Zemmour mon amour ? Je t’aime … moi non plus !

Zemmour: un fasciste d’extrême droite ?

L’amour et la haine sont des réactions plus ou moins normales dans la vie.

Invité à Londres puis à Genève, Eric Zemmour ne laisse personne indifférent et déclenche nos passions. Il est aimé ou détesté. L’intellectuel et écrivain est bien un polémiste qui adore le débat et la confrontation et il l’assume, le revendique même. 

L’expression “Je t’aime … moi non plus” trouve son origine dans une phrase de l’artiste Salvador Dalí à qui on demandait ce qui le différenciait de Picasso. Il répondit « Picasso est espagnol, moi aussi. Picasso est un génie, moi aussi. Picasso est communiste, moi non plus. ».

Journaliste à ses débuts, le futur candidat à la présidentielle française de 2022 connait “le climat ou la météo” médiatique. 

La météo des médias

Mes quelques lignes dépeignent à très grands traits le paysage médiatique francophone. Cela me permettra de replacer ou situer différemment l’homme Zemmour, clairement de droite évidemment, dans la sphère politico-médiatique. 

Le classement ou l’étiquette droite ou gauche dépend bien-sûr de la politique. La vision du monde est d’ailleurs, depuis la révolution française, très souvent binaire. Or, cette lentille ne peut pas tout regarder de la même manière, notamment les chrétiens en politique. 

En Suisse Romande, il n’y a pas vraiment un journal ou un média dit d’opposition. Ceci est révélateur car l’opposition serait de droite. Ceci laisse entendre que le milieu des médias est de gauche. Aussi, les médias mainstream romands sont plutôt de gauche et assez alignés. 

En France, CNews et le milliardaire Bolloré sont entrés dans le PAF avec une vision du monde marqué à droite, revendiquant même un certain catholicisme. Dès lors, les grands médias, de gauche, tirent à boulets rouges sur ces nouvelles “chemises brunes” fascistes et d’extrême droite, disent-ils !

L’habitude médiatique engendre la normalité et ce monde de l’opinion diffusée semble objectif et neutre. Or, tout groupe médiatique a sa propre ligne rédactionnelle et ses mécènes. Les nouveaux réseaux sociaux ont certes un peu changé la donne. Un “adjuvant” non-négligeable concerne désormais quelques musulmans en France. Ils ont infiltré une certaine gauche, alors que leurs visions est paradoxalement d’extrême droite. Comme Zemmour ose parler des islams, ces derniers crient avec les loups.

En gros: vous êtes pour la vie et donc opposé à l’avortement: vous êtes un extrémiste de droite. Vous n’êtes pas féministe: idem, en plus machiste et patriarcal. Vous n’êtes pas pour le mouvement idéologique LGBTQA+: idem, en étant homophobe. Vous n’êtes pas pour l’accueil massif des étrangers: la même chose et vous êtes raciste.

En Suisse, vous êtes de l’UDC ? Ce parti, combattu surtout par les socialistes, est dès lors à l’extrême droite.

Pour moi l’extrême droite touchait surtout au fascisme italien de Mussolini et évidemment l’idéologie terroriste raciste et anti-sémite du national-socialisme allemand, le parti nazi. Hitler est un extrémiste de droite, un meurtrier. 

Le Pape Pie XI avait exigé des catholiques de quitter l’Action française de Charles Maurras. Un Cardinal français en avait même perdu sa barrette rouge. 

Aujourd’hui, le curseur a bougé. Le socialisme place les pro-vie et pro-famille à l’extrême droite. Alors que les tenants de la gauche défendaient les petits, les travailleurs, les classes populaires et les étrangers. Les lignes ont bougé. 

L’Eglise catholique à la moulinette

Ce filtre médiatique, qui classe et situe, fonctionne aussi pour les Papes. Le Pape Pie XII serait un sympathisant des nazis alors que Saint Jean XXIII était le Pape Bon, plutôt social. Saint Jean-Paul II, un polonais, était classé socialement à gauche mais très à droite sur les valeurs tels que la défense de la vie, l’euthanasie ou la sexualité. Benoît XVI était encore plus à droite, même un extrêmiste de droite. 

Et le Pape François ? il brouille les cartes. Ce serait un Pape de gauche, même communiste pour certains.

Pour moi, clairement non. Il n’est ni de gauche, ni de droite, simplement catholique et pour l’Evangile. D’ailleurs, entre le début de la vie et la fin de la vie, il y a le déploiement d’une vie entière. François ne parle pas que de l’avortement ou de l’euthanasie, mais des migrants et des étrangers. La personne doit être défendu tout au long de sa vie. Ce Pape enrichi magnifiquement l’enseignement social chrétien. 

Revenons à nos moutons, ou plutôt au grand méchant loup, Zemmour.

Pour les médias français de gauche, Zemmour serait fasciste, anti-féministe, homophobe, donc d’extrême droite.

Pour ce que j’ai vu, les manifestations d’oppositions à sa venue à Genève ont lancé, la bouche en coeur, des slogans violents sur les réseaux sociaux en appelant même brûler la salle de réunion ou en menaçant de représailles l’hôtel d’accueil. Pour moi, ce sont des méthodes fascistes et violentes. Ce radicalisme d’extrême gauche est source de violence. Ces faits le démontrent.

Extrémiste ? Tout dépend du prisme politique et de la place du curseur. Pour moi, selon mon système de valeurs, Zemmour est évidemment de droite, une droite conservatrice, nationaliste et identitaire faisant de l’assimilation la clef de voute de la culture française. Honnêtement, je ne trouve rien d’extrême droite chez lui, comme l’antisémitisme larvée. Pas plus pour le fascisme, qui renierait la démocratie. 

Zemmour, conservateur de droite.

Pour moi, Zemmour est un citoyen français, d’origine étrangère, Juif et évidemment conservateur.

Une prémisse: Zemmour, ou Zemour, est un nom propre d’Afrique du Nord d’origine berbère. Il résulte du terme azemmur, qui signifie « olivier » en berbère. La seconde prémisse: la famille Zemmour vient de l’étranger. Éric Justin Léon Zemmour est issu d’une famille française juive d’Algérie arrivée en métropole en 1952. 

Personnellement, l’adjectif fasciste, raciste et d’extrême droite ne convient pas à Eric Zemmour.

A mon avis, l’alliage de l’extrême gauche, du mouvement très médiatisée LGBTQA+ et du féminisme lui colle à la peau. Ce poster médiatique est rendu encore plus visible par la gauche médiatique dite “objective et neutre”. Ce tout est solidifié par certains musulmans qui pratiquent l’entrisme et crient au racisme et à la haine de l’étranger. 

 

Les catholiques aussi sont divisés ( * lire Cardinal )

Les catholiques sont de gauche ou de droite. Le simple regard permet d’ailleurs de “classer” à droite ou à gauche un citoyen français catholique. Pour un catholique suisse, il faut parler plus longuement.

Puisque CNews revendique une certaine ligne catholique, la nouvelle constellation médiatique française embarque les catholiques à droite. Il est pourtant légitime d’avoir des catholiques aux opinions politiques et temporelles différents. Le liant doit être la liberté et la centralité de la foi, éclairés par ce qui est appelé couramment la doctrine sociale de l’Eglise. Cette dernière est né “à gauche”, en pleine crise ouvrière sous le pontificat de Léon XIII. 

La doctrine sociale de l’Eglise, magnifiquement enrichie par le Pape François ajoute l’écologie intégrale et la priorité pour les migrants qui marquent clairement son pontificat. L’enseignement social chrétien doit donc être le phare commun des chrétiens. Ses valeurs ne sont pas gauchistes, mais découlent de l’Evangile.

Lire l’Eglise avec le prisme politique est forcement une caricature. La foi est d’une autre nature. 

Bref, les laïcs catholiques sont libres d’être de droite ou de gauche, de voter UDC et de soutenir ou pas Eric Zemmour.

 

Bien des communicants appellent d’ailleurs de leurs voeux une pluralité médiatique beaucoup plus large. La liberté de la presse et la liberté des opinions sont fondamentales pour une démocratie. Après, chacun ses choix, ses idées ou ses visions du monde. 

Raymond Aaron avait sans doute raison: “Qu’on soit de droite ou qu’on soit de gauche, on est toujours hémiplégique”. Avec humour, je citerais, de façon certes un peu tordu, Jésus lui-même: “que ta main gauche ignore ta main droite“*.  

Personne n’est de trop dans l’Eglise. Finalement, son Coeur et son centre est la Personne de Jésus. Au fond, le coeur a une oreillette et un ventricule à droite et à gauche. Ne soyons pas hémiplégique et extrémiste. 

*« Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » Matthieu 6, 3-4

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Le cardinal Cantalamessa a notamment relevé que l’on construit la fraternité « exactement de la même manière que l’on construit la paix, en partant de tout près, de nous, et non de grands projets, avec des objectifs ambitieux et abstraits ». Ce qui signifie que la fraternité universelle « commence pour nous par la fraternité au sein de l’Église catholique ». Pourtant, a-t-il constaté, « la fraternité catholique est déchirée ! » Une déchirure dont la cause la plus fréquente ne réside pas dans le dogme mais dans l’option politique, a-t-il affirmé, quand celle-ci « prend le relais de l’option religieuse et ecclésiale et épouse une idéologie, laissant complètement de coté la valeur et le devoir de l’obéissance dans l’Église ». « C’est un péché, au sens le plus strict du terme », a-t-il convenu. « Cela signifie que “le royaume de ce monde” est devenu plus important, dans son cœur, que le Royaume de Dieu. » « Je crois que nous sommes tous appelés à faire à ce sujet un sérieux examen de conscience et à nous convertir », a-t-il déclaré.

Dominique Fabien Rimaz

D'origine fribourgeoise et italienne, né à Bôle (Neuchâtel), Dominique Fabien Rimaz se rêvait pilote militaire. Il passera d'abord par une formation en chimie puis en sciences politiques pour devenir un jour journaliste. Rattrapé par la vocation, il est aujourd’hui prêtre en Veveyse et aumônier des hôpitaux à Fribourg.

3 réponses à “Zemmour mon amour ? Je t’aime … moi non plus !

    1. J’avoue avoir de la peine à comprendre les faits.

      Concernant les combats contre les violences à l’encontre des femmes, dont c’était la journée pour défendre les victimes, je suis clairement pour !
      Le Pape François s’est même fendu d’un tweet.

      Une femme est au sommet de la création, comme toute personne, et la dignité de tout être humain est sacrée. La violence contre les femmes me blesse profondément, et cela est un scandale qu’il faut combattre absolument et totalement.

      Je me suis d’ailleurs engagé personnellement pour défendre des femmes battues.

      Pour l’article partagé, je ne comprends pas vraiment ce qu’il s’est passé. Désolé …peut-être me donnerez-vous des lumières.

  1. Quelle que soit la cause défendue, ce n’est pas un mouvement de foule qui pourra le mieux la défendre, sauf de montrer que celle-là doit être prise au sérieux puisqu’un grand nombre y est sensible, et c’est à mon avis une étape nécessaire.

    Je suis cependant plus réceptif aux manifestations où tout le monde défile sans cris (la cause est connue), sans présenter des affiches portant des slogans qui désignent un ennemi. Mais la manifestation doit rester aussi ouverte aux personnes qui crient leur désespoir, et selon la cause ce sont des hommes et femmes ensemble qui veulent être entendus. L’ennemi à désigner en premier est le manque de respect, la violence physique ou psychologique, l’égocentrisme, le manque d’empathie. Il est possible d’éprouver le mal-être, la tristesse et le sentiment de révolte sans ennemi identifiable. Si chacune de ces femmes regardait une photo d’elle prise dans son enfance, un jour de bonheur comme il y en avait parfois, souvent ou « tout le temps », l’une pourrait penser : « C’était moi, et maintenant ?.. Qui m’a volé mon bien-être ? » Et l’autre, à l’opposé : « Qui ne me l’a jamais donné ? » Certaines ont été aimées réellement, d’autres en ont rêvé, mais il y a plus triste encore, le mensonge d’une vie « heureuse », et à l’âge adulte c’est toute une réalité à refaire après les illusions et la confiance détruite. Il ne faudrait pas oublier non plus l’indifférence vécue dans une famille présente, qui laisse peut-être plus d’espoir si la porte de cette prison restait ouverte.

    La manifestation avance comme une seule personne, mais il y a trop de vécus différents pour ne désigner (souvent) qu’un seul ennemi. On manifeste actuellement « contre la violence » comme on manifestait il y a cinquante ans « contre la guerre », et on n’a pas arrêté la guerre entre ennemis, pas plus qu’une vraie paix faite de compréhension entre amis. Les femmes qui ont éjecté la troupe portant l’affiche « Violeurs suisses : prison. Violeurs étrangers : expulsion » estimaient peut-être que l’ennemi était sans nationalité et que ce message se faisait une place en bousculant le sujet des revendications. Dans une discussion autour d’une table, Nemesis n’aurait pas été chassée, c’est pour moi l’exemple de la portée restreinte d’une manifestation pour inciter à raisonner, construire ses propres opinions, et même des souhaits sincères. Mais ces démonstrations, bien menées ou pas, ne sont pas inutiles pour ouvrir la brèche. Je me souviens d’un commentaire dans un blog : « Comment ces femmes qui gueulent des grossièretés croient-elles pouvoir être prises au sérieux ? » J’avais répondu : « Avant qu’elles gueulent dans la rue, les plus courageuses étaient invitées aux tables rondes où les interlocuteurs leur offraient d’aimables sourires moqueurs. Actuellement, ces derniers ne sourient plus, ils se préparent à gueuler à leur tour, la paix ce n’est pas pour aujourd’hui, chacun se sent le droit de la faire à sa manière ».

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