Les scientifiques espèrent que la vague de chaleur du Canada est un événement exceptionnel

Une étude sur la vague de chaleur qui a apporté 49.6°C au Canada conclut qu’au niveau actuel du réchauffement,  elle devrait être très rare et se produire tous les mille ans seulement.  Les chiffres ne sont pas définitifs, mais donnent déjà une bonne idée de l’événement.

Sans réchauffement climatique, cet événement serait hautement improbable et se produirait tous les cent mille ans.

Par contre, si nous laissons les températures monter à +2°C, une telle canicule pourrait survenir tous les dix ans.

Si les prévisions du GIEC sont correctes, cette fournaise ne devrait donc pas se reproduire avant mille ans.

Il y a deux autres possibilités: la première est que la moyenne du réchauffement suive les prévisions, mais qu’il y ait plus d’événements extrêmes.  Par exemple, on pourrait imaginer qu’il y ait des jours à la même température que précédemment, par exemple 25°C en été, et des jours beaucoup plus chauds.  Il faudrait alors s’adapter à ce danger.

Les experts n’excluent pas non plus que le climat ait passé un seuil, un point de bascule (voir mon blog d’hier) ou une phénomène inconnu amplifie le réchauffement climatique. Dans ce cas de nombreux événements pourraient se précipiter.

Je me réfère aux prévisions de Steffen, Rockstrom, Lenton, Barnosky Shellnhuber etc sur lesquelles j’ai écrit hier, ils notent que la survie de l’Humanité dépend de nombreux écosystèmes sauvages, forêts, deltas, marais qui sont justement en mauvais état. Je crois que leur modèle n’inclut pas Bolsonaro et la déforestation accrue ni les méga-feux de forêts qui ont touché entre autres l’Australie. Le modèle ESCIMO prévoit mieux les récents agissements humains, mais n’anticipe pas assez la sensibilité des écosystèmes naturels.

Nous savons que cette vague de chaleur devrait survenir tous les mille ans. Ils pourraient peut-être aussi voir comment la vague de chaleur et les inondations d’Allemagne et de Belgique (ou toutes les températures et pluies de l’année) correspondent au modèle, logiquement la coïncidence de deux événements peu probables est encore moins probable.

Il faudrait  aussi trouver un ou plusieurs modèles de réchauffement abrupt et comparer plusieurs événements actuels, au modèle actuellement admis et à un modèle de réchauffement abrupt, pour savoir à quelle évolution ils correspondent le mieux.

Addendum le 24 juillet: Le dernier rapport du GIEC incluait les températures survenues jusqu’à l’année 2015, et pas l’année la plus chaude 2016.  Si nous tenons compte des 5 dernières années, les prévisions seront déjà plus élevées. Les températures sont probablement montées alors à cause de la réduction de la surface de la glace réfléchissant le soleil sur l’océan Austral et sur la mer Arctique. 

Si le climat est aujourd’hui déstabilisé par le mauvais état des écosystèmes, de la végétation et des sols, et par leurs émissions de carbone, nous pouvons peut-être y remédier. Nous pouvons replanter des forêts demain, des haies, des bosquets,  étendre les réserves naturelles, et appliquer plusieurs solutions d’afforestation et restauration des écosystèmes. Elles sont peu coûteuses et nécessitent peu de technologie. 

Article: https://climate.gov/news-features/event-tracker/preliminary-analysis-concludes-pacific-northwest-heat-wave-was-1000-year

Blog précédent incluant les points de bascule:

Nous avons besoin de toutes les forêts du monde pour éviter un basculement du climat vers une époque chaude : signez pour les forêts

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

7 réponses à “Les scientifiques espèrent que la vague de chaleur du Canada est un événement exceptionnel

  1. Le pic pétrolier est déjà passé depuis plus de dix ans.
    Par contre il reste du charbon et du gaz mais aucune incitation à ne pas le piller.

  2. on sait maintenant que le taux de CO2 dans l’atmosphère a des cycles de 60 ans et ce depuis des millions d’années !
    Les émissions de Co2 posent effectivement de graves problèmes de pollution en ville (trop de CO2 = pas assez d’oxygène) mais en aucun cas de climat !
    Dans les rapports du GIEC il est clairement établi que le principal gaz à effet de serre c’est la vapeur d’eau (60% des effets), Les scientifiques du GIEC n’ont jamais parlé de la vapeur d’eau parce qu’ils sont persuadés que les activités humaines n’ont pas d’impact sur le taux de vapeur d’eau de l’atmosphère, erreur fatale puisque c’est la dé-végétalisation des sols (déforestation) qui coupe le cycle de l’eau sur les continents au moment où on en a le plus besoin : l’été.

    Pour retrouver un climat océanique sur toute la planète il faut que les continents soient des océans de verdures l’été. Le climat océanique est caractérisé par la faible amplitude thermique entre le jour et la nuit liée à la présence d’eau, le climat continental est au contraire caractérisé par une forte amplitude thermique lié à l’absence d’eau et donc de végétation.

    https://www.mediaterre.org/actu,20210106085019,1.html

    1. La concentration de CO2 n’a pas été aussi élevée depuis longtemps, là le monde rapporte qu’elle était stable depuis 1000 ans https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/11/22/stable-pendant-plus-de-mille-ans-la-concentration-de-co2-dans-l-atmosphere-a-explose-au-xxe-siecle_5387107_4355770.html. La croissance de la végétation est limitée par le manque d’eau dans les pays chauds et tempérés. Je suis d’accord pour les océans de verdure, c’est la bonne solution!

    2. Le CO² a des cycles de 60 ans depuis des millions d’année.
      Merci de me communiquer la source de cette information

    3. C’est vrai que la vapeur d’eau est un important gaz à effet de serre, mais celle-ci n’est, globalement, jamais très loin de la saturation dans l’atmosphère (sauf régions particulières du globe). En envoyer plus dans l’atmosphère aboutit simplement à la faire se condenser, et donc ne change pas guère sa concentration. Il n’excite par contre pas de phénomène de ce type pour le CO2.

  3. Je m’amuse parfois à penser, en me remémorant mon enrichissant et ô combien chanceux passage par la fac’ de géosciences ; “et si la Terre commençait doucement mais sûrement à accélérer la dissolution des carbonates terrestres, à brûler, un peu plus que d’habitude, ses forêts, à lessiver ses dernières terres arables par des torrents de pluie, à faire apparaître ça et là quelque nouveau virus intéressant (il pourrait en ressortir de très sympathiques du pergélisol sibérien ces prochains siècles cela-dit), pour chercher, simplement, à tempérer nos ‘âneries’ et retourner vers “son” équilibre, celui du vivant, et non celui de la logique(?) humaine prépondérante des deux derniers siècles…?”.
    Personne ne peut le prédire sur le très long terme, mais il y a des signes qui ne trompent pas… et s’il y a bien deux choses qu’il faudrait, sans plus attendre, chercher à maximiser en l’état actuel des connaissances, c’est bien la biodiversité, et notre humilité face à la vie ainsi que ce joyau, perdu dans l’immensité de l’Univers, qu’est cette (unique, faut-il encore le rappeler?) perle bleue…

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