Bridge of Spies, East, West, black, white,

Spielberg n’a rien à dire mais il le dit très bien. Le film s’ouvre sur une scène originale où l’on voit des hommes en filer un autre qui transporte un chevalet. Un peintre, un criminel, une erreur sur la personne ? Quelques minutes plus tard la FBI fait irruption chez ce personnage, Rudolf Abel, qui s’avère être un espion du KGB. Fin du suspense, désormais le film, Le Pont des Espions, se poursuivra sans nuances, contrairement au vrai monde de l’espionnage.

Le fil relate l’histoire vraie de l’échange en 1962 entre Abel et Gary Powers, le pilote de l’avion espion U2 abattu deux ans plus tôt au dessus de l’Union Soviétique, arrangé par un avocat américain, James Donovan dont le rôle est tenu par Tom Hanks. Donovan y apparaît comme une sorte d’Oskar Schindler en monde mineur, l’apôtre des libertés constitutionnelles chères aux Américains et qui précisément les distinguent des Soviétiques. Car le spectateur ne s’y trompera pas, nous sommes dans le monde de la Guerre Froide, un monde où les méchants sont rangés à gauche et les bons à droite ; pour ceux qui n’auraient pas compris, tandis qu’il neige à Berlin-Est où tout est gris, au même moment, dans la banlieue bourgeoise où habite la famille Donovan, c’est le printemps et les oiseaux gazouillent.

Dans ce film qui se veut dramatique Hanks apparaît comme le comédien comique qu’il est au fond, celui de Terminal plutôt que de Philadelphia. « A bite to eat ? Wo ist Unter den Linden ? ». Face à lui Mark Rylance, un acteur issu du monde du théâtre, incarne Rudolf Abel et l’emporte par la sobriété de son jeu.

Toujours bien filmé, Le Pont des Espions fournira l’occasion de passer une soirée agréable mais demeurera a thriller without the thrill.