Les forêts émettent des aérosols qui limitent le réchauffement

L’odeur de la forêt provient de molécules chimiques émises par les arbres. L’augmentation de la température accroît la transpiration des forêts et l’émission de ces composés. Dans l’atmosphère, ils subissent des transformations chimiques et certains d’entre eux provoquent la condensation des nuages. Quand il y en a plus,  les gouttelettes d’eau qui forment les nuages sont plus petites, les nuages plus clairs, et ils réfléchissent plus la lumière du soleil. Cet effet s’appelle l’albédo. C’est un paramètre important de la température terrestre. Les aérosols dérivés des arbres (BSOA: biogenic secondary organic aerosols),  pourraient compenser un peu le réchauffement climatique à mesure que la température augmente.  

Dans les forêts boréales, il y a peu de pollution, et les molécules émises par les arbres sont les principaux aérosols dans l’atmosphère.  

Au cours des années 2012-2018  le Nord a connu des étés plus chauds que par le passé, dont deux épisodes particulièrement doux. L’émission des aérosols monoterpènes et des sesquiterpènes, qui engendrent les nuages, a alors  beaucoup augmenté.

La concentration d’aérosols varie de moins d’1 ug /m3 en dessous de 10°C. Elle  augmente clairement lorsque la température monte, à environ 9ug /m3 autour de 25°C (figure).  La fraction capable de condenser les nuages s’accroît aussi.   

L’opacité de l’atmosphère, mesurée par satellite,  augmente réellement quand il fait plus chaud (figure).

Les aérosols s’accumulent dans les courants venant de toute part, lorsque l’air stationne au-dessus des forêts; par contre les pluies les emportent.  La concentration finale dépend surtout de la température.

Lorsque les étés sont chauds, les arbres transpirent plus, ce qui libère plus de molécules dans l’atmosphère. La  végétation boréale pousse aussi beaucoup plus.

Lea scientifiques ont observé une augmentation de l’albédo, un éclaircissement de l’atmosphère terrestre, d’environ 18%. En extrapolant cette valeur, ils supposent que les forêts pourraient émettre encore plus d’aérosols quand il fera plus chaud, et  l’albédo au-dessus des étendues du Nord, en été, pourrait doubler à +3°C.  Cependant, les bois sont aussi à la merci d’épisodes de sécheresse, de feu, et de maladies qui pourraient perturber leurs capacités à capter le carbone et leur émission de composés aromatiques, alors leur effet pourrait être plus faible que cette estimation.  C’est quand même une très bonne nouvelle, et une raison supplémentaire de protéger les forêts du Nord,  qui rendront encore de grands services à la Biosphère.

Image par jplenio de Pixabay

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

7 réponses à “Les forêts émettent des aérosols qui limitent le réchauffement

  1. On ne compte plus les bienfaits des forêts et on se demande bien pourquoi le GIEC ne les défend pas plus … Concernant l’albédo, il est impossible d’affirmer cette augmentation , parce que les satellites sont trop récents pour avoir un recul des valeurs historiques pas mieux que 40 années et de plus , à part la dernière génération comme Cérès, ils ne donnaient pas la valeur d’albédo avec une bonne précision ( 98 – 105 watts/m2 ) …
    Il faut toujours comprendre l’importance de l’albédo dans l’équation du climat :
    L’énergie de la Terre dépend principalement de 3 facteurs principaux :
    Le Soleil : 340 watts/m2, marge de 1 watt/m2
    L’albédo : – 100 watts/m2 , dont 50 % pour les nuages , marge de 1-2 watts/m2
    L’effet de serre naturel : 150 watts/m2 , marge de 2 watts/m2
    Le forçage radiatif anthropique estimé à 3.1 watts/m2 ( 2 % de l’effet de serre naturel) , plus faible que la marge des mesures !!!
    Cela relativise les prévisions apocalyptiques du GIEC …

  2. Cette phrase est peu claire : « l’albédo au-dessus des étendues du Nord, en été, pourrait doubler à +3°C. »
    De fait, à la lecture de l’article cité, il s’agit du scénario climatique envisagé avec une augmentation de température de +3 °C qui provoquerait un doublement de l’albédo dû aux nuages. Et, comme vient de l’indiquer ci-dessus M. Giot, ce doublement ferait passer l’effet de l’albédo total de -100 à -150 W/m2, du fait que les nuages y contribuent déjà pour -50 W/m2, soit pour 50% actuellement, passant ainsi. à -100 W/m2, soit à 67% du total.

  3. Les aérosols jouent un rôle. Sont-ils correctement pris en compte dans les modèles dont se gargarise le GIEC ?
    Mais ce n’est pas suffisant. Un air chaud peut ne contenir que très peu de vapeur d’eau et, inversement, un air froid beaucoup. Les abaques dérivés des formules de Clausius-Clapeyron l’indiquent très clairement.
    https://energieplus-lesite.be/wp-content/uploads/2019/03/Th-grand-hygrometrique1.gif
    Le paramètre important est la pression partielle de vapeur d’eau, malheureusement très fluctuante et difficile à mesurer et à modéliser. Les événements récents se sont produits à “basse température”.
    Tout ceci relève d’ailleurs plus de la météorologie que de la climatologie.

  4. De la difficulté de bien lire un abaque pour estimer le « peu » et le « beaucoup » !

    Par pourcentage, on parle d’humidité relative, par rapport à la saturation à 100%.
    Par kg d’air humide, on parle d’humidité spécifique.
    Par kg d’air sec, on parle d’humidité absolue, ou aussi du rapport de mélange, comme cela est donné dans l’abaque mentionné, en g d’eau par kg d’air sec.

    À 5 °C, une saturation, soit 100%, ne correspond qu’à tout juste 5 g d’eau par kg d’air sec froid (environ 0,77 m3), soit aussi environ 6,5 g par m3 ; par contre, à 25 °C, 100% correspond à 20 g d’eau toujours par kg d’air sec, mais chaud (environ 0,83 m3), soit environ 24 g par m3.

    Naturellement, les valeurs numériques correspondantes sont encore un peu différentes si l’on se réfère ici à 1 m3 d’air humide chaud et là à 1 m3 d’air humide froid, car il faut retenir que l’air humide est, à toute température, moins (et non pas plus) dense que l’air sec, la masse molaire de l’eau (18 g/mol) étant plus petite que la masse molaire moyenne de l’air sec (29 g/mol) ; ainsi ces quelques grammes d’eau diminuent la masse volumique de l’air humide par rapport à celle de l’air sec, et cela d’autant plus qu’il y a plus de vapeur d’eau, et donc d’autant plus à plus haute température.

    En bref, il faut retenir que de l’air à 25 °C peut contenir jusqu’à 4 fois plus d’eau que de l’air à 5 °C.

    1. “En bref, il faut retenir que de l’air à 25 °C peut contenir jusqu’à 4 fois plus d’eau que de l’air à 5 °C.”
      C’est une évidence! Je trouvais utile de traiter de cas particuliers.

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