Howey Ou: pour le climat et pour le Mormont

 

 

J’ai rencontré Howey Ou à Lausanne. Cette jeune femme chinoise a initié le mouvement de la Grève pour le climat en Chine( Twitter, Wikipedia).

Howey Ou est venue en Suisse et s’est jointe au défenseurs de la colline du Mormont. Arrêtée lors de l’évacuation de la ZAD, elle a été détenue 34 heures dans un commissariat suisse et été condamnée à 2 mois de prison. Elle a entamé une grève de la faim car elle estime que les défenseurs de l’environnement ne devraient pas être poursuivis. C’est une idée intéressante, un principe important. Ils luttent pour sauvegarder nos conditions de vie sur Terre, et évitent des morts et des catastrophes dans le Futur. Ils considèrent donc que leur action est justifiée. 

Hier, Howey Ou en était à son 9ième jour de grève de la faim, avec Robin, un jeune français. Apparemment la cimenterie  Holcim a retiré sa plainte.

Article du Temps: Howey Ou 

Je me penche en particulier sur les catastrophes climatiques en Chine et sur les risques futurs:

La ville natale de Howey Ou,  Guilin, a subi des inondations l’année passée. Selon elle, la population s’entraidait et se portait secours en bateau. L’armée est aussi intervenue pour les aider. Les logements ont été dégradés, les meubles emportés par les eaux, une couche de boue couvrait les rues  et les habitants n’ont pas reçu de compensation pour remplacer les pertes.

Son action en Chine semble terriblement justifiée et urgente. Ce pays est touché par des nombreuses catastrophes. Le réchauffement climatique en est la cause, et une aggravation est prévue, mais le public chinois n’est pas suffisamment informée à ce sujet.

Le rapport du GIEC 2014 prévoit une augmentation des inondations en Chine, des inondations fluviales, côtières et urbaines qui causeront des dommages étendus, un risque accru de mortalité lors de vagues de chaleur et de sécheresses.

Dans les montagnes chinoises, en Himalaya,  les inondations pourraient tripler à cause de la fonte des glaciers (article ) . 

L’été 2020, la Chine a été touché par d’immenses inondations qui ont provoqué l’évacuation de 2 millions de personnes (blog). Les pluies record ont été provoquées par la température élevée de la surface des océans, et le réchauffement pourrait aggraver ce phénomène (lien).  Le changement climatique accroît la mousson et la rend plus chaotique (lien).

La vallée du Yangtze est très menacée.  Le barrage des Trois -Gorges était au maximum de ses capacités l’été passé, et pourrait se rompre et inonder la vallée et les villes adjacentes. 

Les métropoles de Guangzhou, Dongguan, Shenzen et Zanhjiang subiront des dégâts considérables à cause de la montée du niveau de la mer (Banque Mondiale; Will Nichols, Verisk Maplecroft). Ces prévisions et les dégâts résultants pourraient être recalculées à la hausse si la fonte des glaces du Groenland et de l’Antarctique s’accélère.

Plusieurs métropoles chinoises ont aussi des graves problèmes de pollution de l’eau, ou courant un risque de pénurie d’eau.

Il y a deux semaines, la Chine a été touchée par des vents très forts et des tornades, à Wuhan et près de Shanghai. Il y a une semaine, plusieurs sportifs ont péri lors d’un marathon en montagne, pris dans une fort orage imprévu. Ce pays pourrait subir une aggravation  imprévue des tempêtes et d’événements météo (blog Wuhan).

Une centaine de rivières et fleuves chinois a déjà atteint le niveau d’alerte, et la Chine s’attend à des inondations majeures en été 2021, comme l’année passée.

Le ciment est une des causes importantes d’émissions de CO2 (Prof Schellnhuber, PIK), et nous ne pouvons plus nous permettre d’augmenter celles-ci.   Il faut réduire fortement la production de ciment.

Aujourd’hui, Howey Ou entame probablement son dixième jour de grève de la faim à Lausanne.  J’espère qu’elle va toujours bien.

Je voterai OUI à la loi CO2

Je voterai ‘oui’ à la loi sur le CO2 selon les recommandations des Verts. Le consensus que représente cette loi permet d’aller de l’avant et de mettre des mesures en place.

La loi inclut une diminution des émissions de carbone de la Suisse de 50% en 2030.  Elles seront réalisées à env. 37.5% en Suisse, et à 12,5% à l’étranger. L’Alliance Climatique, la Grève pour l’Avenir et Extinction Rebellion demandent des réductions plus importantes, mais l’Alliance Climatique recommande de citer la loi.

Selon les scénarios de l’UNEP (infographie https://www.unep.org/interactive/emissions-gap-report/2019/report_fr.php), cette réduction d’émissions nous donne 50% de chances de rester en dessous d’1,5°C de réchauffement.

Ce seuil de sécurité a été choisi car il limite le risque d’un emballement du réchauffement climatique, qui au-delà pourrait s’auto-alimenter. Par exemple si les conditions climatiques deviennent impossibles pour les forêts, d’immenses feux dégageront plus de CO2, et provoqueront plus de réchauffement. Le rapport du GIEC 1,5°C explique que si nous dépassons ce seuil, nous vivrons des vagues de chaleur plus fortes, des inondations plus répandues et plus graves, ainsi que d’autres catastrophes.

L’UNEP a demandé une réduction d’émissions de 7,6% par année dès 2020, et ajoute que si nous tardons et nous commençons en 2025, la réduction devra être de 15% pour arriver au même objectif en 2030. Il vaut mieux voter la loi et mettre en place des réductions progressives aussi vite que possible.

Je ne suis pas convaincue que cela suffise. En général, les règles de sécurité sont fixées à plus de 50% de chances du côté de la sûreté, elles sont plutôt vers 99,9%.  Par ailleurs, de toute part, des scientifiques alertent sur divers points du système qui semblent déjà très touchés par le réchauffement : La glace Arctique se réduit, les glaciers fondent plus vite que prévu, les forêts ne poussent plus comme avant, certains arbres meurent, des grands feux de forêts se produisent, par exemple en Australie en 2020, et le permafrost Arctique dégèle plus vite que prévu.

Ces événements sont considérés dans le rapport du GIEC comme des événements un peu aléatoires, difficilement prévisibles, qui pourraient énormement influer sur le cours du réchauffement climatique. Ils ne sont pas vraiment inclus dans les prévisions. Il est possible, selon moi souhaitable qu’un prochain rapport du GIEC inclue la vitesse de fonte du permafrost et ses émissions de gaz à effet de serre dans leurs prévisions de réchauffement. Les trajectoires d’émissions conseillées au niveau mondial pourraient alors changer, et il vaudrait mieux s’y adapter.

Je crois que  les organisations qui demandent une loi plus forte ont de très bonnes raisons, nous serions ainsi plus en sécurité.  Mais est-il possible d’obtenir plus?

Cet été, ou dans an ou deux, des catastrophes climatiques inouïes, pourraient se produire en Suisse, nous pourrions voir des morts de chaleur, dans des inondations, dans des tempêtes. Alors le public prendrait peur, une peur viscérale et l’opinion publique exigerait des mesures fortes suffisantes pour assurer sa sécurité.  Un aggravation du réchauffement est prévue.  Je ne sais pas, alors s’il est bon d’attendre des événements tragiques qui feraient vraiment prendre conscience au public que le climat est une question de vie ou de mort, et lui feraient accepter une loi plus forte.  En tout cas, plus vite nous mettrons la loi en place, mieux nous maîtriserons le climat. Et bien sûr les mêmes réflexions et les mêmes efforts sont déployés actuellement dans des nombreux pays.  Des solutions complémentaires seront peut-être disponibles ces prochaines années, il faudra alors les ajouter à la loi. J’aimerais bien sûr aussi limiter la publicité et toute incitation à la vente et à l’achat d’objets polluants, obtenir une réduction du temps de travail, limiter les produits animaux et récréer d’immenses forêts.

Image par Gerd Altmann de Pixabay

 

 

Nous pouvons influer sur notre avenir climatique

A la veille de la Grève pour l’Avenir, je réfléchis aux avantages de la lutte pour le climat pour les travailleurs.

Ces réflexions et ces analyses ont sûrement déjà été faites par divers spécialistes de gauche qui ont abouti à la conclusion qu’il faut tenter de  sauver le climat. L’économiste Nicholas Stern, pour sa part, a calculé il y a plusieurs années qu’il serait moins cher de prévenir les catastrophes climatiques. Personnellement, j’essaie surtout de me tenir à jour des événements climatiques, et je rejoins absolument cette idée, car leurs dangers me sautent aux yeux. Les inondations, les vagues de chaleur, et les tempêtes s’aggravent très vite.

Si nous ne faisons rien, si nous poursuivons la croissance rapide, des catastrophes climatiques s’abattront sur de nombreux pays, dont le nôtre. Des chaînes de production et de consommation seront interrompues, des transports perturbés, des entrepôts détruits, et des récoltes perdues.

Nous devrions de plus en plus souvent reconstruire les routes et les bâtiments endommagés par des intempéries, et finalement la vitesse de destruction rendrait les réparations impossibles. Dans ce monde en crise, les assurances et les aides de l’Etat seraient cruciales. 

De nombreux pays seraient progressivement paralysés par les catastrophes. La Suisse n’est pas la plus exposée, nos bâtiments sont assez solides, d’autres courent des risques plus graves ou plus proches.

Je crains qu’une aggravation du climat ces prochaines années ne soit inévitable. Je en vois pas très bien comment notre richesse matérielle pourrait augmenter dans ces conditions. Au niveau du pays, nous devons diminuer la consommation des énergies fossiles, certains biens de consommations, et stabiliser la surface des bâtiments. 

Les destructions climatiques pourraient engendrer des faillites en chaîne. Un rapport récent du fonds monétaire international estime que  la valorisation des actions des entreprises ne tient pas compte du risque climatique. On pourrait en fait les comparer à la maison de paille du petit cochon. Demain, elles pourraient s’effondrer suite à un événement climatique, inondation de l’usine, destruction du stock, non-approvisionnement, interruption pour cause de catastrophe. Un seul ouragan, Michael, a provoqué la fermeture de certaines usines suite à la rupture de la chaîne d’approvisionnement. Lors de la crise Covid, l’activité de nombreuses entreprises a aussi été interrompue, faute de livraisons de Chine.

L’UNDRR, l’agence onusienne de prévention de catastrophes, s’interroge actuellement si la production locale serait plus à l’abri d’aléas climatiques

 https://www.preventionweb.net/news/view/72361. L’économiste cité ne recommande pas une fabrication locale, qui semble pourtant une bonne idée pour l’Europe. Des stratégies pour la résilience de la production existent et seront sûrement utiles.

Et peut-être qu’un jour, les usines disparaitront et nous imprimerons les objets à la maison grâce à notre imprimante 3D et au recyclage du plastique.

Accidents de travail

Tout d’abord, la pénibilité du travail et les accidents de travail augmenteront. Des travailleurs seront emportés par des coups de chaleur, des glissements de terrain, des inondations, tomberont d’un échaufaudage ou seront percutés par un objet porté par le vent, par la grêle, au cours d’un transport, d’un travail extérieur, d’un travail à risque. Il y a déjà eu quelques cas avérés de décès de travailleurs du bâtiment de chaleur. Dans le delta du Mékong les agriculteurs travaillaient de nuit à la lampe frontale l’été passé, et lors de récentes intempéries en Chine, le vent  a causé la mort de laveurs de vitres d’un immeuble. Les échaufaudages de construction sont particulièrement exposés, et les coups de chaleur sont souvent peu prévisibles.

Faillites et chômage

La crise climatique devrait provoquer des inondations et des tempêtes de plus en plus fréquentes, qui interrompraient l’activité économique et le transport, de plus en plus souvent,  de façon de plus en plus généralisée. 

Quel serait l’effet d’une interruption de l’économie mondiale sur la Suisse ? Récemment j’ai decouvert que même le savon était fait en Chine. En 2020, près de deux millions de chinois ont été évacués pour cause d’énormes inondations, et le même nombre de personnes a été employé dans les sauvetages et l’aide d’urgence. Cela s’aggravera probablement. Chaque vis de ce pays semble fabriquée en Asie, et une faillite mondiale, ou des catastrophes dévastatrices, nous priverait de chacun de ces produits. Nous ne disposerions plus d’objets bon marché provenant d’ailleurs, ni d’aliments pour le bétail, ni d’aliments étrangers, et les banques seraient probablement très fragilisées. Il faudrait éventuellement envisager de tout fabriquer sur place comme avant.

La destruction de notre civilisation pourrait continuer par des faillites et un chômage massif, si assurance chômage il y a. Lors de la crise Covid, l’état chinois a géré les entreprises et l’approvisionnement alimentaire. Il en a transformé certaines immédiatement en usines de produits médicaux. De nombreux américains ont perdu leur emploi du jour au lendemain, 17 millions de travailleurs en un mois ont perdu tout revenu. Donald Trump leur a envoyé un chèque de survie.  Deux millions sont encore en retard avec le paiement de leur loyer.  Dans certains pays du tiers monde, les travailleurs n’avaient plus aucun salaire et ont vécu la famine. La Suisse a sauvé les entreprises mais le chômage a augmenté, certains pays ont versé un revenu minimum, ou suspendu le paiement de loyers.

No jobs on a dead Planet

Et finalement, ‘there are no jobs on a dead Planet’, il n’y a pas de travail sur une Planète morte.. Nos vies mêmes sont en danger. Nous ne savons pas exactement comment le climat va évoluer, si un réchauffement croissant provoquera la mort des forêts, des vagues de chaleur mortelles ou des tempêtes furieuses. Certains scientifiques ont estimé qu’un réchauffement climatique de 4°C signifiait la fin de notre civilisation, la fin de notre système alimentaire, et qu’il provoquerait une mortalité très importante, de faim, sur toute la Terre. Ils n’ont peut-être pas prévu toutes les surprises métérologiques qui pourraient être aussi très destructrices.

Solutions

Pour éviter ces drames, pour garder des emplois et un niveau de vie comparable à l’actuel, nous devons viser à une réduction d’émissions de carbone du pays, de nos biens produits à l’étranger et du monde entier.

La plus importante contribution de la Suisse au changement climatique pourrait provenir d’une régulation des transactions financières qui passent par ce pays, par une élimination des investissements polluants.

Nous pourrions demander une réduction du temps de travail sans réduction de salaire, car notre travail est si polluant qu’il génère des coûts de mitigation du réchauffement climatique. Un revenu de base qui éliminerait les trajets et la construction des lieux de travail serait une bonne solution. J’ai aussi pensé à un revenu de base assorti d’un travail pour la commune à faible pourcentage. Ce n’est pas très utile aujourd’hui, mais dans un monde d’urgence, où il faudra assurer des stocks alimentaires, déblayer les gravats des catastrophes, transformer rapidement des bâtiments pour des besoins d’urgence, cela pourrait être bienvenu.

Dans cette perspective de réduction de temps de travail,  j’essaie de demander des fêtes gratuites, des cours de bien-être et de sports gratuits, des spectacles, des places de jeux, des parcs, des bus d’excursions nature partant de tous les quartiers, des potagers. A revenu égal, notre qualité de vie pourrait beaucoup s’améliorer.  Nous pourrions obtenir des objets durables, de meilleure qualité. 

Il serait mieux que l’Etat ait une certaine marge de manoeuvre pour organiser les urgences, tant financière que décisionnelle. Surtout, il me semble que les citoyens les plus pauvres ont tout intérêt à avoir un gouvernement de gauche, honnête, informé et sage, qui prenne soin de la population de manière égalitaire lors des situations d’urgence, qui assure des distributions alimentaires, des gels de loyer, des confiscations pour fournir les biens de première nécessité en cas de crise, et surtout qui anticipe les problèmes pour sauvegarder une certaine qualité de vie.

La situation inverse serait une inflation énorme, le prix des aliments monterait en flèche, les plus riches veilleraient à la sécurité de leurs logements où ils se feraient livrer leurs aliments, et les plus pauvres, sans travail, affamés, verraient leurs logements détruits par les catastrophes.

Le climat est extrêmement grave. Il faut maîtriser la situation au plus vite.

 

Wuhan en Chine paralysé par des tempêtes et par une tornade

La ville de Wuhan, foyer officiel de l’épidémie de coronavirus, touchée par une immense inondation l’été passé, a subi des fortes intempéries.

Reuters: Deux tornades ont ravagé la ville centrale de Wuhan et une ville de la province orientale du Jiangsu, tuant au moins 12 personnes et en blessant des centaines en détruisant des maisons et des biens, a annoncé samedi l’agence de presse officielle Xinhua.

Huit personnes auraient été tuées à Wuhan, dans la province du Hubei, avec 280 blessées après la tornade de vendredi qui a ravagé le district de Caidian à 20h39, heure locale, a indiqué l’agence.

La tornade a renversé 27 maisons et endommagé 130 autres, ainsi que deux grues à tour et des rangées après rangées de hangars sur les chantiers de construction, a-t-il ajouté.

«J’ai grandi à Wuhan et je n’ai jamais rien vu de tel», a déclaré un habitant de la ville sur l’application chinoise Weibo. “Il y a eu tellement de météo extrême récemment.”

Une autre tornade a frappé la ville de Shengze, dans la région de Suzhou, dans la province du Jiangsu, sujette aux tornades, tuant quatre personnes et en blessant 149, a déclaré Xinhua.

Les responsables des incendies ont déclaré que les vents avaient endommagé les installations électriques et renversé plusieurs bâtiments de l’usine.

Les tornades frappent souvent le Jiangsu à la fin du printemps et au début de l’été (Reuters traduction google). La ville touchée est à environ 50 km de Shanghai.

Quelques jours auparavant, Le 10 mai la ville de Wuhan a aussi subi une forte tempête, un vent très fort qui a endommagé les bâtiments, une inondation, de la très grosse grêle. Il y a eu au moins deux morts, des personnes qui nettoyaient les vitres d’un immeuble, et de nombreux dommages matériels.

Il était très difficile et risqué de s’aventurer dehors au cours de ces intempéries. La gare s’est transformée en piscine. Des toits en tôle ondulée ont été arrachés, des immeubles, des stands, des voitures détruits.

Les premières minutes de la vidéo ci-dessous résument les intempéries du 10 mai à Wuhan (vidéo informative en chinois,   autre vidéo du 10 mai).

Au mois de mai une tornade a aussi frappé Oman, plusieurs le Canada, et les dernières semaines de nombreuses tornades se sont produites aux Etats-Unis. Elles ont touché les villes d’Atlanta le 3 mai (lien) et la Nouvelle-Orléans mardi passé (lien).

La Suisse subit aussi des intempéries. Elle est un peu protégée des vents, qui sont bien plus destructeurs ailleurs, où intempéries causent des dégâts matériels,  endommagent les entrepôts et perturbent les transports. Une étude de 2017 montrait que la fréquence de tornades augmente aux Etats-Unis (lien). Elles semblaient très fréquentes en 2020, et surviennent lors de forts orages, qui s’aggravent.  L’économie mondiale pourrait être progressivement mise hors service par ce type d’événements.

Commentaire 1: Je crois que maintenant je dois lire l’article ‘Tornado outbreak variability follows Taylor’s power law of fluctuation scaling and increases dramatically with severity‘ et le résumer. Alors, l’article dit que le nombre de tornades par tempête augmente très vite, pour les tornades F1 et F2. Cela suggère que les tornades pourraient se multiplier énormément.  

Commentaire 2: Dans les jours suivants, une autre ville chinoise située à environ 100 km de Wuhan a été touchée par les intempéries et un vent très fort. Le vent a provoqué l’effondrement de bâtiments et de poteaux électriques.  Près de 300 pièces d’appartement ont été détruites, 3837 personnes ont été évacuées de bâtiments endommagés, et 100’000 ont été touchées par les intempéries (lien).

Commentaire 3, le 3 juin: Le 29 mai des vents extrêmement forts, les plus forts que j’ai jamais vu, ont frappé Fujian (vidéo, vers 7 min 50), et le 1 juin une forte tornade a touché Shangzi, Heilongjiang.

 

Biden lance un plan pour l’emploi et sécuriser les infrastructures contre le réchauffement. Le fera-t-il bien?

Biden face à la réalité climatique

Le président américain lance un grand plan pour l’emploi à hauteur de 2,3 billions de dollars. Ces investissements sont destinés au renforcement des infrastructures face au réchauffement. Ils déclarent que « chaque dollar dépensé pour la reconstruction des autoroutes, des aéroports, des systèmes d’eau etc sera utilisé ” prévenir, réduire et résister aux impacts de la crise climatique. “

Le nouveau président américain semble faire face à la réalité. Il serait très intéressant de savoir quelles mesures ont été prévues pour que les infrastructures résistent au changement climatique. Elles doivent être adaptées à l’urgence climatique.

Le changement climatique provoquera probablement des inondations croissantes, des ouragans plus forts  des glissements de terrain, des vagues de chaleur, des feux de forêt et la montée du niveau de la mer (GIEC).

Des vents plus forts, et des grands orages, s’étendant sur plusieurs pays semblent aussi se produire depuis quelques années. Ils pourraient apporter des grosses grêles, de tornades et des foudres très nombreuses ou intenses.

Inondations

De nombreux dégâts se produisent déjà: Le nombre et la gravité des inondations augmentent. Elles inondent les sous-sols, détruisent les possessions dans les appartements et les stocks dans les entrepôts. Ce danger est très répandu, un rapport américain estimait que la moitié des bâtiments des Etats -Unis sont en danger d’inondation.  La petite catastrophe de Lausanne de 2018, a déjà causé des dommages coûteux dans de nombreux sous-sols. En 2020, la Chine a été touchée par d’immenses inondations, qui ont couvert des villes entières.  Elles sapent et emportent des bâtiments entiers. Plus d’un million de personnes ont été évacuées, et un nombre comparable a été employé dans l’aide aux victimes.  Le danger d’inondation a été relativement bien annoncé par le GIEC, même si les précipitations sont parfois plus intenses que prévu. La fonte de la glace Arctique et le dérèglement du courant-jet pourraient créer des perturbations atmosphériques supplémentaires, et amener des fortes précipitations dans l’hémisphère Nord. 

Glissements de terrain

Des glissements de terrain inhabituels se produisent suite au dégel du permafrost boréal et de montagne. Les chutes de pierre dans le Massif du Mont-Blanc se sont surtout produit depuis 1990, et augmentent ces dernières années, dues au réchauffement (Lien preventionweb).  Les pluies intenses en provoquent aussi, les feux de forêt déstabilisent les pentes de montagne. D’autres glissements de terrain se produisent en bord de mer à cause de la montée du niveau de la mer  et en bord de rivière en crue, après des fortes pluies. En Californie, le Highway 1 est très vulnérable et a déjà subi des nombreux glissements de terrain (lien) , notamment après une grande tempête

Parfois, les glissements affectent des grandes étendues, quand un éboulement bloque une rivière. Après des pluies intenses en 2019, un tiers de la Colombie avait été coupé du monde par des glissements de terrain sur les routes (lien). 

Des glissements de terrain importants se sont produits récemment en Nouvelle Zélande, au Canada, en Turquie, en Equateur,

au Pérou , en Chine au Séchouan, à Hubei, ou à Chongking. Ils augmenteront probablement de concert avec les précipitations intenses. 

Orages plus importants et destructeurs

Les orages semblent plus grands et plus forts, les nuages s’étendent plus haut , l’humidité atmosphérique augmente, les courants polaires humides se heurtent à de l’air très chaud et pourraient des intempéries plus violentes.

Des grêles avec des projectiles de glace de près de 20 centimètres se sont produits récemment à plusieurs endroits des Etats -Unis (Oklahoma, Texas). Ces dernières années, les grêlons géants  ont tué en 2019 en Chalcidique, Grèce. Ils ont détruit des voitures et percé des toits en Italie, en Australie.  Un article rapportait que les fortes grêles avaient détruits quasiment tous les toits.  Un autre discute les événements de grêle géante en Europe.

Ces orages s’accompagnent parfois de tornades et de foudre. Des records du nombre d’éclairs ont été atteint ces dernières années, des foudres beaucoup plus fortes pourraient aussi se produire (blog, Reuters).  La Suisse est assez exposée à la foudre, et relativement moins au vent. 


Vent


Des vents étrangement forts se sont produits ces dernières années. Les statistiques sur la vitesse du vent semblent difficiles à faire. Cependant, jai l’impression que le nombre d’arbres cassés par les vents s’accroit.

Les jeux olympiques de Corée avaient été perturbés par des vents étonnants (lien).

En 2020, un vent fort a balayé  l’état de l’Iowa et a provoqué des dommages très étendu, a privé d’électricité et coupé du monde de nombreuses villes, qui ont été livrées à elles-mêmes dans une chaleur intense (mon blog). 

Le mois passé, en avril 2021 des vents violents ont ravagé au moins la Russie, le Brésil et la Chine. J’ai remarqué dans les vidéos que les toits des immeubles sont arrachés en entier, s’envolent en plaques immenses de dizaines de mètres. Les  arbres cassent, les tempêtes plient les grues de chantier , de nombreux poteaux sont arrachés, tout objet non fixé s’envole et peut causer des dommages, les trampolines en particulier volent très bien. 

L’article phys.org en lien cite plusieurs chercheurs en génie civil sur ce sujet. Ils confirment que l’infrastructure devra être adaptée à une gamme plus large de conditions climatiques.

Le professeur génie civil Baker de Stanford estime que les agences concernées devraient exiger que les projets d’infrastructure soient conçus en tenant compte des risques futurs liés au changement climatique. Le rétablissement de la norme fédérale de gestion des risques d’inondation de l’ère Obama serait un bon pas dans cette direction. Les entités privées devraient également être tenues d’évaluer et de déclarer leurs risques liés à l’exposition aux impacts du changement climatique – une transparence accrue sur ces risques profiterait à tous les décideurs.

Le professeur Billington de Stanford a déclaré que récemment des liens solides ont été trouvés entre les caractéristiques de conception de l’environnement bâti et les politiques de logement historiques qui peuvent être directement responsables de l’exposition disproportionnée des populations mal desservies aux événements de chaleur actuels. La lutte contre les effets des îlots de chaleur urbains en accordant une attention à la fois aux infrastructures bâties et naturelles dans les villes peut aider à remédier à ces inégalités.

 Une meilleure politique de construction pourrait limiter les vagues de chaleur en ville et dans les appartements. 

Solutions

Personnellement, au vu des événements catastrophiques dont j’ai connaissance et que je tente de porter à la connaissance du public, j’estime que: 

– L’aggravation de tous ces phénomènes, inondations, vents, foudres, tornades, glissements de terrain ainsi que des vagues de chaleur devrait être bien calculée pour chaque degré de réchauffement. 

– Il faut des toits résistants, et peut-être des volets obligatoires pour protéger les fenêtres. Les panneaux publicitaires doivent disparaître, les feux de circulation et les poteaux de l’électricité sont aussi fragiles.  Des arbres cassent aussi, ils devraient parfois être taillés ou remplacés par d’autres espèces.

– Il faut aussi estimer la probabilité que la maison entière s’écroule en cas de glissement de terrain, de violente inondation ou de tornade pour tout bâtiment existant et prévu.  Ces bâtiments ne doivent pas être construits.

– Les bords de mer et les zones proches des embouchures des rivières sont très exposées, et les nouvelles données sur la fonte des glaciers Antarctiques signifient que la montée du niveau de la mer atteindra, lentement et progressivement plusieurs mètres. A d’autres endroits,  les risques d’inondation pourraient être réduits en creusant des grands canaux, des vrais lits de rivières, pour évacuer l’excès de pluie. 

– J’espère qu’ils mettront en place des mesures pour sauver les forêts, essentielles pour le climat et la biodiversité.   Les forêts protègent contre les petits glissements de terrain, et conduisent l’eau de pluie en profondeur.  Il faudrait voir si les pentes de montagne pourraient aussi être drainées ou si les précipitations pourraient être dirigées dans des canaux. 

Si l’estimation des dégâts climatiques futurs à l‘infrastructure est faite correctement, elle sera énorme, tous les bâtiments sont à risque. Il faut peut-être sécuriser surtout l’infrastructure essentielle, créer des abris et transformer les hôpitaux en bunkers amphibies.

Et si on prend en compte tous les coûts, il deviendra clair qu’il sera moins cher, de réduire fortement les activités économiques que de transformer les centres commerciaux en bunker d’autant plus que nous vivrions en bouleversement climatique perpétuel.  De plus, il existe de sérieux risques d’aggravation rapide du changement climatique,  par exemple quand les températures battront des nouveaux records lors de la prochaine année El Nino. 

 

 

La géo-ingénierie, la couleur de la lumière et la croissance des plantes

OBSCURCIR LE SOLEIL

Les climatologues savent depuis longtemps que les éruptions volcaniques provoquent un certain refroidissement de l’atmosphère, ou en tout cas un ralentissement du réchauffement. Les cendres volcaniques en suspension réfléchissent une partie des rayons du soleil avant qu’ils n’atteignent la Terre.  L’éruption actuelle du volcan de la Souffrière pourrait d’ailleurs provoquer une baisse ou une stabilisation des températures cette année, ce serait une bonne nouvelle.

Les scientifiques ont donc eu l’idée de reproduire cet effet en dispersant des petites particules dans l’atmosphère pour filtrer la lumière du soleil. Cette technique de géo-ingénierie s’appelle en anglais SRM (solar radiation management).

Les scientifiques américains appellent à l’étude de cette technologie (lien Nature). Après des tests préliminaires, elle a été délaissée par crainte de conséquences sur le climat et du laxisme au niveau des émissions. Pour le moment, des études tentent de mieux définir les aérosols déjà présents dans l’atmosphère.  L’Université d’Harvard avait prévu de lancer des essais SCoPEx de dispersion de particules mais ceux-ci ont été bloqués par les Samis suédois la semaine passée (lien Reuters), car la réduction des émissions de carbone leur paraît une bien meilleure solution.

Nuage de cendres d’une éruption volcanique naturelle

Je relaye ici un article qui est un appel pressant aux écologistes d’évaluer les conséquences de cette technologie avant de l’utiliser. Selon les auteurs, elle pourrait avoir plusieurs conséquences imprévues sur le climat et sur les écosystèmes terrestres (article).

Les aérosols dispersés dans l’atmosphère diminueraient la quantité de lumière solaire qui atteint la Terre, et par là la température de l’air, sans diminuer le CO2 atmosphérique, la température ni l’acidification des océans.  Les ‘effets secondaires’ pourraient inclure une augmentation ou plutôt la destruction de la couche d’ozone, des sécheresses, et la perte de la mousson asiatique. Cela dit, il me semble que cette dernière s’accroît très vite et cause des inondations de plus en plus graves, ce qui est aussi un problème (lien).  L’intervention pourrait provoquer aussi une déposition de sulfate et changer le spectre de la lumière atteignant la terre.

Un risque inhérent à cette géo-ingénierie est qu’elle devrait continuer tant que la concentration de CO2 ne redescendra pas, un arrêt qui pourrait subvenir lors d’une guerre, une défaillance, ou encore la destruction du centre d’émission provoquerait un saut de température avec des conséquences météorologiques à côté desquelles les intempéries actuelles seraient des bébés.

Si l’intervention est appliquée tôt, elle pourrait être beaucoup plus modérée. Par contre, si plus tard nous devons rapidement faire descendre la température de deux ou trois degrés, la dose d’aérosols serait beaucoup plus massive et ses conséquences pourraient être plus graves.

L’article appelle les écologistes à étudier ses conséquences éventuelles d’urgence. Il existe bien sûr d’autres solutions, la réduction d’émissions, la capture du carbone par des méthodes naturelles ou artificielles, ou encore la reconstitution artificielle de la glace Arctique, ou la fertilisation des océans.

Lien sur l’article et sur le communiqué

Jeunes plantules dont le développement (direction, hauteur, branches, feuilles), dépendra de la lumière

Une feuille à l’ombre d’une autre plante reçoit une lumière filtrée (et le sait).

PLANTES ET ALGUES MARINES

Les plantes utilisent l’énergie du soleil pour fixer le carbone de l’atmosphère.  Elles en sont totalement dépendantes et se sont développées en fonction de la lumière solaire. De nombreux récepteurs à des longueurs d’onde spécifiques influencent leur développement. Chaque étape de sa vie, la germination, l’élongation, la croissance, la formation de bourgeons, la croissance des feuilles, la capture du carbone, la floraison dépendent d’un dosage précis de lumière à différentes longueur d’ondes.

La petite plantule décode le spectre de la lumière. Sa composition provoquera une croissance accrue vers le haut, ou la formation des branches, ou l’agrandissement des feuilles, ou déclenchera la floraison (Huché-Thellier,  Leduc, schéma).

La photosynthèse, qui aboutit à la fixation de carbone et à la formation de biomasse, est une réaction chimique alimentée par la lumière. Elle en dépend absolument. Les pigments chlorophylles impliqués, absorbent surtout la lumière rouge (autour de 650 nm) et bleue (env 450 nm).

Les végétaux disposent de nombreux photorécepteurs qui réagissent à la lumière allant de l’UVB au rouge lointain, un spectre plus large que la vision humaine.  Il s’agit de protéines qui reconnaissent un stimulus spécifique et transmettent le signal de sa présence dans la plante. Ils détectent des longueurs d’onde comprises 280 et 780 nm. Ils se trouvent partout dans la plante, il y en a même dans les racines. Ils permettent de réagir à des changements du spectre lumineux, de la direction et de la photopériode.

Les UVB sont généralement nocifs pour les plantes comme pour les humains, et dans certains cas freinent la croissance des végétaux qui investissent leur énergie dans la production de composés de protection anti-UV.  Les plantes qui ont poussé dans un appartement sont très sensibles aux UVs, mais quand elles détectent les UVs à l’extérieur,  elles s’y acclimatent et deviennent plus résistantes.

Les UVA et la lumière bleue sont importants pour la croissance des plantes, pour la photomorphogenèse, et pour l’ouverture des stomates. Ces petites ouvertures à la surface des feuilles permettent au CO2 d’entrer dans la plante, donc la fixation du carbone ainsi que les échanges gazeux en général.

Une molécule spécifique, le phytochrome, reconnait la lumière filtrée par les feuilles des autres plantes, à 730 nm. Elle permet à la plante de savoir si elle est à l’ombre d’autres végétaux ou en plein soleil. Lorsque la lumière qui arrive est tamisée par des feuilles vertes, le récepteur est inactivé, ce qui favorise la croissance rapide d’une plante étiolée vers le haut. Elle investit alors toute son énergie pour pousser  et pour se faire une place au soleil. Quand elle parvient en pleine lumière, le récepteur réagit aux rayons rouges, et la plante forme alors plus de feuilles et s’étale en largeur.

Les océans sont habités par des algues vertes, mais aussi bleues et rouges, déférentes des plantes terrestres. Elles possèdent aussi plusieurs photorécepteurs qui orientent leur développement selon le spectre de la lumière. Pendant la plus grande partie de l’histoire de la terre, la photosynthèse, la fixation de carbone et la libération d’oxygène ont été faites par les algues bleues (les cyanobactéries). Les algues rouges, plus évoluées, se sont répandues au Jurassique. Leur succès pourrait être dû aux périodes d’anoxie des océans. Le phytoplancton a des nombreux pigments qui lui permettent d’absorber la lumière sur une grande partie du spectre visible (revue). 

Bref, un changement du spectre de la lumière pourrait avoir des effets variés, différents selon les latitudes et les espèces de végétaux photosynthétiques. Par exemple, une expérience artistique aux Pays-Bas illumine les plantes la nuit avec de la lumière rouge, bleue, ce qui les fait pousser plus vite et avec des UVs bien dosés qui activent leurs défenses contre les maladies, et permettent une réduction des pesticides (vidéo, page internet).

 

L’effet d’un changement du spectre de la lumière solaire devrait être testé pour toute la vie d’une plante, la germination, la croissance, la floraison et la formation de graines fertiles. Il n’y aura peut-être pas d’effets négatifs. Par exemple, l’éruption du Pinatubo qui a réduit la lumière du soleil a apparemment provoqué une croissance accrue d’environ un quart d’une forêt en Afrique du Nord, elle semble donc avoir eu des effets positifs sur cette forêt, même s’il faudrait vérifier les effets sur une période plus longue.

Le professeur Fankhauser de l’Université de Lausanne, spécialiste des photorécepteurs, m’a fourni une partie de ces renseignements. Je lui ai demandé quelles seraient les conséquences pour les végétaux de la destruction de la couche d’ozone ou d’un changement du spectre de la lumière. Selon lui, la destruction de la couche d’ozone serait catastrophique, car les UVs diminuent la productivité des plantes.

Quant au changement du spectre de la lumière, il estime qu’il pourrait aussi créer des problèmes, car les plantes utilisent une information qui est un équilibre entre les différentes longueurs d’onde, la plante mesure le rapport entre les différents rayons pour orienter son développement.

Les nuages réduisent toutes les longueurs d’onde, et la nature s’est adaptée au spectre existant depuis des millions d’années. Il considère qu’il vaudrait mieux ne pas filtrer une longueur d’onde spécifique,  pour éviter de perturber l’écosystème.

Image de couverture Gerd Altmann

Addendum le 21 avril 2021: Une publication estime qu’une grande éruption volcanique, env. 50x le Pinatubo, libérerait des halogènes qui toucheraient rapidement la couche d’ozone, les UV augmenteraient de 60%, surtout dans la région de l’Antarctique. L’actuelle réduction de la couche d’ozone de 16% réduit la productivité du phytoplancton de 5%, et un peu plus la quantité de poisson. Des dégâts plus graves à la couche d’ozone diminueraient davantage la productivité des plantes, de l’agriculture, du phytoplancton, et donc la capture du carbone par les végétaux.

Une expérience a exposé des arbres, des pins aux UVs comparables à ceux provoqués par les immenses explosions volcaniques du permien. Les pins sont devenus tous devenus stériles, ils n’ont pas pu donner de prochaine génération d’arbres.

L’extinction humaine est-elle proche? L’apocalypse selon Guy McPherson

Guy McPherson est un ancien professeur d’université d’écologie. Il a quitté le monde de la recherche universitaire, et la vie dans la société américaine pour exploiter, conformément à ses valeurs,  une ferme écologique, changement  qu’il a décrit dans un livre, ‘Walk away from the Empire‘ et dans son blog.  Le livre ‘Going dark’ expose ses inquiétudes pour la Planète. Aujourd’hui, il expérimente personnellement un mode de vie écologique. Il élève des chèvres et  cultive son jardin.

Ses recherches l’ont mené à prendre très au sérieux la vitesse à laquelle les espèces vivantes disparaissent aujourd’hui et le changement climatique. Dans une publication récente, qu’il présente dans cette vidéo, il déclare que l’espèce humaine risque l’extinction à court terme. Il cite plusieurs changements inquiétants qui surviennent actuellement sur la Terre, et qui constituent des graves risques pour l’Humanité. Je le trouve un peu réducteur à clamer constamment ‘la fin est proche’- Michael Mann, un climatologue, dont le travail récent suggère que les températures se stabiliseraient si nous diminuons les émissions,  a même dit récemment que Guy McPherson devait être payé par les industries fossiles pour saper l’action climatique, ce qui est certainement aussi exagéré. Guy McPherson fait allusion à des faits et des risques réels de son point de vue d’écologiste.

Selon lui, les conditions de vie nécessaires pour l’humain pourraient être détruites sur Terre, l’Humanité pourrait disparaître, comme l’immense majorité d’espèces s’est éteinte au cours de notre passé géologique. Il remarque que la plupart des vertébrés terrestres disparait à vue d’oeil, alors il pourrait en être de même pour l’Homme.  D’autres écologistes s’alarment aussi du rythme effréné de disparition d’espèces sur Terre, (Paul Ehrlich par exemple, lien), et estiment qu’elle signale un bouleversement majeur du système Terre et y voient un immense danger.

J’objecte que pour le moment, nous annexons tous les écosystèmes sauvages pour produire des aliments pour les humains. Mais il est vrai nous ne le faisons pas intelligemment ni de manière durable.

Méthane dans la mer Arctique et dans le permafrost

GuyMcPherson cite par exemple le méthane dans la mer Arctique ou dans le permafrost terrestre que le réchauffement pourrait libérer, et le gaz émis démultiplierait le réchauffement climatique, avec des très dangereux bouleversements météorologiques.  Cet événement hypothétique est généralement considéré comme possible pour le 22ième siècle, certains craignent une augmentation du réchauffement par le méthane vers 2050 déjà. D’autres, comme Peter Wadhams, pensent qu’elle pourrait se produire à tout moment. Le permafrost semble dégeler plus vite que prévu, les émissions de méthane ont augmenté (traduction d’un discours ONU) ces dernières années et c’est inquiétant.  Les quantités sont encore infimes, mais un processus redouté a commencé. Il pourrait mener à des événements d’une échelle réellement apocalyptique, mais ils devraient nous laisser encore au minimum quelques décennies.  Certains scientifiques pensent que la Nature, a par le passé, éliminé le méthane d’une manière ou d’une autre. Il faudrait cependant rechercher des solutions aux émissions de méthane (blog).

Le nouveau climat terrestre

Ensuite, il fait allusion au travail de Burke qui compare le réchauffement aux climats passés (lien), et calcule que  si nous restons à 2°C du réchauffement, le climat résultant des prochaines centaines d’années sera probablement celui du Pliocène, 2-3°C plus chaud qu’aujourd’hui, avec des hivers froids et des étés caniculaires sous nos latitudes.  Les conditions de culture agricole pourraient alors beaucoup changer.  Si par contre nous suivons la trajectoire de réchauffement rapide sans maîtrise des émissions humaines, jusqu’à 4°C de réchauffement, le climat de la Terre pourrait basculer vers celui de l’Eocène, 13°C plus chaud, au cours du 22ième siècle.  Une température de 4°C ferait probablement fondre les glaces et pourrait provoquer les émissions de méthane qui réchaufferaient la Terre de plusieurs degrés supplémentaires. Ces changements vers un nouvel équilibre climatique se produiraient à l’échelle d’un ou deux siècles.

Aérosols

Actuellement, la combustion du charbon libère des aérosols qui refroidissent l’atmosphère.  L’arrêt immédiat de toutes les industries diminuerait la quantité d’aérosols dans l’atmosphère et réchaufferait la Planète. Si tout s’arrêtait demain, il ferait un peu, peut-être 0,5°C plus chaud pendant quelques années. Une nouvelle étude au moins suggère que l’effet des aérosols est moins fort que prévu par les modèles climatiques (lien ), une autre estime même que les aérosols réchauffent la Planète (lien).   Et tant que le charbon est utilisé, l’effet de serre augmente. En 2020, la Chine a réduit l’activité de ses usines pendant le confinement. Il semble qu’il n’y a pas eu de réduction d’aérosols au niveau planétaire, car d’immenses feux de forêts en Australie et surtout en Amazonie en ont produit beaucoup.

Guy McPherson s’inquiète de l’effet de réchauffement que l’arrêt des usines et de leurs aérosols aurait sur la Planète, mais si les usines étaient mises hors service ou changeaient de source d’énergie progressivement, sur une dizaine d’année, ça devrait aller.  Cela semble la meilleure solution, proche de celle préconisée par le programme des Nations Unies pour l’Environnement (lien).

Approvisionnement alimentaire

Ensuite, il estime que notre approvisionnement alimentaire pourrait être rapidement désorganisé, soit à cause d’une perte de fertilité planétaire causée par la disparition des vers de terre, soit à cause de ruptures de la chaîne d’approvisionnement dans un système impliquant des nombreux transports intercontinentaux.

Les vers de terre dégradent des restes de plantes dans le sol et contribuent à les transformer en humus. Ils aèrent le sol et le rendent perméables à l’eau (brochure FIBL EN) . Le travail cité par Guy McPherson estime que 83% des vers de terre ont aujourd’hui disparu.  L’usage de pesticides chimiques et de lourdes machines agricoles rend leur survie dans les champs difficile, et leur absence aggrave le tassement des sols et la perte d’humus, et pourrait contribuer à l’épuisement des sols.  L’absence des vers de terre est aussi indicative des changements des terres. Celles-ci contiennent, dans la nature, un écosystème riche de milliers de bactéries, de petits animaux et de champignons nécessaires au fonctionnement du sol vivant.  En 2018, puis de 75% des sols étaient dégradés par l’exploitation humaine. Il y a de plus en plus d’humains à nourrir, et nous détruisons les champs dont nous avions besoin. Nous sapons vraiment la Terre sous nos pieds.  Ces problèmes surviennent progressivement, s’aggravent depuis des décennies. Des solutions, telles que la reforestation, l’agroforesterie, l’agriculture biologique, les couverts végétaux, l’agriculture sans labour,  sont aussi développées, par exemple par le FIBL. L’association Terre et Humanisme travaille beaucoup avec les vers de terre et le lombricompostage.

La pandémie nous a donné l’exemple de la fragilité de notre système économique. Les engrais, les céréales qui nourrissent souvent des animaux et la viande sont produits sur des continents différents, et dépendent du commerce et du transport mondial.  Ce système est à bout de course, des perturbations sont prévues et se produisent. L’engrais chimique a provoqué une énorme explosion au Liban cette année, et cette semaine des moutons étaient bloqués dans le canal de Suez. Il faut le simplifier, le remplacer par des circuits locaux  et le rendre plus résiliant.

Fonte de la glace Arctique

Guy McPherson mentionne que la glace sur la mer Arctique fond plus vite que prévu. La surface blanche de la glace agit comme un couvercle et une surface réfléchissante.  L’absence de glace causera un réchauffement supplémentaire immédiat, et plusieurs scientifiques alertent sur les perturbations météorologiques qu’elle pourrait provoquer, des tempêtes, des vagues de froid et de chaleur. Une étude géologique suggère que l’absence de glace et l’arrivée d’eau plus chaude au contact de la surface a provoqué un réchauffement rapide de plusieurs degrés par le passé, mais ce danger n’est généralement pas pris en compte dans les modèles climatiques. L’océan pourrait aussi se réchauffer en profondeur et favoriser les émissions de méthane.  La fonte complète de la glace arctique en été ce produira certainement au cours de ce siècle, peut-être dans quelques années, nous en avons déjà perdu la moitié. Avant,  la mer Arctique était continuellement couverte de glace épaisse d’environ un mètre et âgée de quelques années, maintenant elle est plus fine, fragmentée et semble bien compromise.

Les avions

Ensuite, il cite un travail de Gunther Pauli qui propose que les tourbillons formés par le passage des avions changent la circulation de l’atmosphère. Je n’ai jamais entendu ça avant. Je ne dispose pas de calculs prouvant que c’est faux, je ne peux pas vraiment invalider ses dires, mais ça me paraît douteux. Si c’était vrai,  on pourrait peut-être faire voler des avions dans l’autre sens pour changer la circulation atmosphérique.

El Nino

Ce phénomène se produit tous les 3 à 7 ans, des eaux chaudes affleurent à la surface du Pacifique et réchauffement l’atmosphère (lien). La dernière année El Nino, 2016, a battu les records de chaleur, et causé des graves sécheresses, particulièrement en Afrique, qui ont touché 60 millions de personnes (lien).  Les années El Nino extrêmes deviennent plus probables d’après le GIEC:. La Planète se réchauffe, et El Nino apportera probablement  une année de vagues de chaleur plus élevées.  Les habitants des pays chauds, par exemple d’Afrique de l’Est, pourraient en souffrir sérieusement, vivre des famines ou des vagues de chaleur mortelles.  La production alimentaire sur Terre serait réduite, et nous pourrions vivre en Suisse des vagues de chaleur de quelques degrés plus élevées que la précédente.

Si je reprends les dangers énumérés par Guy McPherson,   le prochain événement  sera probablement une année El Nino,  qui se produira  dans un an, dans deux ans ou au plus dans cinq ans. Ce sera une année plus chaude que toutes celles que l’Humanité a vécu, qui pourrait être accompagnée d’événements météo nouveaux ou plus intenses.

Pourrait-elle mettre en branle un processus de fonte de glace Arctique, de sécheresses, de réchauffement rapide, de  fonte du permafrost, et de réchauffement abrupt apocalyptique?  Ces changements dangereux pour la survie de l’Humanité ne sont généralement pas prévus pour le 21ème siècle, mais le climat pourrait nous surprendre.

L’Humanité compromet de plusieurs façons ses conditions de vie sur Terre et doit immédiatement modifier son mode de vie pour sa sécurité.

 

 

Blog: créons des réserves alimentaires planétaires

Les dommages infligés à la Terre par l’Humanité dépassent l’entendement

Etat de la Planète

Nous avons déjà détruit la moitié de la Planète. Nous avons déjà altéré plus de la moitié de la surface de la Terre, et des océans, de la végétation, des marécages, et des rivières.  Nous avons déjà éliminé plus de la moitié des grands poissons prédateurs, des coraux, des vertébrés, et des mammifères sauvages (voir figure ci-dessous).

Les écosystèmes affaiblis ne fonctionnent plus comme avant et n’accomplissent plus les services écosystémiques naturels. Ils n’absorbent plus aussi bien le carbone, la pollinisation par les insectes n’est plus assurée, et les sols se dégradent.

Nous élevons des quantités astronomiques de bétail. Si nous comptons en tonnes, le bétail représente 59% des tonnes d’animaux vivants sur Terre actuellement, les humains 36%, et les animaux sauvages 5% seulement. Nous avons éliminé la majorité d’animaux sauvages et les avons remplacé par le bétail que nous mangeons. Cette agriculture intensive massive est très destructrice pour la Planète, tout comme les énergies fossiles.

Proportion saccagée par l’Homme:

Les conséquences seront très graves

Un groupe de 18 scientifiques renommés a récemment publié un article, un manifeste pour attirer l’attention sur l’étendue des dégâts environnementaux. Ils font le catalogue des nombreux dommages que la Planète a déjà subi.  Selon eux, il est maintenant sûr que nous allons vers la  6ième extinction où les trois quarts d’espèces disparaîtront de la Planète.

Le changement climatique rend maintenant chaque journée différente de celles du passé (Beaucoup sont plus chaudes, d’autres très pluvieuses, etc. dr) Il se produit plus rapidement que prévu.

La population mondiale a doublé depuis 1970, dans certaines régions telles que l’Afrique Sub-saharienne, l’Afghanistan, le Yemen,  il y a encore en moyenne plus de 4 enfants par femme. L’Humanité avoisinera les 10 milliards de personnes en 2050. La moitié des habitants de la Planète font maintenant partie de la classe moyenne.

La surpopulation provoque des problèmes d’alimentation massifs. Un ou deux milliards d’humains sont sous-alimentés ou mal nourris au point de ne pas pouvoir fonctionner normalement.

Selon les auteurs, nous atteignons les limites de la capacité de la Terre, et l’Humanité verra s’accroître les problèmes de pollution, d’insécurité alimentaire, de conflits armés.  Une augmentation de la consommation dans le Futur proche semble inévitable. Comme je l’ai souvent écrit, changement climatique, lui, apporte des inondations, (inondations2) des tempêtes destructrices, (cyclones) et des vagues de chaleur.

Les auteurs de la publication considèrent que notre augmentation de qualité de vie est malheureusement porteuse de problèmes pour les générations futures.

Changements à apporter

Même le Forum Economique Mondial reconnait maintenant que la perte de biodiversité est un des pires problèmes pour l’économie globale, comme en témoigne la pandémie.

Aujourd’hui, le dilemme ne consiste pas à privilégier l’environnement  ou l’économie, il est entre la modération et le désastre planétaire, dont tous souffriraient. 

La gravité de la situation exige des changements fondamentaux au niveau du capitalisme mondial, de l’éducation, et de l’égalité, tels que:

  • l’abolition de la croissance économique perpétuelle
  • montrer le vrai coût des produits en forçant ceux qui détruisent l’environnement à payer la restauration
  • éliminer rapidement les énergies fossiles
  • réguler les marchés et éviter leur influence sur la gouvernance
  • éduquer et donner plus de pouvoir de décision aux femmes dans le monde, y compris le pouvoir de décision sur le planning familial.

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Version grand public dans The Conversation: https://theconversation.com/worried-about-earths-future-well-the-outlook-is-worse-than-even-scientists-can-grasp-153091

Article scientifique dans Frontiers in Conservation Science; ce journal sis à Lausanne publie des articles scientifiques en accès libre ce qui permet à tout le monde de consulter et de partager leur contenu, une belle initiative qui favorise l’information du public:

Article de Corey J. A. Bradshaw1,2*, Paul R. Ehrlich3*, Andrew Beattie4, Gerardo Ceballos5, Eileen Crist6, Joan Diamond7, Rodolfo Dirzo3, Anne H. Ehrlich3, John Harte8,9, Mary Ellen Harte9, Graham Pyke4, Peter H. Raven10, William J. Ripple11, Frédérik Saltré1,2, Christine Turnbull4, Mathis Wackernagel12 and Daniel T. Blumstein13,14*

https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fcosc.2020.615419/full

Image de la Terre par Colin Behrens de Pixabay

Addendum le 17 janvier: Une expérience a montré que les embryons de requin se développent moins bien dans de l’eau chaude (article)

Addendum le 17 mars: Une autre expérience montre que la chaîne alimentaire marine pourrait être vite compromise par le réchauffement (article)

21 avril 2021:

Interview de Paul Ehrlich dans le Temps

Mon blog: Les femmes ont le droit d’avoir moins d’enfants qui seront mieux traités

L’espoir est dans les forêts – elles triplent la dégradation de méthane atmosphérique

Le sol produit et métabolise le méthane

Le réchauffement climatique provoque le dégel de terres gelées depuis des millénaires, dans les régions boréales ou dans les montagnes.  Les débris de plantes contenus dans ces sols  depuis la dernière glaciation fermentent immédiatement et produisent du méthane (CH4). Cette réaction semble dominer surtout lorsque le terrain est humide. Elle est accomplie par des bactéries du sol.  Actuellement, des larges étendues du permafrost dégèlent en Sibérie et Arctique, et les émissions de méthane ont déjà commencé. Elles pourraient atteindre des niveaux inquiétants et accélérer dangereusement le réchauffement climatique car ce gaz, peu abondant, provoque cependant 80 fois plus d’effet de serre par molécule que le gaz carbonique (permafrost, survivre).

La terre abrite aussi des bactéries capables d’utiliser le méthane.  Les forêts semblent absorber et éliminer ce gaz plus efficacement que les pâturages et les champs.

Le sol des forêts suisses dégrade le méthane

Certains pâturages des montagnes suisses utilisés dans les siècles passés ont été abandonnés. Des forêts d’épicéas y repoussent, depuis 25 ans, 45 ou 150 ans.

Les scientifiques ont voulu tester si la prairie alpine, non labourée, et les bois absorbent le méthane de la même façon. D’autres avaient déjà observé que le sol forestier dégradait ce gaz. Dès que les arbres disparaissaient, lorsque la parcelle était convertie en champ ou en prairie,  lea terre ne transformait plus aussi efficacement le gaz.

Le méthane est consommé par des bactéries méthanotrophes. Celles-ci sont capables de se nourrir de ce gaz si elles disposent de suffisamment d’oxygène. Ces microorganismes spécialisés pourraient disparaître des champs ou des prairies. Il est aussi possible que l’air circule mieux dans le sol forestier, et que les bactéries soient plus facilement en contact avec le gaz ou avec l’oxygène dont elles ont besoin pour le dégrader.

Les scientifiques du WSL ont montré que le sol forestier, en particulier s’il provient des futaies anciennes, dégrade trois fois plus de méthane que le sol des prairies.

Quand la forêt remplace les champs, la terre retrouve lentement la capacité d’oxyder le méthane. Ce processus rend plusieurs années.

Après une centaine d’années de présence d’arbres, le sol métabolise trois fois plus de méthane. Cette capacité s’accroît avec l’âge du bois, le sol des forêts anciennes en absorbe le plus.  La parcelle boisée depuis 120 ans atteint des niveaux observés dans d’autres bosquets tempérés.

Bactéries ou structure aérée du sol

Cette capacité de la glèbe pourrait provenir des bactéries spécialisées qui se multiplieraient lentement dans les pinèdes au cours de dizaines d’années.

Une expérience de Hiltbrunner et Hagedorn du WSL suggère cependant que  la structure aérée de la terre des forêts favoriserait la dégradation de ce gaz dangereux. La sylve, qui contient de nombreuses racines et animaux souterrains, pourrait améliorer la structure du sol, et permettre aux gaz d’y circuler plus efficacement.

Les bois pourraient limiter les émissions de méthane des régions où le permafrost dégèle.

De plus, dans les parcelles forestières il faisait en été 5°C plus frais que dans les prairies. Les forêts sont mieux drainées, et moins humides. La couverture de feuilles mortes limite encore les émissions du gaz dans l’atmosphère et favorise sa dégradation sur place.

Les émissions de méthane du permafrost sont considérées par certains comme un énorme danger pour la survie de l’Humanité. La repousse naturelle des taillis dans les régions boréales pourrait cependant limiter les dégâts.

Frank Hagedorn souligne aussi que la surface des forêts s’accroît en Suisse, en 30 ans elle a augmenté de 11% dans le pays et de 20% dans les montagnes, ce qui pourrait avoir des réelles conséquences sur la proportion de méthane atmosphérique, et aider à le limiter.

L’agriculture est devenue très efficace. Les terres dont nous n’avons plus besoin pour notre alimentation doivent redevenir des forêts. Celles-ci absorberont le carbone atmosphérique,  stabiliseront le terrain, permettront le retour de la biodiversité et amélioreront le climat et le cycle de l’eau.

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NB: Je m’efforce de documenter mes blogs le mieux possible, en y insérant des liens sur le GIEC, l’ONU, et toutes les références possibles. J’essaie de partager largement les informations sur le climat, entre autres parce que nous devons vite  communiquer et prendre conscience de ce sujet. Je vois que certains de mes liens ne sont plus actifs,  alors je donne aussi la référence complète de l’article cité:

Increasing soil methane sink along a 120‐year afforestation chronosequence is driven by soil moisture: David Hiltbrunner, Stephan Zimmermann, Saeed Karbin, Frank Hagedorn, Pascal A. Niklaus; Global Change Biology 2012, vol 18-12, pp 3664-3671.

Lisez aussi Laurent Horvath sur la géopolitique des énergies: https://blogs.letemps.ch/laurent-horvath/

La fonte de la glace Arctique pourrait causer un réchauffement d’un degré par décennie

La perte de la glace marine provoque un réchauffement rapide

L’histoire récente de la Terre inclut une série de rapides changements climatiques, appelés événements de Dansgaard-Oeschger (DO, Oeschger) au cours desquels la température de la Planète,  montait de plusieurs degrés en un siècle. Les traces dans les glaces du Groenland permettent de retrouver des phases de réchauffement de 8°C en 40 ans, de 2 degrés en une dizaine d’années, de 10 degrés en un siècle… Après cette phase de réchauffement rapide, la Terre refroidissait graduellement pendant un millier d’années et demi, puis un événement de réchauffement brusque se répétait.

Ces événements de réchauffement dans un climat froid ont provoqué un changement de climat et de la végétation en Europe, tels que l’apparition de grandes forêts en Europe de l’Ouest. S’ils se produisaient aujourd’hui, le désert pourrait remplacer la végétation tempérée.

Les scientifiques se sont interrogés sur la cause de ces périodes de réchauffement brusque.  Une nouvelle étude (Sadatzki, PNAS) indique que ces événements coïncident avec la disparition de la glace sur la mer du Nord. La perte de cette glace a pu causer un fort réchauffement planétaire.

Quand la mer du Nord a perdu sa couche de glace et que sa surface est entrée en contact avec l’atmosphère, l’énergie de l’océan plus chaud a été relâchée dans l’atmosphère froide,   à des dizaines de degrés en dessous de zéro, ce qui a pu provoquer un soudain réchauffement climatique.

Cela semble terriblement actuel.

 

L’Arctique en réchauffement rapide

En ce moment, comme au printemps passé, l’Arctique est à 20°C au-dessus des normales saisonnières (Moscow Times).

Le changement climatique en Arctique est au moins deux fois plus rapide que sur l’ensemble de la Planète, des vagues de chaleur atteignent 20 degrés Celsius au dessus de la normale, et les  moyennes en Arctique en 2020 étaient de 5°C trop élevées. La glace fond plus vite, sa surface en été est de plus en plus petite, ce qui permet un réchauffement plus rapide.  Il y a moins de neige sur la Sibérie et d’immenses feux de forêts se déclenchent, et contribuent au dégel du permafrost  (arctic card OMM  state of the climate) .

Les températures planétaires montent vite, et certains scientifiques, comme James Hansen, détectent une accélération imprévue.

L’eau tempérée de l’océan Atlantique se déverse depuis quelques années dans l’océan Arctique, amenant des températures de plusieurs degrés trop élevées.   Des vagues d’air chaud parviennent au-dessus du Groenland et du pôle Nord. Tout cela précipite le réchauffement de l’Arctique, la fonte de l’Arctique, et pourrait être le début d’une escalade des températures qui aurait des conséquences dramatiques sur la vie sur Terre.

Travaillez à notre survie 

Addendum le 14 décembre: Je ne suis absolument pas sûre si un de ces événements de réchauffement rapide se produit maintenant. C’est un immense risque pour l’Humanité, et il doit être vérifié. Il faut des modèles de réchauffement abrupt auxquels les événements météo seront confrontés pour surveiller ce risque.

J’aimerais savoir que des scientifiques compétents travaillent sur ce risque.  Nous avons besoin d’études sur les changements atmosphériques lors d’un réchauffement aussi abrupt, pour savoir si les toits seuls ou les bâtiments entiers seraient arrachés par les intempéries, ainsi qu’une estimation des précipitations, des inondations et des vagues de chaleur à venir. 

Il faut prévoir les effets dévastateurs d’un réchauffement abrupt sur la végétation et sur les cultures alimentaires.  Finirai-je ma vie dans des bunkers sous des collines désertiques et brûlantes? Les creuserez-vous assez vite?

La perte rapide de notre végétation et la libération du méthane du permafrost pourraient faire monter les températures très haut, au delà de la survie humaine.

Cependant, la fonte des glaces provoquée par le réchauffement pourrait, dans un deuxième temps, les tempérer.

Il serait utile d’étudier les technologies qui permettent de reformer la glace Arctique pour éviter ce changement abrupt. Elles devraient probablement être faisables au cours de prochaines années.

Il vaudrait la peine d’arrêter la majorité des usines et des avions qui seraient de toute façon détruites rapidement, et d’appliquer les techniques de reforestation et d’agro-écologie partout où c’est possible dès maintenant.

Je joins deux liens sur l’excellent magasine Futura- Sciences qui vous donne plus de détails:

Futura Glace DO

Futura Arctique

Et l’article Phys.org  sur le même sujet.