Le choix du F-35 en Suisse et le vent de la communication

Une organisation hiérarchique, comme l’Eglise catholique, a plus de peine à communiquer. Même combat pour l’armée suisse. Cela peut être analysé de façon intéressante en prenant appui sur la campagne du F-35, avion américain choisi par les experts.

Sans vouloir entrer dans un choix éminemment politique, je vais succinctement et uniquement me baser sur quelques aspects de la communication.

Pour simplifier, ce point décrit “la météo” médiatique. Dans le fonctionnement médiatique, tout d’abord pour l’Eglise catholique, certains thèmes sont récurrents: les abus, le discours sur l’homosexualité, la renonciation du Pape François, la place de la femme, le célibat des prêtres, l’ordination sacerdotale des femmes …. Ces points sont comme des hameçons qui attirent les journalistes et retiennent l’attention de l’opinion publique.

Pour l’achat du nouvel avion de la défense aérienne suisse, la mentalité qui formate les réflexions et le fonctionnement médiatique possèdent des fortes ressemblances. Les points d’accroches seraient dès lors: le prix, la furtivité inutile de l’avion américain (invisible aux radars), les défauts de jeunesse à répétition, le rapport avec l’Europe…

Toujours les mêmes

Pour porter ces éléments sur la scène médiatique, les mêmes personnes occupent le terrain. L’écrivain Mr Fridez, médecin et homme politique, est surmédiatisé et omniprésent. Il occupe le ciel des médias mainstream. Pourtant, le monde des avions lui est presque inconnu. Comme la Suisse Romande n’a pas vraiment des médias “d’opposition”, la médiatisation est quasi à sens unique.

 

 

Pour résumé: le F-35 est trop cher, un bombardier inutile à la Suisse et un avion dessiné pour entrer en territoire ennemi sans être repéré… Tous ces arguments laissent alors présager un scandale similaire aux achats du Mirage III. Ces nuages noirs flottent dans l’air, particulièrement dans les esprits des non-initiés au monde complexe de l’aviation.

Cependant, les experts en communication, les communicants, savent que “décision et communication” sont les deux faces d’une même médaille. Un bon choix mal médiatisé court à l’échec.

D’ailleurs, concernant le refus du Gripen, un film a montré la faillite de la communication du conseiller fédéral en charge de ce dossier. Cette médiatisation personnelle a fait “cracher” l’avion.

Le rapport d’un expert

Le dossier de Claude Nicollier, expert en aéronautique, invitait à l’usage des réseaux sociaux. C’est sans aucun doute une très bonne alternative pour être pro-actif dans la médiatisation des choix et des décisions. Lorsque l’alliage ou l’alliance entre décisions et explications transparentes n’est pas effectif, les vents contraires prennent le dessus. Les éclairs (lightnings en anglais) viennent d’un seul nuage et prennent naissances par ces vents contraires.

“un univers inédit et révolutionnaire, comparable au cap franchi des avions à hélices aux avions à réactions”

Des facteurs sont mis en veilleuses et non- repérables dans le ciel agité des polémiques, tels que l’acquisition d’un avion de 5ème génération (un univers inédit et révolutionnaire, comparable au cap franchi des avions à hélices aux avions à réactions), l’avionique capable de détecter un avion à une trentaine de kilomètres, le développement technique lié aux “bugs” fréquents de tous les avions (parfois comme nos propres programmes sur nos ordinateurs opérationnels), le choix identique par des pays européens (constructeur de l’Eurofighter), le résultat de l’évaluation remporté haut la main par le F-35 …

Il faut les rendre audibles et détectables.

Revenons au début de ce petit billet. Les sociétés très hiérarchisées peinent à communiquer leurs décisions. Ceci est valable aussi pour l’Eglise catholique. Dans nos sociétés démocratiques occidentales, la méfiance des médias est toujours nocives. Cela se termine souvent pas des rafales.

 

Dominique Fabien Rimaz

D'origine fribourgeoise et italienne, né à Bôle (Neuchâtel), Dominique Fabien Rimaz se rêvait pilote militaire. Il passera d'abord par une formation en chimie puis en sciences politiques pour devenir un jour journaliste. Rattrapé par la vocation, il est aujourd’hui prêtre en Veveyse et aumônier des hôpitaux à Fribourg.

4 réponses à “Le choix du F-35 en Suisse et le vent de la communication

  1. bonjour; vous terminer par cette phrase: ” Cela se termine souvent pas des rafales.” pour le français que je suis c’est amusant que vous évoquiez l’avion de Dassault ! Tout de bon .

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