La vraie vie : le rythme de vie normal de l’être humain

Nous vivons à la maison

Les écoles sont fermées depuis trois semaines, et nous sommes presque constamment à la maison.

Quand j’ai dû sortir, il faisait très beau. J’ai vu des familles déjeuner tranquillement sur leur terrasse, des enfants courraient dans le jardin, d’autres travaillaient la Terre.

Les oiseaux chantaient. La ville semblait paisible et harmonieuse.  La Nature tente déjà de reprendre les rues de certaines villes aux humains, des animaux sauvages s’y aventurent.  Ça fait plaisir à voir.

J’ai quitté mon emploi il y a 12 ans

Il y a douze ans, j’ai eu un bébé, et ce jour-là j’ai totalement bouleversé mon existence. J’ai quitté la recherche scientifique et une vie qui incluait la sortie de la maison vers sept heures du matin, le retour vers minuit, les fréquents weekends dans des capitales européennes, et les voyages lointains. J’ai voulu donner à mon enfant une vie saine. Nous nous couchons tôt dans une maison calme. Les journées paisibles incluaient des trajets à pied dans les alentours et l’air frais. Depuis que me déplace peu, je ressens la fatigue que causent les journées de voyages dans les transports motorisés, rapides et bruyants. J’ai établi que je me réveille spontanément après huit heures de sommeil, ainsi que la quantité de nourriture saine qu’il me fallait. J’ai essayé de trouver le rythme naturel de mon enfant, pour les repas, les sommeil, ses activités. Les journées étaient souvent vraiment calmes, et  j’ai trouvé une école qui respectait vraiment l’enfant, la Ferme des Enfants. Jusqu’aux années soixante à peu près, ce rythme de vie tranquille, avec une maman toujours présente à la maison, était quasiment universel.

J’ai fait du bénévolat dans une association de commerce équitable. Ensuite, j’ai lu le rapport du GIEC et j’ai pris conscience que le climat allait bouleverser les vies de toute l’Humanité et qu’il fallait s’en occuper.

Après quelques années, j’étais très surprise de voir les autres courir sans cesse, nous seulement pour le travail, mais dans leur vie privée. Aujourd’hui, nous remettons mille choses en place, nous allons à cent endroits dans la journée, nous vivons vraiment une vraiment l’inflation d’activités. Les déplacements varient du simple au centuple.  Il est parfois plus simple de recoudre un bouton, de faire une béchamel (de soja, du reste), de cueillir sa salade que d’aller en acheter.

Dans les villages la vie s’écoule tranquillement

Je me souviens de mes voyages, des couleurs et des odeurs intenses, des villages traditionnels, de huttes ne contenant que quelques objets, dans le calme de la campagne. J’ai vu la marche lente de paysans portant des fardeaux, des femmes douces entourées d’enfants, et le travail des champs. Avant, l’Humain vivait ainsi, dans des petites communautés au coeur de la nature et après le dur travail physique, se reposait dans le soir paisible, entouré d’une jungle vivante, palpitante d’une myriade d’animaux.

Un intérieur traditionnel ne contient que quelques objets: lit, casseroles

Je crois que l’être humain est fait pour vivre ainsi, lentement, dans le calme et la richesse de la Nature, tout au moins dans la verdure, avec des activités physiques et sans se dépêcher. Quelles que soient les problèmes de ces différentes sociétés, leurs membres ne sont pas pressés,  J’ai l’impression que cet aspect de nos existences n’est pas du tout normal, et que notre rythme de vie actuel n’est pas correct.

Nous devrions être capable de juste être là, dans un endroit paisible, confortable, et de nous sentir bien dans l’instant présent, sans devoir courir quelque part. Nous avons besoin d’un moment calme dans la journée, il nous permet de prendre conscience de nous-mêmes, de notre état physique entre autres.

Selon Edgar Morin, le confinement peut permettre de nous retrouver nous-mêmes, et de réaliser nos besoins essentiels, et de détoxifier nos vies (des activités inutiles qui les encombraient récemment). En se respectant, il et possible d’être à la fois heureux, calme, et efficace.

Nous devons repenser notre société d’une façon plus calme, mais libre et heureuse. Travaillons moins. Ne nous déplaçons pas sans nécessité, restons plus là où nous nous trouvons. Cultivons notre jardin. Limitons et entretenons nos possessions.

 

 

 

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

31 réponses à “La vraie vie : le rythme de vie normal de l’être humain

  1. Merci beaucoup pour ce témoignage qui montre qu’il est possible de vivre en-dehors du tourbillon.
    La question que je me pose souvent, à mon âge déjà avancé, est de savoir s’il est possible de revenir partiellement au style de vie de mes grands parents lorrains, en l’agrémentant de touches de modernité, comme ces échanges par le net. En tout cas, notre fuite en avant n’a pas été un succès brillant.
    Mhttps://m.facebook.com/story.php?story_fbid=3946294378744731&id=100000926224359

  2. Merci Dorata pour votre récit plein de sagesse, une sagesse ancestrale. Cette merveilleuse parole de Gandhi, assis dans sa chambre occupé à écrire et tisser, fait échos à votre si touchant témoignage: ” Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour de la Terre mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même “. Ce temps de confinement nous invite à ce voyage immobile autour de notre être intime, au plus prêt de notre âme.

  3. bonjour; en écho à votre très bel article, un lien vers les transhumances des Mapuches en Patagonie; rte.tv/fr/videos/089063-000-A/patagonie-transhumance-andine/ Dans les Andes, entre l’Argentine et le Chili, la transhumance, aujourd’hui menacée, de troupeaux d’éleveurs mapuches.

    Les Mapuches pratiquent la transhumance en Patagonie depuis des siècles, bien avant l’arrivée des jésuites et les campagnes contre les populations indiennes, dont celle nommée “conquête du désert” entre 1878 et 1885. Si cette guerre a octroyé aux grands propriétaires terriens des millions d’hectares de terres, le système de transhumance ancestral a malgré tout survécu. Mais l’organisation sociale, productive et durable des familles nomades qui en vivent est aujourd’hui menacée par l’augmentation des propriétés privées et les exploitations massives d’hydrocarbures dans la région. Ce film suit l’une de ces migrations dans les Andes, entre l’Argentine et le Chili. (jusqu’au 14 mai); bonne journée;

  4. Je trouve facile de se laisser aller à des visions d un mode de vie sain,simple et lent lorsqu on en a les moyens financiers. Qu’en est il de la mere célibataire en HLM qui travaille dans les services? En quoi peut elle se tourner vers “planter sa propre salade” et où?…
    De jolies prétentions d une classe sociale confinée dans le confort qui redécouvre yoga et méditation dans son jardin au soleil…bien loin des réalités plus terre à terre de la majorité…A voir si ceux qui ont les moyens les partageront avec ceux qui ne les ont pas cette expérience du confinement derrière eux….

    1. 200% d’accord avec vous. Nous ne sommes pas tous propriétaire de notre logement (de plus en plus hors de prix) certains travaillent encore à plein temps pour moins de 4000 francs le mois (dans les soins notamment, ou jusqu’à très récemment). Les conseils paternalistes qui fleurissent parfois en ces temps bouleversés me font vraiment penser que la réalité d’un très grand nombre est totalement ignorée.

    2. J’entends la critique de routier, et j’entends dans cette file qu’on critique la surpopulation et les super-riches, en les opposant. Je pense qu’il ne faut pas les opposer. Notre humanité contribue à la surpopulation et à l’existence de super-riches, et cette humanité dans son ensemble détruit la nature. Pourquoi ? Parce que l’homme est doté d’une intelligence lui permettant de dominer la planète et qu’il court après ses pulsions. L’équilibre naturel, qu’on retrouve par exemple chez les loups (les jeunes sont chassés ou tués pour respecter le renouvellement des ressources sur le territoire de la meute), est détruit, l’homme a réussi à court terme à dominer la nature. Auparavant il fallait protéger l’homme des dangers de la nature. Si on veut préserver l’équilibre ancestral et “naturel” entre les espèces, il faudra protéger (d’urgence) la nature des dangers de l’homme. Est-ce la volonté d’une majorité ? Surement pas, la majorité satisfait ou tente de satisfaire ses pulsions (frime sociale, reproduction, McDo etc) et ses besoins, ce dont profite une minorité de gens, qui deviennent des super-riches. Les uns n’existent pas sans les autre, et j’ai très peur qu’il soit illusoire d’imaginer que sans les uns ou sans les autres la prédation de la planète cessera (au mieux les curseurs seront déplacés). Pour en revenir à la critique de routier, comparant le luxe des super-riches à la pauvreté du commun de mortels, je pose la question : quel “sens” a cette humanité consistant à vivre dans 30m2 avec 4 enfants ? C’est la pulsion naturelle de vie, animale, qui consiste à reproduire nos gènes. On y ajoute l’espoir que nos enfants vivront mieux que nous, mais c’est secondaire. Pourquoi critiquer d’espérer vivre sa vie en harmonie avec la nature ? Exiger le même confort pour tous les humains, c’est signer l’arrêt de mort de la planète. Donc que fait-on ? Privilégiez-vous la vie en famille de 6 dans 30m2 dans une ville surpeuplée et polluée ou la vie dans une maison avec un jardin en petite communauté ? Je pense que certains (mais certainement pas tous) préfèrent la seconde voie. Alors personnellement je fais comme je peux en respectant les autres. Donc j’agis en conséquence : pas d’enfant, ou tard, et juste ce qu’il faut pour renouveler l’espèce et laisser l’espace aux autres formes de vie. Pas plus. Il y a le choix d’une vie paisible et aussi un sacrifice dans cette voie. Hélas cette voie n’est choisie que par une infime minorité de gens, respectueuse des équilibres et de la planète, et elle est moquée ou insultée (élitiste, malthusienne voir eugéniste) par la plupart. Pour la plupart, c’est donc la course (décervelée) au productivisme, à la croissance, la course à la reproduction pour les pauvres ou au profit pour les riches, ce qui, en terme de finalité, n’est pas si éloigné. Surpopulation et super-riches, ce sont deux facettes d’un animal appelé homme, un super-prédateur nuisible et colonisateur.

      1. J’approuve votre analyse. Mais puisqu’une large majorité de nos congénères ne suit que ses pulsions de reproduction ou d’accumulation, faut-il attendre que le troupeau de lemmings disparaisse par suicide collectif ou imposer des limites à l’hybris ?

        1. @Jean-Michel : C’est une grande question. Je vais être direct. Je suis ultra-privilégié, chercheur scientifique, études brillantes, venant d’une famille portée sur l’éducation et ayant connu l’ascension sociale sur 3 générations (un grand-père “extirpé” de la campagne et de la pauvreté suite à des études d’ingénieur). J’ai attendu tard de pouvoir me payer une maison suffisamment proche de mon travail pour me déplacer en vélo et d’avoir deux enfants. C’est difficile pour moi de donner des leçons à tous, quand on nait en Afrique ou en Inde, ou dans une famille pauvre en Europe, on n’a surement pas le même point de vue. Pour répondre à votre question, “imposer des limites” me semble la seule solution écologique, mais elle est perçue comme totalitaire ou une décroissance économique insupportable. Limiter les naissances, limiter l’espace utilisé, limiter les MP utilisées. Mais cela signifie qu’il faut espérer sevrer 80% de l’humanité accro à la consommation de biens énergétiques et technologiques. Vous croyez pouvoir priver les gens d’enfants, de voiture, McDo, de smartphone, de voyage en avion et que sais-je ? On verra avec le déconfinement. Je suis assez pessimiste, je pense que la démocratie est une impasse, j’y vois surtout la dérive de plus en plus nette vers l’idiocratie (pour moi la démocratie est la revanche des idiots, je sais que, si Dorota laisse passer ;-), je vais me faire des ennemis). Il suffit de regarder les US, le Brésil et finalement pas mal de pays européens. Donc je n’ai pas beaucoup d’espoir et j’en suis venu à espérer un effondrement assez proche et assez rapide de nos sociétés libérales et technologiques. Ce sera pire un temps, mais la désorganisation devrait être une limite à l’impact écologique.

  5. Comme vous je suis persuadé que “Nous devons repenser notre société d’une façon plus calme, mais libre et heureuse. Travaillons moins. Ne nous déplaçons pas sans nécessité, restons plus là où nous nous trouvons. Cultivons notre jardin. Limitons et entretenons nos possessions. ”

    Mais cela est possible pour l’instant uniquement pour quelques happy fews, comme moi (et peut-être comme vous ?) avec une maison, un grand jardin, des prés, des champs, des bois et la montagne pas trop loin.
    Je pense à tous ceux qui n’ont pas ce privilège. Qui vivent comme la majorité des êtres humains dans de grandes métropoles surpeuplées. Tous ceux qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas forcément changer de vie, endormis par les chants de la pub et les promesses des “élites” trop complaisantes, bien réticentes à renoncer à leurs propres pouvoirs et richesses.

    Un discours comme le vôtre, auquel je souscris pourtant pleinement, me semble parfaitement inaudible pour la majorité des citoyens.
    Si nos élites ne changent pas de comportement, rien ne changera. Et si rien ne change, ce sera au pied du mur, la catastrophe;
    comme on peut le constater aujourd’hui à petite échelle.

    1. Comme vous le dites si bien, la majorité de la population n’a pas le privilège d’avoir une maison avec un grand jardin.
      Ma question est de savoir précisément quel changement de comportement vous souhaitez de la part de nos élites, sachant que si le but est qu’on ait tous un grand jardin chacun, et bien notre population en Suisse est déjà 2 fois trop élevée.

      1. Et bien, sans avoir à proposer immédiatement un grand jardin pour chacun, les “élites” pourraient déjà prendre les caps suivants:

        Ne nous déplaçons pas sans nécessité
        (j’ai connu le temps où le télétravail était suspect voire interdit au prétexte que le travailleur étant fainéant par nature, il tricherait en restant à la maison.) Il semble que l’on découvre aujourd’hui qu’il soit possible que ça marche. Incroyable, non ? Et en plus on ferait l’économie de tout un middle-management de surveillance inutile. Middle-management qui se ré-orienterait vers du vrai travail et à qui on éviterait de couteux burn-out.

        Restons plus là où nous nous trouvons.
        (Il me semble effectivement que renoncer à la vanité d’afficher sur instagram son dernier voyage à Bali n’est pas de nature à menacer l’avenir de la civilisation)

        Limitons et entretenons nos possessions
        Pourquoi vouloir toujours plus ? Une plus grosse voiture ? Plus de vêtements ? Plus de bande passante ? Plus de dividendes ? Pourquoi serait-il interdit d’en débattre ?

        Travaillons moins.
        Une réflexion sur les points ci-dessus, qui sont loin d’être exhaustifs, peut nous amener à revoir nos positions sur la “valeur” travail. Car il ne s’agit pas de vouloir vivre telle la cigale au profit de la fourmi, mais de nous organiser mieux, plus intelligemment, de pouvoir prendre soin de nos proches, de n’exploiter personne, de respecter, d’admirer cette nature qui nous entoure, et qui nous permet de vivre.

        Alors, oui, si nos “élites” continuent en pensant que seule la croissance, le marché sont les seules solutions, que nos “élites” continuent à ignorer les signaux alarmants envoyés non seulement par de nombreux scientifiques, mais aussi par la “base”, comme ils ont visiblement ignorés les avertissements concernant les possibilités de nouvelles épidémies, malheureusement dans ce cas la catastrophe est inévitable.

        1. « Restons plus là où nous nous trouvons. »

          Tout dépend où nous nous trouvons.

          Le désir d’évasion n’est pas le même selon qu’on se trouve dans une belle propriété en Ardèche ou en Valais avec vue sur la nature ou dans une banlieue sordide de Lagos, de Paris ou de Detroit.

          « Limitons et entretenons nos possessions »

          … pour ceux qui en ont.

          1. Il me semble que c’est bien ce que j’écris dans mon premier commentaire: “Je pense à tous ceux qui n’ont pas ce privilège. Qui vivent comme la majorité des êtres humains dans de grandes métropoles surpeuplées. Tous ceux qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas forcément changer de vie, endormis par les chants de la pub et les promesses des “élites” trop complaisantes, bien réticentes à renoncer à leurs propres pouvoirs et richesses.”

        2. “pourquoi vouloir une plus grosse voiture”?

          Je vous retourne la question : pourquoi une maison avec grand jardin ? Chacun devrait limiter son espace vital et vivre dans un 30m2 par personne, sans jardin, afin de redonner l’espace à la vraie nature. Moi je fais ça toute l’année et ça marche ! Si vous pensez que ça ne marcherait pas pour vous, alors peut-être que vous comprendrez que le problème ne vient pas forcément de nos “élites”.
          Car bizarrement, dans toutes vos propositions, aucune n’a l’air de nécessiter un sacrifice contraignant de votre part. Et pourtant vous polluez tout autant puisque vous admettez que l’on ne peut pas tous posséder une maison avec grand jardin.

          1. Ce qui serait bien ce serait que nous puissions discuter des moyens de vivre mieux dans le respect de la nature et de notre prochain sans se soupçonner mutuellement de vouloir contraindre les uns aux bénéfices des autres. Que savez vous de mon style de vie, des décisions que j’ai pu prendre au fil des années ? Il se peut tout à fait “que vivre dans un 30 m2 par personne sans jardin afin de redonner l’espace à la vraie nature” soit une solution. Il se peut aussi, par exemple, que manger moins de viande, comme de nombreuses études le montre, soit une meilleure solution.
            Ce qui est sûr, c’est que si chacun campe sur ses positions, ce sera la catastrophe. Ce que je vois pour l’instant c’est que nos “élites” ne s’emparent des thèmes évoqués dans cet article que très mollement et ne montrent pas du tout l’exemple.

    2. Là est en effet toute la problématique. D’un côté des personnes plutôt éduqués du supérieur, bien renseignés et conscients des enjeux de notre temps, installés et propriétaires de demeures confortables. De l’autre, des personnes devant survivre au quotidien dans de petits espaces avec une densité très élevé au m2, avec la promiscuité et l’entassement dans des tours bétonnées, froides et inhospitalières. Le tout avec les injonctions consuméristes et la propagande médiatique du style de vie bourgeois à suivre et son éthique de la richesse à adopté. Tout cela prends malgré tout du plomb dans l’aile, mais on ne change pas des mentalités et une culture avec des slogans (ou pas que !). Toute la difficulté réside à articuler le social avec l’écologie et les enjeux climatiques. Car ceux qui tomberont les premiers seront bien évidemment les plus pauvres. Pas simple comme affaire…cependant des événements exceptionnels comme ceux que nous vivons à l’heure actuelle peuvent accélérer les processus de prises de conscience d’une partie de la population ; je l’espère en tout cas.

  6. Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce personnage secondaire dans le film « Bagdad Café » : un femme discrète, qui lit « Mort à Venise » et qui est toujours présente lorsqu’une dispute éclate. A la fin de l’histoire, lorsque tout finit bien, elle fait ses valises et s’en va. Lorsqu’on lui demande pourquoi, elle répond « trop d’harmonie pour moi ».

    Votre mode de vie ne convient pas à tout le monde et ce que vous nommez « le rythme de vie normal de l’être humain » n’est peut-être normal que pour une certaine catégorie de la population. D’aucuns considèrent au contraire que les convulsions et le stress sont le carburant de la créativité et de la vie.

    J’aime bien cette réplique tirée du film « Le dernier homme » de Orson Welles :
    « En Italie, pendant trente années, sous le règne des Borgia, ce ne fut que guerres, terreurs, meurtres et bain de sang. Cela a produit Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, il y a eu de la fraternité, cinq cents années de démocratie et de paix. Et qu’est-ce que cela a produit ? L’horloge à coucou … »

    Peut-être êtes-vous à l’avant-garde d’un tournant de l’histoire de l’Occident en général et de l’Europe en particulier qui préfère laisser à d’autres les futurs Borgia et les Michel-Ange de l’avenir pour se concentrer sur la production d’horloges à coucou.

    Finalement pourquoi pas …

    1. Erratum : il s’agit bien sûr du film “Le Troisième Homme” de Orson Welles.

      1. Navré, mais “Le Troisième Homme” (The Third Man) est un film britannique réalisé par Carol Reed sur un scénario de Graham Greene, tourné en 1948 dans la ville de Vienne, sorti en 1949. Orson Welles, d’ailleurs non crédité parmi les quatre auteurs du scenario, y interprétait le rôle de Harry Lime.

        “Le Troisième Homme” a reçu le Grand prix du festival de Cannes 1949, et est souvent considéré comme l’un des meilleurs films noirs.

        1. Merci de préciser.
          Je m’en suis aperçu trop tard et je ne voulais publier un deuxième erratum.

          Désolé, je n’ai pas fait fort sur ce coup-là …

    2. @olivier : Quand vous dites
      “En Italie, pendant trente années, sous le règne des Borgia, ce ne fut que guerres, terreurs, meurtres et bain de sang. Cela a produit Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, il y a eu de la fraternité, cinq cents années de démocratie et de paix. Et qu’est-ce que cela a produit ? L’horloge à coucou … »
      Vous citez une période de guerre et terreur. Est-ce cela la vie actuelle ? Probablement oui, la guerre et la terreur est économique, et elle produit en effet une accélération de la créativité. Ce qui conduit à cette état de guerre économique, ce sont les pulsions humaines de recherche du profit, frime, de confort, de moindre effort (il faut produire la chaussure LED la plus technologique possible pour satisfaire la pulsion d’achat et de frime du gamin et de ses parents, de la même façon qu’il faut produire la voiture la plus frime possible et accessoirement la plus confortable, sécurisée etc). Cette guerre entre les entreprises est accrue par la volonté de domination et de richesse des nations. Donc guerre et terreur, on y est aussi d’une certaine façon. Et je crains en effet que beaucoup de personnes préfèrent cet état de guerre que ce que décrit Dorota. J’ai entendu parler de richesse intérieure. Certaines personnes se plaisent avec peu. Mais je pense que la majorité des humains a besoin de stress, de frime, de richesse, indépendamment du fait qu’elle soit pauvre ou riche. La solution pour la planète serait peut-être hormonale ? 😉

      1. J’ajoute un point important. La croissance de la créativité à l’heure actuelle est exponentielle, tout est exponentiel (je crois qu’on appelle ça la “grande accélération”). Mais ce qui aboutissait à Michel-Ange ou Léonard de Vinci à la Renaissance aboutit maintenant à la destruction et l’artificialisation de la planète. Les artistes de la Renaissance peignait des tableaux ou sculptaient des pierres, ceux d’aujourd’hui déplacent des centaines de millions de gens et font consommer combien, 10% ?, de la consommation d’énergie mondiale, ce qui contribue à changer le climat et artificialiser les sols, détruit la biodiversité etc (ne pas oublier les transports et toute la consommation qui va avec les activités culturelles). La créativité étant partout (industrie, culture etc), c’est bien elle qui encourage et conduit à la consommation actuelle. Donc mettre en avant la Renaissance pour justifier la créativité que nous offre les technologies modernes, c’est un raccourci assez dangereux, qu’il convient de modérer si on réfléchit un peu. Si on ne réfléchit pas, si on ne prévoit pas et qu’on laisse faire nos pulsions, oui, c’est un moment ou une vie agréable et trépidante.

  7. touchante naïveté !
    C’est oublier trop vite que le problème de fond reste et restera la surpopulation humaine qui ne cesse de défricher la planète pour se nourrir ! Les zones de biotopes naturels rapetissent d’année en année en Inde où les Tigres n’ont bientôt plus l’espace nécessaire pour survivre. Les éléphants sauvages en Asie entrent plus souvent en conflit avec les agriculteurs …
    Les oiseaux marins disparaissent ne trouvant plus autant de poissons à cause de la surpêche . Les baleines se trouvent piégées par les cordages servant à relier les bouées aux cages à homards .
    Les Chinois continuent de massacrer les requins pour le seul plaisir de manger de la soupe aux ailerons .
    (…)
    La liste s’allonge d’année en année …
    Quel monde merveilleux !!!

    1. La surpopulation est un facteur mais de loin pas le seul. Les chiffres montrent que les 10% les plus riches au monde (Europe, USA, Australie…) consomment, polluent, et épuisent les ressources aussi vite que les 90% autres.
      Pointer la surpopulation dans un pays comme la Suisse où chaque citoyen consomme 20 à 50 fois plus de matières et d’énergie que la majorité des autres citoyens du monde (y compris en Chine) est mal venu.
      La déforestation en Amérique du sud et en Asie, par exemple, répond notamment aux exigences de viande, de produits industriels (huile de palme) et d’agrocarburant des pays riches, pas des populations locales.

      1. Si j’ai bien compris votre commentaire, il faudrait donc immédiatement stopper l’immigration en Europe, USA, Australie, qui sont actuellement les 3 continents où la majorité des migrants veulent s’y rendre, afin d’éviter que ces derniers se mettent à polluer 20 à 50 fois plus.

        Quant à la déforestation en Amérique du Sud, c’est surtout la pauvreté du sol qui pousse les paysans à défricher plus loin pour cultiver plus loin. Une zone déforestée offre un sol cultivable pour seulement 2-5 ans et après il ne fait plus rien pousser.
        Par contre, je ne partage pas votre point de vue sur “l’intérêt des populations locales”. Ils ont au contraire désespérément besoin des accords de libre échange comme le MERCOSUR.

        1. Une précision, ce n’est pas la pauvreté du sol qui pousse les paysans à défricher “plus loin…” Ces terres, où vivent des autochtones que l’on tue, s’ils s’y opposent, très riches autant au niveau du sol qu’au niveau du sous-sol, sont convoitées par l’agro-business.

          Soit les grands propriétaires terriens, aidés par le gouvernement qui induit toute la chaîne de l’agro. Des semences OGM au bétail qu’on commence à mettre d’abord pour finir le défrichement.

          Gouvernement qui a réduit les contrôles, qui justement essayaient de limiter ces “énormes” grignotages. Très peu d’incendies sont naturels!

          Quant au Mercosur, le risque est qu’on leur échange des médicaments et autres machines, contre des matières premières brutes, alors … pour leur développement?

  8. Merci pour ce blog qui fait du bien ! A force s’accélérer sans fin le nez dans le guidon, nous nous sommes perdus…

    Il ne s’agit pas d’analyser ici scientifiquement le “pour” et le “contre” de nos choix de société mais de retrouver un équilibre. Il ne s’agit pas de faire moins et de s’ennuyer mais de faire mieux: “less is more !” C’est une affaire de valeurs et d’état d’esprit.

    On peut vivre intensément, avec passion, en dégustant chaque instant avec ses amis et ses proches sans courir dans tous les sens dans l’illusion que, seule une consommation effrénée, peut remplir notre vide existentiel.

    De plus, dans une société inégalitaire, la destruction de notre environnement pénalise surtout les moins fortunés qui eux pourront toujours s’offrir un endroit privé à l’abri de la polution.

    On est moins pauvre quant la nature préservée, gratuite, s’offre à tous dans sa simplicité…

  9. Nous avons perdu le sens de la beauté. Admirez simplement l’habit de cette jeune paysanne sur les photographies proposées par Dorota. Quelle grâce, quelle délicatesse avaient ces habits de travail dans les champs. Peu de choses autour d’elle et sur elle mais de belles choses, amoureusement imaginées, conservées, réparées parce qu’elles étaient la mémoire de chacune et de chacun et la preuve d’un émerveillement. Nul habit synthétique et jetable, nul costume noir de notre époque consumériste et mortifère.

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