement être cognitives, mais aussi basées sur le sport et le bien-être, sur des techniques de compensation de problèmes existants. Le diagnostic sera génétique et chimique. 

Légèrement complété le 5 janvier

Addendum le 6 janvier: L’article de journal scientifique ci-dessous rapporte que la dépression est causée par  une combinaison de changements biologiques dans le niveau de neurotransmetteurs, des facteurs environnementaux, génétiques, psychologiques et sociaux. Je suppose que les facteurs environnementaux incluent  le bruit, le manque de sommeil et d’activité physique, les drogues et  l’alimentation, le covid,  la grippe…

Une étude de l’université d’Edimbourg a montré que les gènes sont un facteur majeur de dépression. Ils ont identifié au moins 80 gènes, ou 259 gènes associés à la dépression.  Ces facteurs influencent la formation de connections entre les nerfs dans la partie du cerveau qui régit la personnalité et la prise de décision.

Les gènes impliqués dont associés à la transmission de la sérotonine, de noradrénaline,  et de dopamine, d’autre régissent l’axe HPA  qui est activé par le stress, d’autres sont impliqués dans le développement du système nerveux dont les variants limitent la formation de neurones,  dans l’inflammation du cerveau, et dans le rythme circadien (jour-nuit). 

Il s’agit vraiment d’éléments fonctionnels du cerveau qui sont plus fragiles chez certains.

De toute façon, que ce soit génétique ou environnemental, je suis absolument convaincue que le changement lors de la maladie est un changement physique, et il devrait probablement être compensé tout d’abord au niveau physique. Je dois dire que j’ai des connaissances qui, jeunes,  ont choisi de travailler dans les champs pour leur santé psychique. Cela semble l’améliorer pour certains, c’est bien sûr un choix de vie personnel.

La prochaine étape que la recherche devra accomplir  porte sur le mode de vie protecteur  chez les personnes prédisposées.     Les études pourraient séparer les participants par gène impliqué ou mécanisme impliqué, et vérifier si le sport, l’absence de stress, le chocolat, la vie dans la nature, des bactéries  ou des médications spécifiques  protègent ces personnes de la maladie. Mais nous savons déjà que certains modes de vie sont plus sains que d’autres, il faut  s’assurer que nous et nos enfants puissent pratiquer un mode de vie sains,  que les déclencheurs de ces maladies soient réduits dans la société.

https://www.news-medical.net/health/Genes-and-Depression.aspx

Addendum le 9 janvier: il semble même que le syndrome de stress post-traumatique ait une composante génétique. Je suppose que certaines personnes n’en souffrent jamais.  Publication : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35153661/ 

Les psychologues devraient disposer d’une table claire résumant les causes de différents symptômes. Il faudrait des outils de diagnostic, peut-être des programmes informatiques, qui proposent la liste des causes possibles avec leur fréquence.

Ensuite, le diagnostic devrait être assorti d’une valeur de fiabilité: diagnostic sûr à 10%, à 20%, à 30%. Un formulaire officiel de diagnostic devrait être produit sur lequel cette valeur devrait être indiquée.

 

Une école heureuse demain!

L’école aujourd’hui

Cette semaine j’ai appris que l’état de Genève veut modifier l’école en mélangeant les 9ièmes et les 10 ièmes de niveau différent. En tout cas, c’est ce que j’ai compris. Un tel système existe dans le canton de Vaud jusqu’à la 6ième,  10 élèves de 5ième et 10 élèves de 6ième sont assis en alternance dans la même salle. La maîtresse donne un cours, puis distribue du travail personnel aux élèves, et passe au programme de l’autre classe. J’ai pu assister à de tels cours, j’ai vu des techniques d’enseignement intéressantes, mais aussi, en une heure, plusieurs évènements aggressifs, tels qu’écrire sur la main de l’autre élève, se mettre en travers du chemin de l’autre pour l’empêcher de travailler. Les enfants ont aussi dit qu’ils ne voulaient pas de nouveaux élèves dans leur classe. Je dois dire nous aurions entendu que nous devons être gentils avec le nouveau et ces bases de civilisation n’étaient peut-être pas inutiles.

Je suis assez perplexe face à l’école actuelle. Je ne cesse de me dire ‘mais ce n’est pas possible’. Depuis mon époque lointaine, le Wir Sprechen Deutsch’ a été abandonné au profit d’une bien meilleure méthode d’allemand, bien conçue pour des petits. L’apprentissage de la lecture a été retardé. L’écriture manuscrite semble en cours d’abandon. L’allemand et l’anglais sont enseignés bien plus tôt, deux ou trois ans plus tôt, c’est très bien. Les mêmes matières, les mêmes compétences sont évaluées très différemment : les tests de maths ont 3 fois plus de questions que de mon temps, le test d’histoire ou de français consiste en 50 questions sur une liste de détail appris par coeur. Il y a plus de formes verbales françaises archaïques, et plus de Sciences. L’histoire était un joli récit, et il n’y avait pas de géographie. Il y a moins d’heures de cours dans l’ensemble, mais paradoxalement plus d’exigences. J’avais vraiment de la facilité, et j’ai un peu un sentiment d’irréalité car il me semble qu’aujourd’hui l’école demande plus à toute la population qu’aux bons élèves de la génération passée, qui sont pour certains devenus les professeurs d’université actuels. Un futur maçon semble apprendre plus  aujourd’hui. Je trouve que la culture générale est très importante pour toute la société, mais elle pourrait être acquise de façon plus légère et plus informelle. L’excès de difficulté me semble contreproductif, quand l’école était facile, j’avais envie d’en savoir plus, le cas contraire peut engendrer un rejet et une fuite. Lorsqu’un élève apprend que ses notes sont insuffisantes, il faudrait peut-être au moins ajouter ‘pour devenir professeur d’université’, mais bien sûr ce serait inexact aussi, car il peut s’améliorer par la suite.

L’école explose

Simultanément, il y a plus d’harcèlement scolaire, plus de coups. Je vois parfois des adolescents se frapper, d’autres pousser dans le bus pour passer au lieu de dire ‘pardon’. Je n’ai jamais vu ça de mon temps. Il semble vraiment y avoir plus de violence. Mercredi, un gosse de dix ans a tenté de trancher la gorge d’une copine. Récemment, les journaux rapportaient que la criminalité, les suicides et les dépressions des jeunes augmentent fortement. La drogue existe aussi, et en Angleterre le porno fait des ravages chez les enfants. Ils se couchent très tard, et ne dorment pas assez. Dans le canton de Vaud, il y a eu plus de dix fausses alertes à la bombe ce printemps. Elles montrent un refus de l’école actuelle. Une assistante sociale à la télévision parlait d’un rejet de la société dès dix ans, qui conduit à la délinquance, j’ai vu des enfants en agressivité constante à huit ans et je crois qu’il devraient être pris en charge à ce moment-là.

Je crois que l’école a sa part de responsabilité. Elle maintient les élèves dans un stress continu et nocif, qui peut en conséquence entraîner de l’agressivité, des troubles de sommeil, des abus d’alcool et pourrait les rendre plus vulnérables à la dépression. Il s’agit d’un tiers ou de la moitié de la population future dont la santé est fragilisée dans l’enfance par l’école. C’est absolument scandaleux !

Les professeurs sont trop critiques, parfois abusifs. Les tests et les notes sont bizarres, en plus de la longueur, de la fixation sur les détails, ils reviennent avec ‘mot illisible’ de mauvaise volonté qui soustrait encore un demi-point. Ils ne répondent plus à la question si l’élève a compris le chapitre et acquis la compétence, ne sont pas bien conçus pour cela, cette information se perd dans les détails excessifs. Je dois dire que je me suis promise que ma fille travaillerait plus consciencieusement que moi, pour avoir les notes maximales parce que j’ai découvert bien plus tard que quelques lacunes de vocabulaire allemand me posaient problème, m’ont par exemple empêché de me diriger dans une bonne section (mathématiques spéciales). L’excellence peut ouvrir des voies dans la vie. Elle travaille donc très bien, comme je l’ai décidé. L’application sur le téléphone fonctionne bien, mais il y beaucoup plus de vocabulaire à apprendre, nous avions 20 mots, actuellement c’est plutôt 100 mots. Il y énormément de géométrie, utile peut-être à l’EPFL mais pas ailleurs, le cours d’économie utilise l’algèbre qui n’a pas encore été traitée à l’école. Par contre, ils s’ennuient probablement moins en classe que nous, et ils font une partie de devoirs pendant l’heure de cours. Je trouve que les demandes sont parfois excessives, les tests mal planifiés, la faisabilité n’est pas prise en compte, et les commentaires destructeurs des professeurs à la limite de l’abus.  Quant aux cours, lorsque je donnais des conférences à l’Université pour d’autres doctorants et chercheurs, j’ai appris à mettre au maximum trois phrases par diapositive en gros caractères, colorées et visibles,  des images, montrer les différentes parties de l’image dont je parlais, souvent rappeler le but et les conclusions.  Il fallait être comprise malgré des instants d’inattention de l’auditoire. J’espère que les enseignants appliquent ce type de règles.

Le stress nocif

Environ une fois par mois, les élèves de 9ième sont confrontés à un test énorme, nécessitant environ 20 heures d’apprentissage par coeur. Il y a une semaine, dans une telle situation, toute la classe, en tout cas plusieurs élèves, étaient stressés, avaient de la peine à dormir, étaient agités en classe, et ont moins bien suivi les autres cours. Il faut vraiment leur éviter de tels stress, qui mettent leur santé en danger. S’ils doivent vraiment connaître par coeur l’emplacement de tous les peuples barbares au 6ième siècle et mille autres détails, le travail devrait être réparti par l’enseignante en plusieurs sessions de devoirs. J’ai entendu qu’il faut responsabiliser les élèves pour qu’ils répartissent leur travail. A mon avis, cette tâche devrait être accomplie par les adultes. Avant, les psychologues disaient qu’il ne faut pas  culpabiliser les enfants. Il ne faut pas les piéger par des exigences inadaptées, mais se rappeler qu’ils ne sont pas encore responsables. L’enfant n’a justement pas les capacités d’organisation des adultes. Il vaudrait mieux que l’enseignante répartisse le travail, et par là elle donnera progressivement des bonnes habitudes d’étude régulière. Il faudrait le plus possible leur dire : nous vous avons préparé une tâche possible, faites nous confiance, vous pouvez le faire.

Dans cette conférence, vers 107 minutes, Solange Denervaud explique que le stress peut empêcher le raisonnement correct et causer une agressivité chez l’élève (lien). Dans son example, elle provoque le stress  en limitant le temps et en interdisant de faire le calcul par écrit. L’école d’aujourd’hui fait exactement cela, des sortes de chicanes qui rendent le travail pénible. Il faut absolument aller dans l’autre direction, celle du confort, de la faisabilité, se concentrer sur l’essentiel et non pas sur les détails inutiles. Il faut adapter les manuels, la façon d’enseigner à des enfants et à des adolescents.

Je crois qu’il faut voir que nous vivons dans un monde nouveau, dans une société en crise, et que l’école devrait s’y adapter. Sa première mission doit être que les élèves sortent sains d’esprit. Des tests de niveau de stress, de dépression, devraient être effectués. Il faut cependent garder à l’esprit que par le passé des nombreux comportements ‘pathologiques’ étaient éliminés par des punitions sévères. La normalité est probablement assez étendue.

En théorie, les élèves qui ont des mauvaises notes n’ont pas assez travaillé, par manque de discipline, par révolte, par déprime ou n’ont pas compris le cours. D’autres ont des lacunes préexistantes. En réfléchissant aux personnes que j’ai connu, il me semble que les mauvais élèves ont souvent eu des problèmes familiaux et ont des barrières psychologiques, qui nuisent à leur performance. Ceux-là peuvent réellement s’améliorer. D’autre part, aujourd’hui, environ un quart d’élèves est francophone, la majorité parle une autre langue à la maison.

Utiliser les bases, alléger les détails

Je ne crois pas qu’un mélange avec des meilleurs élèves  et des classes aux exigences plus élevées soit adapté. Je propose le contraire, des petites classes par niveau. Les surdoués sont probablement moins d’un pour mille.

L’enseignement me semble actuellement très fragmenté, l’élève apprend de nombreux détails en deux ou trois semaines et passe rapidement à un sujet complètement différent.

Tous les élèves gagneraient à entraîner régulièrement les bases, à calculer et à écrire des textes en français chaque semaine. Cet enseignement pourrait faire appel à beaucoup plus d’exemples pratiques. L’école pourrait racheter un magasin en faillite et utiliser le stock réel, tangible, pour les mathématiques et l’économie. Actuellement, le calcul est très concentré sur quelques semaines dans l’année avec des longues interruptions qui permettent d’oublier.  Les films et les jeux vidéo sont d’excellents moyens d’enseignement, même s’il y a aussi des aspects négatifs.

Les sciences intéressent vraiment les enfants. J’ai donc montré à la fille des dessins animés qui expliquaient de façon simple et amusante le fonctionnement du corps humain. Mais à  l’école, elle a dû apprendre la structure du coeur en dix parties.  Je crois que je n’ai pas appris tous ces détails en études universitaires de Biologie. Je vois que le niveau d’éducation s’élève, et la raison principale pourrait être l’éducation des enseignants et des responsables du programme. Peut-être avons-nous maintenant atteint ou légèrement dépassé les limites de l’Humain.  Je trouve que l’excès de détail nuit à l’enseignement et à l’intérêt des élèves. Je me demande aussi s’il est possible de réussir le test sur les dix parties du coeur ( par coeur) sans savoir s’il s’agit d’un coeur.

 Devons-nous pousser tout le monde vers le bac? Dans une société écologique, de nombreuses personnes effectuaient des métiers utiles, elles seraient paysan(ne)s,  artisan(ne)s ou s’occuperaient des enfants. Une autre idée est que chacun devrait suivre ses talents naturels.

Un adolescent pourrait encore apprendre par intérêt, par curiosité naturelle, comme un jeune enfant. Une culture générale scientifique pourrait tout à fait être acquise par des films et des articles de journaux. Les promenades d’observation de la Nature et les musées sont aussi une excellente approche, et des supports matériels, des modèles, devraient être utilisés le plus possible. J’aimerais que le vocabulaire du cours de Sciences, et le cours même soit simplifié. Il faudrait refaire les manuels avec des pages d’introduction que l’élève comprend facilement, qui le relient à la vie réelle, l’alléger dans l’ensemble, et le rendre plus attractif.

L’école et le bien-être

J’ai personnellement remarqué que sans stress, les performances étaient largement meilleures. Par contre, dès que la personne est effrayée par la tâche, ou qu’elle doit se dépêcher, la compréhension baisse.

Idéalement, les enfants et les adolescents devraient vivre sans stress, ils se développeraient mieux ainsi. J’aimerais que l’école fasse beaucoup d’efforts dans cette direction.

Les classes devraient être petites, l’enseignement par classe de 10 élèves fonctionnait très bien, l’ambiance étaient meilleure, l’enseignante détendue, les problèmes de discipline disparaissaient.

Il serait peut-être réalisable, et certainement bon de créer des classes sans notes pour les élèves en difficulté ou les mauvais élèves, des classes dans lesquelles leur santé psychologique et l’acquisition des bases seraient les vraies priorités. Je ne sais pas exactement comment organiser l’école sans notes. La diminution du stress et l’augmentation de confiance en soi pourraient être impressionnantes. L’école Montessori fonctionne très bien, chaque élève y avance en individuel, avec une maîtresse pour dix et des tâches individuelles de trente minutes environ. Ou alors, un cours de base serait enseigné à toute la classe, tranquillement, et des sujets optionnels seraient travaillés individuellement, à choix avec des révisions. Les devoirs seraient faits en classe ou dans un temps d’étude donné. Il faudrait bien sûr garder au moins la possibilité de rejoindre une autre section par un pont à 15 ans.

Il faudrait permettre d’effectuer les tâches d’apprentissage correctement. L’enfant doit avoir le temps d’effectuer son exercice attentivement, cela évite l’automatisation des erreurs et donne des meilleurs habitudes de travail par la suite. Je croyais que c’était une règle connue et admise.

Je cite ici un exemple d’une école australienne, d’une région difficile (lien). De nombreux élèves sont de culture aborigène, et les familles ne soutenaient peut-être pas le projet de l’école, de plus leurs propres trajectoires de vie étaient parfois tragiques. L’école a introduit des cours de méditation (mindfulness, conscience et concentration, plus exactement), de culture indigène et un chien de thérapie qui les aide dans les moments difficiles. Les comportements graves ont baissé de 90%, les infractions sont passées de 120 à 5 par jour. C’est un exemple de ce qu’une organisation bienveillante et intelligente peut obtenir.

Je précise que ma propre fille est d’abord allée dans une école Montessori bienveillante, la Ferme des Enfants. Son cerveau fonctionnait très bien dans cet environnement sans stress aucun, elle avait de la curiosité, envie d’apprendre et confiance en elle pour réussir.  Je pensais qu’elle avait envie d’essayer des jeux complexes car elle y était habituée et qu’elle n’avait pas été découragée de remarques négatives.  Je crois qu’une école relax jusqu’à 15 ans ne met pas vraiment en péril la réussite future, car elle correspond mieux aux capacités des enfants et leur permet de les utiliser. Seules les langues doivent être apprises tôt. Le système MYP qui mène au Baccalauréat International et aux meilleures universités est basé sur cette idée, d’intégrer le développement naturel et les intérêts des adolescents. Les manuels sont complètement différents, légers et amusants.

Il faut d’abord s’assurer que les élèves soient en bonne santé, en bon état psychologique (et physique bien sûr) pour travailler. La méditation et de nombreuses activités de bien -être, p.ex à midi abaisseraient le niveau de stress. Les enfants ont envie de communiquer, j’entends des discours sur le rôle social de l’école. Ces interactions se produisent essentiellement pendant les 15 minutes de la récré, il en faudrait plus. L’acceuil périscolaire pourrait avoir lieu dehors, et permettre aux enfants de socialiser en jouant et en parlant.

Je vois des jeunes révoltés, dans le rejet d’un côté, et des cours très détaillés, aux définitions ampoulées, déconnectés de la réalité de l’autre. J’ai l’impression qu’il s’agit de deux mondes très éloignés qui devraient se rapprocher.

Ted talk sur la pleine conscience (mindfulness), sous-titré en français: Mindfulness

Commentaire d’une lectrice: ‘Point de vue que je partage entièrement. Je vis à Zurich et jusqu’en 6eme Harmos l‘école suit très bien les enfants sans les stresser. Dès la 7eme cela change et la pression devient insoutenable. En plus à Zurich, ils ont une école d‘élite (lanzeitgymi) avec examens d’entrée super hardus qui rend la situation encore plus explosive. J’ai vues tests et malgré que j’ai fais un master à l’uni, le niveau à atteindre à 12 ans est surréel.’

Commentaire Dorota: Je trouve que l’école suisse fait les maths lentement et vite à la fois: lentement parce qu’elle les fait tard, mais par contre elle leur demande des dizaines de calculs en un temps limité. Je crois qu’il vaut mieux introduire les concepts tôt, quand ils intéressent l’enfant, mais sans stress et de façon ludique. Ils font beaucoup  d’exercices sur la position de stands dans un marché, ce qui introduit la lecture de coordonnées, utile probablement pour la géométrie et pour EPFL. Dans d’autres systèmes les multiplications, les divisions, les fractions et l’algèbre interviennent 2 ans plus tôt, en Montessori même plus tôt, il y a une sur YouTube une belle vidéo d’un petit de 5 ans qui multiplie très bien (vidéo).  Il me semble aussi que des nombreux parents concentrent beaucoup les activités et les intérêts de leurs enfants sur le sport. Parfois, ils les forcent au début, vers 3-4 ans, puis disent que l’enfant n’aime que le sport vers 8-10 ans. J’ai l’impression que c’est une conséquence de leur éducation.

Edité le 16 mai

Commentaire le 28 juin 2021: Il semble que 9 enfants sur 21 dans une classe de 9ième n’ont pas obtenu la moyenne suffisante cette année, presque 50%.