Guerre en Ukraine: François papote-t-il ?

(Entretien avec les Jésuites)

François est jésuite et argentin de formation. Il n’a pas connu, comme la Pologne et les anciens pays satellites de l’Union soviétique, les horreurs commises par les pseudos-vainqueurs du nazisme. Un journaliste se posait d’ailleurs la question si nous ne payons pas aujourd’hui la facture de la fin de la seconde guerre mondiale, citant au passage Churchill qui aurait continué la guerre jusqu’à Moscou.

La lâcheté du partage du monde suite à Yalta est encore plus manifeste depuis 2014, au début de la guerre en Ukraine. Pour Poutine, la chute de l’Empire soviétique fut un catastrophe. Agent secret à Berlin en 1989, il a préparé son plan revanchard durant des dizaines d’années.

La propagande russe est très puissante au point d’entrer par petites gouttelettes dans les esprits. Ce n’est pas un jet d’eau qui vient à bout du béton, mais un petit ruisseau constant qui ne cesse jamais.

La première approximation de la diplomatie papale est historique. L’Ukraine a un histoire et une culture fondamentalement différente de la Russie. Avant que Moscou voit le jour, Kiev était déjà une grande ville et la Russie ne trouve pas directement ses racines en Ukraine.

Le second petit errement provient du pseudo-aboiement de l’OTAN. Aucun pays limitrophes de la Russie ne veut l’envahir. Ce sont les pays qui ont vécu sous la botte soviétique qui ont bien légitimement peur et qui préfèrent se tourner vers l’alliance transatlantique nord pour leur sécurité et leur liberté.

En Argentine, afin de lutter contre des régimes d’extrêmes-droites, Jorge Maria Bergoglio a connu un produit dérivé du communisme, pas autant cruel que celui des “Lénine ou Staline and Co”. Ce dernier est sans aucun doute le plus grand criminel de l’histoire.

Les pays limitrophes de la Russie le disent haut et fort, tant que vous n’avez pas vécu dans votre chair les mensonges habituels de la “Sainte Russie”, vous ne pouvez pas comprendre.

Il est impossible de renvoyer dos-à-dos l’agresseur et la victime, même si l’Ukraine n’est pas exempte de corruption.

Le communisme a bel et bien été l’opium d’une grande partie de l’intelligentsia occidentale, un rideau de fumée qui empêche de voir clairement la réalité du génocide ukrainien qui se déroule sous nos yeux.

Dieu merci, les actions de François en faveur de l’Ukraine sont innombrables et tout comme Saint Jean XXIII en 1962, le successeur de Pierre et le Saint-Siège demeurent des interlocuteurs et des médiateurs très compétents face au péril nucléaire tout comme pour la Paix mondiale.

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Article: source Aleteia

Par Hugues Lefèvre – Se défendant d’être “en faveur de Vladimir Poutine”, le pape François a précisé sa position concernant la guerre en Ukraine, en assurant ne pas vouloir réduire la complexité de la situation “à la distinction entre les bons et les méchants”, dans un long entretien accordé le 19 mai aux responsables des revues jésuites européennes et publié le 14 juin dans la revue Civiltà Cattolica. Le Pape y confirme en outre sa volonté de rencontrer le patriarche Kirill lors de son déplacement au Kazakhstan en septembre prochain. 

Pour analyser le conflit en Ukraine, il faut “nous éloigner du schéma habituel du ‘Petit Chaperon rouge’”, a d’emblée prévenu le pape argentin, alors interrogé sur le conflit qui a déjà causé la mort de milliers de personnes et jeté sur les routes des millions d’Ukrainiens. “Ici, il n’y a pas de bons et de méchants métaphysiques, de manière abstraite”, a-t-il argumenté, avant de raconter une anecdote. 

Quelques mois avant le début de l’invasion russe, le Pape s’est entretenu avec un chef d’État “très sage”. “Il m’a dit qu’il était très préoccupé par la façon dont l’OTAN évoluait. Je lui ai demandé pourquoi, et il m’a répondu : ‘Ils aboient aux portes de la Russie. Et ils ne comprennent pas que les Russes sont impériaux et ne permettent à aucune puissance étrangère de les approcher’”. Et le Pape de noter la clairvoyance de ce chef d’État qui a “su lire les signes”. 

Raisonner “sur les racines et les intérêts”

Début mai, dans un entretien accordé au quotidien italien Il Corriere della Sera, le pape François s’était déjà demandé si la “colère” de Moscou avait été déclenchée par l’attitude de l’OTAN vis-à-vis de la Russie. Il avait pour la première fois évoqué les “aboiements de l’OTAN à la porte de la Russie”. 

Ne souhaitant toutefois pas s’afficher comme un défenseur de Vladimir Poutine, le pape François a répondu très clairement aux jésuites présents dans la Bibliothèque du Palais apostolique : “Je ne le suis pas”. Il a rappelé cependant la nécessité de “raisonner sur les racines et les intérêts, qui sont très complexes” dans ce conflit. Évoquant alors la “férocité” et la “cruauté des troupes russes”, le Pape a martelé qu’il ne fallait pas “oublier les problèmes pour essayer de les résoudre”.

Sur l’invasion en Ukraine en tant que telle, le Pape a confié que les Russes “se sont trompés dans leurs calculs”. “Les Russes pensaient que tout serait terminé en une semaine”, a-t-il avancé, soulignant qu’ils avaient finalement trouvé en face d’eux “un peuple courageux, un peuple qui se bat pour survivre et qui a une histoire de lutte”. 

“L’héroïsme du peuple ukrainien”

Dans cet entretien, le chef de l’Église catholique a tout particulièrement insisté sur “l’héroïsme du peuple ukrainien”. Un héroïsme qui “nous touche au cœur”, a-t-il abondé, se laissant à décrire une Ukraine “experte dans la souffrance de l’esclavage et de la guerre”. “C’est un pays riche, qui a toujours été découpé, déchiré par la volonté de ceux qui voulaient s’en emparer pour l’exploiter. C’est comme si l’histoire avait prédisposé l’Ukraine à être un pays héroïque”, a-t-il estimé.

Alors qu’au début du conflit, des discussions étaient réapparues sur le concept de ‘guerre juste’ que le pape, dans son encyclique Fratelli tutti, avait remis en cause, il semble avoir voulu, dans les colonnes des revues jésuites, clarifier sa position en louant un “peuple qui n’a pas peur de se battre”, ce peuple “qui travaille dur et qui est en même temps fier de sa terre”. 

Une rencontre avec Kirill en septembre ? 

“J’espère rencontrer [Kirill] lors d’une assemblée générale au Kazakhstan en septembre”, a par ailleurs assuré le pape François dans l’entretien, alors qu’un voyage à la rentrée dans ce pays d’Asie centrale a été officialisé le 31 mai. Le pontife souhaite en effet participer à un sommet interreligieux qui doit se tenir les 14 et 15 septembre. On ignore à l’heure actuelle si le patriarche russe y viendra. En 2018, c’est son bras droit, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, alors président du Département pour les relations extérieures du Patriarcat de Moscou – récemment démis de ses fonctions -, qui y avait pris part. 

Aux Jésuites, le Pape a rappelé qu’il comptait initialement rencontrer le chef de l’Église orthodoxe russe le 14 juin à Jérusalem. “Mais avec la guerre, d’un commun accord, nous avons décidé de reporter la rencontre à une date ultérieure, afin que notre dialogue ne soit pas mal compris”, a-t-il de nouveau fait savoir. 

Au Kazakhstan, le Pape espère pouvoir saluer le chef de l’Église orthodoxe russe en tant que “pasteur”, a-t-il insisté. Lors d’une rencontre en ligne trois semaines après l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, l’évêque de Rome avait reproché à Kirill sa lecture du conflit et l’avait mis en garde contre le fait de devenir des “clercs d’État”. Cette rencontre du Pape avec le patriarche de Moscou serait la deuxième depuis le schisme survenu au XIe siècle. En 2016, le pape François et le patriarche Kirill s’étaient retrouvés à La Havane.

Dominique Fabien Rimaz

D'origine fribourgeoise et italienne, né à Bôle (Neuchâtel), Dominique Fabien Rimaz se rêvait pilote militaire. Il passera d'abord par une formation en chimie puis en sciences politiques pour devenir un jour journaliste. Rattrapé par la vocation, il est aujourd’hui prêtre en Veveyse et aumônier des hôpitaux à Fribourg.

Une réponse à “Guerre en Ukraine: François papote-t-il ?

  1. Dans toutes guerres, il y a ceux qui la font et ceux qui la provoquent. Ainsi va le monde.

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