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Articles étiquetés comme “Vatican”

Le naufrage du Pape François

Peu avant Noël le Vatican publiait Fiducia Supplicans, une déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF) qui stipule de manière très précise les conditions dans lesquelles un prêtre peut bénir des couples (mais pas des unions, comprenne qui pourra) en situation irrégulière, y compris des couples de même sexe. Cette déclaration a suscité des réactions très contrastées dans le monde catholique, dont une levée de boucliers d’un grand nombre d’évêques africains. On laissera à d’autres le soin d’analyser ce texte et les précisions que le DDF lui a apporté dans un communiqué de presse datée du 4 janvier dernier. La Nouvelle Ligne se propose d’esquisser une explication personnelle possible des circonstances et décisions qui ont amené le pape là où il est aujourd’hui. Les lecteurs de La Nouvelle Ligne se souviendront que peu après son élection, à l’occasion des JMJ de Rio, le pape François fraîchement élu…

L’insoutenable légèreté de la neutralité vaticane

Le monde entier a assisté avec effroi à l’attaque terroriste menée par Hamas à l’encontre d’Israël et de ses habitants le 7 octobre dernier. Le lendemain, à l’issue de la prière de l’Angelus, le Pape a prononcé les paroles suivantes « Que les attaques et les armes s’arrêtent, s’il vous plaît, et que l’on comprenne que le terrorisme et la guerre ne mènent à aucune solution, mais seulement à la mort et à la souffrance de tant d’innocents. La guerre est une défaite: chaque guerre est une défaite! Prions pour qu’il y ait la paix en Israël et en Palestine! ». Il n’aura pas fallu longtemps à l’ambassadeur israélien auprès du Saint-Siège de publier un communiqué dans lequel il déclarait « qu’on n’avait pas besoin d’ambiguïtés de langage ni de la suggestions de parallélismes », sous-entendu d’un parallélisme entre les agresseurs et les victimes ou entre le terrorisme et le droit de tout État à…

Vatican Offshore, l’argent noir de l’Eglise

On découvre dans ce petit livre d’une part la face sombre de l’argent du Vatican et d’autre part les tentatives menées par Benoît XVI et le Pape François de réformer un système qui opère en l’absence de toute gouvernance et de transparence. Le livre couvre une période qui court des années 1970 à nos jours ; il démarre avec Michele Sindona, conseiller financier de Paul VI mais aussi fiscaliste de la Mafia et se poursuit jusqu’à nos jours avec le procès toujours en cours de dix inculpés, dont le Cardinal Angelo Becciu, autrefois Substitut de la Secrétairie d’État, sorte de chef de cabinet du Pape François. Car si le Vatican est le plus petit État du monde, c’est aussi le plus compliqué, où chaque dicastère (ministère) jouit de sa propre autonomie dans un contexte où les délits en matière financière n’existent pas. Peu compétents en matière financière, les prélats qui gouvernent…

Le Pape en Hongrie

En septembre 2021, le Pape François s’était rendu à Budapest pour quelques heures seulement à l’occasion du Congrès eucharistique, qu’il avait quitté pour poursuivre un voyage de quatre jours dans la Slovaquie voisine ; à l’époque ce très bref séjour avait été interprété comme une rebuffade à l’égard du Premier Ministre Viktor Orbán en raison de divergences de sensibilité supposées.

La Sanctification du Monde

Il y a un peu plus de soixante ans, le 11 octobre 1962 s’ouvrait le concile Vatican II qui allait marquer l’Église catholique de manière profonde jusqu’à nos jours. A l’occasion de cet anniversaire, George Weigel, un intellectuel catholique américain de premier plan connu pour sa magistrale biographie de Jean-Paul II, a publié ce petit livre, To Sanctify the World, à destination d’un public généraliste mais averti.

Benoît XVI

Le décès ce matin du pape émérite Benoît XVI confère, de l’avis de La Ligne Claire, au pape François un espace de liberté que sans doute il attendait. Réputé le plus grand théologien de son temps, Joseph Ratzinger avait succédé au pape philosophe, Jean-Paul II ; à deux ils s’étaient fixés pour mission de clarifier de manière définitive et officielle la manière dont il convient de lire les textes promulgués par le Concile Vatican II. Favori lors du conclave de 2005, Ratzinger devenu Benoît XVI, crée la surprise en abdiquant en 2013, une première en plus de 700 ans mais aussi sans doute un précédent appelé à se renouveler au vu de l’espérance de vie actuelle. Il est curieux de signaler que Ratzinger aura été plus longtemps pape émérite que pape régnant et que son geste aura permis l’arrivée d’un style nouveau de papauté incarné par Bergoglio, qui estime que ses deux prédécesseurs ont accompli la mission qui leur revenait afin que lui puisse mener à bien la sienne.

Coup de théâtre à l’Ordre de Malte

Coup de théâtre à Rome. La semaine dernière, de manière tout à fait inédite le Pape François a résolu de révoquer tous les organes de direction de l’Ordre de Malte y compris la fonction de Grand Chancelier occupée par Albrecht Boeseleger, de nommer un Conseil souverain provisoire, de convoquer un chapitre général extraordinaire pour le 25 janvier 2023 et de promulguer avec effet immédiat une nouvelle Charte. La crise institutionnelle que connaît l’Ordre remonte au mandat de l’ancien Grand Maître Fra’ Matthew Festing (1949-2021), qui avait licencié Boeselager, à la suite de quoi le Pape François avait contraint le Grand Maître à la démission et rétabli Boeselager dans ses fonctions en 2017. Le successeur de Festing, Giacomo della Torre, était quant à lui décédé en 2020 à l’âge de 75 ans à l’issue d’un court règne. En attendant l’élection d’un nouveau Grand-Maître, ses fonctions étaient assurées par la lieutenance de…

Le Monastère

In Principio   En février 2013, Benoît XVI, sentant sa fin prochaine, dans un geste inédit, déposa sa tiare et annonça son abdication en latin aux cardinaux réunis qui ne comprirent guère la signification de ce qu’ils entendaient et moins encore sa portée. En réalité, il n’en est rien. Si Benoît XVI était alors âgé de 86 ans, il n’était ni mourant ni malade. Selon Massimo Franco, journaliste au Corriere della Sera, soumis à de fortes pressions, Benoît XVI craignait une répétition à terme de la fin du règne de Jean-Paul II, où la faiblesse du pape avait ouvert la porte aux luttes de pouvoir au sein du Vatican. Neuf ans plus tard, du simple fait que Benoît XVI soit toujours en vie, les raisons invoquées lors de la démission, le manque de la force physique et mentale nécessaire au bon exercice du ministère papal et le souhait de se…

Vendetta au Vatican?

Mardi prochain 27 juillet, s’ouvre au Vatican un procès pénal, où comparaissent dix inculpés, dont un cardinal, Angelo Becciu, une première dans l’histoire de l’Église. Trois affaires sont concernées dont la principale est l’acquisition par la Secrétairerie d’État du Vatican, le dicastère en charge des affaires politiques et diplomatiques, d’un immeuble à Londres pour EUR350m. Alors que le Vatican ne prend au départ qu’une participation minoritaire, en 2018 il décide de racheter l’ensemble du bien, ce qui implique le paiement d’une commission de EUR15m, que le promoteur de justice, le ministère public du Vatican, juge le produit d’une escroquerie. Les dix inculpés sont accusés tour à tour de détournement de fonds, abus de pouvoir et subornation de témoin ; tous protestent de leur innocence. Angelo Becciu avait exercé les fonctions de substitut ou sostituto à la Secrétairerie d’État de 2011 à 2018, ce qui en faisait le troisième personnage du Vatican…

La chute des chevaliers

Le limogeage en novembre 2020 du Cardinal Becciu, entre autres délégué spécial du Pape auprès de l’Ordre de Malte, vient rappeler les affaires qui ont secoué l’Ordre ces dernières années. Aussi l’ouvrage tout récent de Konstantin Magnis tombe à point nommé pour raconter ces événements, sorte de polar ecclésiastique fondé, pour autant que La Ligne Claire puisse en juger, sur un compte-rendu exact des faits, que l’auteur relate de façon fluide avec un mélange de détachement et d’intimité. Deux pistes s’y croisent : d’une part la lutte qui oppose le Grand Maître Matthew Festing et son entourage à Albrecht (Freiherr von) Boeselager, Grand Hospitalier et puis Grand Chancelier de l’Ordre, et qui conduira elle-même à une confrontation entre l’Ordre et le Saint-Siège et à la démission forcée de Festing, et d’autre part une histoire d’argent liée à un trust administré à Genève, dont l’Ordre de Malte est certes l’un des bénéficiaires…