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Les années chaudes réduisent la production économique et El Nino est un risque important

L’ONU a annoncé la semaine passée que l’apparition du courant Pacifique El Nino est de plus en plus probable. Il élève la température mondiale, et son effet portera surtout sur 2024. Mais les huit dernières années ont déjà été les plus chaudes de l’Histoire (lien),  alors cet hiver et les mois suivants  dépasseront probablement les températures connues de l’Humanité au niveau planétaire. L’OMM s’attend à une sérieuse augmentation. Les catastrophes météorologiques ont provoqué plus de deux millions de morts en cinquante ans (ONU) et une importante aggravation est possible.

El Nino et la canicule en général ont des effets négatifs sur l’activité économique. Ils réduisent généralement la croissance mondiale. Les événements passés ont provoqué des pertes économiques de 4,1 et de 5,7 trillions de dollars (trillion:1012  CallahanGizmodo).

Les années chaudes réduisent l’activité économique dans tous les pays, tempérés aussi bien que tropicaux, à tel point que la température explique les différences mondiales de développement (Dell).

La productivité économique atteint un sommet à une température de 13°C et décroit rapidement au-dessus de ce seuil. Les activités économiques, agricoles et industrielles diminuent avec la chaleur, dans le monde entier, depuis 1960. Cette constatation a été tirée de la comparaison de la production du même pays, ou de différents Etats des Etats-Unis,  lors des années chaudes et froides.

Le rendement des céréales baisse rapidement entre 20 et 30°C, et la productivité humaine décroit aussi (Burke). L’effet n’est pas linéaire mais très important. La production décroît rapidement avec la température, et baisse plus encore quand la canicule augmente.

L’effet sur l’agriculture est évident. Les cultures sont très sensibles aux conditions météorologiques, elles ont des températures de croissance optimales, elles poussent peu quand il fait froid,  plus vite dans des conditions tempérées,  puis cessent de croître s’il fait trop chaud.   Si les conditions sont trop défavorables, certaines plantes cultivées meurent sur pied et leur rendement tombe à zéro. Les activités industrielles sont aussi freinées par la chaleur.

La baisse rapide de productivité liée à l’augmentation de température suggère que l’adaptation au changement climatique sera plus difficile que prévu.  Selon cette estimation, les trois quarts des pays s’appauvriront si le réchauffement n’est pas jugulé. 

Celui-ci peut amplifier les inégalités mondiales, car les pays chauds et pauvres subiront probablement la plus forte réduction de la croissance. Même une légère augmentation de température pourrait provoquer des pertes économiques beaucoup plus importantes que les estimations antérieures.

Si les sociétés continuent de fonctionner comme elles l’ont fait dans un passé récent, le changement climatique remodèlera l’économie mondiale en réduisant considérablement la production économique (Burke). Ces estimations n’incluent pas les événements catastrophiques liés aux conditions exceptionnelles.

La Banque Mondiale déclarait récemment que les prévisions de croissance des pays pauvres sont mauvaises pour ces cinq prochaines années. Leur économie sera de plus  rythmée par les catastrophes et leurs conséquences.

Un El Nino moyen ou fort sur une Planète qui est déjà au-dessus 1°C provoquerait  des événements météorologiques jamais vus de l’Humain, notamment des précipitations très importantes, noyant l’Amérique du Sud sous des inondations et des glissements de terrain.  Les récoltes pourraient être perdues ou immobilisées par ces intempéries.

Le Nino de 1997 a provoqué des inondations au Pérou, Mexique (90 cm de pluie) et Kenya (JustHaveAThink). Cette fois, l’humidité atmosphérique et la température sont plus élevées et les pluies pourraient être plus abondantes.

L’Indonésie a subi une sécheresse extrême en 1997. L’Amazonie, et l’Inde sont généralement exposées à la sécheresse lors d’El Nino, et les températures pourraient être extrêmes.  Quel niveau de chaleur attend l’Inde en 2024? Cette question est d’une importance capitale.

Le gaz carbonique accumulé dans l’atmosphère y reste des dizaines d’années. Nous savons déjà que les vingt prochaines années les catastrophes climatiques s’aggraveront, les canicules seront plus intenses, et les pluies plus abondantes (blog GIEC). Nos inondations suisses atteindront vingt, puis cinquante centimètres d’eau dans la rue, et couvriront plusieurs quartiers, et un jour emporteront des passants. Il y aura plus de glissements de terrain et plus de routes de montagne coupées.  Le niveau de danger augmentera. Nous devons arrêter cette escalade, arrêter les vagues de chaleur avant qu’elles ne deviennent mortelles en Suisse, et éliminer les émissions de carbone pour espérer une amélioration du climat. SVP, votez “OUI” à la Loi Climat et demandez  (d’une façon très amusante) à vos amis de le faire.

Image de couverture par LoggaWiggler de Pixabay

La Nouvelle-Zélande est déjà confrontée au changement climatique

Les inondations

En janvier 2023 la Nouvelle-Zélande a subi des fortes pluies.  L’océan alentour était touché par une vague de chaleur marine qui a élevé sa température bien au-dessus des normales.  Un mois de pluies sans précédent a provoqué quelques inondations. Puis le 27 janvier,  la plus grande ville de Nouvelle-Zélande,  Auckland était frappée par les flots à un niveau exceptionnel dans l’histoire du pays (Guardian, Wikipédia).

En février , le Cyclone Gabrielle a porté les destructions à un niveau supérieur. Il a dévasté le Nord de la Nouvelle-Zélande et touché Vanuatu et l’Australie.

A Vanuatu, les pluies torrentielles ont déclenché des glissements de terrain, contaminé l’eau potable et détruit les champs.

En Nouvelle-Zélande, des milliers de maisons ont été inondées ou sapées, les toits des bâtiments arrachés par le vent et de nombreux glissements de terrain ont paralysé l’île Nord. Des milliers de personnes ont été évacuées, d’autres ont fui sur les toits de leurs maisons et des glissements de terrain ont détruit les routes. Les flots charriaient d’immenses troncs arrachés qui rasaient la forêt et tout le reste sur leur passage.  Un état d’urgence national a été déclaré. Le gouvernement a déclaré qu’il s’agissait d’un événement sans précédent en Nouvelle-Zélande (guardian).

Les causes climatiques

Le cyclone s’est formé au-dessus de la mer de Coral dont la température dépassait 30°C, après trois années de la Nina qui favorisent ce type de phénomènes dans cette région. Il a déversé l’équivalent de mois de pluie en un seul jour. Il s’agissait d’un événement sans précédent, de la plus grande catastrophe du siècle dans ce pays (nzherald).

Selon l’article actuel de World Weather Attribution, les études d’attribution au changement climatique ont relevé que les précipitations étaient extrêmement abondantes, et qu’elles ont touché des régions montagneuses vulnérables aux inondations. Les modèles climatiques prévoient une exacerbation des pluies intenses d’environ 30% à l’heure actuelle, ainsi qu’un accroissement futur, ce qui rend les inondations plus probables.  Cependant, les modèles n’anticipaient pas le déluge qui s’est déversé sur la région, les mesures des stations météorologiques montrent des changements plus importants que ceux prévus par les modèles (WWA). Cela pourrait alors être un phénomène exceptionnel, isolé, ou alors les conséquences du changement climatique sont plus importantes que prévu. Cette dernière explication s’est révélée vraie dans de nombreux endroits dans le monde, le GIEC et l’ONU disent que les effets sont plus graves que prévu. Si c’est le cas, ils pourraient bien s’amplifier aussi plus vite.

Selon le climatologue Kevin Trenberth, les pluies inhabituellement intenses sont dues au réchauffement de l’océan, dont la température était de 3°C au-dessus de la normale.  Des telles vagues de chaleur marines ont aussi causé les inondations du Pakistan en été 2022, ainsi que celles de Californie en janvier.  Ses travaux confirment que les températures des océans changent à cause du réchauffement global (publi). Il a aussi observé que les régions humides le deviennent plus, la pluie s’y accroît. Il souligne aussi que des précipitations de 10% plus importantes suffisent pour déborder les aménagements existants et pour causer des dégâts (Trenberth).

Dégâts et solutions

Ce cyclone a causé les destructions le plus coûteuses de l’hémisphère Sud, estimées à plus de huit milliards de dollars américains.  Bien sûr, de nombreuses maisons individuelles ont été sapées par les flots. La majorité, 70% , appartenait à des indigènes maoris. Ceux-ci ont relevé que les événements météorologiques deviennent de plus en plus cataclysmiques et qu’ils devront quitter leurs terres pour éviter de disparaître dans les tempêtes. Ils ont invoqué l’aide de l’ONU. Les Maoris estiment que leurs droits ne sont pas respectés. Ils besoin de plus de financement et de plus de liberté pour choisir de nouvelles terres et y fonder des agglomérations durables.

L’adaptation au changement climatique dans ce pays devrait inclure des cas de retraite organisée, où les communautés et les biens sujets aux aléas sont déplacés.  Elle est en retard, certains subissent déjà des catastrophes climatiques. Le leader du parti Vert Nouveau-Zélandais appelait récemment à accélérer l’adaptation, à dépasser les clivages des partis politiques pour réagir face à ces dangers qui les dépassent (lien). Le gouvernement a alloué environ trois-quarts de milliard de dollars américains dans la réparation des routes, des ponts et des écoles pour permettre au pays de reprendre les activités normales.

Récemment, la route côtière Napier -Wairoa était remise en service, trois mois après sa destruction par le Cyclone Gabrielle (lien). Mais la semaine passée, la métropole d’Auckland était de nouveau inondée, et un état d’urgence a été déclaré.

Je dirais que les Maoris ont raison. Ils ont bien compris ce que l’avenir nous réserve.  Les catastrophes se répéteront, s’amplifieront et ils ont raison de quitter les zones menacées pour des lieux plus sûrs. Les côtes des océans sont menacées partout et les vallées de montagne suisses pourraient rencontrer les mêmes problèmes.

Les canicules des dernières années ont aussi eu des graves conséquences sur les écosystèmes de Nouvelle-Zélande. Elles ont apporté des vagues de chaleur marine et fait fondre la moitié des glaces des Alpes du Sud depuis 1950. Historiquement, l’eau atteignait de telles températures une fois en quelques centaines d’années, mais maintenant ces extrêmes se sont succédés plusieurs fois en quelques années.  Les petits penguins korora ont souffert de ces changements. Ils ne peuvent pas s’alimenter dans ces conditions nouvelles et succombent à la faim, ce qui a entraîné une forte mortalité lors des années El Nina et des vagues de chaleur marine précédentes. Des millions d’éponges sur les côtes ont blanchi, ce qui signifie une très grave maladie, ou la mort de ces animaux (Victoria U).     Les températures très élevées de l’océan en 2023 pourraient bien causer plus de pertes dans ces écosystèmes.

Les inondations de Californie ont provoqué d’énormes dégâts et s’aggraveront à l’avenir

Des rivières atmosphériques

En janvier de cette année de nombreuses tempêtes ont balayé la Californie. L’eau provenait de rivières atmosphériques, immenses bandes d’humidité formées au-dessus des océans et transportées sur des milliers de kilomètres.  Elles sont constituées par l’évaporation de l’eau des océans, qui sont de plus en plus chauds chaque année. Les températures du Pacifique Nord, notamment, ont atteint un nouveau record cette année. Les océans ont absorbé une quantité d’énergie cent fois supérieure à la production d’électricité mondiale.  Michael Mann a déclaré que l’accumulation de la chaleur par les océans, le ‘heat content‘, atteint et dépasse chaque année des extrêmes nouveaux. L’intensité du cycle hydrologique, l’évaporation de l’eau et les précipitations, augmente continuellement. Cette intensification provoque les événements météo extrêmes. “L’interaction entre l’océan en réchauffement et l’atmosphère produit les pluies prodigieuses qui se sont produites dans autant d’endroits récemment” (Kevin Trenberth, NCAR, publication article).

Une de ces formations orageuses était un ‘bomb cyclone‘, un cyclone à formation extrêmement rapide, qui s’est intensifié en 36 heures et a provoqué l’inondation des bords de mer à Santa Cruz et Capitola.

Les inondations

Les inondations ont commencé le 31 décembre après des précipitations record dans tout l’État de Californie, habité par 39 millions de personnes. San Francisco a vécu son deuxième jour le plus humide jamais enregistré et Oakland, le jour le plus pluvieux.  Des plaines ont été inondées, des quartiers entiers se sont transformés en lacs. Plusieurs villes ont reçu environ 30 cm de précipitations (vidéo).

Les pluies ont provoqué de nombreuses inondations, et glissements de terrain.  Plusieurs inondations sont venues de la mer, un môle a été emporté, de grandes vagues ont entamé des falaises côtières et se sont engouffrées dans les maisons en bord de mer (vidéo, vidéo2).   Une vingtaine de personnes ont perdu la vie, noyées dans leur voiture, tuées par des chutes d’arbres sur des voitures ou sur leur maison en bois, ou emportées par les eaux en crue.

 

Six cent glissements de terrain ont touché la région, la terre détrempée des collines a été délogée par les pluies (KTVU FOX2).  De nombreuses routes et voies de chemin de fer ont été interrompues. Des trous profonds se sont formés dans les routes. Une dizaine de mètres de neige s’est accumulée dans les montagnes.  Les intempéries ont créé des risques importants de glissement de terrain plus grands. Accuweather a estimé les coûts début janvier, alors que les pluies duraient encore, à 31 à 34 milliards de dollars (lien).

Un avenir sombre

Une étude récente établit que les pluies intenses augmenteront dans cette région à mesure que le climat se réchauffera.  Les précipitations pourraient s’accroître de 34%, l’intensité maximale des pluies s’élèvera, et elles toucheront une superficie plus importante (publication).  Le risque d’inondation s’aggravera notablement, Cette étude ne tient pas compte de l’inondation des côtes.

La montée du niveau de la mer est un facteur supplémentaire. Cette année déjà, les vagues ont emporté des structures sur les plages, ont inondé les rues du bord de mer, ont endommagé des routes et des maisons. Lorsque le niveau de la mer sera de vingt ou de cinquante centimètres plus haut, les dommages seront beaucoup plus étendus, les falaises côtières s’effriteront les unes après les autres, et l’écoulement des pluies sera modifié.  Les inondations pourraient alors être beaucoup plus importantes.

Peu après, des vagues semblables frappaient furieusement les côtes italiennes et de Nouvelle-Zélande lors de forts orages, qui ont provoqué des inondations dans ces deux pays.  Ils sont probablement aussi liés à la température record des océans (article). La Nouvelle-Zélande a  essuyé de nombreuses tempêtes tropicales cette année. La ville d’Auckland a subi des pluies torrentielles et des graves inondations (vidéo). Elles annoncent les déluges futurs. La Terre entière traverse aujourd’hui une zone de turbulences qui ne s’arrêteront pas, mais iront croissant.

 

Image de couverture par Dimitris Vetsikas de Pixabay.

Remerciements au Dr Trenberth pour les articles et les publications communiquées

 

COP27: Compensation des pertes et dommages du réchauffement

Les débats de la COP 27 incluent la compensation des pertes et préjudices (loss and damage) dues au changement climatique. Ces pertes peuvent être matérielles, culturelles, humaines, ou psychologiques. Les pays pauvres, tropicaux, souffriront les premiers du réchauffement. Actuellement, 97% des personnes touchées par les événements extrêmes vivent dans des pays en voie de développement.

Les famines du Sahel survenues entre 1968 et 1985 étaient déjà dues au réchauffement climatique. La Somalie a vécu une grave sécheresse en 2017 et cette année, traverse la pire crise de la faim dans l’Histoire de la région. Les sécheresses en Afrique subsaharienne ont triplé entre 1970–79 et 2010–19.  En 2018, des cyclones dévastateurs ont touché 2,2 millions de personnes au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe.  En Afrique occidentale et centrale, de graves inondations ont entraîné la mortalité et la migration forcée, la perte d’abris, de terres cultivées et de bétail.  Des maladies se répandent et l’insécurité alimentaire augmente (Lancet, lien). Les mers attaquent les régions côtières.

Les pays les moins développés sont les plus touchés par ces “pertes et dommages” alors qu’ils sont les moins préparés pour y faire face et les moins responsables du réchauffement global. Au contraire de la Suisse, les maisons individuelles ne sont pas assurées et les Etats ne disposent pas de moyens pour réparer les routes et les infrastructures détruites par les glissements de terrains et les inondations.

Les pays les plus exposés, notamment les petits Etats insulaires, demandent l’instauration d’un mécanisme de compensation. Celui-ci devrait, selon eux, être distinct des fonds qui existent déjà pour l’adaptation ou la diminution des émissions. “Le système onusien aujourd’hui a de l’argent pour mettre des panneaux solaires, pour moderniser votre maison (…), mais il n’en a pas pour les gens qui perdent leur maison”. Harjeet Singh, CAN (Climate Action Network).

“Les pays du Nord disent que ce sont des sommes colossales, qu’ils ne pourront pas le ‘vendre’ à leurs concitoyens”. Pourtant des solutions existent. En septembre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait par exemple appelé à taxer “les profits exceptionnels des entreprises productrices d’énergies fossiles”  pour ” les pays souffrant de pertes et dommages causés par la crise climatique”.  Il serait aussi possible  de taxer les émissions des secteurs aérien et maritime, de mettre en place un prélèvement sur les transactions financières ou encore d’instaurer un moratoire sur la dette des pays touchés par une catastrophe climatique (d’après FranceInfo).

Je suis bien sûr favorable à ces compensations. Il est tout à fait juste d’offrir des moyens de subsistance à ceux qui en seront privés par un climat déchaîné. Les victimes perdront leurs maisons ou leur gagne-pain.  Les sécheresses rendront l’agriculture difficile ou impossible. Nous devons les aider à avoir une vie décente et à éviter la mort de faim, l’handicap causé par la malnutrition, les aggressions lors d’une vie de sans-abri, la vente des filles, le vol, le travail inhumain, et autres mesures désespérées provoquées par l’extrême pauvreté.

Je m’interroge un peu aussi sur la faisabilité des compensations. Si le climat évoluait vers un réchauffement abrupt, ce que le seuil d’1,5°C a pour but d’éviter, les conséquences seraient extrêmement graves. De nombreux pays seraient dévastés, avec une mortalité très élevée, et nous vivrions essentiellement, chichement, en autarcie en Europe. Nos pays subiraient des graves catastrophes à répétition auxquelles nous aurions de la peine à faire face.  Il serait alors impossible de compenser les pertes des pays pauvres, et il resterait peut-être peu d’habitants à qui offrir les compensations. Mais ce jour-là, nos gouvernements trouveraient  certainement un moyen pour passer outre.

D’autre part, même si nous prévenons une évolution grave, certains pays, les îles menacées par la montée du niveau de la mer, les deltas, ou d’autres, victimes de la désertification, devront être abandonnés et leurs habitants relogés ailleurs.  En général, je dirais qu’il ne faut pas reconstruire continuellement des routes sans cesse détruites, des villes inondées à répétition. Autant que possible, il faut préférer les solutions les plus sûres tout de suite, reconstruire ailleurs, ou sécuriser très bien lors de rénovation, comme c’est souvent le cas en Suisse.  La réduction du réchauffement est la meilleure solution, la plus sûre. Il faut garder à l’esprit qu’indépendamment du mécanisme de compensation, nous devons tout faire, immédiatement, pour éviter une évolution catastrophique du climat. Il en va de notre propre sécurité.

Cela dit, le Futur est incertain. Il est clair que les compensations des pertes et préjudices du réchauffement seraient en tout cas très utiles maintenant, lors de l’actuelle famine de Somalie ou de coûteuses inondations en Amérique du Sud. Elles permettraient aux populations des pays touchés de vivre dignement dans leurs pays, dans des sociétés relativement sûres et stables, et nous pouvons leur offrir cela aujourd’hui, pour les prochaines années.

Deux pétitions qui demandent une compensation des pertes et dommages:

350.org Tell Biden: https://act.350.org/sign/Biden-loss-damage-petition-COP27

One to World leaders: https://act.one.org/sign/adenike-climate-petition-int

Les inondations du Pakistan sont dues à une mousson décuplée

Le Pakistan subit des graves inondations. Les eaux couvrent un tiers de la surface du pays, détruisent les routes et les bâtiments. Les habitants se réfugient dans des zones surélevées. Des familles ayant plusieurs enfants ont quasiment tout perdu, leur maison, leur bétail, et attendent désespérément des secours, sans eau potable, en voyant les flots monter autour de leur abri précaire et leurs réserves de nourriture s’épuiser.  Des centaines de milliers de maisons ont été détruites.

La catastrophe est sans précédent dans le pays.  Les graves inondations qui touchent le Pakistan ont été causées par des pluies dix fois plus fortes que normale, selon ESA (European space Agency).  Une étude récente a prévu que les fortes moussons seront plus probables, plus fréquentes au cours du 21ième siècle, à mesure que le climat changera.

La responsabilité des pays émetteurs de gaz carbonique dans cet événement sera certainement établie quand les statisticiens analyseront tous les chiffres.  Partout sur la Planète, des villages démunis perdent  leurs moyens de subsistance lors de catastrophes climatiques, et cela arrivera de plus en plus à l’avenir.

Les maisons de cette population sont parties à la dérive et les terres inondables devront peut être abandonnées.  Comme d’autres, ils devraient partir et chercher un lieu sûr où s’installer. Le pays est aussi affligé de vagues de chaleur mortelles qui réduisent la production alimentaire.

Devons-nous aider le Pakistan inconditionnellement ou promouvoir les droits de la femme et la contraception pour limiter les naissances? Lors de prochaines catastrophes, notre aide sera peut-être due du fait de notre responsabilité climatique.

Peut-être serait-il bon d’informer clairement que les familles feront face à des intempéries et des vagues de chaleur croissantes, qu’elles seront exposées à des déplacements et à la recherche incertaine de moyens de subsistance au cours des prochaines années, et de proposer la contraception pour ces années difficiles à venir. Nous sommes en urgence climatique, leur futur sera fait d’évacuations, de sauvetages et hasardeux et d’expédients. Du reste, la survie de la Planète exige une stabilisation de sa population.

Six inondations exceptionnelles aux Etats -Unis depuis juin

Six inondations inouïes

“Les chroniques anciennes rapportent qu’il y a des centaines d’années, un déluge s’est déversé sur la ville, les rues ont été inondées, les maisons submergées jusqu’aux toits, les habitants et le bétail ont péri.  Il s’agit peut-être d’une légende, car des tels faits dépassent l’imagination”. Un tel événement est une crue millénale, survenant environ tous les mille ans.

Aux Etats-Unis, cette année, ces  désastres se succèdent. Le 13 juin, une rivière atmosphérique a déversé des pluies abondantes sur le parc de Yellowstone (vidéo Yellowstone) alors que les glaciers fondaient rapidement, ce qui a provoqué une inondation historique. Statistiquement, elle se produirait une fois toutes les 500 ans. De nombreux éboulements ont eu lieu. Les routes et une maison entière sont parties à la dérive.

 Un grand système orageux a causé des inondations à Saint-Louis (Missouri) le 26 juillet (vidéo St Louis) et au Kentucky. Des pluies intenses sont tombées sur la région métropolitaine de Saint-Louis, inondant des routes, des maisons et des entreprises. Les pompiers et les intervenants d’urgence ont sauvé des centaines de personnes. L’événement a établi un record absolu de précipitations dans la région. Peu après, des déluges soudains dans l’est du Kentucky et le sud-ouest de la Virginie ont provoqué des glissements de terrain, emportant complètement des maisons et tuant des dizaines de personnes.  Cette vidéo fait état de 37 décès et des centaines de disparus (vidéo Kentucky) L’air saturé d’eau venant du Golfe du Mexique surchauffé a survolé le Texas et s’est déversé sur ces Etats. Le 1er août,  les rues de Lincoln, Illinois ont été submergées.

Une inondation exceptionnelle, millénale, a aussi touché la vallée de la Mort  en Californie le 5 août.  Elle est due à mousson exceptionnelle (vidéo Death Valley). Le parc national a reçu près d’un an de pluie le 5 août.

Le 22 août, des précipitations abondantes et soudaines, les plus intenses que la région ait jamais connue, se sont abattues sur Dallas, Texas. Elles ont inondé les bâtiments, submergé les voitures sur les autoroutes et ont également fait gonfler la rivière Trinity bien au-delà de sa ligne de flottaison normale. Tout cela a entraîné des milliards de dollars de dommages, selon une estimation d’AccuWeather.

Ces inondations causent des coûts énormes, des dommages aux routes, aux bâtiments, et s’aggraveront dans les années à venir. Le PDG d’AccuWeather, le Dr Joel N. Myers, qui a étudié de près pendant des décennies les impacts économiques des conditions météorologiques extrêmes, a estimé que le total des dommages et des pertes économiques résultant des crues éclair catastrophiques se situerait entre 4,5 et 6 milliards de dollars.

Un terre en état de catastrophe naturelle

Au cours des dernières semaines, cinq régions des États-Unis ont toutes connu ce qui aurait dû être très rare, voire impossible, une inondation qui se produisait tous les mille ans.

La conjonction d’autant d’événements rares est d’autant plus improbable. Essayez de gagner 5 fois au Loto! Mais la dénomination d’événement millénal est très trompeuse, ils étaient exceptionnels dans l’Histoire humaine jusqu’à récemment. Maintenant, il s’agit d’événements nouveaux, caractérisant l’Anthropocène. Les climatologues les avaient partiellement prévus, à cause de l’augmentation de l’humidité de l’air, mais la présence de gros orages localisés les prend un peu par surprise.

La quantité réelle de précipitations dans la plupart des régions du pays n’a pas beaucoup  augmenté au cours des derniers siècles.  Par contre, les précipitations proviennent d’un petit nombre de tempêtes plus intenses.

Les orages sont très localisés, mais ils inonderont de nombreuses villes dans les années à venir. Nous devons nous préparer à des pluies plus abondantes,  inconnues à l’heure actuelle.

De plus, le reste du monde n’est pas épargné. En Australie, des inondations millénales se sont aussi succédées durant les étés austraux au cours de ces dernières années. Elles ont été provoquées par des rivières atmosphériques et ont déversé d’énormes quantités d’eau.

Cette image de Peter Carter montre la répartition de sécheresses (en rouge) et d’inondations (en bleu). Ensemble, ces désastres ont dévasté une grande partie de la Planète. les événements extrêmes deviennent bien plus fréquents.

Les catastrophes sont causées par des orages très localisés, mais de nombreuses villes seront certainement touchées dans les années à venir. Nous devons nous préparer à des pluies encore plus abondantes,  inconnues à l’heure actuelle.  Les risques d’inondation et des procédures d’évacuation doivent être établis pour toutes les maisons, et pour toutes les routes.

J’au récemment vu un reportage émouvant sur des couples qui restaurent leurs maisons plusieurs mois après de graves inondations. Je ne l’ai pas aimé, je ressentais un vrai malaise à voir ces sinistrés rénover courageusement les mêmes maisons.  J’ai peur que les zones inondables ne subissent des catastrophes à répétition, de plus en plus graves. Malheureusement,  le danger est tel qu’il y reste probablement peu d’endroits sûrs sur la Planète. Les difficultés causées par les inondations et leurs coûts pourraient progressivement paralyser l’économie mondiale.

Il faudrait probablement construire dans toutes les villes du monde un maximum de systèmes d’écoulements, des vrais lits de rivières, qui préviendraient les grandes inondations.

https://www.accuweather.com/en/severe-weather/dallas-flooding-is-5th-1-in-1000-year-flood-event-in-us-since-late-july/1236445

Image de Couverture par Gerd Altmann (geralt) de Pixabay 

La mort et les tentatives de renaissance des forêts allemandes

Les scolytes dévastent les forêts allemandes

Le Science magazine, le plus important journal scientifique, affiche en couverture une forêt morte. Il présente les dommages que les forêts allemandes ont subi du fait du réchauffement climatique. 

En 2018, une tempête a abattu de nombreux arbres, et les sécheresses des trois années suivantes sont permis à des insectes d’infester les épicéas. 

L’enchaînement des périodes sèches a provoqué l’invasion des arbres alentour. Les populations des scolytes ont explosé, et en trois semaines ont achevés d’imposantes épinettes. 

Des milliers exploitations forestières se sont hâtées de couper et de vendre les arbres morts et malades.  Le marché du bois s’est effondré. Plus de 300’000 hectares de forêts allemandes, 2.5% de la surface forestière du pays ont succombé aux scolytes, sur un fond de réchauffement climatique et de sécheresse.  

Foresterie allemande

La foresterie  était une branche économique importante en Allemagne.  Elle générait 170 milliards d’euros par année et employait plus d’un million de personnes. Le bois devrait remplacer des matériaux de construction polluants, tels de béton et l’acier.  Si les exploitations allemandes sont abandonnées,  la demande pourrait se déplacer ailleurs dans le monde. 

L’Allemagne a découvert les pénuries de bois au 18ième siècle et a mis en place une gestion de la foresterie dès cette époque.   Ils ont développé des plantations d’espèces à croissance rapide, dans des rangées bien ordonnées pour une production du bois maximale.  La demande de bois à la fin de la deuxième guerre mondiale a encore accru le nombre de ces exploitations en mono-culture. Pendant des décennies,  cela apparaissait comme un magnifique succès.  Au début du 21ème siècle, les forêts allemandes ont atteint un volume de bois inégalé depuis le Moyen-Age. 

Cependant, cette richesse apparente a été obtenue par des plantations artificielles en monoculture. Les épicéas de Norvège constituent le quart des plantations, et la moitié des récoltes de bois.  Ces espèces aux racines peu profondes poussent naturellement dans des régions froides ou sur les pentes des montagnes.  Elles ont été plantées partout en Tchéquie, Autriche et Allemagne, dans des zones de plaines bien plus chaudes.  Ces forêts abritaient moins de biodiversité, mais tant que les températures étaient assez fraiches, les épinettes poussaient très bien.

Sécheresses

Le réchauffement de ces dernières années a déclenché une réaction en chaine fatale.  La chaleur extrême de l’été et le manque de précipitations ont fait sécher les sols à une profondeur de deux mètres. Lors des sécheresses, les épicéas ne pouvaient plus produire la résine qui les protège des insectes. Ils ont été attaqués par les scolytes qui se nourrissent habituellement d’arbres morts ou malades. Les populations de ces insectes ont explosé, et ont pris d’assaut des forêts entières, les réduisant à des rangées de squelettes gris. 

Les dégâts les plus importants se sont produits en Allemagne, Tchéquie et Autriche.  Les forêts en France, Pologne, Suisse, Slovaquie, et Italie ont aussi été touchées.  Selon le Thünen Institute,  organe allemand de recherche forestière,  300 millions de mètres cubes de bois ont déjà été perdus en Europe.  Angela Merkel a mentionné les “très, très grands dommages aux forêts”, qui ont  touché des milliers de propriétaires forestiers. 

Un important conflit politique et scientifique a suivi cette constatation.  Les scientifiques considèrent que c’est un signal d’alerte,  et que le Futur est très inquiétant.  Le réchauffement climatique est clairement la cause du problème, et les monocultures ne pourront pas y faire face.  Il faut probablement changer les espèces exploitées en foresterie. 

Laisser faire la Nature

Les solutions ne sont pas évidentes. Un scientifique, Peter Wohlleben, suggère de laisser les forêts touchées repousser naturellement.    Selon lui, les forêts naturelles sont toujours meilleures, et il vaut mieux laisser la Nature faire son travail. Je suppose que dans les forêts infestées par les scolytes repousseront surtout les arbres résistants à ces insectes.

Une autre forêt a disparu dans un incendie en 2018.  Les souches mortes ont été éliminées, et des jeunes arbres ont été plantés.  La sécheresse a tué la plupart de ces jeunes plantules, par contre des peupliers ont poussé spontanément.  Leur vigueur indique qu’il n’est pas nécessaire de replanter,  une nouvelle forêt apparaît naturellement. 

Dans une autre parcelle, les forestiers ont laissé les troncs brûlés en place, laissant la forêt se régénérer.  Ils ont aussi planté des parcelles de chênes, qui pourraient mieux résister au changement climatique (bien que plus au Sud de l’Europe, il soient menacés aussi). 

Les forêts qui se régénèrent naturellement semblent plus riches en biodiversité. Elles abritent plus d’espaces de plantes, de champignons et d’insectes que les parcelles nettoyées.  La biodiversité augmente généralement la résistance de l’écosystème.  Dans les forêts qui repoussent naturellement le sol est moins chaud lors des canicules, et le vent plus doux.  La végétation naturelle tempère la forêt. La mousse recouvre le sol, prévient l’érosion et stimule la croissance de champignons souterrains.    Ceux-ci cherchent par exemple l’humidité du sol et permettent aux arbres de mieux résister aux sécheresses. 

Le parc national de Harz a perdu plus de 10’000 hectares d’épicéas.   Les troncs gris sont toujours là, et la forêt se régénère naturellement.  

L’Allemagne va augmenter le nombre de forêts qui se régénèrent naturellement.  Elles  sont bien plus variées et résiliantes qu’une plantation.  Cette diversité d’espèces et de tailles d’arbres crée de nombreuses niches pour les animaux. En sous-bois, les fleurs sauvages fleurissent et les abeilles abondent.   Les myrtilles, les sorbiers, les bouleaux et d’autres petits arbres prospèrent.  Pendant ce temps, les hiboux et les chauves-souris nichent dans les cavités du bois mort.   La repousse naturelle double la richesse biologique.

Elles supporteront surtout mieux les sécheresses futures et les maladies, car elles contiennent des arbres d’espèces et d’age différent. 

 

Choisir les espèces résiliantes au réchauffement

Laisser les forêts à elles-mêmes est un choix difficile. D’autres chercheurs pensent que le climat change si vite que de nombreuses espèces indigènes ne survivront pas sans aide humaine.  Ils voient déjà mourrir des hêtres et des érables, et des pins qu’ils croyaient résistants à la sécheresse.  Des modèles récents indiquent que plus de la moitié des forêts européennes est maintenant vulnérable aux insectes, aux tempêtes, aux feux ou à un enchaînement de ces risques. Henrik Hartmann, du Max Planck Institute, suggère de planter stratégiquement des nouvelles espèces, plus résiliantes. Ils pourraient s’inspirer de l’Arborétum de Wuppertal, où 200 espèces d’arbres du monde entier ont été plantées il y a deux cent ans.  De nombreux arbres originaires d’Amérique du Nord, le cèdre rouge de l’Alaska,  le cèdre à encens, la pruche de l’Ouest vont très bien, même après trois années de sécheresse.   Les forestiers considèrent aussi de planter des mélanges d’espèces de valeur. 

D’autres pensent inclure dans les exploitations des tilleuls ou des châtaigniers. Les arbres d’europe du Sud pourraient déjà être résistants aux maladies que la montée de températures amène en Europe du Nord. Hartmann déconseille de replanter les arbres qui poussaient bien par le passé, et suggère de consulter les modèles climatiques. 

Les risques sont réellement  immenses. Il fera plus plus chaud, les sécheresses sont plus graves.    

Aide de l’Etat

Les nouvelles techniques de foresterie exigent des changement dans les lois et dans les achats des forestiers. Le ministre allemand de l’agriculture a déjà réagi à la mort des forêts par un programme d’aide sans précédent: 1,5 millards d’euros destinés à financer l’élimination des souches mortes et la plantation de nouveaux arbres.  Les bénéficiaires doivent maintenant cultiver un mélange d’espèces.  Des fonds pour la régénération naturelle des forêts ont aussi été créés.

Le nouveau gouvernement allemand projette d’amender les lois fédérales pour augmenter les forêts naturelles, de cesser l’exploitation des vieilles forêts de hêtres appartenant à l’Etat et de promouvoir d’autres solutions conseillées par les spécialistes de l’environnement. 

Toute l’économie du bois devrait s’adapter.  Les scieries sont faites pour les conifères et continuent à les demander. Il est actuellement quasiment impossible de vendre des peupliers et des bouleaux. D’autre part, les feuillus, les chênes ou les bouleaux ont besoin de 140 à 160 ans, alors que les épicéas sont prêts à être exploités en 60 à 80 ans.   Enfin, les modèles climatiques indiquent que les bouleaux , adaptés au froid et à l’humidité, n’ont aucun avenir.  Une exploitation allemande s’est décidé pour du pin Douglas, mais il pourrait aussi souffrir des sécheresses. Les grands pins Douglas perdent des épines, et certains ont été attaqués par les scolytes.

Un sommet appelé Waldsterben 2.0 s’est tenu cette année.  Les scientifiques et les membres du parti Vert allemand se sont prononcées pour une régénération naturelle des forêts.  Le ministère allemand des forêts a tenu son propre sommet, où ils ont annoncé des nouveaux encouragements pour les propriétaires des forêts et un plan pour compenser la capture du carbone par les arbres. 

Certains regrettent la polarisation du débat et demandent une voie moyenne, entre une régénération naturelle des forêts et des plantations informées par modèles climatiques. 

Les forêts suisses sont aussi menacées, même si elles sont bénéficié du printemps pluvieux et frais de cette année. 

Si j’étends la perspective au delà des dix prochaines années,  Je crois qu’il faut aussi considérer le risque que  même les arbres suggérés par les modèles actuels ne supportent pas le changement,  que les modèles le sous-estiment et succombent par exemples aux vagues de chaleur extrêmes. Quand j’ai écrit sur les arbres malades des forêts suisses (lien), je trouvais des modèles climatiques qui prédisaient un danger pour les forêts pour 2100. Or elles sont menacées maintenant. La mort des forêts , comme de nombreux autres événements climatiques a commencé plus vite que prévu. 

 Il faut peut-être exploiter les épicéas matures au plus vite, car ils sont menacés.  Il faudrait donc utiliser le bois immédiatement, alors qu’une pénurie dans une dizaine d’années est possible.   

Lien Science: https://www.science.org/content/article/germany-s-trees-are-dying-fierce-debate-has-broken-out-over-how-respond

L’importance des grands arbres blog: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2020/05/17/la-mort-des-grands-arbres-condamne-les-forets-temperees/

Photo de couverture: Hauts de Montreux, Suisse au printemps 2020. Les épicéas ont apparemment récupéré en 2021. 

 

A quel point les inondations s’aggraveront-elles?

Les pluies intenses et les inondations ont énormément augmenté, partout dans le monde.  Cette semaine, la Colombie-Britannique, au Canada a essuyé des précipitations exceptionnelles. Elles ont déclenché des nombreux glissements de terrain qui ont coupé la ville de Vancouver du reste du Canada. Le ministre local de la sécurité publique a déclaré que ces intempéries étaient indubitablement liées au réchauffement climatique, qui a déjà exposé cette région à une vague de chaleur de 49.6°C cet été.

L’humidité atmosphérique s’accroît de 7% par degré de réchauffement, selon la relation de Clausius-Clapeyron (C-C).  Cependant, le rapport du GIEC relève que les pluies intenses augmentaient plus vite, de 7 à 14% par degré (en tenant compte des valeurs mesurées jusqu’en 2018; IPCC_AR6_WGI_Chapter_11).

Le chercheur Prein a étudié la formation des orages dans le climat présent et futur. Il s’est penché sur les grands orages (MCS) dans le centre des Etats-Unis. Ils sont déjà plus longs,  plus fréquents et plus graves .

Dans le Futur, toutes les régions du monde connaîtront probablement une augmentation de la fréquence de ces grandes tempêtes (lien).  Ces intempéries sont parfois accompagnées de grosse grêle et de tornades.

Les orages seront plus grands, si l’énergie potentielle convective augmente et leur permet de s’étendre.  Ce sera probablement le cas, car la couche limite sera plus chaude, et contiendra plus d’humidité (Prein et al).  L’auteur mentionne que ces résultats recoupent ceux d’études antérieures.

L’intensité des pluies augmentera particulièrement. Les événements horaires de précipitations extrêmes, tels que la pluie intense qui a inondé Lausanne en moins de 30 minutes en 2018,  devraient augmenter considérablement dans presque toutes les régions terrestres d’Amérique du Nord. Des augmentations des fréquences extrêmes allant jusqu’à 400 % sont prévues par cet auteur.

Les pluies très intenses et très rapides doivent être traitées par un aménagement adéquat des villes. Il faut savoir aussi si ces forts orages peuvent être accompagnés de tornades, de grêles, ou de vents très forts.

D’autres études suggèrent que le réchauffement climatique, et que la diminution d’aérosols aussi favoriseront la formation des rivières atmosphériques, porteuses de pluies abondantes (Beak and Lora, Nature Climate Change).

Des pluies très importantes se produisent ces dernières années à plusieurs endroits qui globe. Carbon Brief rapporte qu’en Australie, les pluies intenses ont augmenté trois fois plus vite que l’humidité atmosphérique en 2013 déjà (lien).

D’autre part, des précipitations très intenses semblent s’être produites dans le passé terrestre.  Un article que j’ai trouvé par Futura Sciences semble montrer que lors de la période de réchauffement PETM, la quantité de lithium dans les mers a baissé, ce que les auteurs expliquent par un grand afflux d’argiles dans les océans, une forte érosion et un fort flux de sédiments.  D’immenses pluies ont peut-être provoqué ces écoulements. Elles auraient ensuite permis la réaction du CO2 atmosphérique de réagir avec les roches mises à nu , et la stabilisation du climat (Science Advances; Futura Sciences). D’autres auteurs décrivent d’immenses rivières du passé (Mike Benton), ou d’immenses orages dans des périodes géologiques plus lointaines et plus chaudes (lien).

Excusez-moi de fournir ainsi des éléments épars. Le fait est que les pluies deviennent des déluges, et cette tendance pourrait continuer, les dégâts seraient alors décuplés. Je dois faire une analyse en détail, et proposer une estimation des événements futurs,  futures, mais cela nécessite plus de temps.

Ancien blog Etats-Unis: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2021/05/02/biden-lance-un-plan-pour-lemploi-et-securiser-les-infrastructures-contre-le-rechauffement-le-fera-t-il-bien/

 

Une véritable prévention des risques climatiques implique la divulgation des événements les plus graves

Cet été nous avons vu des événements climatiques inouïs, la vague de chaleur du Canada, de nombreuses inondations et en Europe Centrale, de nombreux forts orages avec grosses grêles et tornades.   J’ai demandé encore une fois à un climatologue si ces catastrophes indiquaient que le réchauffement climatique se produisait plus vite que prévu, et qu’il dépassait les prévisions du GIEC. Ce n’est pas certain. Comme d’autres l’ont dit avant lui,  Il relève que tels événements extrêmes sont présents dans les modèles officiels, mais si j’ai bien compris, ils apparaissent parfois,  leur probabilité est jugée assez faible et ils ne sont donc pas inclus dans l’évolution la plus probable du climat terrestre. Les modèles qui calculent l’évolution du climat sont des versions simplifiées de la réalité, qui incluent la compréhension et la description humaine, arbitraire, de la réalité. Ils varient un peu, les scientifiques sélectionnent les événements les plus vraisemblables. Les conclusions du rapport du GIEC portent sur l’évolution des moyennes de température et les catastrophes prédites de façon fiable par plusieurs modèles. Il présente les événements ‘likely‘, ie probables à plus de 66%,  et donne des moyennes de températures.

Nous devons être conscients qu’en plus des événements présentes dans le rapport du GIEC; il y en aura d’autres. Certaines villes dans le monde seront frappées par des catastrophes exceptionnelles. Sur un million de villes dans le monde et quatre-vingt ans, il y aura de nombreux événements qui sont qualifiés  de  rares ou d’exceptionnels.

Nous avons besoin de connaître ces risques.  Je vis en Suisse, dans une société sûre, où les maisons ne s’effondrent pas, et les bus et les trains n’ont quasiment jamais d’accidents. Tout cela a été obtenu par des règles de sécurité rigoureuses.  Je ne vis pas dans une maison ‘likely to stand’, qui aurait deux chances sur trois de rester debout. Vous imaginez une ville ‘likely to stand’ où moins d’une maison sur trois, disons une maison sur quatre s’effondre?  Les normes de constructions sont bien plus stringentes. La probabilité d’accident de toutes les constructions est surveillée et réduite au minimum, à des fractions infimes de pour-cent. Jusqu’à maintenant.

Je  crois que les architectes et les ingénieurs doivent absolument connaître les risques d’événements extrêmes à probabilité estimée à 1% ou 0,1% et les intégrer dans leurs projets. Par exemple, nous pourrions construire seulement des bâtiments prévus pour résister à pour une période d’ouragans et d’inondations, avec des solutions pour 50°C.

Nous avons besoin d’un outil différent du rapport du GIEC pour la gestion du risque. Nous avons besoin d’un catalogue exhaustif d’événements extrêmes possibles, pas de moyennes de température, mais toutes les vagues de chaleur séparées, et toutes les pluies intenses.

Les climatologues pourraient prendre tous les modèles et faire un catalogue complet de tous les événements extrêmes,  ou de cataclysmes plus graves encore, qui pourraient par exemple causer la mort d’un million de personnes. Ou alors ils pourraient choisir les modèles qui collent le mieux à notre réalité actuelle, qui ont prévu les événements récents, et établir une liste de risques à partir de ceux-là. Certains modèles ont prédit les inondations, par exemple le  climatologue belge Fettweis, a prévu les événements de cet été et leur retour d’ici dix à vingt ans, en réalisant un développement détaillé des prévisions du GIEC. 

Les autorités nationales et l’organisation de préventions de risque de catastrophes de l’ONU (UNDRR) devraient disposer de cette liste de risques pour préparer des plans d’évacuation, ou des aménagements qui nous permettraient d’y faire face. Nous devons connaître les risques, au moins l’éventualité d’une pluie de plus d’un mètre d’eau, ou de plusieurs mètres d’eau, d’une vague de chaleur au dessus de 45 degrés mais peut-être de 55°C, de tornades, d’événements capables de détruire une ville entière.

Les scientifiques sont inquiets car les ordinateurs dont dispose le GIEC ne semblent pas suffisants pour prédire chaque catastrophe. Comme le rapporte BBC News, ils demandent un super centre de calcul, à l’échelle du CERN, pour calculer ces événements individuels (BBC). Mais d’autre part, des cataclysmes plus graves que les événements extrêmes actuels apparaissent déjà parfois dans le modèles existants, et il faut récupérer ces informations.  Enfin, ils pourraient choisir quelques bons modèles réalistes, et établir une liste de dangers possibles à partir de ceux-là.

Ensuite, il faut élaborer des plans pour une vague de chaleur de 50°C ou une grave inondation. Nous serons probablement prévenus par les météorologues deux jours avant. Des constructions adéquates pourraient être prévues et réalisées dès maintenant pour pallier aux événements graves, et des plans d’évacuation d’urgence ou des survie doivent exister pour tous ces événements extrêmes.

Une représentation géographique pourrait aussi montrer toutes les zones exposées aux catastrophes, une carte de la Terre couverte de points noirs qui indiquerait tout de même les zones les plus sûres, et servirait de base à la construction de nouvelles villes dans ces endroits sûrs.

Addendum le 20 septembre: Les modèles calculent parfois des catastrophes qui ne sont pas inclues dans les prévisions consensuelles. Une solution serait de faire la liste de tous les événements potentiels pour une l’année, p.ex 2030, en sachant bien sûr qu’ils sont peu probables mais que leurs  conséquences seraient graves.

Image de couverture par Pete Linforth de Pixabay

Ancien Blog : Climat et constructions

 

Les événements extrêmes annoncent un changement grave du climat

Je suis stupéfaite de voir que le vaccin et le certificat covid remplissent l’espace consacré à l’actualité à la télévision alors qu’en arrière-plan,  en dix secondes, nous voyons  d’immenses feux de forêts dévaster la Grèce et la Turquie, affligées d’une vague de chaleur exceptionnelle. Il y a un mois, le Canada a atteint 49°C.  Il y a deux semaines, les statisticiens livraient leurs conclusions: selon les modèles de réchauffement climatique,  une telle vague de chaleur devrait survenir tous les mille ans. Si elle se produisait plus souvent, les estimations des experts devraient être revues. Or les événements exceptionnels se multiplient cette année.  Ce même été, le proche-Orient, et aujourd’hui la Grèce ont aussi connu des vagues de chaleur exceptionnelles.  Les températures en Alaska  dépassent les trente degrés cette semaine,  elles sont totalement hors norme comme celles de la Sibérie au début de l’été. Des dizaines de tempêtes de grêle ont balayé l’Europe, il y a aussi  des tornades.  Cet été apporte des centaines d’événements climatiques étranges, et visiblement le climat est complètement déstabilisé.  Plusieurs experts mondiaux, tels que Johan Rockström,  évoquent la possibilité qu’il ait passé un seuil au delà duquel la météo sera différente. 

L’évolution du climat pourrait alors être très différente des prévisions du GIEC. Le cycle naturel pourrait être rompu, et les éléments qui modèrent habituellement les températures ne joueraient plus leur rôle.  Le changement s’amplifierait. 

Une accélération est de toute façon prévisible. La banquise arctique se réduit presque chaque année et cette année elle a atteint une surface minimum.   Avant, cette mer était toujours couverte d’une couche de glace d’environ un mètre, âgée de plusieurs années. Maintenant, elle est plus fine, souvent brisée en fragments séparés, et la surface de mer ouverte, bleue, s’agrandit régulièrement.

A mesure que la surface de  la glace diminue, la Planète se réchauffe de plus en plus vite. De plus,  le permafrost Arctique fond et commence à émettre du méthane qui amplifiera encore l’effet de serre dans le futur.

Les forêts brûlent partout sur la Planète et perdent leur rôle de puits de carbone.

Il est bien possible que le réchauffement soit déjà plus rapide que prévu, ce qui nous vaut les inondations et les vagues de chaleur de cette année, et qu’il soit sur le point d’accélérer encore. 

Aujourd’hui, les prévisions d’évolution du climat officielles sont basées sur le dernier rapport du GIEC, et les schémas de réduction s’en inspirent. Mais les événements météorologiques de cet été indiquent que le changement pourrait être plus rapide ou plus grave.  Je ne sais pas si les experts livreront des nouvelles prévisions après cet été apocalyptique, s’ils comprennent maintenant bien l’évolution du climat. Il faudra peut-être un peu plus de temps, des nouveaux modèles basés sur la réalité dont la mise au point pourrait prendre quelques années.   Quelques scientifiques ont émis depuis longtemps des théories différentes sur le déroulement du réchauffement, et craignent une évolution très négative, un réchauffement abrupt et dévastateur. Ils étaient parfois taxés d’alarmistes mais les événements récents semblent leur donner raison. 

D’ici dix ans,  ou même à la prochaine année el Nino dans deux ou dans trois ans, nous aurons probablement d’immenses  inondations, des vagues de chaleur mortelles, des grêles géantes, enfin que sais-je… des événements graves qui mettront notre société en danger. 

Nous devons tout faire pour l’éviter. Ce sera difficile, une aggravation est inévitable, mais nous pouvons peut-être sauver les villes dans lesquelles nous vivons et une partie de nos écosystèmes.  Nous ne pouvons exclure qu’au cours de ces prochaines années, une vague de chaleur dépassant les 45°C touche la Suisse, que la forêt proche de ma maison prenne feu,  et que nous ayons à faire face à ce grave danger, comme les Grecs et les Turcs aujourd’hui.  C’est arrivé début juillet au Canada. Nous sommes déjà en danger, l’ère des catastrophes a commencé. Aujourd’hui, nous le savons. 

Nous entrons dans une course à la vie ou à la mort.  Il y a aura de nombreux dommages. Nous avons besoin de nouvelles prévisions basées sur les événements récents. Elles nous permettraient d’estimer ce qui pourra être sauvé et ce qui doit être évacué.

Article du Temps: Climat, l’été de tous les extrêmes

Addendum: Les scientifiques ont ensuite déclaré que les événements de 2021 étaient possibles si le réchauffement suit les modèles  du GIEC, les prévisions d’événements extrêmes doivent être améliorées https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2021/09/19/une-veritable-prevention-des-risques-climatiques-implique-la-divulgation-des-evenements-les-plus-graves/