La Suisse, des rochers nus?

La sécheresse de cet hiver et du début du printemps a fragilisé de nombreux résineux. Les épicéas et les sapins blancs sont très touchés autour du Lac Léman. Tout un étage forestier pourrait disparaître cette année.

C’est une très mauvaise nouvelle à de nombreux égards. La faune des forêts suisses pourrait en souffrir énormément, Même des espèces que nous croyions en sécurité courent un risque à brève échéance.

Les étendues d’arbres secs constituent un énorme risque d’incendie pour cet été, il doit être bien géré. Faudra-t-il évacuer des zones ou des maisons à risque? Un immense incendie comme Fort Murray nous menace-t-il?

L’avenir  des anciennes forêts est incertain  dès que les grands arbres formant la canopee disparaissent. La zone devient beaucoup plus chaude car elle est plus exposée au soleil et à cela s’ajoute le réchauffement climatique. Le microclimat local devient complètement différent. Ces espèces ne repousseront pas spontanément au même endroit.

La première photo montre un arbre qui pousse sur un rocher, la deuxième, des racines d’arbres qui forment un réseau sur le rocher, atteignent le sol en dessous, et maintiennent le rocher en place.

Dans les montagnes les premières plantes poussent dans une poignée de terre dans le creux d’un rocher. Le réseau de racines  s’accroche à la pierre, maintient le sol en place, et permet à des jeunes plants de germer dans la terre maintenue par les racines des vieux géants. Les feuilles mortes se décomposent sur place et enrichissent le sol. Qu’adviendra-t-il si des pans entiers de forêt disparaissent? La mince couche de terre maintenue en place par les racines des arbres pourrait être vite lessivée par les pluies de plus en plus intenses, ce qui provoquera des coulées de boue. Notre génération pourrait bien laisser derrière elle des rochers nus, sans aucune végétation, et des vagues de chaleur intenables.

 

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

6 réponses à “La Suisse, des rochers nus?

  1. L’inertie du système fait qu’un minimum de + 1,5 C sont assurés pour 2030 (+2 C pas impossible) et la neutralité carbone reste un objectif pour 2050. Les scénarios canicules en été dans nos régions tempérées vont donc se répéter. Je constate que la grande majorité des entreprises a compris les enjeux économiques et la population aussi. Se nourrir, travailler et se déplacer sont les paramètres qui influencent la montée du CO2 en grande partie stockés dans les puits océaniques et continentaux. L’adaptation urgente de nos habitations (isolations), la source de nos énergies, notre façon de consommer vont en conséquence, inévitablement devoir changer. Majorer la capacité de stockage des puits continentaux (arbres) est une option réaliste, mais nos ingénieurs forestiers et paysagistes vont devoir adapter les espèces aux régions et l’eau en dépend. Tout est possible et nos élus politiques sont invités à s’instruire de toute urgence pour prendre les bonnes décisions. Je reste confiant.

    1. Totalement d’accord avec votre commentaire. Je voudrais y ajouter que selon l’AAPG (Association Américaine des Géologues du Pétrole), la consommation d’hydrocarbures n’a cessé d’augmenter jusqu’à aujourd’hui. Nous dépasserons donc de toutes façons les objectifs que s’est fixée la communauté internationale. Le climat du centre de l’Europe va beaucoup changer d’ici la fin de ce siècle et ressemblera de plus en plus au climat du SE de la Chine ou du nord de l’Italie (climat de type “Cfa” selon la classification de Köppen). Autant dire que dans nos forêts, il y aura des gagnants et des perdants. La perte de diversité pourrait être compensée par l’inclusion de “nouvelles” espèces. J’écris entre guillemets “nouvelles” car de nombreuses espèces adaptées à ce type de climat ont habité nos contrées par le passé. Mais bien sûr, cela signifie un sacré changement de mentalité dans une société occidentale ultraconservatrice obsédée para la traque aux espèces exotiques…

  2. bonjour; merci d’intervenir encore et encore; les abords forestiers du Léman, comme les pinèdes de basse Ardèche semblent bien en mauvaise posture; mais que se passe t’il dans le cadre de la lutte en défense du climat ? voyez dans l’édition de ce jour du Temps, un article concernant les départs en vacances, il n’est pas question de diminuer les grandes transhumances estivales, automobilistiques ou aériennes; nos décideurs ne savent qu’obéir aux injonctions de la finance, dont ils sont les fidèles exécutants, leurs commanditaires étant dans l’incapacité de penser autrement leur façon de faire du profit, avec les ravages que l’on sait; il y a à lever “la difficulté d’allier vie professionnelle et militante”, titre du second article du jour, afin que d’avantage d’énergie soit mise à disposition pour faire bouger les choses; l’ultra-libéralisme soporifie les populations par des médias mainstram indigents, afin de prévenir l’acquisition de toute culture, avec renforcement du racisme à la clef; les partis d’extrême droite permettant d’occulter le vrai problème ! à bientôt. pardon “tout de bon” !

  3. Cher @DELAPLANETE : “La neutralité carbone reste un objectif pour 2030″… Avez-vous en main le tableau d’avancement de cet objectif, montrant qu’il sera atteint ? Bien cordialement.

  4. Les mauvaises nouvelles sur les arbres n’arrêtent pas de tomber : vous connaissez les pb de l’épicéa , du hêtre , du frêne , face à la sécheresse , champignon . Dans l’est de la France , un arbre est en train de créer un vrai pb de santé publique : le chêne . Envahi par les chenilles processionnaires et leurs poils urticants, pour la deuxième année consécutive , ils sont soumis à un stress énorme . La quantité de chenilles est telle que les arbres perdent quasi toutes leurs feuilles et en cas de sécheresse prononcée en juillet aout , ils risquent de dépérir . D’autre part , les poils provoquent des allergies chez bcp d’ humains ou animaux ; dans ma propriété , ( une vingtaine de chênes , tous atteints ) mon épouse ne peut plus sortir , déjà deux visites chez le véto pour un chien : conjonctivite , problèmes de langue et gencives . On réfléchit vraiment à les abattre ( et mettre quoi à la place ? ) . De façon générale , les accès aux forêts sont interdits , des municipalités envisagent de couper les chênes dans les agglomérations parce qu’on n’a pas de traitement . Le réchauffement climatique est probablement à la base de cette prolifération de ces chenilles

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