Avortement: la déferlante unanime

La décision de la Court Suprême des USA d’annuler la décision historique de 1973 Roe v. Wade provoque un tsunami médiatique, à sens unique. Pourtant, la décision est fédérale et invite les Etats à légiférer sur l’avortement. 

Le débat démocratique permet d’entendre toutes les voix, les pour et les contre avec un débat, cependant les médias mainstream sont entrés dans une propagande agressive, notamment par l’usage d’adjectifs qui ne rendent pas honneurs à ceux qui les lancent. Est-il possible d’avoir un avis éclairé et différent sur ce drame ?

Personnellement, je ne jette pas la pierre aux femmes qui ont avorté. J’ai entendu bien des confidences pour ne pas ajouter des insultes ou des slogans à une blessure. L’avortement est un thème tellement émotionnel.

Les pères sont aux abonnés absents ? Parfois, ce sont eux qui poussent à l’avortement, d’autres fois ils n’ont pas eu droit au chapitre. Sans oublier le serment d’Hippocrate qui engage toujours les médecins : “Je ne provoquerai jamais la mort délibérément”.

L’avortement ne mobilise pas d’abord les opinions, les politiques, les religions ou les croyances, mais fait en tout premier lieu appel à  la raison et la science. Aujourd’hui, avec les moyens techniques ( ultrasons, IRM, caméras …) nous savons que dès la fécondation, le plus petit être humain est là, présent, innocent. En paraphrasant Galilée, je dirais “et pourtant il vit”. 

Ce petit plus

Avez-vous remarqué ? Lorsque une femme est agressée, blessée, violentée ou tuée, nous soulignons qu’en plus elle était enceinte. Cela ajoute à l’effroi ! Quel est ce plus, ce davantage ? De la matière ? Non, nous avons l’intuition juste d’une autre vie, l’enfant qu’elle portait.
Il ne suffit pas d’être pour la vie, il faut aussi que les pères s’engagent afin de ne pas laisser les femmes seules, abandonnées et isolées. Il est de notre devoir d’aider les mamans en détresse, angoissées, ne sachant plus comment affronter une grossesse. Rien ne sert de faire la morale, mais bien plutôt de trouver d’autres solutions que la mort d’un être humain.
“l’avortement doit rester l’exception”
Je me permets de conclure en citant Simone Veil: 

« Je le dis avec toute ma conviction : l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. …. Mais comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ? Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme – je m’excuse de le faire devant cette assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. »

Simone Veil 26 novembre 1974, la ministre de la santé, à la tribune de l’Assemblée nationale

*L’arrêt Roe v. Wade est une décision historique rendue par la Cour suprême des Etats-Unis en 1973. L’action judiciaire avait commencé en mars 1970 au Texas. Pour rester anonyme dans son combat, McCorvey avait été identifiée sous le pseudonyme Jane Roe. Avec l’appui de son avocat Sarah Weddington, elle devait faire face à Henry Wade, le procureur de Dallas, représentant l’Etat du Texas à l’époque.Jane Roe perd son procès devant la cour de district mais son avocat interjette appel.

 La Cour suprême se saisit du dossier en décembre 1971, mais c’est finalement après maints débats qu’une décision sera rendue le 22 janvier 1973, avec une majorité de 7 voix en faveur de Jane Roe contre 2.L’arrêt a marqué le débat américain sur la légalisation ou non de l’avortement, mais il a aussi mis en lumière le rôle de la Cour suprême des Etats-Unis. La classe politique américaine et l’opinion publique sont divisées entre les “pro-choix” qui défendent le droit à la femme à choisir et les “pro-life” .

Dominique Fabien Rimaz

D'origine fribourgeoise et italienne, né à Bôle (Neuchâtel), Dominique Fabien Rimaz se rêvait pilote militaire. Il passera d'abord par une formation en chimie puis en sciences politiques pour devenir un jour journaliste. Rattrapé par la vocation, il est aujourd’hui prêtre en Veveyse et aumônier des hôpitaux à Fribourg.

22 réponses à “Avortement: la déferlante unanime

  1. Monsieur l’Abbé,
    Comme vous le relevez justement: «Aujourd’hui, avec les moyens techniques (ultrasons, IRM, caméras …) nous savons que dès la fécondation, le plus petit être humain est là, présent, innocent.» Il ne s’agit ni de religion ni de morale. C’est une question de droit.
    Le droit à la vie n’est-il pas supérieur à celui de la liberté individuelle de disposer de son corps ?

    1. Notre corps nous appartient, c’est nous-mêmes. Et dès la fécondation les petites cellules sont distinctes du corps de la mère. C’est un minuscule corps dans le corps de sa mère. Donc c’est aussi un devoir de protéger et le corps de la mère et le corps du tout tout petit. Les deux.

  2. Bravo à l’abbé qui se mouille un peu sur ce sujet difficile.

    On n’a pas entendu l’Eglise se prononcer sur le “mariage” …. ( ndlr : pour tous ) . C’est dommage.

  3. Je me pose toujours cette question:
    vaut-il mieux un enfant pas aimé ou, pire, jeté dans le système des foyers et l’adoption hypothétique, ou arrêter “l’expérience” au plus vite, et éviter à la société de payer pour ça ?
    Parce que, oui, des fois, il arrive qu’une mère ne veuille pas être mère, pour tellement de raisons que je ne vais même pas tenter d’en dresser une liste, même succincte.

    À toutes les personnes contre l’avortement : allez-vous vous porter volontaires pour récupérer les enfants non-désirés, ou encore les mal-formés (physiques et/ou mentaux) ? Allez-vous prendre le poids de cette responsabilité, et ainsi décharger la femme, la famille qui, suite à des décisions de vieux croulants (les juges suprêmes), n’ont pas d’autres choix que la mise au monde d’une progéniture non voulue ?

    Et aussi : quid du “résultat” d’un viol ? Vous voulez aussi que la victime épouse son violeur, tant qu’on y est ? C’est ce qu’il se passe dans certains pays dirigés par un obscurantisme religieux tel qu’on est en train de le voir naître et grandir en occident, à commencer par les USA. Bel avenir, vraiment.

    J’ai toujours beaucoup de peine à considérer un haricot, tel que montré sur la photo de cet article, comme un être vivant à part entière. Cet amas de cellules n’est pas indépendant de la mère, tout au plus est-ce une symbiose temporaire, que d’aucuns pourraient putôt appeler parasitaire, selon le degré d’affect.

    La décision de la Court Suprême fait surtout le jeux des états conservateurs, comme on peut le voir. Et, au final, on ne va pas arrêter l’avortement dans ces états, on va plutôt mettre en danger les femmes décidées, qui ne veulent pas de leur progéniture pour X raisons, et qui prendront ainsi plus de risques que nécessaires, risquant leur vie, leur santé. Comme si une telle décision n’était pas déjà assez lourde, au final.

    1. Bien sûr que cela est très lourd. Je comprends vos questions.

      Cependant nous ne pouvons pas anticiper le bonheur d’un enfant. De quoi depend-il ?

      Nous ne voyons plus d’enfants trisomiques car tués une fois détectés. Or ces personnes ont beaucoup d’amour.

      Aussi avoir une qualité de vie oui, mais supprimer une vie non. Cela était la sagesse de Hippocrate. Il n’était pas chrétien évidemment mais un homme intègre.

      1. Le bonheur d’un enfant dépend, en partie du moins, de l’amour de ses parents, ses proches. Si ces derniers n’en n’ont aucun à lui donner, qu’advient-il ? On ne peut décemment pas forcer des personnes à enfanter si tel n’est, au final, ni leur volonté, ni leur désire actuel.
        Notons aussi que les gens peuvent évoluer, et décider, plus tard, “c’est le moment d’avoir un enfant”. Si la femme a subit une interruption de grossesse médicale, donc suivie, elle aura de bonnes chances de pouvoir enfanter. Si, au contraire, elle a dû avoir recours au cintre ou à l’aiguille à tricoter (ce qui va arriver aux USA, surtout pour les classes défavorisées qui ne pourront pas aller dans un autre état), les chances sont très, très fortement réduites. Permettre une interruption dans les meilleures conditions tant médicales que mentales, avec le soutien nécessaire, est primordial si on pense au long terme à la santé.

        Ici, le choix est fait : ma femme et moi n’auront pas d’enfant. Et si, par malheur (dans notre cas) un accident arrive, on n’ira pas à terme. Pour tout un tas de raisons qui nous sont propres, mais c’est notre choix. Un choix qui, n’en déplaise à certaines personnes, nous appartient. Et qui semble remis en question de nos jours.

        N’oublions pas une chose, aussi : le précepte “multipliez-vous” date d’une époque où on n’avait pas près de 10 milliards d’humains sur une planète étouffée, au bord de l’implosion.
        Au final, laisser les gens se limiter et se réguler eux-mêmes ne serait pas, tout de même, une preuve d’amour pour son prochain ? Les personnes ne se voyant pas parents laissent ainsi la place aux autres qui, elles, veulent connaître ce bonheur.

        1. Je respecte votre point de vue. Il y a plusieurs choses.

          Un point est la régulation des naissances. Chaque couple a la liberté de choisir en fonction de la santé, des moyens etc le nombre d’enfants.

          Un autre concerne le fait rationnel et scientifique que la vie commence dès la conception. L’enfant est totalement innocent du context douloureux autour de lui. Certes l’adoption est une option. Mais cela ne sera pas facile. Mais quelle vie est facile ?

        2. On ne fait pas de preuve d’amour à son prochain en le tuant. Le seul et unique argument en faveur de l’avortement est penser que l’embryon n’est pas vivant… ce qui est loin d’être évident. Tout les autres arguments sont d’une horreur sans nom. Vous dites que si l’enfant n’est pas aimé pas ses parents, sa vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Qui sommes nous pour décider que comme sa vie a des chances de ne pas être drôle, on doit le tuer ? Et pour quel prétexte être handicapé est-il une garantie de ne pas être heureux ? Et une fois de plus, qui sommes nous pour décider de sa mort ???
          Il n’est tout simplement pas acceptable de tuer une vie sous des prétextes « au cas où il serait malheureux ». Si ces situations sont complexes et qu’il est souvent difficile de blâmer la femme qui avorte, je ne vois pas comment on peut cautionner moralement le meurtre d’un enfant.
          Autre chose : on prévoit une diminution de la population dès 2060, ce mythe qu’il faut réguler la natalité est complètement farfelu. De plus pour réduire le nombre de naissance il existe un moyen simple : l’abstinence ! Votre raisonnement qui consiste à tuer des bébés pour réduire la population est du même acabit de dire qu’il faut tuer les chômeurs pour réduire le chômage.

          1. “ce mythe qu’il faut réguler la natalité est complètement farfelu”, sur ce point je suis d’accord avec vous, je l’ai déjà souvent mentionné ici. La tendance au déclin démographique est déjà fortement amorcée dans les pays occidentaux et s’étend progressivement au monde entier (le recul des taux de natalité est également très marqué en Afrique et en Asie, mais ces continents partaient bien sûr de plus haut). Au siècle prochain, c’est ce déclin qui va devenir LA grande préoccupation de l’Humanité, mais pour l’instant celui-ci n’est pas encore apparent du fait de l’inertie due en particulier au fort allongement de l’espérance de vie des “boomers”. Mais ce mythe n’a jamais été la raison sérieusement évoquée pour justifier des avortements!

          2. Rassurez-moi : mangez-vous exclusivement vegan, voire des cailloux, en fait ? Vous n’écrasez jamais un moustique ou une araignée et vous ne vous vaccinez pas ? (Si si, ça empêche des milliards de milliards de virus de vivre).
            Le principal argument en faveur de l’interruption volontaire de grossesse, c’est le pragmatisme : un cadre légal, médical et même (surtout ?) social pour que la décision d’interrompre une grossesse soit le moins dramatique possible. Car interdire n’empêche pas.
            Encourager des solutions visant à minimiser le recours à l’avortement, je comprends et y suis favorable. L’interdire, c’est de mon point de vue plus “criminel” que l’avortement lorsqu’il est pratiqué dans les meilleures conditions possibles (grâce au cadre susmentionné).
            Cependant, au final, nos avis individuels importent peu : c’est au peuple souverain de choisir ses règles, démocratiquement. Or, aux USA, ce sont moins de juges (5) qu’il n’y a de mois de grossesse qui ont décidés pour plus de 330 millions d’habitants. J’aimerais quand même souligner qu’il s’agit là de 0.000002% du nombre d’électeurs (250 millions) !

          3. Premièrement, je considère qu’un être humain est peut-être un tout petit peu plus important qu’un virus ou un animal.
            Deuxièmement, je suis d’accord avec vous sur le fait que le peuple doit décider par lui-même. Mais c’est un peu hypocrite de dire cela maintenant : lorsque les juges ont rendu légal l’avortement sur tout le territoire, ce n’était pas plus démocratique que maintenant. Comme la majorité de la cour était progressiste, ils ont accepté cela, mais il n’y a pas réellement eu de débat. Au contraire, je trouve la situation démocratique renforcée avec cet arrêt : la cour laisse chacun des états décider au lieu de forcer ceux qui ne veulent pas à accepter cette règle. Si on peut critiquer le système américain, je ne pense pas que ce soit un bon argument dans ce cas là.

    2. La question est très délicate, mais on ne peut totalement assimiler un embryon à un être humain. C’est, effectivement, un “être humain en devenir”, mais ce potentiel n’a pas encore été réalisé (on n’a pas de souvenirs de sa vie intra-utérine). Si on veut une analogie, qui vaut ce qu’elle vaut comme toute analogie, c’est un peu comme une page blanche; ça ne veut pas dire qu’elle n’a aucune valeur, mais elle n’a pas la même signification qu’une page “remplie” qui contiendrait un sonnet de Shakespeare par exemple. On pourrait aussi faire l’analogie avec un disque dur d’ordinateur, encore vierge ou contenant l’information sur une grande découvertes scientifique. Il faut donc bien évidemment dans toute la mesure du possible permettre à un embryon de réaliser son potentiel, mais dans des circonstances extrêmes (je ne crois pas qu’aucune femme décide d’avorter sans bonne raison) il vaut mieux en effet peut-être “Interrompre l’expérience” comme dit plus haut. Quoi de plus terrible pour des parents que de s’entendre dire par son enfant: “pourquoi avez-vous décidé de me laisser venir au monde” comme l’a fait un jeune terriblement handicapé que j’ai connu? Avant de juger bien tranquillement dans l’abstrait et sans être directement concerné, il faut réfléchir à ce genre de situations.
      Il est d’ailleurs à remarquer que ces Etats américains conservateurs soi-disant tellement respectueux de la vie des embryons sont aussi le plus souvent ceux qui sont en faveur de la peine de mort (et tant pis pour les erreurs judiciaires, pas si rares que ça dans les Etats en question, impossibles alors à “corriger”) et aussi pour une large circulation des armes, dont la finalité est bien de tuer, et pas toujours réellement “en légitime défense”!

    3. Bonjour. Tout en respectant votre commentaire je répond. Je suis un jeune. J’ai été cet “haricot vivant” comme vous nommez, dans le ventre de ma mère biologique. On m’a conçu. Puis on a décidé de me tuer. Je suis un survivant. J’ai été sauvé par une femme qui a interrompu ce désir d’avortement par une promesse d’adoption. Je suisbun rescapé de cet Auswitch de mort par une femme et un homme. Je leur doit la vie. Je peux vous dire que l’haricot ou le fœtus, je préfère, souffre. Que cette souffrance engendré par la souffrance, par l’abandon, est une marque indelebile. J’ai en moi des lésions qui ne serons pas guéries. Ma question est dans mon cas : ma mère, n’avait elle pas des moyens pour pas être en ceinte ? Sans jamais la rejeter. Je me pose la question à quoi je sers puisque sans me connaître on a voulu me suprimer. Riens sur mes origines pathologiques. Un vide sur une page vierge. Mais, je suis heureux d’être vivant. Je remercie mes parents adoptifs. Et même à cette femme qui m’a conçu avec un homme que sans doute n’a pas assumé sa paternité laissant seule une jeune femme. Lorsque on appartient à une famille juive, car révélé par ma mère adoptive, on a de la difficulté d’asumer ce genre de problème. Merci de m’avoir permit de partager ce qui l’habite.

  4. À ceux qui prétendent pouvoir évaluer si cela vaut la peine de naître et vivre handicapé, questionnez ces personnes parmi celles qui sont en mesure de s’exprimer, vous ne trouverez aucune réponse unique, et peut-être comprendrez-vous que vous n’êtes pas à la place de l’autre. Bien des personnes cherchant le sens de leur vie, notamment certains philosophes pessimistes, ne sont ni psychiquement malades ni atteints physiquement. Certains éprouvent pourtant la sensation que « la vie n’a pas de sens ». Et pour la personne simple, de niveau intellectuel limité, que l’on voit rire, se réjouir de bien manger, se plaindre ou se mettre en colère, c’est quoi la valeur de sa vie ? Cela lui appartient, et si elle a le désir de partager pour ne pas être seule, dire oui ne va pas nous faire perdre tout ce que l’on a en plus grand. Savoir se taire pour mieux écouter est parfois plus empreint d’humanité que de longs discours dictés par le battement de son cœur.

    1. Je parle d’une personne non-né a qui on ne demande pas son avis justement. Pas une personne avec l’âge de raison. Oui parfois la vie est un fardeau difficile.

      En attendant, la vie reste un cadeau.

      1. Je n’assimile pas votre article comme étant un long discours dicté par les battements de votre cœur, ils sont les bienvenus, et de mon côté je ne justifie pas mes propos par « la raison » qui prétend comprendre et expliquer la valeur de la vie : celle de qui ? Souvent la sienne quand on dit « que nous sommes trop nombreux sur cette terre, qu’on devrait d’abord soutenir ce qui en vaut la peine au lieu de prolonger des souffrances inutiles », et tous ces raisonnements que je trouve dans les commentaires de ce blog et d’autres parlant de « notre vie ». Cette expression, selon le contexte dans lequel elle est murmurée, chantée, criée, dites sur tous les tons et sentiments possibles me fait penser à ceci : il y a « notre vie » quand on l’a ensemble pour être heureux, pleurer, revendiquer ses droits, sauter à douze en parachute, ou prier à l’église pourquoi pas ? Et il y a notre vie à soi qu’on nous a donnée, dit-on, mais qui si l’on n’est pas croyant ? Et faut-il encore savoir la prendre à temps puis la garder si un jour elle ne vaut plus rien pour les autres. Cela me rend triste que ce soit la raison qui décide de la vie ou de ce qu’on est, quand ce n’est pas la sienne de raison, ou celle qu’on n’a pas encore ou qu’on dit perdue. Il est parfois possible d’entendre celle-ci en posant un stéthoscope sur la tête d’une personne malheureuse qui a décidé de se taire mais continue à entendre une dernière amie : « je suis toujours là, ne le dis à personne, sinon toi et moi nous ne serons plus rien. N’ouvre pas la boîte dans laquelle je me cache avec toi, nous ne sommes pas un cadeau… »

  5. Bonsoir,

    Il est dit dans cet intéressant échange :
    “Au contraire, je trouve la situation démocratique renforcée avec cet arrêt : la cour laisse chacun des états décider au lieu de forcer ceux qui ne veulent pas à accepter cette règle”

    La Cour Suprême , dans sa précédente décision, autorisait la pratique de l’IVG pour celles qui le souhaitaient . Celles qui refusaient cette pratique avaient parfaitement le droit ( fort heureusement ) de ne pas y recourir.

    La Cour Suprême actuelle ( dans certains États ) interdit l’IVG à toutes et ne laisse aucun libre choix.

    La nuance est tout de même flagrante !
    Et prouve que la démocratie américaine est bien au contraire mise en danger par cette décision.

    Quelques juges, aux convictions très orientées, ont privé du droit de choisir des millions d’américaines. Alors qu’auparavant les américaines pouvaient choisir , en toute liberté , entre avoir recours à l’IVG, ou pas .

    Merci pour cet espace de conversation et d’échange !

    1. Justement, ils ne l’ont pas interdit : ils laissent choisir le peuple de chaque état. C’est la démocratie : le pouvoir au peuple. Je rappelle que CE N’EST PAS UN SYNONYME DE “BIEN”. Le principal problème est que l’avortement n’est pas une chose personnelle (ceux qui veulent le faire le font et ceux qui ne veulent pas le faire ne le font pas). De même que l’on n’a pas le droit de tuer ces propres enfants, on ne peut pas évacuer la question de l’avortement en disant “laissez nous tranquilles, on fait ce qu’on veut”. On ne peut pas donc “interdire d’interdire” sous prétexte qu’on ne le fera pas si on ne veut pas le faire. L’avortement est loin d’être un choix personnel : c’est un choix de société.

  6. Il y a des sujets qui de toute façon n’ont pas de consensus possible car il relève de choix philosophiques de chacun.
    Peine de mort, certains sont pour, d’autres contre.
    Avortement, certains sont pour, d’autres contre.
    Le débat est par nature biaisé et insoluble.
    Je ne suis pas d’accord avec vous quand vous citez simone veil car justement elle est brandie comme un étendard du “droit à l’avortement”.
    Simone veil a un jour dit qu’elle ne s’exprimerait plus sur ce sujet et elle a tenu cette promesse jusqu’à la fin.
    C’est le reproche principal que je lui fais, de ne pas avoir voulu éclaircir ses propos.
    Autant son fils dans un entretien il y a quelques années a confirmé que sa mère a toujours voulu que l’avortement soit l’exception, autant simone veil a été utilisée à toutes les sauces par la gauche pour justifier l’avortement.
    Elle n’a jamais voulu redire ce qu’elle pensait.
    Il y a autant d’avortements en France que dans les années 70 et quand je lis certains dire que l’avortement n’est jamais fait par plaisir, je crains monsieur que vous ne pêchiez par naiveté.
    Je suis convaincu que certaines féministes le font justement par plaisir.
    Certaines enchainent l’avortement et ça ne semble pas leur poser le moindre problème.
    Cette guerre, car c’est une guerre, est une guerre idéologique.
    Chacun dans son camp.

  7. @ Mme Kris, 1er juillet 2022 / 21h57.

    Par choix philosophique vous entendez, je pense, sa manière propre de concevoir la vie. Éloignons-nous un peu de la question de l’avortement pour parler de l’enfant qui naît, qui est voulu : « l’heureux évènement ». Rien n’est pour autant garanti que celui-ci « fera le bonheur » de ses parents, ni grandira bien et deviendra un adulte capable d’avoir et d’apporter du bonheur. Mais une « heureuse naissance » est déjà un bon départ, et heureusement qu’habituellement les parents ne gardent pas en cet instant trop la tête sur les épaules, sinon que devraient-ils penser ? « Le meilleur comme le pire peut arriver, il est trop tôt pour croire sans se tromper… » Tout le contraire de la naïveté toute spontanée… Regardez un peu les mères qui se sentent émues et heureuses en voyant leur bébé leur sourire. Il n’y a pas que ce dernier qui est naïf, la mère l’est aussi, elle ne retombe pas pour autant en enfance ! Quelle est l’origine de ce comportement ? On peut le nommer « instinct maternel », et si l’on veut aller plus loin, c’est prévu par la nature pour que nous nous reproduisions, mais nous sommes libres de dire non. Rien ne garantit cependant que dire non à temps épargnera d’une surprise pas toujours entièrement mauvaise, mais où la maman peut se sentir dépourvue, inquiète, ou même affolée. L’instinct, au féminin le plus souvent, est malgré tout présent, pas moyen de s’en prémunir, il ignore les volontés personnelles. Que c’est heureux quand ce phénomène naturel s’accorde au désir, et terrible quand il s’oppose au contraire. Je reviens maintenant à la question de l’avortement, la souffrance qu’il cause inévitablement, pas besoin de raisonner pour se faire une idée, il suffit d’écouter celles qui l’ont décidé-subit : les deux à la fois, raison et naïveté, volonté et instinct qui se heurtent. Avorter n’est pas un remède heureux, et je ne peux concevoir le plaisir que « certaines féministes » pourraient en retirer. Le tableau que vous dépeignez existe pourtant dans la galerie des horreurs que l’on dit « inhumaines », mais pourquoi choisir le mouvement féministe en particulier ? Ce n’est pas le seul lieu où peut se révéler la folie dangereuse. Il n’y a dans les divisions psychiatriques judiciaires pas plus de féministes meurtrières que de pauvres femmes soumises… Arrêtons de créer des catégories pour désigner des monstres, ou à l’inverse des personnes dont la sincère gentillesse est attribuée à de la naïveté. Notre vie n’est pas faite que de savoirs, laisser croire c’est aussi laisser vivre.

    1. @dominic : je suis pas arrivé à comprendre ou vous voulez en venir.
      Et un enfant n’est pas naif, un enfant est un enfant.
      On ne peut pas demander à un bébé de raisonner comme un adulte.
      La mère n’est pas naive, la mère est dans un autre monde, noyée aussi par ses hormones.
      Pourquoi choisir le mouvement féministe particulier ? parce que c’est dans ce mouvement que j’ai le plus entendu des arguments qui ne laissent pas la place au doute.
      Suffit juste d’écouter certaines dire avec amusement qu’elles ont avorté ‘x fois’.
      C’est mon corps, je fais ce que je veux, et j’avorte autant de fois que je veux, signé : une féministe.
      Et moi c’est monsieur, la théorie du genre fonctionne pas avec moi.

      1. Et moi, Madame au masculin ou je ne sais comment il faudrait s’adresser à vous, ma lecture des articles ou des commentaires ne se déforme pas comme la lanière de la catapulte avec laquelle vous envoyez vos rigides avis.

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